1/ P. Champenois, dans quelles circonstances avez vous vécu à Djibouti ?
J'y ai servi au Groupement nomade autonome comme jeune officier de 1976 à 1978. En fait, ce n'est pas à Djibouti que je me trouvais mais en brousse, dans le Sud la première année et dans le Nord pendant la seconde.
2/ Est-ce vraiment un pays de "nulle part" ?
En toute franchise, je ne vois pas ce qu'est un pays de nulle part... C'est un pays dur, austère certes mais d'une beauté grandiose ; c'est aussi un carrefour de caravanes, l'accès à la mer de l'Ethiopie... Ce qui est certain, c'est que nous lui sommes tous restés profondément attachés...
3/ Le choix de l'aquarelle rend-il justement compte de ce désert apparemment si vide et pourtant si plein ?
Ce sera aux lecteurs d'en juger mais je l'espère de tout cœur car c'est certainement ce que j'ai cherché à faire !
4/ Quant au texte : des histoires, ou une histoire ? laquelle au fond ?
Pour écrire cet ouvrage, je me suis fondé sur deux principes intangibles : ne relater que des choses que j'avais vécues personnellement et respecter scrupuleusement la réalité. Ce sont des nouvelles, certes mais elles forment un tout qui tente de faire partager ce que nous avons vécu et l'enrichissement que nous en avons retiré. Par ailleurs, au delà des événements eux-mêmes, il y a ce côté intemporel qui est celui de la vie dans le désert.
Patrick Champenois, je vous remercie.
Et je ne résiste pas au plaisir de citer un court extrait de cette Chamelière de Bouya : "Nous étions, il est vrai, très isolés (...) Mais les puits où venaient s'abreuver les troupeaux, les gravures rupestres, les gueltas secrètes, les pluies rares et brutales qui gonflaient soudainement les oueds et les rendaient dangereux, le vent de sable qui desséchait tout, la chaleur brûlante de la mi-journée, la fuite d'une gazelle dans les épineux, les pistes chamelières serpentant entre les blocs de cailloux noirs, le thé partagé au point du jour avec un campement de passage ou les rochers de la frontière semblaient n’appartenir qu'à nous. Le vent de sable effaça la trace de nos pas".
O. Kempf
1 De -
Ah, les années soixante-dix ! J’aimerais demander à Patrick Champenois pourquoi il publie son œuvre seulement aujourd’hui et non dans les années soixante-dix ou quatre-vingts, lorsqu’elle était récente ?
égéa : j'aurais dû penser depuis longtemps que vous pouviez vous connaître.... Je lui pose la question et surtout vous mets en contact.
2 De P. Champenois -
La réponse est très simple. A partir de photos et croquis fait sur place, j'ai fait un jour des années 90 un petit carnet d'aquarelles qu'une amie artiste m'a conseillé de reprendre de façon plus élaborée, ce que j'ai fait. J'en ai fait un projet proposé à des éditeurs et l'un m'a recommandé d'écrire des textes pour mettre un peu de chair autour des os. Ce n'est que récemment que j'ai trouvé le temps de le faire.
J'avais conservé suffisamment d'archives pour retrouver des choses assez précises et au fur et à mesure que j''écrivais, les souvenirs revenaient...
Cordialement,
P. Ch.
3 De David -
Ah le bon temps des colonies ! Avec nos nouveaux dirigeants socialos, ce genre de nostalgie néocoloniale est à bannir.
4 De -
@Patrick Champenois. Merci de cette réponse. C'est vrai que les souvenirs appellent les souvenirs : l’on commence en supposant que l’on va se limiter à quelques pages mais à mesure que l'on rédige la mémoire fonctionne, en quelque sorte, de façon autonome.