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Citation du mois

Allez, comme la journée a été une grosse journée et que je n'arrive que maintenant devant la bécane, une petite citation : non vérifiée mais paraissant tellement authentique... En tout cas, je l'adore, elle explique la raison de ce blog :

source (un beau texte, d'ailleurs, sur l'intérêt de l'écriture)

"Je ne l'ai pas pensé si je ne l'ai pas écrit"

Ce serait de Charles de Gaulle. Trouvé nulle part sur la toile... ce qui ne veut rien dire.

Merci à JLL pour me l'avoir soufflée !

O. Kempf

Commentaires

1. Le mardi 17 avril 2012, 23:29 par

« Je ne l'ai pas pensé si je ne l'ai pas écrit »

Cette phrase résume oui très bien mon propos, mais votre métaphore de la fabrication d'une brique le fait mieux encore. De mon coté, j'aime plutôt imaginer que je façonne des pièces de puzzle :

« De la même façon linéaire que se déroule un texte, faire un puzzle c’est ajouter une pièce après l’autre à l’ouvrage. On (je ?) commence le plus souvent par délimiter le cadre du puzzle puis par constituer les sous-ensembles que l’on assemblera ensuite entre eux, après une longue phase de tri des pièces susceptibles de s’associer. Comme au retour du terrain, il y a ce moment excitant quand on entame un puzzle où l’on découvre la multitude des pièces disponibles, on l’on prends le temps de les parcourir, pour saisir les différences de nuances de teintes, de motifs, de contrastes (et je passe sur le contact de la matière, du parfum de livres neufs, de la frustration des pièces mal dissociées, autant de plaisirs liés à la découverte). Ce préalable donne une vue d’ensemble, importante pour mettre en œuvre les prémices de la stratégie d’assemblage. Il ne viendrait en effet à l’idée de personne de plonger la main dans le sac de pièc
e pour en retirer une au hasard et la placer directement sur le plateau. Non, chaque pièce, à l’instar des matériaux de terrain ou des données bibliographiques, se soupèse, s’observe, est comparée avec ses semblables, puis éventuellement testée sur l’ouvrage, avant le plus souvent d’être laissée de coté en attendant, non sans l’avoir classée parmi d’autres si besoin, dans un processus qui peut se répéter de nombreuses fois. »

Cet extrait est un paragraphe d'un billet que je ne publierai finalement pas. Merci de me donner l'occasion d'en placer un petit morceau, merci aussi pour avoir posé un mot qui m'ouvre de nouvelles portes « maïeutique ». :)

2. Le mardi 17 avril 2012, 23:29 par Midship

''je ne l'ai pas pensé si je ne l'ai pas écrit en moins de 140 caractères'' pourrait dire son successeur ;)

3. Le mardi 17 avril 2012, 23:29 par

« Je ne l'ai pas pensé si je ne l'ai pas écrit » Mais à tout prendre cette phrase n’est pas si anodine que cela, si on la prend en son acception contraire, je constate que souvent l’écriture précède la pensée, et d’ailleurs beaucoup de choses sont dites ou écrites sans avoir été pensé, ce qui n’empêche pas de les écrire..

Les exemples sont pléthores. En politique par exemple ? Combien de nos professionnels de la politique ont le défaut de ne pas avoir pensé en se défendant de l’avoir écrit ou démenti ce qu’ils ont dit sans l’avoir pensé ? Pierre Dac un maître à penser affirmait : « Il vaut mieux qu’il pleuve aujourd’hui plutôt qu’un jour où il fait beau » et Flaubert : « Pour qu'une chose soit intéressante, il suffit de la regarder longtemps »

C’est un précepte passionnant : Observons et regardons de plus près une phrase qui ne veut rien dire, au bout d’un certain temps tout s’éclaire et elle devient lumineuse.. Par exemple, Socrate disait : « À quoi te sert d'apprendre à jouer de la lyre puisque tu vas mourir ? « A jouer de la lyre avant de mourir » Au premier abord cette phrase ne veut rien dire, puis réflexion faite, elle veut dire ce qu’elle veut dire et d’ailleurs il ne l’aurait pas écrite s’il ne l’avait pas pensé ? Georges Livanos alpiniste français d’origine grec disait dans un de ses ouvrages : La pente déjà verticale, se redressait encore ! Réflexion faite, ce n'est pas faux, combien d’obstacles paraissent plus difficiles qu’ils ne le sont. Et d’ailleurs, un quidam disait : « La distance entre la théorie et la pratique est plus importante en pratique qu'en théorie » Finissons puisqu’il faut bien en finir par ce mot savoureux de Talleyrand : L'éternité c'est long, surtout vers la fin … j’espère ne pas vous avoir trop ennuyé d’avoir écrit ce que les autres ont pensé.

égéa : bravo l'artiste. Mais je ne l'ai pas pensé, si du moins je l'ai écrit.

4. Le mardi 17 avril 2012, 23:29 par yves cadiou

On peut certes, comme Jonathan Chibois (commentaire n°1 ci-dessus) dire qu’un texte se déroule de façon linéaire.

Mais le texte seulement et non les idées qu’il supporte parce que celles-ci sont foisde locuteurs, fait référence à des millions d’idées : par exemple lorsqu’on dit « le texte se déroule », on évoque les volumes antiques, les rouleaux sur lesquels le texte se déroulait autrefois (le mot « volume »onnantes et non linéaires. La plus simple formule, écrite ou parlée, semble toujours linéaire mais exprime quelque chose qui n’est pas linéaire parce que chaque mot, déjà utilisé des millions de fois par des millions lui-même évoque l’idée de tourner : voir les mots « volute » ou « évolution », qui sont cousins). Chaque mot lui-même est un composé (com-posé : posé ensemble) qui évoque plusieurs idées.

Alors oui, le texte est linéaire parce qu’on écrit chaque lettre l’une après l’autre, puis la plupart des lecteurs lisent les mots l’un après l’autre, souvent en subvocalisant comme appris à l’école primaire où l’on lisait à voix haute. Le texte est linéaire, c’est exact. Du moins il est linéaire dans le temps et c’est pourquoi je dis « l’un après l’autre » au sujet des composants du texte que sont les lettres et les mots.

Mais la pensée exprimée par le texte, elle, n’est pas linéaire. Même une phrase simple contient des centaines ou milliers d’idées dont son auteur lui-même n’a pas toujours conscience mais dont il ne pourra pas refuser la paternité. Nous n’avons pas toujours bien conscience de la quantité de sous-entendus contenus dans une phrase aussi bête, par exemple, que « demain il fera jour » ni même de la quantité de sous-entendus contenus dans un seul mot, ne serait-ce que par le seul fait d’en avoir l’usage ou non : oserais-je avouer qu’il m’a fallu chercher la définition de « maïeutique » dont j’avais oublié le sens ?

Enfin on aurait tort de ne pas s’interroger sur les langues qui ne s’écrivent pas de façon linéaire : dans quelle mesure les idéogrammes influent-ils sur la pensée ? Je ne lis ni ne comprends le chinois mais j’ai posé une question devant l’enseigne d’un MacDo à Paris 13° : restaurant (qui signifie exactement « remettant en condition ») s’écrit en chinois par deux idéogrammes accolés, maison-manger. C’est une autre logique.

Voici donc pour finir le mot « logique » qui vient opportunément : il provient de « logos », qui signifie langage. La pensée (plus précisément la réflexion abstraite) est inséparable du langage, parlé d’abord puis stabilisé par l’écrit.

5. Le mardi 17 avril 2012, 23:29 par JLL

La citation exacte et la source sont :

« Tant que je n'écris pas, je ne pense pas vraiment. »

Cité par Alain Peyrefitte "C'était de Gaulle".

Mais ça provient de mes notes de lecture avant que je sois devenu chercheur, aussi je ne peux te confirmer ni le tome ni la page !

6. Le mardi 17 avril 2012, 23:29 par yves cadiou

Dans mon commentaire précédent (n°4) un problème technique a esquinté le début. Voici ce que je voulais écrire : «… un texte se déroule de façon linéaire. Mais le texte seulement et non les idées qu’il supporte parce que celles-ci sont foisonnantes et non linéaires. La plus simple formule, écrite ou parlée, semble toujours linéaire mais exprime quelque chose qui n’est pas linéaire parce que chaque mot, déjà utilisé des millions de fois par des millions de locuteurs, fait référence à des millions d’idées :… »

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