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L'Asie du Sud-Est n'existe pas

Le lecteur habitué d'égéa sait que j'ai quelques réticences envers la notion d'Occident, qui me paraît rien moins qu'établie dans ce 21° siècle.

carte_asie_sud_est.jpg

Il sait également que je demeure sceptique quant à cette évidence géographique qu'est "l'Asie", cet OGNI. Soyons plus radicaux encore : mes recherches poussées (connaissez vous des recherches qui ne soient pas poussées) m'amènent à cette conclusion irréfutable : l'Asie du Sud-Est n'existe pas. Irréfutable, donc non scientifique, dirait Popper. Avançons donc les arguments pour vous laisser le plaisir de les démonter un à un.

1/ L'Asie du Sud-Est est coincée. Je ne parle pas de son éventuelle pudibonderie, ou de ses relations malhabiles avec autrui. Mais elle est coincée. Entre trois ensembles géopolitiques plus affirmés.

2/ Le premier est l'Asie du Sud. Autrement dit, l'océan Indien : donc l'espace indien.

3/ L'autre est l'Asie de l'est, et son milieu impérial : la Chine. D'ailleurs, la Chine considère que les mers de Chine lui appartiennent. Montego Bay n'est qu'une farce d'Occidentaux aux yeux des Chinois, ce qui justifie que la ceinture d'îles qui va du Japon à l'archipel indonésien ne constitue qu'un avant-poste; Cette position s'appuie également sur des minorités chinoises partout nombreuses, et notamment à Singapour, l'État le plus riche du monde ( en PIB/h)

4/ Le dernier, enfin, est cette Océanie : cet Océan pacifique et son géant local, l'Australie, qui hésite entre son rôle de terre du sud (l'outre-sud) et son appartenance à l'occident (ANZUS et Commonwealth).

5/ Tiraillée et comprimée, toujours déterminée par des puissances extérieures (outre les trois grands, on peut jouter le Japon, les Etats-Unis, les sultanats pétroliers arabes), l'Asie du sud-est n'existe donc pas.

6/ Pourtant, elle bénéficie de deux atouts majeurs :

  • le détroit de Mallaca qui symbolise, par son trafic pétrolier, la fonction hyphénique (trait d'union) de la zone, d'abord maritime, chose importante en ces temps de maritimisation du monde.
  • sa population qui compte 500 Millions d'habitants. Certes divers, certes bien moins nombreux que les deux mastodontes milliardaires, mais cela compte quand même.

Existera-t-elle demain ? il faudrait vraiment que les Chinois aient une hybris très aiguë, trop aiguë pour y parvenir. mais qui sait ?

Olivier Kempf

Commentaires

1. Le mardi 8 février 2011, 21:41 par Pierre AGERON

Je suis d'accord avec vous sur le constat d'ensemble.
Sur l'Océanie, beaucoup moins, re parcourez ce qu en dit Grataloup dans l'Invention des continent: catégorie européenne du XVIIè siècle..
D'ailleurs les anglais ne l'appellent-il pas Australasia ( ce qui evut tt dire quant à sa singularité...)
Cette "Asie Australe" de nos jours semble essayer de se raccrocher à cette ASE, ou du moins à l'ASEAN, ie, si ASE est un concept mort-né que l'Australie veut être considéré comme membre, à part entière de l'Asie Orientale...
Cf Travaux de Fabrice Argounes sur cette question http://spirit.sciencespobordeaux.fr...
et son Atlas de l'Australie à paraitre en Mai prochain chez Autrement.
égéa : oui, j'ai lu Grataloup. Il y a hésitation del'Australie entre une Australasie, uen OCéanie et l'Occidnet : jemaintiens.

2. Le mardi 8 février 2011, 21:41 par yves cadiou

Cher Olivier Kempf, puisque vous posez directement la question, disons-le : il existe des recherches qui ne sont pas poussées. Ce sont les recherches approfondies, celles qui consistent à creuser une question. Les recherches approfondies sont préférables aux recherches poussées car celles-ci sont nécessairement superficielles : on ne pousse rien ailleurs que sur une surface. Si ce n’est pas sur une surface, alors on propulse (le fusée propulse le satellite, l’hélice propulse le sous-marin) ou on tracte (on tracte un planeur pour le lancer). Du fait qu’il n’existe pas de recherches propulsées ni tractées, les recherches doivent être approfondies ou, si elles sont poussées, rester superficielles.

Ceci pinaillé pour sourire, on a cependant bien compris que vous avez beaucoup cherché avant d’arriver à cette « conclusion irréfutable : l'Asie du Sud-Est n'existe pas ». Confirmant votre conclusion, wikipedia rappelle que l’OTASE fut dissoute en 1977 http://fr.wikipedia.org/wiki/Organi...

Le sujet qui consiste à s’interroger sur des ensembles géographiques conçus au XX° siècle est d’actualité. Non d’une actualité fébrile et éphémère, mais l’actualité d’une génération : notre conception du monde est en plein chamboulement. Ce n’est pas la première fois dans l’histoire, comme nous le montre d’ailleurs Christian Grataloup http://www.egeablog.net/dotclear/in...

Au sujet du redécoupage du monde, vous me permettrez peut-être de replacer une idée qui me semble logique : les satellites géostationnaires, diffuseurs de culture en quantité illimitée (au contraire de la Toile qui passe par des câbles), créeront des fuseaux culturels sur les méridiens. http://www.egeablog.net/dotclear/in...

Dans ces conditions, cette Asie du Sud-Est qui n’existe pas semble destinée à intégrer un fuseau Chine-Australie où le détroit de Malacca (et surtout Singapour) prendrait une importance particulière pour la liaison maritime avec l’Inde.

3. Le mardi 8 février 2011, 21:41 par Pierre AGERON

Oui en fait, je crois que nous sommes d'accord pour dire que la triple hésitation de l'Australie entre Océanie, Occident et Australasie fait que l'Océanie a beaucoup de mal à exister...
Certaines organisations préfèrent le terme un peu technocratique mais qui fait à mon avis sens de "Pacifique Sud-Ouest" car c'est le pacifique qui fait l'unité et identité de la zone.

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