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Les alliances des Etats-Unis

Je viens d'acheter aujourd'hui, à la librairie en bas du bureau, le dernier Coutau-Bégarie sur les alliances des Etats-Unis, paru chez économica. : "L'Amérique solitaire?"

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Il réussit à être court (cent pages, rendez vous compte ! un exploit pour HCB !).

Surtout il reprend un thème très intéressant. On pense bien sûr à l'excellent J.-Y. Haine, "les Etats-Unis ont-ils besoin d'alliés ?", qui reste un splendide morceau de réflexion historique, qui vaut toujours le détour.

Surtout, cela m'a rappelé l'article que j'avais commis en son temps, sur le même sujet, même si je le cantonnais à l'après-guerre froide : "les stratégies d'alliance des Etats-Unis après la guerre froide". Il était paru à l'automne 2004 dans la Revue française de géopolitique. A le relire ce soir, à le comparer à la table des matières d'HBC, je m'aperçois que nous nous rejoignons.

Allez, parce que c'est vous, je l'ai mis en accès direct sur le blog : vous pouvez le lire ici (sans les notes de bas de page, désolé). Mais que ça ne vous empêche pas d'acheter le bouquin d'HBC.... Cent pages au lieu de huit, c'est forcément mieux, hein ?

Mais j'aime bien ceci : "La coalition, c’est au fond le modèle de la libre entreprise appliqué à la vie internationale, c’est du libéralisme dans les affaires géopolitiques. Il n’est guère étonnant que les Américains cherchent à reproduire à l’extérieur ces valeurs : la vie sociale internationale devra ressembler à leur expérience intérieure."

Et ceci : "D’un autre côté, la position européenne n’est même pas paradoxale tellement elle est multivoque : il n’y a au fond pas une vision européenne, mais trois, quinze, vingt-cinq."

Pour le reste, un article écrit il y a six ans... il y a certains points sur lesquels j'ai évolué.... D'autres toujours pertinents. Bonne lecture

O. Kempf

Commentaires

1. Le lundi 25 janvier 2010, 22:28 par

Tant de respectables auteurs ont écrit au sujet de l’Amérique, l’on hésite à y ajouter une opinion personnelle. Celle-ci se fonde pourtant sur une évidence de cinq siècles mais trop souvent oubliée : « l’Amérique est un autre monde ».

Cet autre monde s’est créé sur une théorie qui ne saurait être celle des Français, la théorie du choc des civilisations, longtemps tacite mais explicite depuis Huntington. C’est une théorie binaire : de ce fait, l’Amérique n’a pas besoin d’alliés mais elle a besoin de classer les Nations en deux catégories : les « eux » et les « nous ».

Le « nous » des Américains n’a pas grand’chose de commun avec notre propre concept « alliés ». L’on s’égare en essayant d’y trouver une analogie. C’est fondamentalement différent de part et d’autre de l’Atlantique parce que notre vision du monde, pour nous vieux gallo-romains mâtinés de Francs, de Maure, de Vikings et de beaucoup d'autres, adeptes du mariage des civilisations et importateurs de religions orientales pour plaire à Clotilde, n’a rien de commun avec celle des massacreurs d’Indiens bannis de la Vieille Europe.

Alors nous pouvons, avec nos concepts peut-être contestables mais toujours nuancés, nous demander si les Américains ont besoin d’alliés. Mais notre question est quasi-extraterrestre : sur la planète vue d’Amérique les Américains ont seulement besoin d’un classement binaire.

Avec la chute du Mur ils ont « perdu leur meilleur ennemi » disait Gorbatchev, mais ils n’ont pas tardé à en retrouver : souvenons-nous comme nous étions mal considérés en refusant de les suivre en Irak ; soyons conscients que notre refus d’entériner la vision bushienne de «l’axe du mal » a fait de nous des gens douteux jusqu’à ce que notre retour dans l’OTAN nous replace correctement dans le classement binaire ; comprenons que seuls le Canada, l’Australie, la Grande-Bretagne, mais pas la France non anglophone ni saxonne, peuvent dans une certaine mesure se permettre d’adopter une attitude modérément alignée sans être aussitôt classés « suspects » : le Canada et l’Australie ont programmé leur retrait d’Afghanistan, certains Anglais demandent des comptes au sujet de l’opération « Iraqi Freedom ».

Lorsqu’un auteur français veut parler des alliances des Etats-Unis il doit d’abord préciser s’il prend ce mot au sens américain et binaire, ou au sens français : ce n’est pas du tout le même concept.
EGEA : vous devez adorer Immarigeon...

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