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Italie : les premières 150

Nous fêtons ces jours-ci le 150ème anniversaire de l'unification italienne. On se reportera à l'intéressant entretien d'Umberto Eco, paru dans le Monde Magazine de ce week-end.

carte_italie.gif (source)

Comme j'aime beaucoup l'Italie, à divers titres, il me semble important de marquer cet anniversaire.

1/ L'Italie est-elle fragile au point d'être menacée ? c'est la question sous-jacente qui agite tous les esprits, quand on voit la déliquescence de la vie politique, les foucades de la ligue du nord, ou la persistance de la corruption. En clair, n'est-ele qu'un moment ou a-t-elle encore un destin ?

2/ L'analyste opposera volontiers le sud au nord, croyant voir là un clivage géopolitique majeur. C'est je crois faire trop d'honneur à la rhétorique léguiste. Tout d'abord, on remarquera que les Lombards sont arrivés "après" les autres (voir ce billet et surtout les deux liens qu'il entraîne). Surtout, que ce duo est trop simpliste. Pour ne m'en tenir qu'à la péninsule, je vois une Italie du Nord (depuis toujours divisée alors qu'elle se présente -faussement- comme unie), une du Sud (très tôt unifiée dans le royaume des deux Siciles) et une du centre, lointaine héritière des Etats pontificaux. D'ailleurs, vous qui connaissez l'Italie : quand commence le sud ? sans hésiter, vous répondez : Rome, vraie capitale du sud (Naples étant une capitale à part entière, une capitale sans État et sans pays, mais une capitale à maints égards plus capitale que Rome).

2/ Encore ne parle-ton que de la péninsule. Car il y a la Sicile, certes. Mais surtout, la Sardaigne : n'oubliez pas qu'elle appartenait au Piémont, et qu'elle était donc "nordiste". Enfin, on apprend que la première royauté a violemment réprimé les mouvements siciliens qui s'opposaient à l'unification, avec, dit Eco, 200.00 morts : la Sicile serait ainsi une Vendée-Vengé du sud, brimée par le nord..... Il est significatif qu'Eco explique que les Italiens, à la différence des Français ou des Anglais, n'ont pas "tué le père", en décapitant leur roi. Ils ne seraient pas nés au monde adulte, en quelque sorte.

3/ Beaucoup de choses unifient l'Italie. L'histoire, avec un fabrique scolaire et la 1ère guerre mondiale, cette guerre qui fut le creuset national de l'Italie. Et surtout, explique U. Eco, la télévision : la langue italienne, fondement du Risorgimento , n'a vraiment unifié l'Italie que depuis vingt ou trente ans : aujourd'hui, tout le monde parle italien.

4/ Une nation, donc. Mais pas d'Etat. Là gît au fond la fragilité essentielle de l'Italie, mais aussi, probablement, sa capacité à durer. Elle existe et puis basta, pensent beaucoup d'Italiens. Mais le temps passe, et avec lui la bonne habitude de vivre ensemble.

Les mariages de raison ne sont pas ceux qui durent le moins longtemps.....

Commentaires

1. Le lundi 21 mars 2011, 22:03 par idioma

Bonsoir
Je sais que vous êtes parfois friand d'histoires drôles... Histoire racontée par un ami napolitain, à Rome, ce jour!
La ville de Naples organise un appel d'offres pour un marché public destiné à peindre les bâtiments publics de la ville. 3 candidats répondent : 1 "francese", 1 anglais et 1 napolitain (à noter l'histoire dit bien napolitain et non italien!). Le français propose un devis à 30000 E, simple couche en acrylique et 20 ans d'expérience, l'anglais propose un devis à 60000 E, double couche acrylique et met en avant son savoir-faire exemplaire qui lui autorise une renommée européenne. Enfin le peintre napolitain propose une offre à 90000 E sans plus de justifications. Souhaitant approfondir l'analyse des offres, le maire rencontre les 3 candidats et choisit finalement l'offre du napolitain qui lui a présenté le détail des 90000 E comme suit :
"30000 E pour toi, 30000 E pour moi et 30000 E pour embaucher ce crétin de français pour faire le travail!".
Après une longue période chez nos amis transalpins, je ne dirais pas que tout le monde parle italien mais plutôt que tout le monde sait parler italien. Le régionalisme reste en vigueur et les idées reçues bien ancrées. Quand on parle de l'unité de l'Italie, les sudistes acquiescent et soulignent l'évidence, les nordistes (au-dessus de Florence) font la moue. L'unité, vous l'avez aujourd'hui par exemple quand l'italien lit en gros titre dans un journal "L'ITALIE A GAGNE!" pour signifier que le commandement de l'intervention en Libye passe sous commandement de l'OTAN : la polémique comme sport national!

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