Aller au contenu | Aller au menu | Aller à la recherche

L'art français de la guerre

Voici donc le prochain Goncourt !

source

Et comme à son habitude, égéa va vous parler d'un livre qu'il n'a pas lu. Ne serait-ce que pour le titre !

1/ Tout d'abord, obtenir la première page de la nouvelle maquette du Monde des livres (plus un entretien), mais aussi le commentaire chaleureux de Beigbeder dans le Fig Mag et même la critique élogieuse du Canard enchaîné, notre journal officiel, c'est sûr, il va gagner.

2/ Forcément, le stratégiste est intéressé. Et en même temps, tout de suite, il se dit qu'il y a une sorte de plan média très bien orchestré par Gallimard. Ce que confirme cette critique (une des seules discordantes).

3/ Car tout d'abord, on sent bien que l'alternance de tableaux des "travers de notre société contemporaine" avec la description des scènes de guerre ne sera pas du même tonneau, et que si les six chapitres historiés susciteront l'intérêt, les sept chapitres contemporains risquent d'être moins captivants. Une sorte de Stéphane Hessel mieux écrit, en gros.

4/ Et puis on se méfie. D'abord, Beigbeder nous explique qu'il y a des passages qui rappellent la scène coupée d'Apocalypse now (ma critique ici), celle où le héros se trouve dans une enclave française hallucinée qui est un des plus mauvais passages du film : autrement dit, je crains que sous couvert d'histoire, on va nous servir de mauvaises relectures de l'affaire. Je ne demande bien sûr pas une nouvelle version de Lartéguy (au fait, il est mort cet été, RIP) avec ses aspects héroïques, mais je n'ai pas envie d'une chronique un peu morbide qui passerait sous silence les grandeurs de cette période, car il y en eut. Bref, entre le ton épique et glorifiant (j'ai passé l'âge), et la description complaisante et négative (ai-je besoin de préciser que je n'ai pas encore atteint l'âge?), il y a moyen de raconter les choses "entre les deux" : pour tout vous dire, je ne suis pas sûr que "L'art français de la guerre" réponde à cette ambition.

Bigeard et Lartéguy.

5/ Pourquoi cette méfiance si vive ? Parce que j'avais détesté "Les bienveillantes", lui aussi Goncourt, lui aussi objet d'un "orage médiatique" (voir ma lecture ici). Et j'ai la vague impression du même tapage, alors que le résultat avait été très nauséeux. Donc, méfiance, on verra....

Mais, il me faut vous le répéter, je n'ai pas vu le livre, je ne l'ai pas feuilleté (mon côté Houellebecquien, vous dis-je : encore un Goncourt non lu, décidément, je suis incorrigible). Pourtant, à coup sûr, on va en parler. J'en parle donc, dès fin août. Rendez-vous début novembre....

L'art français de la guerre, par Alexis Jenni, Gallimard, 2011.

O. Kempf

Commentaires

1. Le lundi 29 août 2011, 20:08 par oodbae

Bonjour,

En ce qui me concerne, votre abandon répété à la critique d'ouvrages que vous n'avez même pas lu ne me gêne pas du tout. Non seulement je commente moi-même régulièrement vos billets sans avoir mis un pied dans une caserne militaire de toute ma vie, donc je ne puis vous jeter la première pierre, mais en plus vous vous montrez dans l'air du temps et même populaire puisqu'il est de bon ton dans notre société d'accabler des individus sans justification. Ainsi, vous me donnez une raison supplémentaire de consulter votre blog: c'est un blog "in".

Je propose à tous les courageux commentateurs d'en rajouter une couche.

Cordialement,

égéa : ouarf !!! lol. égéa, blog in ! j'aurais tout entendu, merci de cette délicieuse mauvaise foi. Heureusement que je parle aussi de livres que j'ai lu : mais alors, ils sont classés sous la catégorie "fiche de lecture". Dans la rubrique "livre", je fais comme tous les critiques littéraires......

2. Le lundi 29 août 2011, 20:08 par oodbae

Alors je me lance dans la critique de mauvaise foi.

Après renseignement pris, M. Jenni, agrégé de sciences naturelles, est professeur. En voilà donc un, de professeur, dont on sait à quoi il passe son temps libre entre le déjeûner et le dîner. Au moins, ce salarié de l'éducation nationale essaie d'entretenir la littérature francaise, à défaut d'envoyer nos enfants dans la rue manifester contre une réforme des retraites qu'ils ne sauraient pas épeler. C'est toujours ca de moins.
Venons-en aux faits. M. Jenni affirme, dans une interview accordée au journal "le Monde": "J'ai grandi à une époque où la France semblait être un peu sortie de l'histoire, où on s'occupait essentiellement de son enrichissement.". C'est du Fukuyama avant l'heure. Ou plutôt après l'heure, puisque Fukuyama n'a pas attendu cette interview pour publier son "la fin de l'histoire". Portera t il plainte pour plagiat? ce serait trop d'honneur.
Parce que pour Jenni, on ne peut pas à la fois s'enrichir et faire l'Histoire. C'est l'un ou l'autre. On conseillera donc son livre aux lobbies pro-américains. Comme ils ont sauvé l'Europe de la barbarie nazie et l'Asie de la tyrannie nippone, on ne peut pas les soupconner de s'être enrichis sur le dos de la GB avec la loi prêt-bail et plus généralement sur le dos de l'Europe avec leur réglementation des droits de douane dans l'après guerre qui n'a rien entraîné d'autre que la ruine des industries francaise et européenne survivantes au profit de l'Amérique. Non, on ne peut les soupconner de cela car autrement, cela signifierait qu'ils sont sortis de l'Histoire.
Par contre, les francais, en perdant la guerre d'Indochine qu'ils ne pouvaient pas financer [suite à leur ruine économique que la guerre puis la concurrence des produits francais et américains sur le marche intérieur a provoqué cf Tony Judt- une histoire de l'Europe] sans les subventions américaines, puis, ensuite, en repartant penauds du Canal de Suez en 1956, puis , encore, en perdant ensuite la guerre d'Algérie, pardon les évènements d'Algérie, sortent de l'histoire.
Parce que pour Jenni, on ne peut pas faire partie de l'Histoire, on doit la faire tout court et pour cela, il n'y a qu'un moyen: gagner des guerres. l'union soviétique a perdu la guerre d'afghanistan?! hop, sortie de l'histoire. la France a perdu ses guerres coloniales?! hop, sortie de l'Histoire. Qu'importent les exemples de l'Allemagne, du Japon, de l'Espagne. Que quelqu'un lui fournisse le lien vers le club des faucons de W.Bush, vite! Ah, non, c'est dépassé. 10 ans trop tard, ton roman! Et oui, l'histoire, comme la biologie, vont de plus en plus vite!

L'art francais de la guerre ! oh oui, fouette moi, encore,

.

cordialement,

PS: en toute honnêteté, d'après les interviews, son bouquin a l'air bon pour moi.

3. Le lundi 29 août 2011, 20:08 par yves cadiou

Contrairement à vous, je n’ai aucun préjugé contre ce bouquin. Du moins je n’en AVAIS pas jusqu’à ce que j’en lise les différentes critiques, favorables ou non. Le plan comm de Gallimard n’est certainement pas destiné à des lecteurs comme moi ou s’il l’est, c’est loupé.

A lire le titre, on s’attend à une étude sérieuse. Après tout, un roman peut donner lieu à une étude sociologique intéressante comme l’a montré Lartéguy parce que le roman permet d’aborder les choses sans viser personne nommément, même si parfois tel ou tel personnage ressemble à une personnalité réelle.

En lisant dans "Le Monde des livres" ceci, on est intéressé : « 1991, année, entre autres, de la guerre du Golfe, lors de laquelle ce fils d'une famille de gauche élevé dans une détestation de l'armée tendance Charlie Hebdo, réformé du service militaire, a commencé à s'interroger sur les raisons pour lesquelles les militaires français étaient honnis, exclus du corps social. Comme s'ils portaient une culpabilité collective. »

Et puis patatras, on apprend qu’on va encore nous parler de l’armée de la IV° République. Comme s’il ne s’était rien passé dans l’armée française depuis cinquante ans. Combien de temps encore va-t-on nous rabâcher que les militaires français sont des brutes sanguinaires, en appelant comme témoins à charge des braves qui ont fait ce qu’ils ont pu aux ordres d’un régime politique qui refusait de prendre ses responsabilités ? Le titre est malhonnête, présentant douze années de notre histoire militaire comme révélatrices de vérités éternelles. Il est temps que l’ensemble de la Nation, et pas seulement les militaires, assument la IV° République. Telle est la conclusion suscitée par les fiches de lecture et les critiques. Même celles qui se veulent favorables ne sont pas vendeuses.

4. Le lundi 29 août 2011, 20:08 par l'histoire est vérité

Ce bouquin est ramassis de clichés éculés, de mensonges officiels et d'amnésie sélective, qui ne fait que se surajouter à une pseudo-littérature sur le sujet, au mépris des recherches historiques de valeur et de l'expérience vécue des soldats. Cette petite pierre à l'édifice mensonger des journalistes bobos a bien entendu été accueillie par des hourras de ces mêmes journalistes.
Le livre d'un petit soldat du faux témoignage.

5. Le lundi 29 août 2011, 20:08 par

On en pensera ce qu’on voudra, mais s’il est bien une chose sur laquelle on peut se mettre d’accord, c’est que ce premier roman sort sacrément du lot.

Voir ici

http://prixvirilo.com/2011/09/28/l%...

6. Le lundi 29 août 2011, 20:08 par

Quel beau don que celui de la prescience !

7. Le lundi 29 août 2011, 20:08 par

Comme vous le dites, ce sont les chapitres sur les aventures de Victorien Salagnon qui sont les plus intéressantes. La vie du narrateur, par contraste, apparaît bien peu captivante. On se demande même si ce n'est pas la volonté de l'auteur de mettre en évidence la vacuité de nos vies actuelles.

égéa : suis en train de le lire.... Je confirme que le narrateur nous emm.... Fiche de lecture plus complète à venir.

Ajouter un commentaire

Le code HTML est affiché comme du texte et les adresses web sont automatiquement transformées.

La discussion continue ailleurs

URL de rétrolien : http://www.egeablog.net/index.php?trackback/1129

Fil des commentaires de ce billet