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1er café stratégique : excellent !

Juste quelques impressions à la suite du Café Stratégique de jeudi dernier, à l'occasion duquel le général Desportes a disserté sur la pensée stratégique française. Vous pouvez avoir le compte-rendu sur AGS ce matin. Je n'ajouterai donc que ce qui a trait à l'ambiance de la manifestation.

cgs_general_desportes_xs.jpg

Ambiance : pour moi, c'est le principal : s'il y avait un peu d'intimidation générale au début ça s'est vite décrispé.

1/ V. Desportes a fait une belle conférence, avec du bagou comme il sait en avoir, et en plus il était servi par l'actualité (son article dans l'Express). Il ne connaissait pas AGS, mais il va devenir prescripteur, bien sûr....

2/ Moyenne d'âge : j'étais le plus vieux, les participants avaient tous moins de 40 ans : vous ne vous rendez pas compte, là est la richesse : AGS touche ceux que les autres ne touchent pas. Surtout, il n'y avait pas que des étudiants, mais aussi des amateurs de la trentaine, dans la vie active. En conférence ou dans les colloques, on a habituellement les gens qui ont du temps : étudiants et retraités, même combat...

3/ Après, les gens sont restés pour discuter, rencontrer les autres, etc.... ils ont repris une bière puis sont remontés bavarder. Convivialité, génial!

4/ Pour une première, 35 participants ? magnifique, non ? Vivement le prochain Café stratégique : ce sera le 25 novembre, même endroit, et Corentin Brustlein, chercheur à l'IFRI et animateur de Ultima Ratio, viendra parler de la Défense anti-missile : après le sommet de Lisbonne, pas de doute, cela intéressera du monde....

O. Kempf

Commentaires

1. Le lundi 11 octobre 2010, 09:57 par

J’ai lu avec intérêt le compte rendu du CGS. J’ai le regret de ne pas avoir pu y être, pour des raisons matérielles : je viendrai une autre fois ajouter une unité à l’effectif des retraités, peu nombreux dit égéa.

Si j’y avais été, je n’aurais pas manqué de proposer mon point de vue, somme toute optimiste pour le présent et l’avenir, sur la faiblesse de la pensée stratégique depuis cinquante ans en France.

La cause n’en est pas que « l’armée des défaites » s’est réfugiée dans le silence et a laissé la parole aux politiques, qui d’ailleurs ne l’ont pas prise. En 1945 notre armée n’étais plus défaite : grâce à elle la France était « présente à la victoire » pendant que la classe politique était celle des années trente, de retour après avoir été défaite puis absente. En réalité l’indigence de notre pensée stratégique depuis cinquante ans est d’origine politique et double. En l’identifiant l’on est porté à l’optimisme pour la suite de notre histoire.

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C’est d’une part la faiblesse qualitative du recrutement en officiers opéré par la Quatrième République. Celle-ci était peu portée sur la prospective et voulait de la quantité, tout de suite, notamment pour encadrer les Appelés en Algérie. Ma génération a beaucoup pâti de cette médiocrité générale du recrutement pratiqué par la Quatrième (médiocrité qui a connu des exceptions parfois brillantes mais dont beaucoup ont quitté l’armée vers 1962). Vincent Desportes semble avoir connu une conséquence de ce problème avec l’anecdote de son char Leclerc, assez typique d’un conflit de générations. Mais les générations passent (la mienne aussi, rassurez-vous jeunes gens) et par conséquent le renouvellement, ou le réveil, de notre pensée stratégique est inéluctable.

C’est d’autre part qu’à partir des années soixante la doctrine gaullienne était un dogme que l’on pouvait seulement développer (donnant lieu à de gros débats sur la notion de « dernier avertissement » et sur le sexe des anges) mais non contester. En même temps l’antimilitarisme de la période 68 / 81, s’ajoutant à une vision binaire du monde, rendait impossible toute expression un peu ouverte. Conséquences de ce qui précède, les travaux des stagiaires de l’ESG de ma génération étaient systématiquement affublés du tampon « diffusion restreinte », et c’était même confidentiel-défense ou secret-défense lorsqu’on pouvait les soupçonner d’originalité. En 1980, lorsque je disais (sans pouvoir l’écrire) que l’Afghanistan était un conflit nord-sud et qu’il ne fallait pas souhaiter la défaite des Russes, j’étais évidemment un traître. Lorsqu’à la même époque je disais (toujours sans l’écrire) qu’il fallait prévoir d’affronter des chars lourds en Afrique, j’étais évidemment ridicule mais les T55 libyens se sont emparés de N’djamena deux ans après. La faiblesse de notre pensée stratégique pendant un demi-siècle est due à de la bêtise ordinaire, doublée de manque de courage (paresse et lâcheté).

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Ce constat pousse à l’optimisme parce que c’est une période révolue, à la fois par suite d’un saut qualitatif dans le recrutement au milieu des années soixante (nouvelle motivation des candidats sous la Cinquième République) et parce qu’il y a désormais internet qui permet à tous, à la seule condition de savoir écrire, de contourner des barrages qui étaient incontournables au XX° siècle si l’on n’était pas G2S et courageux.

Par conséquent, nous ne devons pas être exagérément pessimistes. Notre indigence intellectuelle stratégique n’est pas un problème ancré dans notre histoire du XX° siècle : il ne s’agit que d’une éclipse due, comme toute éclipse, à la conjonction de trois corps : médiocrité de la politique militaire sous la Quatrième République, brillance du dogme gaulliste, antimilitarisme soixante-huitard comme la Lune. C’est une conjonction qui actuellement prend fin.

égéa : cher Yves Cadiou, il n'y avait qu'un seul retraité (et encore, on peut discuter de son statut puisqu'il est G2S...) : le Général Desportes. Tous les autres étaient dans la vie active rémunérée (attention à tous les bénévoles qui sont actifs mais non rémunérés).

2. Le lundi 11 octobre 2010, 09:57 par Nono

Cette rencontre avait l'air intéressante, dommage que je n'ai pas pu venir (trop de boulot....). Pour ce qui est du général Desportes, le terme de retraite convient d'autant moins (à mon avis) qu'il est devenu conseiller du président de Panhard et directeur de collection chez Economica (cf http://www.lexpress.fr/actualite/mo... ). Une "retraite" très active!!!

Sur les raisons de la faiblesse de la pensée française, ce que nous raconte Yves Cadiou est pitoyable, mais malheureusement bien français. De manière générale, j'ai l'impression qu'en France le débat d'opinion réel n'a que peu de place: les débats finissent régulièrement en dialogues de sourds (cf le débat sur les retraites actuellement), et nos intellectuels sont plus dans la belle parole que le vrai débat de fond (la mauvaise langue que je suis dira que malheureusement la plupart ne savent rien à part de belles idées philosophiques qui ne font pas avancer).

Et pour en revenir au sujet, il est tout à l'honneur du géénral Desportes d'avoir incités ses élèves du CID à s'exprimer et à s'impliquer dans les débats (comme on pouvait le lire régulièrement dans DSI par exemple). Espérons que ça va continuer!!

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