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Economie, une question politique

Sans surprise, cela continue de chuter, avec un CAC à 3125 points : soit 19 % de baisse en onze jours ! je ne sais pas ce que c'est qu'un krach, mais en ce moment, ça y ressemble fortement.

source

Bien, so what ?

1/ L'alternative n'est pas économique. En effet, les "marchés" veulent deux choses contradictoires :

  • à la fois des politiques de rigueur pour combler les dettes budgétaires des pays les plus fragiles (Grèce, États-Unis, Portugal, ...), mais ce qui a pour conséquence de miner la croissance : ce sont des politiques récessives.
  • et en même temps des politiques de renflouement, autrement dit de planche à billet, donc de dettes toujours plus publiques, ou plutôt toujours plus de dette, car il faut, n'est-ce pas? soutenir la croissance.

2/ Il reste que la solution est politique. Avez-vous remarqué que ce matin, sur les radios (Minc, Barnier, ...) le mot qui revenait en boucle était "fédéralisme", parfois assorti pudiquement d'un "fédéralisme budgétaire". Autrement dit : des obligations européennes (on ne distingue plus la dette de tel ou tel État, mais on collectivise tout ça dans une obligation européenne, moyenne aussi bien de la dette grecque que de la dette allemande).

3/ Juste une petite difficulté : qui gouverne ? car comme on dt à l'armée, "qui commande paye". Ou peut-être "qui paye commande". En fait, la première option est celle des Français, la seconde celle des Allemands.

4/ Relisons ici les mots que l'excellent philae, prête-nom de la série fiction de l'été du Monde (terminus pour l'euro), prête à l'ambassadeur de France en Allemagne, Gourdault-Montagne :

  • "Nous Français, sommes obnubilés par son mode social, fait de compromis constants. EN réalité, c'est une société très conflictuelle.
  • et en même temps, un plus grande confiance en soi de la nation allemande.
  • l'Allemagne a cessé d'être égalitaire. C'est une rupture fondamentale.
  • Les Allemands et nous avons ceci en commun que nous ne savons pas partager le pouvoir.
  • on dit souvent que l'Europe avance grâce à la locomotive franco-allemande. J'en suis pour ma part arrivé à la conviction que c'est l'inverse. L’Europe en vérité sert aujourd'hui encore à ce pour quoi elle a été créée : gérer une relation franco-allemande structurellement déséquilibrée, et conflictuelle. Ce sont les autres qui nous font tenir ensemble, pas nous qui assurons l'unité européenne".

5/ Ne nous trompons pas : un fédéralisme budgétaire, c'est un fédéralisme. Car derrière ces mots de fédéralisme budgétaire, il faut entendre arbitrage, décision, y compris pour imposer telle ou telle décision à tel État membre "dans le besoin". C'est donc non seulement baisser les dépenses (donc les services publics) mais aussi augmenter les impôts. Or, c'est le peuple qui "consent à la contribution publique" selon la DDHC. Bref, celui qui décide de l'impôt doit bénéficier du pouvoir souverain. Donc, derrière le fédéralisme budgétaire, il y a le fédéralisme tout court.

6/ Est-on prêt à y aller aujourd'hui ? Non, je ne crois pas.

7/ Alors ? Alors, l'alternative n'est pas l'éclatement de l'euro, comme nous le dit le débat politique français, un peu limité et franchouillard, pour tout dire. L'alternative, c'est l'effondrement du système. Je sens que voici revenir mon quart d'heure eschatologique..... Mais en ce moment, il n'y a guère de choses qui incitent à l'optimisme.

Réf :

O. Kempf

Commentaires

1. Le lundi 8 août 2011, 19:04 par

Il serai peut-être temps, oui, qu'on passe à autre chose que ce système en fin de vie...

2. Le lundi 8 août 2011, 19:04 par Midship

en attendant, je profite de l'air frais autour de chez moi, avant que quelques magasins ne brûlent. Aucune idée de ceux qui sont réellement les fauteurs de troubles au UK, mais ça brûle dans tous les coins. 3ème jour de suite, maintenant les villes du sud de Londres sont touchées, et les premiers signes arrivent à Birmingham aussi. A côté de chez mes amis, les magasins sont restés fermés aujourd'hui.

Ce soir, la Met (police de Londres) a demandé l'aide (hélicos) du Surrey et du Sussex. Ce qui permet de rappeler :
1 - au UK, il n'y a aucune force de sécurité nationale (quand nous en avons deux).
2 - La sécurité intérieure est encore extrêmement majoritairement une compétence nationale et aucune règle européenne ne s'applique sur l'organisation des forces, de même qu'aucun commentaire des pays européens n'existe à ma connaissance. Là encore, l'UE n'est pas une fédération.

3. Le lundi 8 août 2011, 19:04 par VonMeisten

Je suis en désaccord avec le point 6 ! La contrainte fédérale va probablement se mettre en place, avec ou sans l'avis de tous : http://www.lesechos.fr/economie-pol...

4. Le lundi 8 août 2011, 19:04 par yves cadiou

Oui m’enfin mais hein, bon, néanmoins… est-ce qu’on n’est pas en train de tout mélanger et de se faire des frayeurs fictives ? De la même façon que le terrorisme ne terrorise personne en réalité, cette fameuse « crise économique » où est-elle ? Pour l’instant c’est l’Arlésienne : on en parle et personne ne la voit, l’économie fonctionne.

Un crac boursier n’est pas une crise économique : il traduit seulement les vapeurs de quelques traders émotifs et les réflexes de multiples petits porteurs, internautes boursicoteurs informés tous aux mêmes sources et réagissant massivement comme un seul homme. Les émois de la bourse ont un écho non seulement parce que quelques joueurs, influents par leur statut social ou par leur nombre, perdent de l’argent mais aussi parce que nous avons été mal éduqués : à l’école nous avons tous appris autrefois, sur fond de marxisme inavoué, que « la crise de 29 » fut un effondrement de la bourse, punissant (bien fait pour eux) les adeptes de « l’enrichissement sans cause ». En fait il s’agissait d’une crise de surproduction et d’accumulation de stocks invendus mais il était beaucoup plus édifiant de nous parler des traders qui se suicidaient un jeudi noir, puis du new deal de Roosevelt supposé avoir redressé la situation. Nous avons donc gardé, dans notre inconscient collectif imprégné de marxisme, l’idée qu’une crise boursière est le signe d’une catastrophe économique à laquelle le pouvoir politique peut et doit remédier.

Aujourd’hui certes, ce nouvel accès d’hypotension boursière pourrait nous faire croire que c’est une crise économique. C’est un malaise passager qui survient sur fond de crise de l’euro, crise qui elle-même n’est pas une crise économique mais celle d’un système politique et financier mal conçu. Certes le petit président d’un grand pays voisin du Groland déclare que « c’est la crise économique la plus grave », selon lui et selon les jours, « depuis la guerre », « depuis 1930 », « depuis un siècle », et même « dans l’histoire du monde » (voir la vidéo du petit journal de Canalplus le 05/08/11 à la 15ème minute) http://www.canalplus.fr/c-divertiss...

Tout ça n’est pas plus convaincant que beaucoup d’autres déclarations alarmistes dans beaucoup d’autres domaines comme par exemple souvenez-vous, la menace terroriste, la grippe aviaire, le virus H1N1, tel ou tel nuage radioactif, les banlieues au bord de la guerre civile, pour n’en citer que quelques unes parmi toutes ces alarmes récurrentes qui tentent de nous émouvoir. Aujourd’hui à l’occasion de tensions sur l’euro et d'hypotension à la bourse on grossit les faits et l’on invente "la plus grave crise économique de l'histoire du monde" qui permettra d’expliquer aux électeurs qu’on n’a pas pu faire ce qu’on voulait ou crise qui se résoudra d’elle-même et dont on pourra s’attribuer le mérite de la solution.

Par conséquent « restons calmes et buvons frais » : quand nous serons vraiment en crise économique, il n’y aura plus de glaçons dans les frigos. Pour l’instant il y a tout ce qu’il faut dans les frigos, dans les magasins et partout. Il est vrai que des pertes ont été subies par des boursicoteurs imprudents, mais c’est tout et peu importe. Bien entendu, il y a aussi des discours politiques incorrigiblement alarmistes. Alors bon, il y a peut-être une crise que nous ne voyons pas, tous ceux qui prétendent voir disent qu’il y a une crise : les mélopées du chœur des cassandres nous obligent à imaginer que nous sommes peut-être aveugles. En attendant de recouvrer la vue et de constater qu’il n’y a pas grand’ chose à voir il ne faut pas se laisser impressionner par les discours alarmistes ni par un point bas dans le continuel yoyo de la bourse.

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