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Europe : une heure de vérité MAJ

Souvent, l'expression croisée des chemins ou heure de vérité est utilisée par les auteurs d'articles qui ne savent pas intituler leurs textes; Et souvent, c'est inadapté, car s'il y a toujours des décisions à prendre, on est rarement placé à des carrefours stratégiques qui décident réellement de l'histoire.

(image trouvée sur médiapart)

C'est donc conscient de l'abus de l'expression que je l'emploie. L'Europe paraît à l'heure de vérité.

1/ on connait l'équation : la crise économique a nécessité des interventions massives des Etats, qui affectent leurs dépenses publiques, y compris les Européens qui se sont mis à imiter les politiques keynésiennes pratiquées par les Etats-Unis depuis quinze à vingt ans... Se pose la question que je posais déjà il y a un an : la formation d'une bulle de l'endettement qui pose la question de la faillite possible des Etats. Blâmer les marchés, c'est ne pas voir l'incroyable tolérance qu'ils ont eue pendant un ou deux ans.... Les marchés, pour une fois, sont rationnels.... (lol)

2/ Mais avant de s'attaquer aux Etats, attaquons d'abord leurs succédanés : l'Europe et son euro. Car chacun a bien compris que l'attaque contre la Grèce ne visait que l'euro....

3/ La question posée par les marchés (qui ont raison) est limpide : solidarité, ou non ? si oui, comment? sinon, éclatement de l'euro.

4/ Certains nous chantent "gouvernement économique". D'autres disent "vérification préalable des budgets par Bruxelles". Les derniers entonnent la "constitutionnalisation du non-déficit"... Beaucoup de faux-culs, entre nous. Gouvernement économique quand on s'étrangle des pouvoirs supranationaux que ça implique ? vérification alors qu'on n'a cessé, depuis trente ans, de favoriser la concurrence fiscale porteuse de baisse d'impôts et d'amoindrissement des moyens de l'Etat? constitutionnalisation alors qu'on a mené une sorte de désinflation compétitive, qui vous rend premier exportateur grâce aux marges faites en zone euro ?

5/ Revenons aux fondamentaux : l'Etat moderne est fondé sur la démocratie, qui vient du consentement du peuple à l'impôt. Bref, le "politique" et le "fisc" sont intimement lés, même si on l'oublie trop souvent. La conclusion est simple : vous souhaitez plus de "politique" européen ? acceptez plus d'impôts européens Conséquence : augmenter, d'une façon générale, le niveau des impôts, et surtout, cesser la concurrence fiscale. Cela passe par une harmonisation fiscale (garantie et contrôlée par Bruxelles) et un tarif extérieur commun (et donc une certaine forme de protectionnisme qui est dans l'air du temps). Cela entraîne une méta conséquence : le renforcement d'une solidarité politique européenne, et donc des transferts de souveraineté à la mesure....

6/ A défaut : l'éclatement inéluctable, avec tous les coûts induits. Mais la reprise d'une certaine souplesse "nationale" même si elle entraîne une moindre influence "internationale". On revient à mon dilemme entre la taille et la solidarité, que j'évoquais hier. Avec un nouveau dilemme : autonomie contre influence..... Plus moyen d'une politique de grandeur, quand on est petit....

Bref, que de mauvaises solutions, hein ? Mais ne pas poser le débat en ces termes, c'est de l'agit prop...

MAJ : Ref : cet article passionant de M. Agilietta dans le Monde d'hier soir.

O. Kempf

Commentaires

1. Le lundi 17 mai 2010, 22:28 par Nono

Effectivement, cette crise a un effet révélateur pour l'Europe, en montrant qu'on est dans une situation très inconfortable: trop intégrés avec l'Euro pour faire comme si on n'avait rien à faire des autres, mais pas assez liés pour avoir suffisamment de poids et de solidarité pour résister.

Malheureusement, je ne vois pas vraiment de solution: j'imagine mal nos politiques prompts à décrier les règles diverses imposées par Bruxelles (alors que ce sont eux-mêmes qui les ont choisies, via le Conseil Européen) s'engouffrer dans la voie d'une plus grand intégration. Dans le même temps, cette crise donne du grain à moudre (avec de très mauvaises raisons) à ceux qui veulent moins d'Europe et croient que seuls on saura mieux résister à ce genre de chose. Car personnellement, je ne vois pas en quoi une France isolée réussirait à résister à des attaques identiques à celles subies par la Grèce.

Donc, comme vous le dites, je pense aussi qu'on est en quelque sorte à la croisée des chemins et qu'il va nous falloir des politiques dignes de ce nom, et pas des agitateurs qui pensent à leur "boulot de dans 2 ans"...

2. Le lundi 17 mai 2010, 22:28 par VonMeisten

Excellent article. On vit décidément des temps passionants (pour le moment :)

3. Le lundi 17 mai 2010, 22:28 par Lambert Francis

Géotruc : donc pourquoi rien que l'UE ?

Crise souveraine : Tragédie grecque ou mondiale ?
http://www.daily-bourse.fr/analyse-...

4. Le lundi 17 mai 2010, 22:28 par Lambert Francis

Un aperçu géopolitique de l'europe
dont j'aimerais une critique
http://www.marketoracle.co.uk/Artic...

Mise en bouche:
The trouble with the euro is that it attempts to overlay a monetary dynamic on a geography that does not necessarily lend itself to a single economic or political “space.” The eurozone has a single central bank, the European Central Bank (ECB), and therefore has only one monetary policy, regardless of whether one is located in Northern or Southern Europe. Herein lies the fundamental geographic problem of the euro.

Europe is the second-smallest continent on the planet but has the second-largest number of states packed into its territory. This is not a coincidence. Europe’s multitude of peninsulas, large islands and mountain chains create the geographic conditions that often allow even the weakest political authority to persist. Thus, the Montenegrins have held out against the Ottomans, just as the Irish have against the English.

Despite this patchwork of political authorities, the Continent’s plentiful navigable rivers, large bays and serrated coastlines enable the easy movement of goods and ideas across Europe. This encourages the accumulation of capital due to the low costs of transport while simultaneously encouraging the rapid spread of technological advances, which has allowed the various European states to become astonishingly rich: Five of the top 10 world economies hail from the Continent despite their relatively small populations.

Europe’s network of rivers and seas are not integrated via a single dominant river or sea network, however, meaning capital generation occurs in small, sequestered economic centers. To this day, and despite significant political and economic integration, there is no European New York. In Europe’s case, the Danube has Vienna, the Po has Milan, the Baltic Sea has Stockholm, the Rhineland has both Amsterdam and Frankfurt and the Thames has London. This system of multiple capital centers is then overlaid on Europe’s states, which jealously guard control over their capital and, by extension, their banking systems.

Despite a multitude of different centers of economic — and by extension, political — power, some states, due to geography, are unable to access any capital centers of their own. Much of the Club Med states are geographically disadvantaged. Aside from the Po Valley of northern Italy — and to an extent the Rhone — southern Europe lacks a single river useful for commerce. Consequently, Northern Europe is more urban, industrial and technocratic while Southern Europe tends to be more rural, agricultural and capital-poor.
Egéa : oui, c'est une excellente analyse géo - politique, qui montre comment les facteurs géographiques affectent l'organisation sociale. Attention toutefois : ces déterminismes n'expliquent pas toutes les rivalités, même s'ils en constituent une part invariante.

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