Aller au contenu | Aller au menu | Aller à la recherche

La fin des horloges

N'est-ce qu'une impression ? les horloges étaient plus présentes, autrefois, dans l'espace public. On en voit moins, et celles qui demeurent sont souvent en panne.

horloge.jpg

Pourtant, nous sommes toujours aussi stressés, aussi obnubilés par le prochain rendez-vous et "notre temps". Comme si l'heure n'était plus partagée, comme s'il n'y avait plus d'heure sociale, d'heure partagée, mais des amoncellements d'heures individuelles.

Du coup, alors pourtant que je suis opposé à la décision récurrente du décalage horaire semestriel (celui qui arrive cette nuit), je lui trouve une vertu : celle de nous faire prendre conscience, deux fois l'an, que nous partageons le même temps et que cette donnée "objective" est aussi un temps social, subjectif.

O. Kempf

Commentaires

1. Le samedi 26 mars 2011, 14:17 par yves cadiou

Les vieilles horloges, sur les clochers, sur les frontons des gares et des mairies, datent de l’époque où posséder une montre était un luxe rare.

La montre individuelle a commencé de se vulgariser, du moins en France, il y a un demi-siècle (je vous ai déjà parlé de ces fameuses années soixante, du haut moral et de l’élévation du niveau de vie qui marqua le début de la Cinquième République) : la montre était le cadeau que l’on faisait classiquement au jeune adolescent sous un prétexte ou sous un autre, réussite en classe, première communion, entrée au collège, etc. De ce fait les horloges devenaient moins utiles. Puis avec l’apparition de l’affichage à cristaux liquides (dans les années soixante-dix, si je me souviens bien), on a eu des montres digitales partout : y compris sur les stylos-bille et les briquets, ce fut un gadget d’abord marrant puis d’une grande banalité.

Pour les collectivités propriétaires d’horloges, l’intérêt des usagers ne commandait plus d’entretenir à grands frais des horloges que plus personne ne regardait.

L’affichage de l’heure est devenu tellement inutile que désormais les panneaux qui vous indiquent les horaires des prochains trains, avions, bus ou tramway, comportent l’heure de départ du véhicule mais ne comportent pas, ou écrite très petit, l’heure qu’il est actuellement. De nos jours nous avons tous l’heure sur notre téléphone de poche.

La disparition des horloges n’est pas une marque de dégradation des relations sociales comme vous le suggérez (je suis toujours réticent aux explications déclinistes), c’est que l’heure est devenue une évidence. Au changement d'heure tous les six mois, de plus en plus d'appareils changent automatiquement et on n'a plus besoin d'y penser.

Valérian et Laureline, les gentils agents spatio-temporels de BD (auteurs Pierre Christin, Jean-Claude Mézières et Évelyne Tranlé), en mission secrète sur je ne sais quelle exoplanète fictive, se font un jour démasquer par les méchants parce qu’ils savent ce qu’est une montre. Or parmi les habitants de toutes les Galaxies seuls les Terriens (un peu inachevés sans doute) ont besoin d’une montre pour savoir l’heure alors que tous les autres connaissent l’heure physiologiquement. C’est certainement vrai : on n’a jamais vu une montre au poignet d’un extraterrestre.

égéa : j'ai bien sûr pensé  à l'explication rationnelle que vous donnez : la banalisation de l'heure et son individualisation, résultat d'une production de masse de "montres" qui font qu'on n'a plus besoin de "montrer" l'heure. Il n'empêche ! comme vous le dites, il n'y a plus d'heure publique. Elle était physiologique, puis sociale, elle est devenue privative. Je ne trouve pas ça banal, et je n'y vois pour autant aucun déclin.

Juste l'air du temps (avec l'ambiguïté de cette expression : temps météorologique, ou temps mesuré ?)

Ajouter un commentaire

Le code HTML est affiché comme du texte et les adresses web sont automatiquement transformées.

La discussion continue ailleurs

URL de rétrolien : http://www.egeablog.net/index.php?trackback/972

Fil des commentaires de ce billet