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Permanence de la Raison d'Etat

Raison d’État : l'expression, encore présente et admise dans les années 1980, a disparu depuis une quinzaine d'années. Comme si le mot appartenait à la guerre froide. Et comme si aujourd’hui, il constituait l'abomination du mal. Elle serait rejetée en même temps que l’État (ce pelé, ce galeux), dans un monde post-westphalien où l'Etat n'aurait plus sa raison.

source (Richelieu au siège de La Rochelle)

1/ Est-ce seulement ce motif supérieur qui autorise l’État à s'affranchir des règles qu'il produit ? Seulement une transgression, un arbitraire, une atteinte aux libertés ?

2/ Mais comme tartuffe, est-ce parce qu'on cache le mot qu'on purifie la réalité ? La raison d’État est-elle si déraisonnable ? et à défaut de raisons, ne peut-on lui trouver des motifs ? Que dis-je, des intérêts ?

3/ L’État a encore un intérêt : un intérêt à soi. Il est public et supérieur à l'intérêt privé des gouvernants, comme on l'assimile trop souvent. Et quelle que soit la faiblesse ou l'inconstance de ceux-ci, quand ils sont en situation de responsabilité, ils servent cet intérêt. Nolens volens.

4/ Car voici un autre mot grossier : l'intérêt national. Ouh ! quelle horreur ! Lui aussi banni de l’usage, et pourtant si présent. Véritable clef d'explication qui permet de décoder tant d'événements et d'échecs. Et notamment l'échec de toutes les procédures collaboratives qu'on ne cesse de nous proposer, aux cris de la négociation entre hommes de bonnes volontés, ou "coalition of the willings". Mais la bonne volonté doit composer avec l'intérêt.

5/ On dit de l’État que c'est un monstre froid. On pense surtout à la froideur, à l'impersonnalité, à l’anonymat; Mais le plus important n'est pas là : c'est la monstruosité. Elle tient à l'absence de passion. C'est parce qu'il est raisonnable, purement raisonnable, que l’État est monstrueux. Nier la raison d’État, c'est ne pas voir l’essence même de l’État.

O. Kempf

NB : Ces propos n'engagent que moi et aucune des organisations pour lesquelles je travaille.

NB2 : billet dédié à l'aimable étudiant qui a permis d'amorcer cette réflexion, ce midi, au centre français.

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