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Libye : raisons d'agir

Le temps a passé, les choses ont un peu décantées, et on commence à y voir un peu plus clair, malgré l'apparente confusion. Il est donc temps de revenir à l'analyse.

carte_libye.gif source

Et tout d'abord, évoquons les raisons de cette intervention.

Qu'il soit précisé en premier lieu :

  1. que constater l'opportunité d'une décision stratégique ne signifie pas forcément qu'on crédite celui qui l'a prise de tous les calculs nécessaires ; autrement dit, une décision dans l'incertitude, à l'instinct, peut aussi se révéler bonne: cela est, quelque part, décevant pour le stratégiste qui passe son temps à effectuer des calculs subtils et des analyses profondes. Mais comme je l'ai déjà expliqué, il y a une différence entre le géopolitologue et le géopoliticien : le second est dans l'action, le premier dans la réflexion !
  2. que la présence de calculs de politique intérieure, sur lesquels je ne me prononcerai pas, n'empêche pas le géopolitologue d'analyser une décision de politique étrangère.

1/ Je trouve donc, une fois ces protestations de neutralité affichées, que la France et les coalisés ont eu raison d'intervenir. On se reportera pour cela, notamment, à l'argumentaire de Bernard Guetta, dans Libération du 23 mars (les chiens aboient, la caravane passe). Plusieurs motifs à cela, que j'avais déjà esquissés (voir références ci-dessous).

2/ Cela met à bas les théories du choc des civilisations, qui arrangeaient aussi bien les néo-conservateurs que les islamistes les plus endurcis, et nourrissaient les fantasmes les plus angoissés. Autrement dit, pour tout un tas de raison (Al Jazeera, Facebook, les pays émergents et la possibilité d'enrichissement, le soft power européen, ....) l'aspiration à la liberté semble appartenir à la condition de l'homme moderne : autrement dit encore, ce n'est pas un privilège d'occidental.

3/ La communauté internationale, par la voie des Nations-Unies, a trouvé moyen d'autoriser ce "devoir de protéger" : ni les plus réalistes ni les plus cyniques n'ont osé s'y opposer, et ils se sont abstenus lors du vote au CSNU de la 1973. Ainsi, on a confirmé le précédent de la Côte d'Ivoire, où la même communauté internationale s'était assemblée en faveur d'A. Ouatarra. Cela ne signifie pas, bien sûr, que le "machin" sera toujours efficace : seulement qu'il peut, dans certaines conditions, retrouver de la puissance...

4/ On appréciera également que des Arabes et des Européens se trouvent du même côté du manche : on est loin du panarabisme, teinté de ressentiment décolonisé, qui avait agité les esprits au XX° siècle : une autre configuration semble désormais émerger. C'est pourquoi la France avait non seulement raison d'intervenir pour défendre les grands principes (l'universalisme français, mais aussi sa "politique arabe"), mais aussi parce qu'elle y trouvait son intérêt.

5/ Car il y a énormément de raisons pour s'opposer au colonel Kadhafi : ce n'est pas un simple "s...", ce n'est même pas "notre s....", pour reprendre la fameuse apostrophe de Roosevelt (afin de répondre au pseudo-réalisme de certains). Kadhafi est tout simplement un tyran qui a réussi à faire des mauvais coups à tout le monde depuis quarante ans : il nous a agressé, directement ou indirectement, mais aussi ses "frères arabes" ou ses "frères africains". Bref, il s'est fait beaucoup d'ennemis et ne dispose d'aucun soutien réel. De plus, non seulement il fait face à la vague de révolte arabe , mais son régime est vieillissant. Bref, quitte à être réaliste, autant opter pour le parti qui a le plus de chance d'être au pouvoir dans les années à venir. Il est peu probable aujourd'hui que ce sera celui actuellement en place.

6/ Oui, mais les islamistes ? eh! bien, les islamistes, on ne les entend pas. Pour la bonne et simple raison que les islamistes bénéficient avant tout des tyrannies, qui les nourrissaient bien plus que les mouvements qui sont en train de se dérouler (comme je l'ai déjà dit pour l'Égypte). Croyez vous vraiment que les gens aient envie, après quarante ans d'oppression, d'avoir des flics de la pensée et des mœurs tous les matins devant leur porte ? Bref, le modèle c'est l'AKP et pas Ben Laden....

7/ Oui, mais le chaos risque de naître, et une nouvelle tyrannie apparaître. Certes. La Révolution française s'est aussi rapidement transformée en terreur, à la quelle a succédé un régime bonapartiste autoritaire, et il a fallu plus d'un siècle pour fiabiliser une pratique "libérale" (au sens politique). Notons accessoirement que Kadhafi a mis bas à la royauté libyenne : lui-même n'était qu'une étape. Et le pire n'est pas toujours sûr. Surtout que pire que Kadafhi, il faudra trouver....

8/ Oui, mais on va avoir du terrorisme. A ceci près que Kadhafi n'a pas attendu qu'on le frappe pour utiliser cette arme. Et qu'accessoirement, il n'a en ce moment plus trop les moyens de le faire. Et que du coup, nous avons intérêt à le mettre à bas, pour de bon.

9/ Oui mais il empêchait les immigrés de traverser la Méditerranée. Cette objection part du principe qu'on accepte donc la tyrannie là bas pour éviter les problèmes chez nous : une sorte de délocalisation, de sous-traitance, en quelque sorte. Passons donc sur l'argument, à l'évidence inacceptable. Pour comprendre que le remède à l'afflux d'immigration réside, précisément, dans le développement et la stabilisation le plus rapide de cette aire sud de la Méditerranée : c'est justement le développement politique et économique qui incitera les jeunes à demeurer chez eux, dans la longue durée.

10/ Oui, mais la Libye va se diviser... D'abord, ça n'est pas sûr. Et puis on a admis l'éclatement de la Yougoslavie, de la Somalie, de la Serbie, du sud-Soudan.... et on serait subitement fort attentif à l'unité territoriale d'un pays grand comme trois fois la France et peuplé de six millions d'habitants ?

Bref : je ne suis pas sûr que toutes ces considérations aient été prises en compte au moment de la décision. Constatons seulement qu'il est sûr que si elle n'avait pas été prise, Benghazi serait tombée et Kadhafi aurait "repris le contrôle". On aurait eu plein d'éditoriaux fougueux, les uns moralistes (c'est une honte!), les autres faussement apitoyés (La France ou l'Europe n'est capable de rien!), un bal des hypocrites....

Pour le reste, cela révèle-t-il énormément de difficultés, d'imprécisions, de déchirements, d'ambiguïtés ? oui. Nous y reviendrons, d'ailleurs. Mais je crois, quant à moi, que la décision de départ était justifiée.

Références: parmi les billets précédents :

O. Kempf

Commentaires

1. Le dimanche 27 mars 2011, 21:18 par

Bonjour,

Une autre justification que je viens de lire à l'instant et émanant de Robert Gates, le secrétaire à la Défense Américain : l'écrasement de la rébellion en Libye aurait pu avoir des conséquences pour la stabilité des jeunes mouvements Tunisien et Egyptien.
Je pense que cette inquiétude est plausible, et que le dirigeant Libyen ne se serait peut-être pas privé de profiter de la faiblesse des nouveaux régimes voisins pour exercer des pressions indirectes voire même directes sur eux. Après tout, n'avait-il pas envahi la région Tchadienne d'Aozou avant d'y être délogé par la force? Qui sait ce que ce fantasque personnage aurait pu commettre?

Source : Washington Post
http://www.washingtonpost.com/gates...

Cordialement
égéa : effectivement, tu as raison d'ajouter ce point.

2. Le dimanche 27 mars 2011, 21:18 par Christophe Richard

Bonjour, la fin de cette affaire n'est pas encore en vue, mais un point intéressant s'est d'ors et déjà dégagé.
La légitimité de l'intervention semble solide. Cela repose sur 3 ressorts.
1- Une autorisation: résolution du CSNU
2- Une nécessité d'ordre humanitaire
3- Une caution "régionale" (Ligue Arabe) et locale (insurrection qui s'organiser un minimum)
Ajoutons des opérations "low cost" sans engagement au sol.
Bref, tout cela semble assez solide, même si tout repose en définitive sur la capacité des insurgés à capitaliser sur la fenêtre qui a ainsi été ouverte.
Bien cordialement.

3. Le dimanche 27 mars 2011, 21:18 par W.

Intéressant développement. Je suis de votre avis, approche qui se complète avec l'analyse trouvée à l'instant sur Bruxelles2 : http://www.bruxelles2.eu/afrique/ma... On retrouve l'importance du facteur exogène dans la situation libyenne dont je vous parlais lorsque nous évoquions le chaos du mouvement de fond des peuples arabes : c'est lui qui fait basculer le rapport de force apparu à cause de tensions identitaires et économiques.

Pour revenir sur votre point 10/ : je pense que la division est une solution intéressante, mais peu probable, pour assurer une situation pérenne si jamais un processus de "réconciliation national" échouait.
Intéressante car à la différence de Moubarak et de Ben Ali, Kadhafi représente les intérêts d'une proportion non négligeable des libyens, sa tribu. Alors que ses deux anciens voisins ont été respectivement, lâché par la "tribu" (l'armée pour Moubarak), ou s'appuyait sur une "tribu" très peu légitime et très réduite (la famille pour Ben Ali), Kadhafi semble lui avoir une réelle base qui le soutient. Quelle légitimité aurait la coalition à installer les Al Warfalla plutôt que les El Kadhafa aux manettes de la Libye ? Soit un "gouvernement d'unité national" arrive à être mis en place (sans oublier les Makarha et les intérêts des Senoussis) et efface les tensions identitaires, soit l'avenir sera plus sombre et la division deviendra une option intéressante.

Concernant votre point 6/ : ce n'est pas parce qu'on ne les entend pas qu'ils ne s'activent pas. http://www.marianne2.fr/blogsecretd...
Je pense au contraire qu'ils sont un facteur très important et qui paradoxalement justifie à lui tout seul l'intervention ; ils avaient soutenu la révolte à Kadhafi, se mettant du côté du peuple opprimé. Or, en intervenant auprès des rebelles, aux côtés de pays arabes (qui atténuent le côté ‘guerre coloniale’), la coalition coupe en partie l'herbe sous le pied des intégristes. Ils ne sont plus seuls à occuper le créneau "assistance des peuples contre l'oppression" ce qui ne peut que les marginaliser à terme.

Personnellement, je pense cette intervention salutaire et indispensable pour assurer la stabilité de la région. Les situations en Tunisie et en Egypte sont suffisamment sensibles pour qu'un facteur déstabilisant comme Kadhafi soit neutralisé. Je ne dis pas que c'est suffisant, mais c'est nécessaire. Charge maintenant à la coalition de prendre ses responsabilités jusqu’au bout pour ne pas laisser la situation partir en eau de boudin une fois Kadhafi mis sur la touche.

Enfin, au-delà des conséquences pour la région, l'impact de la situation libyenne sur le reste du monde est également très intéressant à analyser. Notamment du côté de l'UE, de la France et de l'OTAN (cf. http://bruxelles.blogs.liberation.f...) mais c'est une autre histoire. :)
égéa : oui, d'autres billets sont prévus, mais il faut faire les choses dans l'ordre..... :)

4. Le dimanche 27 mars 2011, 21:18 par yves cadiou

« La bave du crapaud n’empêche pas la caravane de passer » : pour dire qu’on y va sans écouter personne, Audiard est beaucoup plus marrant que les chiens qui aboient.

A l’exception du n°9 parce qu’il faudrait parler de Sangatte, je suis d’accord avec chacun de vos arguments. Mais si huit de vos arguments sont exacts, votre idée directrice ne l’est pas : l’important c’est que nous n’avons pas eu raison d’agir comme nous l’avons fait, ou du moins comme des politiciens incompétents l’ont fait en notre nom.

Vous oubliez un élément essentiel : nous apparaissons comme les initiateurs de l’intervention en Libye. C’est une erreur majeure.

Je passe sur les critiques, peut-être justifiées mais géopolitiquement négligeables, qui ont été adressées à tel ou tel de notre personnel politique pour ses accointances : les faits rapportés sont effectivement critiquables mais ne sont pas essentiels. Ce qui est le plus regrettable pour la Démocratie c’est que les débats parlementaires ont semblé consister à commenter un journal satirique.

Peut-être fallait-il intervenir en Libye : si vous le dites, j’ai fortement tendance à faire confiance à votre analyse. Malheureusement nos décideurs sont des politiciens, des techniciens de la politique, des leaders de partis politiques plus habitués à jouer des coudes pour se placer personnellement sur le devant de la scène qu’à agir dans l’intérêt du Pays : être Soldat Inconnu n’est pas dans leur vocation. C’est pourquoi notre diplomatie dans cette affaire fut à la fois celle de Gribouille et du capitaine Fracasse, ce qui met très mal à l’aise nos diplomates professionnels habitués à plus de subtilité et de finesse.

Peut-être fallait-il intervenir en Libye mais certainement pas en donnant l’impression que l’on allait en « croisade » avec la caution de quelques pays arabes dont le poids diplomatique est faible.

Vous avez sans doute théoriquement raison. Mais dans la pratique c’est l’incompétence qui a régné et de ce fait notre intérêt national n’y trouve pas son compte, même si huit sur neuf de vos arguments sont exacts.

égéa : je suis d'accord avec vous : la politique est une chose trop sérieuse pour être confiée aux hommes politiques ! lol

5. Le dimanche 27 mars 2011, 21:18 par ylo

Tout ceci donne quand même une impression bizarre:
-Mauvais timing... La situation était proche d'être renversée au moment de l'intervention.
-Faible soutient arabe. C'est pourtant les avions de combat qui leur manquent.

On notera aussi côté europpéen que les bulgares aimeraient bien attraper quelques uns des rebelles, qui seraient impliqués dans l'affaire des infirmières. Tout ceci explique aussi bien des divisions.

Ca pourrait aussi expliquer bien mieux le timming que l'attente d'une résolution de l'ONU bien peu fiable (cf la ligue arabe retournant sa veste dès le lendemain): On aurait voulu que les 2 belligérants s'affaiblissent un maximum mutuellement, n'ayant pas trop confiance, qu'on ne s'y serait pas mieux pris.

M'est avis que la situation est plus alambiquée qu'elle n'y parait!

6. Le dimanche 27 mars 2011, 21:18 par

Bonsoir,

Juste un mot sur l'introduction.

On ne décide que dans l'incertitude, sinon un ordinateur peut le faire, et ce n'est pas une décision. C'est dans l'indéterminé, ou plutôt le pluri-déterminé que la décision tranche et oriente l'avenir vers telle ou telle direction. Mais Desportes a écrit là-dessus voici quelques années un petit opuscule.

On ne décide pas à l'instinct mais à l'intuition. Même si de Gaulle use du premier terme dans "Le fil de l'épée", c'est de la seconde dont il veut parler. Et rien n'est plus raisonné que l'intuition, alors que l'instinct concerne le cerveau reptilien. Mais ton lapsus était révélateur : cette guerre a été décidée effectivement à l'instinct par "quelqu'un" qui ne fonctionne que sur son cerveau reptilien.

Enfin, si l'instinct peut se tromper, l'intuition voit toujours juste, car, dit de Gaulle en citant Bacon toujours dans "Le fil de l'épée", c'est l'homme en prise avec la nature. C'est d'ailleurs ce qui, téléologiquement, permet de séparer l'instinct de l'intuition, en fonction de l'échec possible pour le premier, du succès certain pour la seconde.

Ceci dit, l'intuition ça se travaille, sans fin. Un bon début consiste d'ailleurs à lire d'une seule traite "La princesse de Clèves". Par exemple.

JPhI

égéa : de mémoire, c'est Kant qui disait que la connaissance était accessible par la raison ou par l'intuition. Et je te suis dans ta distinction entre instinct (animal) et intuition (humaine), chose trop souvent incomprise. Après, tes appréciations des individus t'appartiennent, cela va de soi ! lol mais on pardonne beaucoup à qq'1 qui est parano dans son blog....

7. Le dimanche 27 mars 2011, 21:18 par Boris Friak

A mon sens, il convient de ne pas séparer les deux arguments que sont le "devoir de protéger" (ou responsabilité de protéger / responsability to protect - R2P) et la prévention des mouvements de population. Si la France, l'intervention en Libye pouvant marquer un changement durable de doctrine, grâce à un fort sentiment d'indépendance nationale (qui de but devient alors un moyen) s'appuie sur ses capacités diplomatiques et militaires pour défendre systématiquement le droit des populations à vivre en sécurité sur leur territoire, nous apporterions une contribution majeure à la dispartition des causes de déplacements massifs de réfugiés.

8. Le mardi 25 mars 2014, 22:38 par oodbae

Aujourd'hui, je cherchais des informations sur la participation de la France à l'EUBAM en Lybie.
Je me suis dit que egea pourrait m'aider.
J'ai visité defense.gouv.fr. j'ai trouvé que ca manquait de clarté.
J'ai visité un.org. J'ai trouvé ca limité.
J'ai visité nato.int. Ils se sont pas vraiment foulés.
j'ai visité bruxelles2. J'ai trouvé que ... je vais sûrement trouver.
J'ai relu le billet sur les "raisons d'agir". je me suis dit que "tous contre la tyrannie" et "pour" le chaos des islamistes, c'est pas très fondé. "pour" l'immigration illégale par principe moral, on a déjà donné. "Parce que" l'aspiration à la liberté est universelle, Rousseau est un peu trop idéalisé.
J'ai regardé la date du billet. 27 mars. quelle année ? 2011. Je me suis dit "attends, t'es pas sur un site officiel là quand même". Et non, mais ca il l'a toujours précisé.

Bref, j'ai relu un vieux billet d'egea.

PS: réf à la série "bref", chercher sur youtube, ;-)

égéa : en fait, je confesse ne pas comprendre tout votre commentaire : plus exactement, ne pas saisir s'il s'agit d'une critique ou d'un compliment. J'ai relu ce billet avec, je dois le dire, un peu d'appréhension et me dis que finalement il n'était pas mauvais, surtout pour un billet de mars 2011. Reprenons :

* Sur la tyrannie : Kadhafi était en fin de course, n'avait pas développé son pays ni préparé sa succession. Bref, reculer pour mieux sauter. Regardez bien ce que je dis : parions sur l'étape suivante. Cela ne signifie pas "pour le chaos des islamistes", simplement que celui-ci n'était pas, alors, assuré. Et que la stratégie consiste aussi à prendre des paris. Encore faut-il les tenir dans le temps, nous y reviendrons (ceci est évidemment aux premiers développements sur la façon dont la décision a été prise : incontestablement une décision stratégique, au sens où elle a eu des effets stratégique, mais pas forcément une décision qui annonçait une stratégie dans le temps : ces précisions suggéraient l'échec ultérieur sans invalider le succès intial)

* Sur l'immigration : vous constaterez que c'est un tel bololo en Libye que du coup, les flux d'immigration illégale sont passés ailleurs.

* Sur ce que vous désignez par du rousseauisme : non, pas du tout. Ce n'est pas ça. Simplement qu'on assiste à un développement accéléré de l'individualisme (j'en ai parlé à de nombreuses reprises) et qu'il se retrouve aussi en Libye et explique bien des évolutions. Vous savez aussi que je m'interroge sur le système politique qui pourrait tenir compte de cet individualisme contemporain...

* Non, je ne sais pas ce qu'est un site officiel. C'est mon site. C'est officiellement mon site, si vous voulez. Après, croyez le ou pas, je le mène perso sans injonctions ni consignes. Cela étant, quand je vois la liste des autres sites mentionnés, vous conviendrez que sur egea on peut ne pas être d'accord mais au moins on discute du fond des choses.

Une fois toutes ces précisions données, je suis surpris de ne pas lire l'argument : "ben oui mais deux ans après, vu ce que ça a donné, cela valait il le coup ?" A quoi je peux répondre plusieurs choses : un calcul stratégique comporte par construction une prise de risque sur l'avenir. Le "on aurait dû" ressorti après l'événement n'est jamais très utile et souvent il ne prouve rien. Surtout que ceux qui critiquent ont rarement écrit avant la solution qu'il fallait prendre (à part le "ne rien faire).  Ensuite, il y a eu une victoire militaire mais qui n'a pas été suivi d'une construction politique sérieuse. Autrement dit, on a refait le coup de l'Irak. Mais il y a aussi qu'on a fait une erreur de diagnostic  : celui de considérer qu'il y avait un État. Or, pire qu'en Irak, l’État libyen est une fiction. Or, cette erreur de diagnostic politique me semble extrêmement répandue en ce qui concerne le Moyen Orient mais aussi l'Afrique. Regardez la Centrafrique où l'erreur de diagnostic a suscité inconfortable situation militaire/sécuritaire actuelle.

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