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Grèce, euro, spectre....

La Grèce revient au devant de l'actualité. Entre le mouvement social qui se développe, et les difficultés européennes, le pays est au carrefour de bien des enjeux.

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1/ La Grèce ne pourra pas rembourser sa dette, ni même réemprunter sur les marchés pour tenir au jour le jour : autrement dit, elle est au bord de la faillite. Les 110 GE déjà prêtés par l'UE ne suffisent plus, il faut remettre au pot. Problème : qui ?

2/ Pour les Allemands, la réponse est claire : tout le monde, ce qui veut dire qu'il faut inclure les prêteurs privés (les banques). Pour cela, on passe par une restructuration partielle (autrement dit, on efface une partie de la dette) .

  • Avantage : la chose est morale (les prêteurs doivent assumer leur risque), et le contribuable allemand (ou hollandais, ou suédois) ne paie pas toute l'addition.
  • Inconvénient : un effet "Lehman Brothers" (grosse crise en Europe, rétroaction sur les succès économiques européens), et probabilités accrues de troubles sociaux non seulement en Grèce, mais aussi dans les autres pays touchés.

3/ Pour la BCE (J-C Trichet et M. Draghi) et pour les Français, on ne peut se risquer à cela : il faut donc payer (même si ce sont surtout les riches qui devront le faire, donc les Allemands).

  • Avantage : ça évite de créer un précédent et de voir d'autres pays fragiles (Portugal, Espagne, Irlande) céder à leur tour : manifeste la solidarité européenne.
  • Inconvénient : ne résout pas le problème dans le fond, puisque renflouer aujourd'hui la Grèce ne garantit en rien une guérison.

4/ En fait, la position française est la plus fédérative : en effet, pour justifier cette option "communautaire" (c'est-à-dire permettre au système actuel, l'euro, le libre marché, ... de se perpétuer), il faut aller vers plus de gouvernance économique : en clair, de nouveaux transferts de souveraineté, afin de forcer les gouvernements dispendieux à prendre les mesures nécessaires. La position allemande est la plus "nationale".

5/ Le spectre de la contagion "indignée" qui agite certains (qu'ils l'espèrent ou qu'ils la craignent) me paraît peu probable à court terme. En revanche, il y a un vrai risque de déconnexion entre les classes d'âge, et de remise en cause des pouvoirs gris qui règnent actuellement en Europe (et plus particulièrement dans les pays riches et à la démographie déclinante...).

6/ Puisqu'on en est aux pronostics : je ne crois pas qu'on optera à court terme pour une des deux options présentées : la situation n'est pas ressentie encore comme assez grave pour inciter à un surcroît d'union européenne. On trouvera peut-être encore une fois un expédient, mais je crains que ce ne soit que partie remise. Alors, on ira vers une restructuration de la dette grecque, avec donc des conséquences locales (sociales et politiques) mais aussi européennes (financières et politiques) d'envergure.

O. Kempf

Commentaires

1. Le jeudi 16 juin 2011, 21:45 par Boris Friak

Il y a tout de même une action qui devrait être à la portée de l'UE sans transferts de souveraineté ou décisions radicales, c'est d'obtenir rapidement des engagements de la part de tous les voisins de la Grèce (y compris des candidats à l'UE...) quant à l'abandon définitif des options militaires contre la république hellénique pour permettre une baise radicale du budget militaire grec, qui pourrait être de 1% du PIB.

égéa : certes....... Pour la Turquie, on lui demande déjà suffisamment de choses, je ne crois pas que le calendrier soit opportun en ce moment. Quant à la Grèce, elle continue de faire veto sur la Macédoine/ARYM, . et le problème de Chypre n'est toujours pas réglé. Bref, la Grèce appartient au Balkans....

2. Le jeudi 16 juin 2011, 21:45 par yves cadiou

Pour donner suite au commentaire n°1 on doit observer que ni la Turquie, ni d’ailleurs aucun des voisins de la Grèce, ne semble être une menace militaire réelle.

Au contraire, la Turquie notamment a du souci à se faire à cause de troubles de voisinage : sur son flanc sud le Proche-Orient et sur son ouest le Caucase. Elle ne peut pas accepter de baisser sa garde au motif de craintes grecques injustifiées.

Le problème grec (mais je n’en sais rien de plus que ce que dit la presse) semble être surtout interne, le résultat d’une mauvaise gestion de l’argent public : comme partout, réduire le gaspillage d’argent public comporte le risque de déstabiliser un système ayant acquis la légitimité de la coutume et dans lequel beaucoup ont trouvé une sécurité financière qu’il est délicat, voire dangereux, de remettre en question.

Enfin j’ose, au risque de passer pour l’idiot du village virtuel, poser la question : que signifie Macédoine/1RYM ?

égéa : désolé pour l'erreur de frappe, je corrige : Arym = Ancienne république yougoslave de Macédoine (FYROM en anglais)

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