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"La France en Europe" de Anne Frémont Vanacore

Voici un bon petit ouvrage de géographie : "La France en Europe" d'Anne Frémont-Vanacore, chez Armand Colin. Typiquement le bouquin destiné au premier cycle universitaire.

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Pourtant, il y a plus à en dire que ça.

1/ En effet, l'organisation générale est assez classique : comparaison des identités, Fr et construction européenne, milieux, population, villes, économie, européanisation, réseaux, régions : les chapitres se succèdent régulièrement, de façon claire et illustrée e nombreux schémas et cartes, en moins de deux cents pages. Bref, un moyen agréable de faire le tour de la question.

2/ On relève quelques jolies remarques :

  • l'échec de l'idée médiévale d'une Europe unitaire assimilée à la Chrétienté est contemporain de l'affirmation d'Etats caractérisés par la séparation croissante entre temporel et spirituel, spécificité de l'Etat européen par rapport à l'Etat asiatique ou africain (p 21)
  • La France a joué un rôle de catalyseur des sentiments nationaux en Europe, et partant dans la longue fragmentation de l'espace européen en Etats-nations(...) Simultanément, la définition, française et révolutionnaire, de la frontière comme enveloppe continue et linéaire d'un territoire organisé en Etat national allait connaître un destin continental (p 23)
  • Au total, le peuplement français est une combinaison des deux facettes du peuplement européen : il participe à la fois de l'Europe des fortes densités et de celle des faibles densités. (...) Cette organisation du peuplement français, favorable à la façade continentale du pays, largement héritée de la phase d'industrialisation et d'urbanisation du territoire, connaît depuis quatre décennies des mutations importantes, qui tendent à limiter l'intensité du tropisme continental au profit d'un croissant périphérique englobant le Sud et le Sud-Ouest. (...) ... combinaison en France de trois évolutions également connues en Europe : le déclin des vieilles régions industrielles, l'héliotropisme favorable aux régions méridionales, et la littoralisation.(p 59)
  • Paris doit cette place au fait qu'elle est l'unique relais dont dispose la France pour s'insérer dans le système des villes européennes (...) Moteur majeur de la politique d'aménagement du territoire depuis les années 1960, les déséquilibres du réseau urbain français constituent à la fois sa force et sa faiblesse dans le système des villes européennes et dans la compétition qu'il instaure entre elles. La double nécessité de ne pas affaiblir Paris et d'amplifier la participation des autres villes françaises au polycentrisme européen constitue désormais la problématique fondamentale de l'aménagement d'un territoire national aux horizons européens (p 77)

3/ Au-delà de ses vertus pédagogiques, ce livre a un autre intérêt, plus important à mes yeux : c'est une des premières fois que je vois une géographie non de la France, non de l'Europe, mais de "la France et l'Europe" ou, plus exactement, "la France EN Europe".Il y a bien sûr une signification géographique (la prise en compte du cadre environnant), Outre l'utilisation de plusieurs focales (échelles d'analyse) typique d'une analyse géopolitique, il s'agit bien évidemment du constat d'une association profonde entre les deux : comme si, désormais, la France n'existait pas sans son enveloppe européenne.

4/ Vous me direz que cela va de soi, et qu'il n'est que de lire n'importe quel article de journal ou n'importe quel discours politique : je vous le concède. Ce qui est intéressant, c'est qu'il s'agit là d'un "enseignement". Souvenez-vous : Y. Lacoste avait déjà expliqué l'importance de l'enseignement comme discours géopolitique et fabrication d'une représentation (voir ma fiche de lecture ici) ou dans l'enseignement primaire (voir fiche de lecture, idée que l'on retrouve dans ce délicieux petit ouvrage : "la géographie de nos grands-mères"). Cela commence à l'université. La signification est plus profonde : il y a là une évidence......

Faut-il, dès lors, encore penser une géopolitique de la France ???

O. Kempf

Commentaires

1. Le vendredi 12 février 2010, 21:38 par Alice

Je suis italienne, j'ai du étudier ce livre pour mes études universitaires, et je l'ai trouvé absolument ridicule.
Tout le temps les auteur ne font que "rendre vain" la France, sa centralité, sa folie des grandeurs..
Je ne le conseillerais jamais, surtout pour des études universitaires.

égéa : merci en tout cas de votre réaction : cela prouve que la posture française peut toujours être considérée comme "orgueilleuse".

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