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Barroso, l'état de l'union et Mme Merkel.

C'est un discours qui a quinze jours.... et qui est pourtant sensationnel : Prononcé à moitié en français ( je ne sais si c'est l'habitude) et pour les passages politiques, quand les passages économiques sont dits en anglais...

source

Le fond est incroyable, et illustre, si besoin était, les difficultés actuelles de l'Europe. Cela renvoie à la déclaration d'hier de Mme Merkel, qui accepte une révision des traités pour plus de gouvernance...... "Réviser les traités européens ne doit pas être un tabou" a-t-elle dit, acceptant même l'idée qu'il faille recapitaliser les banques européennes "L'Allemagne est prête, si nécessaire, à réaliser une telle recapitalisation").

La crise aiguë ...

provoque des réactions de plus en plus radicales, impensables il y a dix mois. Il ne s'agit pas ici de dire si c'est bien ou mal, juste de constater que nous sommes à un tournant, qui est logique : la seule réponse à la crise ne peut être que politique, ainsi qu'égéa ne cesse de le répéter depuis maintenant des mois. Cela ne préjuge pas du succès de cette réponse politique : 1/ sera-t-elle mise en œuvre ? 2/ cela sera-t-il un succès ?

O. Kempf (merci à AD pour m'avoir signalé ce discours.)

Extraits du discours de J. Barroso.

  • Je crois qu'on peut dire que la crise de la dette souveraine est aujourd'hui avant tout

une crise de confiance politique. Et nos citoyens, mais aussi le monde extérieur nous observe et se demande – sommes nous vraiment une Union?

  • (...) Je crois vraiment que nous sommes aujourd'hui à une période charnière de notre

histoire. Un de ces moments où si nous n'avançons pas dans l'intégration, nous risquons la fragmentation.

  • (...) Je crois que le monde ne veut pas un G2. Les deux eux-mêmes n'auraient pas

intérêt à un G2. Nous savons dans la Guerre Froide la tension que la bipolarité a créée. Je crois que l'Europe est plus que jamais indispensable si nous voulons un monde juste et un monde ouvert.

  • Je crois que le monde en mutation auquel nous assistons a besoin d'une Europe qui

assume ses responsabilités. Une Europe influente, (...)

  • (...) Soyons également réalistes et reconnaissons que pour que l'Europe exerce toute

son influence, si l'Europe veut vraiment être une puissance, il nous faut renforcer la Politique étrangère et de sécurité commune. Il faut qu'elle soit crédible. Il faut qu'elle s'appuie sur une dimension de sécurité et de défense commune si on veut vraiment compter dans le monde.

  • Loin est le temps où certains pouvaient s'opposer à l'idée d'une défense

européenne par crainte qu'elle puisse nuire à l'Alliance atlantique. Vous avez déjà remarqué, aujourd'hui ce sont les Américains, eux-mêmes, qui nous demandent de faire plus en tant qu'Européens. Le monde a changé, le monde est en train de changer fondamentalement. Est-ce que nous voulons vraiment compter dans le monde?

  • C'est pourquoi au moment où les budgets de défense sont sous pression, nous

devons faire davantage ensemble avec les moyens dont nous disposons. La Commission prend en cela sa part de responsabilité en poursuivant ses efforts vers un marché unique de la défense et en mettant à profit les compétences qui lui sont conférées

Commentaires

1. Le jeudi 6 octobre 2011, 18:55 par Le marquis de Seignelay

Ce que je note dans le discours de Barosso c'est qu'il est partisan de la méthode de l'intégration pour la gouvernance économique : confier de nouvelles prérogatives à la Commission (je déduis).

Ce n'est pas si bête puisque la méthode inter-gouvernementale ce n'est pas réactif, privée de l'unité de commandement et pas très démocratique, paradoxalement.

On dira ce que l'on voudra de la Commission européenne (je n'en suis pas un grand partisan), mais rappelons qu'elle est gardienne des traités (donc des compétences conférées par les Etats à l'Union). De même, elle est "élue" par le Parlement européen. Les esprits chagrins diront ce qu'ils souhaitent, mais, nous élisons nos eurodéputés qui valident ou non la Commission (dont le président est proposé par les Etats, bizarrerie a supprimé). Une Commission a déjà été renversé (1998, Santer). De sorte que, nous avons là, plus ou moins le fonctionnement d'un régime parlementaire.

Mais, la Commission est prisonnière de son dogme idéologique : voir la décision de la Commission sur la fusion entre Aérospatiale et De Haviland, c'est édifiant.

Paradoxalement, la méthode intergouvernementale serait peut être plus démocratique puisque les 27 chefs d'Etat et de gouvernement représentent une couleur politique et y sont liés. Ils changent à chaque élection. Ils rédigent les traités. Il y a plus de chances d'obtenir une "politique originale" de leur part. Notamment pour la politique industrielle.

Elle pourrait être aussi plus réactive, plus rapide : il faut un à deux ans pour qu'un acte législatif européen soit adopté et entre en vigueur. Cependant, un acte législatif est plus "sûr" puisqu'élaboré avec le plus grand sérieux, ce qui évite les "lois émotions" qui ne fonctionnent pas.

On entend de nouveau parler de l'Etat fédéral européen. Ce n'est peut être pas pour rien si Egea parle de "discours sur l'état de l'Union". Pour arriver à un tel Etat il faudrait respecter la séparation des pouvoirs. Donc, séparer le législatif et l'Exécutif. Donc faire le ménage institutionnelle entre le Conseil (de l'Union européenne) et la Commission. La première institution est la seconde chambre du parlement et l'institution des ministres des Etats membres. Alors que la Commission est un gouvernement qui dispose de l'initiative législative, tout au plus.

2. Le jeudi 6 octobre 2011, 18:55 par yves cadiou

Notre personnel politique n’est pas tout à fait au même niveau : le porte-parole du gouvernement français, ancien ministre de l'Enseignement supérieur et de la Recherche de 2007 à 2011 (pas ministre de la Culture) parle de « la Chansonnière Merkel ».
Chansonnière pour Chancelière, ce n’est pas un lapsus mais une erreur réitérée mise en évidence par Canal-plus dans son émission « le petit journal » du 15 septembre dernier (voir à la minute 7 : 40) http://www.canalplus.fr/c-divertiss...

égéa : normal : "en France, tout finit par une chanson".

3. Le jeudi 6 octobre 2011, 18:55 par yves cadiou

« Tout finit par des chansons », dites-vous. Oui, il est possible qu’on soit à la fin de quelque chose.

Dans ce discours du président de la Commission devant les représentants des partis politiques (le Parlement est élu par scrutin de liste), peu repris et commenté par la presse grand public, l’on observe la mention d’un « marché unique de la défense » qui est une référence économique. Cette référence permet de parler de défense européenne en restant dans la limite des compétences qui sont conférées à la Commission parce qu’en principe l’Union Européenne n’a pas d’autre compétence qu’économique.

Mais l’on observe aussi qu’avant de revenir en finale dans ses attributions le président de la Commission européenne en sort à plusieurs reprises : « renforcer la Politique étrangère et de sécurité commune », « avancer dans l’intégration », participer à « un monde juste », traiter de la « crise de confiance politique », tout ça relève des souverainetés nationales et n’est pas dans les attributions de la Commission ni dans celles du Parlement, à moins que j’aie manqué une modification du projet européen sur laquelle on n’aurait pas demandé l’approbation populaire. Ou peut-être, comme beaucoup, n’ai-je pas su lire entre les lignes du traité de Maastricht approuvé de justesse.

Ce discours du président de la Commission est typique de l’ambiguïté des institutions européennes : celles-ci veulent sortir du rôle économique qui leur est assigné et veulent aussi discrètement que possible tenter de substituer une souveraineté européenne aux souverainetés nationales, contre l’avis des Peuples quand on leur demande directement et clairement leur avis.

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