Aller au contenu | Aller au menu | Aller à la recherche

Commandement et forces spéciales

J'ai eu la chance de discuter avec un capitaine des forces spéciales, dans un beau régiment. Je l'interrogeais sur le commandement.

source Voici ce qu'il m'a dit :

En fait, ici, par rapport à mon ancien régiment lui aussi prestigieux, le commandement n’existe pas grâce au statut du chef : au fond, peu importe s'il est lieutenant ou s'il est sorti major de son école : ici, il n'y a que des champions, des personnalités. Du coup, le commandement doit passer par autre chose.

C'est ce qu'on dit aux jeunes : il faut non seulement une caisse physique, et tout le monde la voit ; mais il faut surtout un profil psychologique, une aptitude à se débrouiller tout seul, qui est très éloignée des structures classiques.

En fait, il faut d'abord démontrer sa compétence : il n'y a que des passionnés, et les gens doivent être sûrs que vous même avez le même niveau d'exigence qu'eux. En fait, on les tient par l'orgueil, l'égo : c'est d'eux-mêmes qu'ils travaillent pour être au niveau, car celui qui ne l'est pas est forcément en marge, et il part de lui-même.

Ainsi, on consulte énormément avant de prendre une décision, et dans le stick, chacun a le droit de parler : on sait que le dernier première classe peut avoir une idée géniale, ça arrive, du coup chacun parle. Mais ensuite, une fois la décision prise, le boulot du chef est de s'y tenir : en effet, on a tellement d'individualités,d e gars habitués à prendre des initiatives que la difficulté consiste alors à les tenir dans le fil de ce qui était décidé.

Dernière chose : j'ai été surpris de l'allure "normale", pleine d'humilité de tous les soldats que j'ai rencontrés : pas de gueules de warrior, des cheveux plutôt longs, des individus qui ne payent pas de mine (même s'il n'y a aucun gros), des mecs qui ne la ramènent pas : on est bien loin des grandes gueules qu'on entend trop souvent, d'unités "prestigieuses" ou moins.... d'ailleurs, le nombre de rangers et de treillis réglementaires m'a surpris. Je m'en ouvre à un interlocuteur : "en fait, quand ils voient tous les zazous fringués n'importe comment, soi disant commandos et pires que des pouilleux, en opex ou à l'entrainement, ils jouent plutôt sur l'aspect réglementaire pour être à contre pied, et ne pas être confondus avec la masse des pipeaux".

Au final, des gars passionnés, à l'aise dans leurs baskets sans éprouver le besoin d'en rajouter, intelligents, sportifs : belle unité, variée, adaptée. Superbe moment , mélange de perfection et d'humilité.

Merci à B. pour son accueil fameux, et à tous ses hommes.

O. Kempf

Commentaires

1. Le lundi 27 juin 2011, 22:54 par Midship

(chez les FS marines, c'est le glock 17 - après je ne sais pas ce qui se passe chez les terriens, et l'arme est en effet plus légère que le HK USP compact qui est l'arme de poing de la marine "conventionnelle")

C'est marrant, en lisant c'est article, je me suis dit qu'il devait s'agir de terriens (d'origine, car je sais l'interarmisation profonde des FS), en contraste avec l'AdT conventionnelle.
Car dans la marine, l'impression "psychologique" que j'ai est très proche de ça. Chez nous, à bord, un quartier maître "l'ouvre" devant un officier, tout le monde consulte le second maître, ... la professionnalisation a 7 siècles et les cadres n'ont pas de troupe, donc effectivement, on retrouve des individualités, des personnalités fortes, etc.

Être deux ou trois galons dans la marine, c'est par définition "faire passer le commandement par autre chose", me semble-t-il. Et je ne parle pas de nos amis de la 3D qui eux se retrouvent avec encore moins de troupes que nous. D'ailleurs, un enseigne de vaisseaux (1 ou 2 galons, donc) se fait saluer (garde à vous / raquette) environ une fois tous les ... mois ? trimestre ? Par le réserviste de la préparation militaire qui vient visiter.

Je précise qu'évidemment je ne compare pas les capacités physiques moyennes des marins embarqués à celles des FS.

egea: oui, unité de terriens. C'est ce qui m'intéressait, justement, la comparaison des sstyles de commandement.
2. Le lundi 27 juin 2011, 22:54 par Boris friak

J'emprunte une citation à la rubrique "il y a 50 ans" du magazine l'Express de cette semaine : Agnès Varda est l'une des très rares femmes metteur en scène dans le monde. (...)Sur le plateau, c'est elle le patron. Pour elle diriger des hommes n'est pas difficile : "l'autorité, ce n'est pas de crier. Non, ce qu'ils ne pardonnent pas, c'est de ne pas savoir ce qu'on veut. Le seul problème c'est la formation technique. Si on connaît le métier, il n'y a pas de différences". Et son équipe masculine de confirmer qu'être dirigée par une femme, "finalement, c'est bien mieux. elles savent tellement bien ce qu'elles veulent!".

Cet extrait de 1961 nous renvoie directement aux concepts de chef, de "manager" et de "leader" et au besoin vital pour les grandes organisations de disposer d'instruments de pilotage à même de mettre la vision et la stratégie du chef suprême à la portée du plus modeste collaborateur.

égéa : oui, le chef doit avoir une vision... et s'y tenir !

Ajouter un commentaire

Le code HTML est affiché comme du texte et les adresses web sont automatiquement transformées.

La discussion continue ailleurs

URL de rétrolien : http://www.egeablog.net/index.php?trackback/1069

Fil des commentaires de ce billet