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Energies européennes

Le référendum de lundi en Italie a des conséquences politiques intérieures évidentes (voir ici), mais qui ne sont pas le sujet d’égéa. En revanche, j’y vois un côté énergique (énergétique ? d’où vient cet adjectif bizarre ?) qui appelle quelques commentaires.

carte_europe_energie.JPG source (à lire, car lié au sujet)

En effet, un des référendums italiens posait la question de l’énergie nucléaire : en décidant l’abrogation de la loi sur la construction de nouvelles centrales nucléaires, les Italiens n’ont pas seulement voulu s’opposer à leur dirigeant télévisé. Ils ont confirmé une tendance que l’on voit apparaître ailleurs, celle de la dénucléarisation du continent.

L’Italie fait ainsi suite à l’Allemagne qui a décidé il y a quelques semaines de sortir du nucléaire. Deux consommateurs majeurs font donc le même choix. Conséquence à la fois de Fukushima et de considérations politiques intérieures, cela aura des conséquences géopolitiques certaines.

Il va ainsi falloir décider d’énergies de substitution : car s’il y aura quelques économies d’énergie, elles ne suffiront pas à compenser le manque de production. Celui-ci devra donc venir d’autres sources. On parle de centrales au charbon (en Allemagne). Mais ceci aura des conséquences sur l’environnement. Le développement d’énergies alternatives : certes, il faudra avancer dans cette direction, mais cela ne devrait pas suffire à combler les besoins (on s’aperçoit d’ailleurs que la transformation de maïs en éthanol n’est pas la meilleure chose du monde). Il faut donc autre chose.

On parle d’importation accrue de gaz : le seul fournisseur qui y est disposé est la Russie : nul doute que les deux pays, Allemagne et Italie, vont plus que jamais appuyer la solution Southstream : la solution alternative (européenne) Nabucco ne sera donc pas encouragée… (voir mon billet d'il y a deux ans ou celui-ci) à moins que les besoins augmentent tellement qu’ils justifient la construction de deux tuyaux parallèles, et la captation des ressources centre-asiatiques.

Dernière solution : l’importation d’électricité. Or, seule la France, alentours, sera en mesure de fournir en partie ces besoins. A modèle constant (comprendre : la France poursuit son engagement nucléaire), cela fera de la France un exportateur d’énergie durable dans un contexte de raréfaction. Alors même que la France prendra une influence accrue grâce à son poids démographique (cf. ici).

Toutefois, cela sous-entend la question de la constance du modèle. Je l’avais évoqué (point 9 de ce billet), on commence à l’observer, Fukushima aura des conséquences géopolitiques, puisque cette catastrophe modifie l’équation d’énergie. Nous y sommes déjà, au moins dans la région d’étude (l’Europe). Et cette équation sera questionnée en France également : il s’agit ici de l‘énergie nucléaire (disjointe des armes nucléaires) qu’elle soit à terre, ou embarquée. Autrement dit, la conséquence du paragraphe précédent (double dépendance de l’Italie et de l’Allemagne à la Russie et à la France) peut très bien être altérée par une baisse de production française d’énergie nucléaire. Alors, il y aurait une dépendance globale de l’Europe à la Russie. Autant le savoir dès à présent.

O. Kempf

Commentaires

1. Le mercredi 15 juin 2011, 21:53 par yves cadiou

Trouvé ici http://alorthographe.unblog.fr/2010... : « l'origine du mot énergie remonte au XVème siècle. Il provient du bas latin energia, emprunté au grec energeia, qui signifie “force en action” et s'oppose à dynamis (grec) qui signifie “force en puissance”. Le mot énergétique apparaît dans l'Encyclopédie en 1765, et signifie “qui paraît avoir une énergie innée”. Son sens actuel est apparu à la fin du XIXème siècle (du grec energetikos). »

Pour le reste, deux remarques : 1 la « dépendance énergétique » n’est pas vraiment une dépendance dans la mesure où il s’agit d’un échange gagnant-gagnant (de l’or noir contre de l’argent) ; 2 la principale fragilité des énergies, quelles qu’elles soient, est leur transport plus que leur production ou leur distribution.

Par ailleurs, sur le document que vous indiquez en source, on observe que dans le tableau par pays pour les émissions de gaz à effet de serre, l’Islande n’est pas mentionnée. Bien sûr, le tableau ne concerne que les pays de l’UE15 dont elle ne fait pas partie. Mais on aimerait savoir où se classerait l’Islande avec ses volcans. Même l’énergie géothermique a des inconvénients.

2. Le mercredi 15 juin 2011, 21:53 par Antoine Hubault

Schröder avait déjà fait sortir une fois l'Allemagne du nucléaire. Ils y reviendront nos amis Teutons, dès que le changement climatique reviendra faire les gros titres et que l'importation du gaz pèsera un peu plus sur leur balance commerciale. Comme nous l'a dit la Lauvergeon "la position du nucléaire en Europe, c'est une solitude peuplée". Nous verrons si "M. le Président de France" lui redonne un nouveau mandat.

3. Le mercredi 15 juin 2011, 21:53 par Nono

Comme vous le dites si bien, les économies d'énergies ne suffiront pas, et même couvrir l'Europe d'éoliennes et de panneaux solaires ne suffira pas. Pour amortir les variations de production de l'éolien et du solaire (en hiver à 19h, au pic de consommation, le solaire produit peu...), il faut quelque chose pour stocker et/ou fournir dans l'intervalle.

On pourrait imaginer l'hydroélectrique, mais les mêmes pro-éoliens, en général, sont contre les barrages qui détruisent l'environnement. C'est sûr qu'une "centrales hydrauliques de petite échelle" ( Greenpeace), ça a peu d'impact. Mais quelques milliers (à supposer qu'on puisse les faire!!! le Danemark est peu réputé pour ses collines...), bizarrement, je subbodore que ça en aura un...

Donc, finalement, la grande hypocrisie de l'Allemagne et autres, c'est que pour remplacer le nucléaire, ils vont devoir utiliser du charbon et du gaz, et hop, au revoir Kyoto!!

Et j'oubliais qu'on aura du mal à économiser quand il s'agira aussi de nourrir les voitures électriques promises par nos écologistes en herbe: encore plus d'électricité à produire d'une manière ou d'une autre!!

Bref, la plupart des "bonnes idées" buttent sur la taille: ça marche très bien à petite échelle quand on habite sa Lozère, ça marche moins bien quand il s'agit d'alimenter une agglomération de 500 000 habitants (chiffre au hasard, et je ne voulais pas prendre le pire cas de la réion parisienne et ses millions d'habitants...).

Allez, combien d'années avant le prochain revirement de bord??

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