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Contre-fronde

Moi, j'aime bien quand des gars qui n'y connaissent rien se penchent sur un problème. J'appelle ça le test du couillon. C'est toujours fructueux, pourvu que le couillon soit de bonne qualité : il lui faut donc de la culture et de l'intelligence sans lesquelles le test ne fonctionnerait pas, et le couillon serait celui qui y a procédé, et non celui qui s'y est prêté.

(désolé, l'image est toute petite, je ne l'ai bien sûr pas fait exprès)

Le fruit réside tout d'abord dans une lecture à l'aveugle d'un document ou d'un problème, et donc la découverte de l'œil neuf qui perçoit les incorrections, les incohérences, les mille petits défauts qui émaillent, malheureusement, les premières versions de nos productions. Mais parfois, cet œil neuf peut même arriver, alors qu'il n'y connaît rien, à suggérer une idée vraiment neuve, un aperçu réel, un changement d'angles de vue qui permettent de mieux comprendre ce dont on parle.

C'est un peu le sentiment que j'ai eu ce matin en lisant la tribune de Jérôme Boutout dans le Figaro, nous expliquant qu'en Afghanistan, il ne s'agissait pas d'une insurrection.

Que nous explique donc ce monsieur, qui se trouve être philosophe, libéral, membre du parti socialiste, de la société des lecteurs du Monde, maître de conférence à Science Po (en théorie des jeux), fils spirituel de Marcel Gauchet, et qui malgré son jeune âge a déjà publié dans le Fig, le Monde, le Débat, etc... : autrement dit, quelqu'un de bien introduit qui, vous le verrez, sera une de nos très prochaines consciences intellectuelles.... oui, que nous explique-t-il donc, après avoir causé ailleurs du libéralisme et d'Alain Badiou, sujets particulièrement nécessaires pour évoquer la contre-insurrection ?

Que l'analyse couramment menée jusqu'à présent, qui présente la rébellion afghane comme une insurrection, est une erreur d'appréciation ; partant, que la contre-insurrection ne peut mener qu'à l'échec. CQFD.

Ach ! que n'y avions nous bas benzé ! (accent guttural de maître Carl). Mais z'est pien zur !!!! Pensez-donc, "contrairement à l'Irak, l'Afghanistan n'a jamais été étatisé". En fait, l'Afghanistan, "c'est une vaste zone tribale". Vous auriez pu le remarquer, les gars, dites ! y'a que moi qui vois tout ? Vous ne comprenez pas ? Bon, je poursuis : "tribu et État sont deux types d'association humaine" (si! si! vous avez bien lu, il nous l'explique). L'Etat, c'est tout récent, ça a cinq siècles "tout au plus", "depuis le berceau européen". (Ben voyons : Rome c'est pas un Etat, et il n'y a jamais eu d'Etat chinois en dehors du berceau). Vous ne pigez toujours pas ? faut vraiment que je vous dise tout : "autant la doctrine de contre insurrection est la doctrine adaptée à une zone préalablement étatisée, autant elle est un contre-sens en zone tribale". Na! J'en dirai pas plus, la démonstration se suffit à elle-même.

Mais alors, que faut-il faire, demandons-nous éplorés ? là, notre bon maître nous trace, dans un de ces parallèles historiques à couper le souffle (si, ça m'a coupé le sifflet, je vous jure), une comparaison entre les seigneurs de la guerre afghans et les frondes des princes français : "le mollah (Omar) est un sinistre avatar du cardinal (de Retz)" (sic ! non, vraiment, je n'invente rien). Il faut donc "substituer à une doctrine vieille de cinquante ans - la contre insurrection- une doctrine vieille de cinq siècles - la conte-fronde". Alleluiah !

Mmmmhh ! que c'est bon ! il faut donc "désolidariser les petits seigneurs des grands", car la "logique" (subitement, ce n'est plus une doctrine, mais l'approximation des mots ne doit pas vraiment gêner, il faut juste percevoir l'inspiration, voyez-vous) de la contre-fronde "consiste à parler à l'intérêt des petits seigneurs de la guerre" : M. JB ne nous le dit pas, mais il sous-entendrait qu'il faut acheter les uns et offrir une réconciliation nationale aux talibans modérés, je n'en serais pas surpris : mais je suis sûr qu'il a dû monter une société de conseil et qu'il doit se préparer à vendre ces conseils avisés et novateurs aux princes locaux qui ont besoin de ses lumières, et qu'il ne dira pas ça gratuitement dans le Figaro (journal libéral qui n'irait pas contre la libre entreprise). Monsieur se prépare à être le Mazarin d'Ahmid Karzai.

Car monsieur est allé faire un petit tour là-bas, dans un de ces voyages organisés que les Anglo-Saxons organisent régulièrement pour les intellectuels bien nés, afin qu'ils "vivent" la "réalité du terrain" (vous tous qui avez été en Opex, vous savez de quoi je veux parler quand vous voyez débouler ces cohortes d'officiels, en costume un peu bizarre, qui viennent faire du tourisme militaire pour se donner des frayeurs et augmenter leurs articles dans les grands médias de quelques sensations couleur locale).

Car voici donc comment conclut notre héros (pensez : il est allé en Afghanistan et surtout, il en est revenu, et surtout, surtout, là réside son véritable héroïsme qui le différencie de ces humbles soldats, il n'a pas perdu sa lucidité car il a observé et médité et tiré des idées, lui) : "Quand on la chance de rentrer sain et sauf de cette zone, il faut l'écrire avec humilité (sic) : s'il n'y a pas de temps à perdre, c'est bien que des vies sont en jeu". Alors là, je reste pantois : il a vraiment eu la trouille de sa vie, et surtout, on voit qu'il a un doctorat de philosophie. Parce que comme fin d'article, c'est beau.

Je suis désolé pour Yves Cadiou qui vient sur ce blog pour trouver des choses sérieuses : j'espère qu'il ne lit pas le Figaro, parce que ça, ça ne correspond pas à ses exigences.

Mais dites-moi : le couillon était-il de bonne qualité ?

NB : MAJ du 13 septembre : voir aussi ce billet intéressant d'Opex 360, en miroir de celui-ci

O. Kempf

Commentaires

1. Le lundi 23 août 2010, 21:19 par

Nous apprécierons le fait qu'il faille être membre du Figaro "select" pour lire l'intégralité de l'article. Cela ne donne pas nécessairement envi de s'abonner pour le coup !
Ce monsieur nous apprend quoi de plus, si vous me permettez de me joindre à votre analyse (et à votre seule lecture) :
- La société afghane serait de type féodale européenne, "à la française". Ce qui est, pour une dénonciation de notre substitution du système tribale afghan un Etat afghan assez cocasse ! L'approximation de la logique interne de son raisonnement touche là non pas une limite, mais la Muraille de Chine!
- L'ignorance crasse de tous ses collègues ayant pensé la "politie" l'oblige à penser les structures humaines comme des entités séparées dans leur évolution et dans leur modes intrinsèques de fonctionnement. C'est un peu comme dire que la doctrine de conter-insurrection ne fonctionnerait pas à l'échelle de l'UE, en raison de la nature particulière de cette entité et des transferts de souveraineté.
En allant plus loin sur ce point, c'est encore la faculté de résilience tant du système tribale et de l'Etat afghan naissant pour se conserver qui serait une imposture doctrinale.

Je me demande encore pourquoi des dizaines de jeunes étudiants comme moi se cassent le popotin à lire Galula pour le plaisir...
égéa : je ne sais pas si on lit Galula par plaisir...... D'ailleurs, vous vous cassez le popotin dessus. M'enfin, ce que j'en dis...

2. Le lundi 23 août 2010, 21:19 par Christophe Richard

Bonjour, merci de ce commentaire, qui illustre un aspect du mal français lié au fait que des "intellectuels" complêtement déresponsabilisés viennent occuper un vide... Celui que devraient occuper des chercheurs adossés à des "thinktanks" suffisament reconnus du grand public.
Cela éviterait de donner l'impression de mener des "guerres de cabinet" et couperait le sifflet des bavards.
Cordialement.
égéa : je ne sais pas ce que c'est qu'un intellectuel responsabilisé, en fait. La seule question, ici, me semble être celle de la compétence. Ce qui est choquant, c'est l'absence d'humiltié intellectuelle. Qu'on ait des idées quand on se penche sur le sujet, et au retour d'un voyage d'études en Afghanistan, je trouve cela normal. QU'on échafaude une théorie, après tout, pourquoi pas? Mais on a la prudence de ne pas l'exposer ridiculement à 300.000 lecteurs....

3. Le lundi 23 août 2010, 21:19 par Toto

Bonjour,
il serait sûrement très agréable d'inviter Sieur Boutout un mercredi soir chez M. Brochant pour deviser voire marivauder autour de Machiavel, de Galula, de Mao Zedong, et de nos stratégistes qui n'ont pas attendu d'avoir des idées - surtout les neuves- pour mettre en œuvre la contre insurrection.
Peut-être découvrirons-nous là le futur Francis Fukuyama ?!

égéa : euh... qui est M. Brochant ?

4. Le lundi 23 août 2010, 21:19 par

"Il est mignon monsieur Pignon, il est méchant monsieur Brochant !"
Le dîner de cons.

Et pour vous répondre sur Galula par plaisir, pas vraiment, a juxtaposition du "casser le popotin" et "avec plaisir" en exprimait toute l'ironie. Ce n'était pas une lecture obligatoire de mon séminaire de la guerre irrégulière, mais comme par hasard je me suis fait interroger dessus au Grand Oral. Comme quoi l'intuition a du bon. Il n'y a (heureusement) pas que des étudiants du CID ici !

égéa : peut-être y avait-il aussi de  ma part un peu d'ironie... mais je ne suis pas étudiant au CID, je n'ai donc pas à lire Galula....

5. Le lundi 23 août 2010, 21:19 par

Un parallélisme avec la Fronde...il fallait oser.

Cela dit, l'idée que l'absence d'Étatisation pose problème pour mener une contre-insurrection n'est pas stupide.De fait, en Afghanistan l'absence quasi-total d'institution étatique fonctionnelle au niveau local est un handicap majeur. C'est dur de faire de la contre-insurrection lorsque les tribunaux et la police sont complètement inefficace et les gouverneurs de province sont planqués dans leur résidence (c'est une généralisation bien entendu, certains sont juste des truands plus rare, des héros).Il n'y a donc même pas un squelette de base pour soutenir l'action militaire.

Cela dit, à la limite, ce n'est plus tellement le problème de l'absence d'État que l'absence de structure politique facilement manipulable. Dire que la société Afghane est "tribale" ne veut absolument rien dire. Encore faudrait-il savoir ce qu'est une tribu afghane et comment elle fonctionne et si le terme est vraiment approprié, cela n'a hélas rien d'évident.

"Petits seigneurs" C'est qui? Je ne comprends même ce que ça signifie.

Ce qui est atterrant quand même c'est que la lecture de quelques blogs (dont des membres d'AGS), l'achat d'un magazine très facile à trouver, et même, rêvons un peu, la lecture d'un petit livre sur la question devrait permettre d'éviter à n'importe qui de commettre ce genre de tribune.
égéa : et pourtant, nous aurons toutes les peines du monde à écrire dans le Fig (Mme Lasserre, vous qui lisez égéa et AGS il faudrait nous inviter), quand des cuistres comme celui-là péroreront sans coup férir au seul motif qu'ils sont introduits.... Mais je suis d'accord avec ta remarque : oui, il y a manque d'Etat en Afghanistan, nous le savons tous et cela fait pour moi partie de l'environnement de la CI. C'est d'ailleurs pourquoi je suis rétif envers Galula et Trinquier, pour renvoyer à une autre conversation : ils s'opposent à une guerre révolutionnaire, donc idéologisée, donc formée politiquement. Pas pertinent ans ce qui nous préoccupe (ou plutôt : valable pour le Hazbollah ou Hamas, pas forcément ailleurs) Dans le cas afghan, la question est celle de la formation du politique.... sauf à revenir à C. Schmitt, qui je crois demeure le plus valide pour analyser les choses.....

6. Le lundi 23 août 2010, 21:19 par yves cadiou

Etant nommément interpellé (quand on parle de couillon…) ce serait bien volontiers que j’ajouterais quelques coups de ciseaux au costard joliment taillé par Olivier Kempf dans un tissu à fleurs, mais finalement non. Je préfère voir la chose sous un autre angle. Ce n’est pas de la commisération de ma part mais c’est que, somme toute, cet incident porte à l’optimisme plus qu’à l’acharnement. Olivier Kempf a fort bien répondu au cuistre parce que désormais, grâce à internet, nous pouvons.

Avant internet, il était rarissime qu’un ignorant prétentieux soit remis à sa place par les hommes de l’art car l’expression était à sens unique. L’on en a pourtant lu et entendu, des stupidités du même tonneau. Notamment pendant la guerre en Yougoslavie. Une fois, seulement une fois, l’on a vu BHL renvoyé à ses études par un colonel belge qui lui a dit, avec l’accent de la sincérité, qu’il ferait mieux de se taire pour cacher son incompétence. La séquence est passée à la télévision belge, reprise au zapping de Canal+, mais ce genre de scène était une rareté. Dans la presse-papier, on lisait régulièrement au sujet des opérations militaires des articles écrits par des incompétents, articles qui ne pouvaient tromper que d’autres incompétents. J’ai plusieurs fois essayé de répondre par le courrier des lecteurs, mes réponses n’ont jamais été publiées. Non qu’elles étaient mal rédigées ni que ma connaissance du sujet était insuffisante. Mais je suppose que les rédacteurs en chef n’aiment pas publier des objections et commentaires qui viennent expliquer, de façon solidement argumentée, que l’article qu’ils ont laissé passer n’aurait pas dû passer.

Aujourd’hui, les bavards ignares sont tenus à la prudence car on peut leur répondre sans passer par ceux qui ont fait l’erreur de leur ouvrir leurs colonnes. Les incompétents prennent désormais le risque d’être ridicules s’ils tentent de parler mili publiquement pour épater d’autres incompétents. Le temps est révolu où n’importe quel spécialiste autoproclamé pouvait expliquer aux pékins, sans risque d’être contredit, que les armes à tir courbe sont faites pour tirer de l’autre côté de la montagne (sic).

Pour parler d’armée, « Asinus asinum fricat » c’est fini. Merci, Olivier Kempf, d’avoir attiré notre attention sur celui-ci car ils vont devenir de plus en plus rares.

7. Le lundi 23 août 2010, 21:19 par Cyrille

Bonjour
Lecteur régulier de votre blog, je me permets aujourd'hui d'entrer dans le débat, après avoir lu et relu l'article incriminé.
N'ayant ni le CV de son auteur, ni votre autorité en matière de stratégie, je ne me risquerai pas à analyser les contresens soulevés par le contresens qu'il nous présente. En revanche, à l'instar de ZI, certaines questions posées me paraissent dignes d'intérêt, à défaut des réponses apportées.
De mon point de vue, et ayant "eu la chance de rentrer sain et sauf" d'Afghanistan en 2007, le parallèle fait avec les féodalités française et anglaise du Moyen Age est relativement pertinent. J'ai coutume de comparer, avec prudence quand même, l'Afghanistan actuel avec notre pays durant la guerre de Cent Ans : un pouvoir central qui tente de s’imposer à des baronnies qui résistent. Pour le coup, la phrase mise en exergue par le Figaro (« les seigneurs afghans sont comparables aux princes français qui, dans le moment décisif de l’affrontement féodalité-État, tentèrent le tout pour le tout ») me parait intéressante.
Pour ce qui est de la « contre fronde », je laisse à l’auteur le plaisir de se croire l’inventeur d’un grand concept… Simplement faudrait-il peut-être lui rappeler que les Durrani sont au pouvoir depuis le XVIII° siècle et jusqu’à aujourd’hui (avec les Karzaï du clan Popalzaï), sauf quelques périodes intermédiaires (avec le pouvoir communiste notamment), et s’il n’y a pas de Nation afghane, y a-t il au moins un Etat en place depuis bien longtemps. Qu’il ne contrôle pas la totalité du territoire que nous appelons aujourd’hui « Afghanistan » ne l’empêche pas d’exister, ce qui donne d’ailleurs l’occasion parfois aux Afghans de « regretter le bon temps des Russes » (ils y voient en effet deux avantages sur la situation actuelle : les Russes ont beaucoup construit et financé de construction, beaucoup plus que l’OTAN depuis bientôt 10 ans, et accessoirement, on pouvait faire régulièrement le coup de feu contre eux, et un Afghan bien nait ne résiste pas à une bonne bagarre ! C’est en tout cas ainsi qu’ils s’en rappellent…).
Quant à acheter, pardon, « parler à l’intérêt des petits seigneurs de guerre », c’est déjà ce qu’on voulu faire les américains au départ (mais sans vraiment connaitre les us et coutumes locaux), et c’est là encore le reproche fait régulièrement à la Loya Jirga que d’être devenue le repère des chefs de guerre de la guerre civile qui y ont trouvé une place.
Dernière remarque, notre auteur introduit son propos en citant « des voix » (décidément, nous revenons à la guerre de Cent Ans et à Jeanne d’Arc !) qui constatent l’échec de la doctrine de COIN. Déjà ? Dans mes souvenirs, il fallu pourtant de longues années à Lyautey pour pacifier le Maroc… Laissons donc du temps au temps, c’est déjà un grand progrès que d’impliquer de plus en plus les Afghans dans les opérations de sécurisation, car c’est là, sinon la clé de la victoire, mais bien notre ticket de sortie de cette situation que nous ne résoudrons pas par nous-mêmes. C’est finalement à eux de décider de ce qu’ils veulent faire de leur pays. Que cela nous plaise ou pas d’ailleurs.


égéa : vos propos nuancés me font plaisir. Oui, il y a heureusement quelques lueurs intéressantes dans l'article : ma critique porte sur l'affichage de leur "nouveauté", due à un "esprit brillant", et à la volonté de la formule "scintillante" (contre fronde, cardinal de Retz, ..).
Pour le reste, je vous suis tout à fait. Mais nous venons là au débat entre gens qui ont réfléchit un peu longuement à ces choses, qui ont beaucoup lu et beaucoup pratiqué, et qui s'expriment avec prudence.... eux!

8. Le lundi 23 août 2010, 21:19 par

Comme promis je me lance et pour le mercredi soir, j'accepte toutes les invitation, tant que c'est gratuit :)
L'auteur pointe la non étatisation de l'Afghanistan. Je pense que il s'agit plus d'absence d'administration (efficace) que l'absence d'Etat. Ceci est au moins lié autant aux pratiques politiques locales qu'au taux d'alphabétisation très faible (env 40% pour les hommes et 15% pour les femmes). A mon sens pas de construction d'Etat stable sans un minimum d'alphabétisation.
L'auteur pointe, avec un peu d'excès et par analogie, le problème du passage d'un modèle féodal à un modèle étatique de type westphalien (il existe d'autres formes étatiques). J'avais abordé le problème sur le site de l'AGS il y a un an : http://www.alliancegeostrategique.o... Il est aussi logique qu'il reprenne des exemples historiques connus pour étayer ses propos (la fronde). Il aurait pu aller plus loin en abordant les édits de pacification français à la fin du 16° et au 17°.
Finalement, je suis totalement d'accord sur le fait que faire une différence entre le COIN et la contre-fronde n'apporte pas de réponse opérationnelle supplémentaire au problème afghan. Blanc bonnet et bonnet blanc ?
Merci à EGEA de faire découvrir des textes originaux comme celui-ci qui font réfléchir même si les arguments de l'auteur (rentré sain et sauf, c'est un sacré guerrier!) sont peut-être présentés de manière laconique

9. Le lundi 23 août 2010, 21:19 par guillotine

Intéressant billet, néanmoins ce qui est inquiétant à mon sens n'est pas que ce monsieur se trompe mais bien que les militaires eux-mêmes soient "à côté de la plaque" en Afghanistan ; pour reprendre une expression qui leur est propre. Il suffit par ailleurs de lire les "foutaises" qu'ils écrivent dans le domaine de la contre-insurrection et notamment avec ce monument du copier-coller, du cirage de pompes, le tout en vrac... qu'est "Principes de contre-insurrection".
Des commentaires ?
égéa : premier commentaire, c'est le désaccord avec le ton que vous employez... : exprimer son désaccord avec le texte "ppe de COIN" est non seulement admissible, mais nécessaire : d 'ailleurs, les auteurs produisent leur texte justement pour initier le débat.
Mais le débat, ce n'est pas dire "c'est nul".
C'est avoir une critique argumentée qui examine :

  • - les incohérences de la pensée, s'il y en a
  • - les recopies indues, s'il y en a
  • - les positions concurrentes, si on les énonce bien
  • etc...

En clair : la critique est facile, l'art est difficile. Je crois pourtant que la critique, la vraie critique, est tout aussi difficile que l'art..... car pour être pertinente, elle doit s'élever au minimum au nieau de l'oeuvre.

10. Le lundi 23 août 2010, 21:19 par guillotine

Vous publiez, bravo donc! Effectivement cette forme de critique rapide est facile. Néanmoins, que penser d'un livre de 100 pages, écrit à trois mains ce qui fait 30 pages par personne et qui "s'inscrit" dans « GAGNER LES COEURS ET LES ESPRITS » du CDEF. A la différence que dans ce dernier il y a des approches intéressantes et même si dans l'ensemble on reste dans l'air du temps. Pour résumer cette compil je retiens p15 : "Pour appréhender la complexité de la guerre contre-insurrectionnelle, il faudrait idéalement lire au moins une vingtaine d'ouvrages, ce qui est assez utopique pour l'homme surmené et pressé d'aujourd'hui". Je comprends mieux pourquoi on ne gagne pas plus de guerres... Non je plaisante! Bien que!
Quant au reste, je dirais en conclusion que les militaires devraient au préalable déjà essayer de comprendre leur propre population, à partir de là et avec une bonne recette de grand père (la seule peut être à garder...) , c'est à dire "s'adapter" (Lyautey) ils devraient arriver à trouver de vraies solutions...

11. Le lundi 23 août 2010, 21:19 par yves cadiou

Je ne comprends pas les commentaires de « guillotine ».
« Je ne comprends pas », ce n’est pas du tout une formule de politesse pour dire « je ne suis pas d’accord », non : c’est tout simplement que je ne pige pas la signification de ce que je lis.
Merci à « guillotine » de préciser : 1/ ce qu’il veut démontrer ; 2/ pourquoi c’est intéressant ; 3/ comment il le démontre.

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