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Elections 2010 (SLovaquie)

Je poursuis mon tour des élections législatives qui se sont déroulées en Europe au cours du premier semestre 2010. Dernière étape : la Slovaquie.

L'élection en Slovaquie s'est déroulée le 12 juin 2010. Il s'agissait de désigner les 150 sièges de la chambre unique du Parlement.

Les derniers sondages donnaient la coalition de gauche (au pouvoir depuis 2006) gagnante (voir ici).

Pourtant, si le SMER-SD du premier ministre Robert Fico a été crédité de 34,97% des voix et est donc arrivé en tête, cela n'a pas été suffisant. En effet, le parti populaire HZDS de l'ancien Premier ministre Vladimir Meciar (l'homme qui suscité le bizarre divorce d'avec la Tchéquie), membre de l'ancienne coalition gouvernementale, a fait défaut en n'atteignant pas les 5% nécessaire pour entrer au parlement. De même, le parti ultra slovaque SNS (Parti national Slovaque) de Jan Slota n'a pas fait le plein des voix. Ainsi, même s'il s'agissait d'une coalition "de gauche", elle a surtout fait campagne sur des thèmes "nationalistes" qui n'ont pas convaincu les électeurs.

Du coup, l'Union démocratique et chrétienne slovaque (SDKU-DS) présidée par Iveta Radicova, en coalition avec trois autres partis de droite et centriste forment une majorité de 79 sièges, incluant un parti modéré de la minorité hongroise, le Most-Hid (le mot "pont" en slovaque et en hongrois....), crédité de 8,12 % des voix, un tout nouveau parti libéral et les chrétiens démocrates.

Malgré le déficit budgétaire grandissant du pays, la campagne a été dominée non pas par l'économie mais le débat sur une nouvelle loi sur la citoyenneté hongroise, décidée par le nouveau gouvernement hongrois (voir mon billet). C'est probablement ce qui a fait perdre le pouvoir en place, car la population n'a pas suivi cette diatribe, d'autant que la politique économique populiste ne convainquait pas et que la corruption allait croissant.

Au fond, M. Fico a voulu jouer le bal des extrêmes, imitant en cela le jeu délétère qu'avaient pratiqué en leur temps V. Meciar et Vaclav Klaus pour dynamiter la Tchécoslovaquie qui n'en demandait pas tant. Ici, il s'agissait de jouer la politique du pire avec l'alter ego hongrois Victor Orban du Fidesz (voir mon billet). Disons les choses simplement : dans le cas présent, la gauche était pousse au crime et sa défaite signe celle d'un nationalisme étriqué ! En effet, pour répondre a la décision de la Hongrie le mois dernier de donner la nationalité hongroise aux ressortissants d'origine hongroise des pays voisins (et donc les 520.000 qui résident en Slovaquie), le gouvernement Fico a adopté une loi permettant aux autorités de priver de leur nationalité slovaque ceux qui acquièrent la nationalité hongroise.

Il y avait donc un début de montée aux extrêmes, mais l'électorat slovaque n'a pas suivi cette tendance. Notamment, la minorité hongroise a clairement affirmé son attachement à la Slovaquie et a adressé un double "non-merci" aux radicaux des deux côtés du Danube. D'ailleurs, le vieux Parti de coalition hongroise, le SMK, qui avait suivi les thèses du Fidesz, n'entre pas au parlement.

Du coup, le gouvernement de Mme Radicova veut tourner la page. Après avoir rencontré M. Orban lors d'une réunion du groupe de Visegrad en juillet, une nouvelle convergence s'est dessinée : cessons ces questions des minorités, et mettons nous d'accord sur le terrain économique pour faire face aux cures d'austérité exigées par la communauté internationale à la suite de la crise (voir ici).

Morales de cette histoire :

  • la Slovaquie ne veut pas s'enferrer dans une politique nationaliste ou populiste.
  • il faut se méfier des étiquettes, droite ou gauche
  • l'Europe centrale paraît finalement bien plus mûre démocratiquement que l'image qu'on s'en fait habituellement en Europe de l'Ouest.
  • pays de circonstance, la Slovaquie s'affirme sans avoir besoin de replonger dans es représentations tirées du passé. Preuve que le plébiscite de tous les jours trouve encore des débouchés politiques !

Réf :

  • pour obtenir plus de détails sur les élections slovaques, voici quelques liens qui m'ont aidé à écrire ce billet : ici, ici, ici, ici et ici.
  • voir aussi mon billet sur la Slovaquie.

O. Kempf

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