Commentaires

1. Le samedi 29 janvier 2011, 21:54 par Pierre AGERON

Je ne sais que penser de ce billet, puisque, comme vous le savez, en France Histoire et Géographie sont indissociables (cf. Braudel ou le très bon livre de Pitte : Histoire du paysage français ou comment la perception de la France et le façonnement de ses particularités, les terroirs, sont des objets historiquement construits).
Sans doute, dans un contexte de mondialisation où la France tire sa richesse économique de sa diversité géographique grâce au tourisme, la géographie est elle plus valorisée que l'histoire, EN CE MOMENT, car l'Histoire a eu depuis longtemps un primat scolaire et auprès du grand public.
Mais la crise du modèle républicain et de l'Histoire comme pilier civique a profité à la géographie qui se montre de plus en plus dans les médias, notamment via les experts en géopolitique, dans un monde "synchronique" qui se vit plus au présent, où il faut interpréter ce qui est, plutôt que dans un monde "diachronique", faisant le lien entre passé et futur où l'Histoire a une force explicative.
Il ne s'agit bien sûr que d'impressions personnelles...

égéa : mais vous dites en termes savants ce que je suggérais... et au fond, vous partagez le constat

2. Le samedi 29 janvier 2011, 21:54 par Nino

La possession a remplacé l'appartenance ! C'est ce que semble démontrer la préférence marquée pour un territoire délimité plutôt que pour l'idée initialement universelle de Nation à la Française... Quel est en définitive notre vrai rapport à la société ? Intéressant, très intéressant, un sujet de concours qui ne dit pas son nom. Préparants, qu'en pensez-vous ?

3. Le samedi 29 janvier 2011, 21:54 par behachev

Réflexion intéressante.
On pourrait y voir une certaine évolution des valeurs misent en avant.

Là où Marianne privilégiait L'Etat, la Nation, son rayonnement ; c'est à dire la "machine humaine française" se disputant des parts de gâteau avec ses consœurs Germania, Britannica et les autres.
A contrario, l'Hexagone, figure géométrique régulière, idéale induit les idées d'intemporalité et d'intangibilité des limites dont certains pourrait remettre en question les angles (de manière externe avec l'Alsace, mais aussi interne avec les Bretagne, Corse ou Pays Basque...)
C'est l'affirmation d'inclusion de tout ce qui est dedans, dont les ces français nouvellement arrivé et ne partageant pas encore une histoire commune multicentenaires avec les autochtones : c'est l'affirmation du droit du sol.
Mais c'est aussi l'acceptation que les limites ne déborderont plus. Que la France ne cherchera plus à déborder de l'Hexagone au delà des Alpes, du Rhin ou du plat-pays.

L'Hexagone, enfin, pour imager, c'est une pièce de forme rigolote de château de briques de bois, posée dans le berceau de la toute jeune Europa par une tante assagie ayant passé l'age des chamailleries avec ses sœurs.

Il est intéressant de réfléchir à ce qui se passerait en cas d'éclatement de la Belgique : Verrait-on un retour de Marianne avec la saisie de l'opportunité de repousser la Frontière toujours plus vers le Rhin, ou bien alors l'Hexagone se suffirait-il à lui-même ?

4. Le samedi 29 janvier 2011, 21:54 par Laurent

Léger désaccord : oui, l'hexagone a bien remplacé Marianne dans nos représentations, et donc la géographie semble bel et bien avoir triomphé. Mais ça n'est pas tant de l'histoire qu'elle a triomphé, que des principes philosophiques, moraux et politiques (au sens le plus noble de ce dernier mot) de la République, eux-mêmes issus des Lumières, via la Révolution de 1789 et ses suites du 19e siècle. La nuance paraît peut-être subtile, mais je persiste à penser qu'elle est relativement importante... et bien triste.

5. Le samedi 29 janvier 2011, 21:54 par Françoise

J'ai comme un doute. Un doute sur la géographie, un doute sur l'histoire , ou plutôt sur leur statut.
C'est dimanche soir et le pessimisme est de rigueur : Je dirais plutôt qu'une forme simple pour les gens simples (un slogan de parti politique à l'origine, dans le contexte , visionnaire n'est-ce-pas, de "la Corrèze plutôt que le Zambèze" ) a remplacé , grâce au franc soutien de journalistes durables, un symbole qui n'est plus visible dans aucune école , et que donc les gens ne remarquent pas quand ils vont à la mairie . Il me semble que l'on s'est violemment disputé à propos de Marianne, aux temps de Claudine à l'école (qui avait d'autres chats à fouetter au demeurant ). Mais si le crucifix a perdu ( tellement perdu que l'UE ne le prend pas en compte dans ses programmes pédagogiques sur les grandes religions dans le monde ), le buste de Marianne a aujourd'hui la même notoriété que la gagnante du concours de Miss Limousin (pardon pour elle si elle nous lit) et j'ai mon idée là-dessus : c'est parce que c'est pa-trio-tique (ou nationaliste ? je ne sais , mais c'est le même combat ), donc ringard, louche , facho? , aussi glamour que la pétomanie ou l'accent français en anglais. Et comme les gens de 18 ans n'ont désormais pas étudié la Révolution (pas plus la nôtre que la russe, je ne parle même pas des autres) , je doute que Marianne reconquière les podiums ... Pour autant, ils ne savent pas où sont Reims ni la Beauce ni Verdun ni la Lorraine ni la ligne bleue des Vosges. Alors non- et là je ruine votre dimanche - Monsieur Kempf, c'est juste un dessin , un contour, qui a remplacé l'histoire...Mais je dois me tromper et commettre péché de ronchonnerie (première étape vers l'état de vieux c... qui nous menace tous ? ).
françoise

égéa : cartieristes de tous les pays, unissez-vous !

6. Le samedi 29 janvier 2011, 21:54 par Pierrre AGERON

Le constat de l'Hexagone plus fort que Marianne ne serait-il pas un "houelbecquisme" de plus, notamment lorsque vous assimilez l'Hexagone à la Carte : "la carte est plus intéressante que le territoire", on n'en sort pas...
Tt en sachant que l'hexagone n'est pas la carte mais une des représsentations POSSIBLES de la france, plutôt un croquis ou pour parler comme Roger Brunet un chorème!
égéa : sur l'hexagone, lire le passionant Weber dans Lieux de la nation de P Nora : la notion est fort récente. Mais c'est une autre histoire.

7. Le samedi 29 janvier 2011, 21:54 par

Ou, "particularisme" a remplacé "universalisme".

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