Retards nucléaires US

Les hésitations nucléaires américaines sont actuellement très curieuses.

1/ Il y a tout d'abord le retard de la prorogation du traité START 1, qui devait se transformer en START 3. START 1 arrivait à échéance le 5 décembre dernier. Les commentaires habituels laissent entendre que ce sont les Russes qui font trainer les choses : soit pour lier la question au BAM, soit pour remonter en importane aux yeux des Américains. Je propose une vision iconoclaste : ce sont en fait les Amériains qui ne veulent pas sortir du bois.

2/ Le retard de parution de la révision de posture nucléaire (quatre mois) est un autre signe de cette hésitation fondamentale. Elle est interprétée le plus courremment comme un débat entre les hardliners (Gates) et les softliners (Obama), réflexe traditionnel des commentateurs : voir par exemple ce billet d'Amy Green. Voir aussi cet article de Laure Mandeville de la semaine dernière.

3/ Cette hésitation rappelle férocement ce qui avait eu lieu à l'automne dernier, à l'occasion des renforts afghans. Un processus similaire devrait donc aboutir à une déclaration dure, assortie de condintions pour faire passer la pilule (souvenez-vous : 30.000 hommes et l'annonce du début de retrait en 2011).

4/ C'est d'ailleurs ce que suggère, de façon sybilline, L. Mandevile à la fin de son article : on aurait l'option d'une dénucléarisation, qui permettrait de satisfaire Obama. Ce serait l'option "Prompt Global Strike", ou "frappe globale immédiate". Qui consisterait à armer des missiles intercontinentaux de charges conventionnelles. Plus sûr ? que nenni, ainsi que le rappelle Evgueni Primakov dans le passionnant "Le monde sans la Russie?" que je viens de terminer et dont je vous reparlerai : mais comme il n'est plus possible de distinguer (au lancement) une fusée chargée conventionnellement d'une fusée chargée nucléairement, ce système mettrait radicalement en cause tous les dispositifs actuels de prévention : ce ne peut être décidé unilatéralement, bien sûr. L'option "frappe globale immédiate" serait par ailleurs le moyen de ne pas renouveller le START. Mais au risque de dynamiter tous les mécanismes actuels de prévention collective, alors qu'on est sensé les renforcer..... un mal pour un bien.

Décider d'être réaliste et en même tmeps idéaliste constitue, véritablement, un dilemme : il explique les hésitations obamiennes, et les retards en cours.

O. Kempf

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