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Le LBDSN : bilan et perspective (CR séminaire IFRI)

Jeudi 17 novembre, l'IFIR organisait un séminaire sandwich sur la question du Livre Blanc. Voici le compte rendu de ce qui y a été dit (merci à P pour sa prise de notes).

source

Co organisé par l’IFRI et la FRS, M. HEISBOURG est intervenu sur le thème « le LBDSN : bilan et perspective». La séance était animée par MM. MERCHET, de DURAND et BOYER.

on attend le prochain colloque de l'IRSEM sur le sujet, jeudi 24 novembre, qui mettra en avant les jeunes chercheurs de l'institut : inscription ici)

Il a organisé son propos en 3 temps : bilan, perspectives et principaux jalons.

1/ Bilan : (sorte de plaidoyer du LB)

Lors de la rédaction du LB, les rédacteurs ont pris conscience de l’interaction des domaines liés au contexte-menaces-risques. Il leur avait fallu prendre le temps de tout analyser pour en tirer des conclusions telles que le renforcement de la fonction « connaissance-anticipation », la nécessité de préparer et gérer les crises au niveau de l’Etat, la réforme de la communauté RENS (création CNR) et le renforcement des budgets associés.

Ces décisions seront-elles prolongées après l’été 2012 ?

D’autres réalisations découlant du LB : l’amélioration de l’équipement des forces en OPEX, la création de la cellule de prévention et de gestion des crises Minint (en dépit du démontage de la direction de la planification et de gestion des crises au), des contrats OPS et des dotations budgétaires cohérentes dans un référentiel d’avant crise, une dissuasion « généreusement » sanctuarisée.

Demain avec la « grande crise », les 377 Mds de la LPM (définis avec les hypothèses de croissance d’alors) et les contrats OPS ne seront sans doute plus pertinents.

2/ Perspectives

Les travaux sur la révision du LB s’inscrivent dans une approche « bureaucratique » au niveau du SGDSN, tout en associant des acteurs d’un très bon niveau de réflexion. Mr Heisbourg tente de répondre à plusieurs questions :

Fallait-il réviser le LB : oui, sans nécessairement vouloir refaire un LB tous les 5 ans. Car les CH 1 et 2 ont été sur validés par les événements.

Faudra-t-il revoir la LPM en 2014 ? bien sûr. Car les annuités ont été actées sur la base d’une prévision de croissance de 1%.

Quelles sont les ruptures stratégiques ?

  • la « grande crise ». La crise en Europe pourrait conduire à un fédéralisme plus marqué, mais pas à 27 (d’où nécessité de réécrire la partie européenne du LB). Bilatéralisme FR-UK comme en Libye adossé à l’OTAN ? C’est une exemple de qui pourrait se reproduire.
  • l’accélération de la montée en puissance des BRIC dont les budgets de défense dépassent ceux de la plupart des pays occidentaux. Leur concurrence dans les zones d’intérêt stratégiques est réelle.
  • Le changement de posture des E.U. vers l’ASIE du Sud
  • Les révolutions arabes.

3/ Identification de « jalons »

Comment calibrer notre effort ? Orienter nos capacités de projection vers le Golfe persique en discriminant les volumes selon les distances.

  • Il serait stratégiquement raisonnable de faire plus dans notre étranger proche, et moins dans le lointain…..
  • Etre présent dans les biens communs (global commons). Les militaires doivent écrire une doctrine sur ce thème.
  • Effort dans cyberdéfense,
  • Etre plus sélectif dans notre participation aux OPEX,
  • Recréer la direction de la planification de la gestion des crises au MININT,
  • Replacer l’effort sur le spatial,
  • Dissuasion NUCL : pas de remise en cause mais regarder à la loupe les composantes (notamment le laser Mégajoule).

Les options possibles en termes de budgétisation :

  1. a/ Opérer des coupes « sauvages » : à éviter absolument,
  2. b/ Maintien d’un pouvoir d’achat constant (31 Mds/an)è peu réaliste
  3. c/ Consentir des baisses mais pas plus proportionnellement que dans les autres secteurs de la dépense publique.

La priorité nationale : effacer la dette publique pour relancer la croissance.

4/ Questions

Merchet :

Quel « espace de sécurité » pour la France si on fait « moins plus loin » ?

  • R : il s’agit de revisiter et non d’abandonner. Ex oui à la base aux EAU très pertinente stratégiquement, oui à une capacité de présence symbolique à Singapour, mais on laisse tomber la projection de 30000h à 7000 km

Quel choix entre préservation de l’outil industriel FR et équipement des armées maintenant ?

  • R : L’outil industriel de l’armement est l’un des derniers qui nous reste en France. Il faudra le préserver mais néanmoins répondre aux besoins criants (Exemple Drone « drame national » acheter sur étagère), et résoudre le pb d’actionnariat d’EADS. Arrêter de tout ramener à Dassault sur l’export.

Yves BOYER (FRS)

Progrès du rens stratégique mais quid du renseignement « vers le bas » tactique ?

  • R : La DRM a bien progressé depuis la guerre du Golfe (elle devrait encore être renforcée) pour arroser les unités sur le terrain, mais on a pris bcp de retard sur les US. L’absence de drones pose un pb majeur, et ne se limite pas aux plateformes mais également aux liaisons satellitaires et aux stations sol.

Quid des contrats OPS et de la capacité à durer ?

  • R : la capacité à durer est essentielle mais « pas forcément sur le modèle d’armée type Népal avec beaucoup de monde mal payé» . On doit en revanche être capable d’être présent sur les Global Commons dans la durée en cas de crise larvée.

Etienne de Durand (IFRI)

Quelles capacités prioritaires, celles du LBDSN 2008 suffisent elles ?

  • R : La Libye peut donner l’impression qu’on a su faire avec les 70 avions prévus mais ça n’a été vrai que parce que les US étaient derrière. Il faut préserver aussi les savoir faire militaires, et la protection de nos forces. On a atteint un seuil de réduction des forces. La DAMB de théâtre oui, celle du territoire national est trop chère pour ce qu’elle apporte et cela ne devrait pas être le sujet principal du sommet de Chicago de l’OTAN.

Quel rapport entre l’EMA et la commission LB ?

  • R : hommage à la transparence du gal Georgelin, même si désaccord avec lui sur la priorité que le CEMA a voulu absolument donner aux effecteurs par rapport aux capteurs.

O. Kempf

Commentaires

1. Le vendredi 18 novembre 2011, 18:41 par Midship

"Espaces communs" : première fois que je rencontre le concept, plutôt étrange pour un marin : tout son espace est par essence un espace commun. La mer a toujours été "à tout le monde". Me trompe-je ?

égéa : je pense qu'on fait référence aux "Global commons", qui est la nouvelle tarte à la crème américaine, qu'on traduit donc par "espaces communs". Ils regroupent la mer, l'air, l'espace et le cyberespace. Votre référence marine n'est donc pas anodine : car effectivement, la grande nation maritime (Mc Kinder + Mahan+ Spyman) que sont les États-Unis se réfère au tropisme maritime pour penser les nouveaux espaces.

2. Le vendredi 18 novembre 2011, 18:41 par Gigi

Bonjour Olivier, je tiens à préciser que la direction de la prospective et de la planification de sécurité nationale du MININT (appelée par erreur direction de la planification et de la gestion des crises) n'a pas été supprimée en tant que telle, mais a été intégrée dans la direction générale de la sécurité civile et de la gestion des crises, qui reprend donc les fonctions de planification et de gestion des crises "de sécurité nationale". Cette nouvelle direction général a donc 2 casquettes : sécurité civile et sécurité nationale. C'est en particulier elle qui est chargée de faire fonctionner le centre interministériel de crise de la place Beauvau.

egea : merci gigi de ces précisions qui viennent de l'intérieur de l'Intérieur....

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