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Kenya, tourisme et géopolitique

Grâce à Pierre Ageron, nous avions évoqué la géopolitique des voyages. L'actualité du jour nous montre qu'il faut parler de géopolitique du tourisme. L'idée n'est pas nouvelle mais avait jusqu'ici surtout été vue sous l'angle culturel et économique. Désormais, la géopolitique du tourisme s'augmente d'un cas de guerre et d'action transfrontalière.

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1/ En effet, le Kenya vient de lancer des opérations militaires, pénétrant avec des forces nombreuses dans la Somalie voisine: non pas une guerre d'Etat à Etat, mais une opération contre les shebabs somaliens, qui sont en mauvaise posture et ont abandonné leurs positions à Mogadiscio.

2/ On n'entrera pas dans les détails des questions somaliennes : il faut pour cela se reporter à Good Morning Africa, bien plus qualifié que moi le sujet. En revanche, on peut s'interroger sur les motivations kényanes. Elles sont nombreuses, mais j'en isole une, particulière. Bien sûr, ce n'est pas l'unique raison, mais elle est assez importante pour avoir accélérer les choses.

3/ En effet,elle tient à la multiplication des enlèvements de touristes étrangers dans la zone frontalière, dont notamment une otage française, Marie Dedieu. Le Monde nous apprend qu'en fait, il y a eu trois enlèvements ces derniers jours : outre la française, une Britannique (11 septembre) et deux Espagnoles (13 octobre) ont également été enlevées : ces enlèvements ont été attribués aux schebabs.

4/ La réaction kényane serait due à la nécessité de protéger le secteur du tourisme, élément clef de l'économie nationale, alors qu'il avait déjà été touché par les émeutes ayant fait suite aux élections d'il y a trois ans. Ainsi, le tourisme paraît comme un intérêt vital pour le Kénya, justifiant des actions armées et, dans le cas présent, transfrontalières.

5/ Cela paraît renouveler l'analyse de la géopolitique du tourisme : elle était, me semble-t-il (et sous réserve de corrections des spécialistes) une sorte de prisme particulier de la mondialisation, à la fois économique et culturelle, mais aussi une analyse des conséquences en termes de pouvoir. Dans le cas présent, la rivalité de puissance sur un territoire va jusqu'à sa radicalité stratégique, à savoir l'usage des armes, qui plus est dans une situation interétatique : en cela, il s'agit d'un événement nouveau, qu'il convenait de signaler.

Réf : sur la géopolitique du tourisme, ici et ici

O. Kempf

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