Attentat en Norvège (MàJ)

L'attentat de vendredi en Norvège est affreux : je pense tout particulièrement à mes amis T. et S. à qui je présente mes condoléances.

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Peut-on tirer quelques observations de l'événement ? oui, même si je suis désolé d'ouvrir la rubrique "Norvège" par ce billet.

1/ Tout d'abord, de tous les pays scandinaves, la Norvège était le seul à ne pas avoir été touché par le populisme, à la différence de ce qu'on observait en Danemark (depuis assez longtemps) et plus récemment en Suède et en Finlande. J'omets l'Islande, mais celle-ci, comme toutes les îles nord-atlantiques, est dans une situation géopolitique particulière. Je constate qu'à la différence des trois autres scandinaves, la Norvège avait une singularité : non UE, mais otanienne.

  • MàJ : en fait, la Norvège a été la première nation scandinave à connaître un parti populiste, le parti du progrès (FrP) : celui-ci est de plus le premier parti d'opposition. A l'origine, il n'a pas bâti son succès sur la lutte contre l'immigration, même si ce thème est apparu récemment dans son discours (à partir de 2005). Il était libéral, en faveur des baisses d'impôts et contre l'interventionnisme d'Etat : bref, une sorte de parti libertarien conservateur à l'origine, qui a repris ensuite un certain nombre de thèmes populistes.

2/ Les premiers soupçons se sont tournés vers le terrorisme islamiste : eh! non, ce n'était pas lui. La posture du "coupable idéal" n'a donc pas marché. Je persiste à penser que cette approche (anti Al Qaida) est une grille d'analyse qui entraîne sur la mauvaise voie. Peu pertinente, et l'exemple le prouve.

3/ On pense donc à la voie d'extrême-droite. Ce qui nous rappelle qu'aux Etats-Unis, le plus grand attentat, hors celui du 11/09, était celui de Oklahoma city (avec déjà l'auteur déguisé en policier), déjà commis par un "puriste". Cela ne signifie pas que ipso facto, le terrorisme est forcément d'extrême droite (généralisation aussi absurde) : simplement que les postures pursites peuvent amener des esprits faibles à s'enfermer dans des logiques abusrdes, jusqu'à l'horreur. Autrement dit encore : le délire "anti-terreur" entraîne, en retour, une "contre-terreur" dont les excès peuvent être aussi nocifs que le terrorisme que l'on prétend combattre.

4/ Enfin, je trouve symptomatique que cet attentat soit le fait d'un individu seul. C'est le fait du narcissisme contemporain. Contrairement à autrefois, un attentat n'est pas le fait d'une "organisation" donc d'une "société secrète". La nouvelle menace sera-t-elle celle du "terrorisme individuel" ? En fait, Al Qaida nous l'avait déjà enseigné : ce n'était pas une organisation, ce n'était même pas un réseau, mais une franchise laissant libre cours aux initiatives localisées de "lancer des actions" pour les faire parrainer, ensuite, par la "marque de fabrique". Et la plupart du temps, les candidats étaient des individus, perdus dans la modernité occidentale, qui se refabriquaient une identité au moyen d'un attentat. J'ai l'impression que dans le cas d'Anders Behring Breivik, on reproduit le même schéma. Oslo, c'est comme Londres ou Madrid.

O. Kempf

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