Aller au contenu | Aller au menu | Aller à la recherche

La mauvaise Grèce ?

Oui, ce titre est un très mauvais jeu de mots : je m'en excuse d'emblée. D'autant que je n'en suis pas l'auteur...

Carte-Grece.jpg

Parlons donc un peu de la Grèce.

1/ La Grèce vient donc à l'attention du public à cause de son déficit budgétaire, et des attaques des marchés (Athènes doit emprunter à 6,7% quand l'Allemagne n'emprunte qu'à 3,3%). Toutefois, souvenez-vous : l'an dernier déjà, nous évoquions la Grèce à cause des émeutes qui s'y déroulaient (voir mon commentaire dans le vieil égéa). J'évoquai déjà la corruption. Or, c'est ce que l'on retient du modèle de développement grec des ces dernières années : la corruption générale : non pas seulement des hommes politiques, mais de la société dans son ensemble. Y a-t-il un autre mot pour désigner une pratique systématique, valable tant à l'intérieur qu'à l'extérieur : il apparaît ainsi que les statistiques adressées à l'Europe étaient truquées depuis des années.

2/ Je reviendrai ultérieurement sur les aspects économiques et monétaires, puisqu'ils dépassent à l'évidence le seul cas de la Grèce. Celle-ci a beau affirmer une rigueur .... spartiate, la question dépasse de loin la seule péninsule égéenne. Relire déjà en amuse-bouche le billet que j'écrivais il y a peu. J'ajouterai une brève incise, que je n'ai curieusement pas mentionnée dans ledit billet : le cas des PIGS (Portugal, Italy, Greece and Spain), autre surnom des "pays du club Méd", bel exemple supplémentaire de l'inversion des représentations que je soulignais.

3/ Ce qui me frappe, s'agissant de la Grèce, c'est que c'est un pays mal dans sa peau, et dont le rapport à l'histoire est compliqué. Il y a tout d'abord la question de l'héritage antique, à la fois si lourd et si léger.

  • Si lourd puisque il est monumental, tant en terme d'architecture que de culture, notamment philosophique. Cela procure des avantages : le tourisme et le regard positif que les autres posent sur le pays.
  • Mais c'est en même temps si léger: tout d'abord parce que dès l'antiquité, sil le triomphe a été culturel, il ne fut pas politique. Dès l'Antiquité, la Grèce est passée sous la domination des autres (romains, byzantins, vénitiens, ottomans) et cela ne cessa pas.

Le pays connut une des premières indépendances du joug ottoman ? oui, mais pour quoi faire ?

4/ Voici donc une "nation" devenue un Etat, et qui a passé toute son histoire moderne à refonder cette nation, si évidente et en même temps si inadaptée :

  • La longue concentration contre "l'ennemi", cette Turquie si pratique, d'autant qu'elle collaborait activement à ce tropisme, par exemple en rejetant à la mer toutes les populations grecques d'Asie mineure.
  • Les délices des conflits balkaniques, perdurant des guerres de la fin du XIX° siècle jusqu'à nos jours, avec cet incroyable raidissement sur la question macédonienne, allant jusqu'à rompre publiquement le consensus otanien (sur ce dernier point, voir mes billets ici sur le sommet de Bucarest, et ici sur le sommet de Strasbourg).
  • La racine orthodoxe, fondement de l'identité (la religion est mentionnée sur la CNI) (voir mon billet sur le mont Athos), mais critère inadapté à la planétisation en cours
  • Une ouverture maritime et commerciale ouvrant la voie au goût des affaires : mais perverti par les arrangements "orientaux", comme on le découvre actuellement.
  • L'attachement européen, vache à lait plus qu'enthousiasme.
  • Une inconstance politique (guérillas communistes au moment de la guerre et juste après, dictature des colonels, démocratie aléatoire et féodale depuis).

Il manque à ce pays de la vertu et un projet pour dépasser les nombreux archaïsmes qui le raidissent. Mais je crains que pour avoir la force de l'accepter, il ne doive passer par de plus profondes catastrophes encore...

O. Kempf

Commentaires

1. Le lundi 8 février 2010, 21:47 par VonMeisten

"Athènes doit emprunter à 6,7% quand l'Allemagne n'emprunte qu'à 3,3%". Pensée partielle et soudaine : peut-on considérer que 2 entités géo-politiques (Grèce et Allemagne) doivent payer tribut à une autre entité (le marché) ?

égéa : autrement formulé : en partant du principe qu'il y a un taux minimal, est-il logique qu'une netité paye un tribut supplémentaire pour ce service ? ce tribut est-il une "taxe" privative ? la marché est-il une entité geopolitique ??? que de questions .....

2. Le lundi 8 février 2010, 21:47 par VonMeisten

Très juste : le taux minimal semble un service entre deux entités qui se situent à peu près au même niveau. Stratégiquement, on parlerai peut être d'allié. Mais, le taux Grec matérialiserait non pas un service, mais une forme de supériorité du marché ; stratégiquement, je verrai cela comme un tribut, avec les même implications politiques, on gros, je m'incline devant un pouvoir plus grand.

Ajouter un commentaire

Le code HTML est affiché comme du texte et les adresses web sont automatiquement transformées.

La discussion continue ailleurs

URL de rétrolien : http://www.egeablog.net/index.php?trackback/486

Fil des commentaires de ce billet