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Crozier et l'organisation militaire

Un de mes correspondants me fait copie d'une lettre dont la teneur vous intéressera : il s'agit d'évoquer la réforme des organisations militaires, et ce qui les distingue (ou pas) des organisations civiles.

Cela évoque les questions de comandement (de management) mais aussi de comportement au sein de l'organisation. Celle-ci a-t-elle une vie propre ?

O. Kempf

verbatim :

(...) Et vos références à Michel Crozier m’ont remis en mémoire les petites vicissitudes que j’ai connues dans certains de mes emplois à vouloir convaincre mes camarades que les organisations, fussent-elles militaires, ne pouvaient être assimilées à de simples organigrammes animés.

Cette confusion entre le structurant et le structuré, pour plagier la formule de linguistique, ressortit à notre vanité de soldat.

Nous posons avec beaucoup de certitude le postulat selon lequel la discipline et la déontologie suffiraient à gérer à l’optimum ces systèmes que sont les organisations humaines et que le chef, par essence, maîtriserait toujours les objets organisationnels dont il n’est qu’un usufruitier désigné. Oubliant que les organisations aussitôt produites ont une vie propre, une dynamique grise, des règles, une psyché, que c’est un lieu de pouvoirs et que dans ces systèmes évoluent des acteurs mus par des stratégies individuelles destinées à capter une parcelle de ces pouvoirs.

Je doute que les concepteurs de ce projet de bases de défense qui refonde totalement nos armées, aient eu une approche croziérienne du problème, c'est-à-dire de considérer qu’une somme de cellules fonctionne rarement comme l’organisation projetée et qu’une somme d’organisations échappe souvent à son concepteur.

Parce qu’il s’agit d’organiser des relations entre des hommes pour qu’ils œuvrent pour un objectif commun, c'est-à-dire de les contraindre à prendre en considération le collectif et de préférer l’alter à leur égo pour le succès de tous et du tout, je pense qu’il n’existe pas de dessein aussi audacieux que la manipulation et la construction des organisations.

(fin de citation)

Commentaires

1. Le mardi 31 août 2010, 12:53 par Cyrille

Entièrement d'accord avec ce point de vue.
Dès lors que vous inventez une structure de soutien pour lui confier une mission auparavant réalisée en interne, celle-ci va prendre en compte sa mission, c'est à dire mettre en place des process et des flux qui serviront sa mission (assurer le soutien) au détriment de la mission globale (conduire une opération). Puis, progressivement, cette structure va prendre de l'importance, vouloir gonfler ses effectifs, élargir le champ de ses compétences, justifier sa place et son coût... c'est à dire en effet mener sa vie propre.
Le SGA a à peine plus de 10 ans, et d'une petite structure conçue pour aider le ministre à administrer son ministère, est devenu une administration en elle-même, qui a absorbé nombre de missions retirées aux armées, jusqu'à la gestion de leurs personnels (y compris le recrutement !).
Et l'EMA vient d'inventer le "COMIAS" : commandement interarmées du soutien, afin d'avoir la haute main sur les bases de défense. Et donc sur le soutien immédiat des unités des 3 armées.
Nous nous acheminons doucement vers le modèle Belge : une seule armée, à 4 composantes...

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