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France et indépendance nationale (3/3)

Suite et fin de ma série sur l'indépendance.

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Précédents billets ici (1) et ici (2).

III Indépendance

Indépendance : le mot paraît obsolète.

1/ C’est qu’on a peut-être trop dit, en France, de JJSS à Peyrefitte, de Crozier à Baverez, qu’il fallait abandonner les vieilles lunes, se réformer, être souple, casser les rigidités afin de s’adapter à l’environnement changeant, et au « monde qui bouge ».

Mais on n’adapte que ce qui est structuré. « L’indépendance nationale » a été, par la magie du verbe gaullien, une remarquable thérapie qui a restructuré un pays meurtri, défiant de lui-même, complexé, et pourtant évoluant radicalement puisqu’il a conjugué, avec succès, baby-boom et 30 glorieuses.

Le même pays est aujourd’hui profondément déstabilisé, et en même temps las. On remarquera au passage que ce qui marque aujourd'hui « l’occident », c’est justement sa lassitude….. Il manque à la France une grande chose vers laquelle se mobiliser, car le plébiscite de tous les jours se fait, certes en souvenir des grands choses effectuées autrefois, mais aussi en vue des grands desseins encore à venir.

L’indépendance française vit d’abord dans les esprits.

2/ De ce point de vue, l’affaire libyenne est le symptôme de bien des ambigüités : car on peut y voir, bien sûr, l’expression d’une volonté et la manifestation d’une puissance : et c’est vrai, d’autant que les principes rejoignent les intérêts et la capacité de les faire respecter : il est rare, de nos jours, qu’une décision réunisse autant de fondements la justifiant…. Précisons également que cette manifestation de puissance « classique » ne doit pas occulter le débat technique qui se déroule simultanément, celui de la gouvernance économique de l’Europe avec les affaires grecques, irlandaise, aujourd’hui portugaises, … et les réponses élaborées de façon besogneuse, selon l'efficacité contemporaine qui est aux petites choses et non aux fougueuses envolées et aux maestrias lyriques…. Ce champ est au moins aussi important que ce qui se joue en ce moment au large de Syrte. Il est aussi plus technique, et plus ennuyeux.

Mais on remarquera simultanément la nécessité d’une légitimation par le haut (la résolution 1973) et l’absence de légitimation interne (débat sans vote à l’assemblée)… Souvenons nous du long débat français sur la décision nationale, qui a hypnotisé politiquement le long XIX° siècle et la première moitié du XX° : débat qui s’est résolu par la fondation de la V° République, avec les différents moyens donnant des pouvoirs étendus à l’exécutif (article 16, 49-3, etc…).

Mais cette institution de la volonté, si elle est possible en France (ou ailleurs : Etats-Unis, Grande Bretagne, et même Allemagne), n’est pas observable au niveau européen ou même coalisé. Tout se passe comme si les débats paralysants de la IV° République, (au demeurant fort démocratiques) avaient été transférés au niveau supranational : PSDC et Alliance Atlantique, même combat !

Au fond, on a le sentiment que par moments, l'indépendance nationale est plus efficace et qu'à d'autres moments, c'est le dessein collectif qui répond mieux aux défis du moment. Cette conjugaison entre regroupement et subsidiarité ne peut se faire selon des principes trop radicaux, car l'on voit bien que les excès, de l'un comme de l'autre, empêchent un résultat optimal.

L’indépendance nationale redevient donc une question d‘actualité…. Le constater ne signifie d’ailleurs pas qu’on promeut une solution ou une autre (schématisons : différentialistes d’un côté, intégrateurs de l’autre, avec toute la gamme des coopérations possibles entre les deux, et pour éviter les étiquettes réductrices souverainistes/fédéralistes) : juste que les choses sont encore moins simples qu’on l’avait cru. Le curseur ne peut se placer "d'ensemble", mais cas par cas, "selon les circonstances de l'espèce", sans qu'on en connaisse forcément les critères. Les réponses actuelles ont encore besoin d'être travaillées. Et préalablement pensées.

Autant dire qu'il est temps d'interroger, à nouveau, cette question de l'indépendance.

O. Kempf

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