1/ Constatons : avec GWB, l'Irak de Saddam Hussein a changé de camp : officiellement, ce ne sont plus des méchants. Et la Libye a cessé (à l'époque) de jouer au mauvais, au point de se réconcilier avec les Européens, sous bénédiction américaine. Les Britanniques oubliaient Lockerbie, et M. Kadhafi plantait sa tente sur les Champs-Élysées.
2/ Bon, c'était quand même toujours un bad guys, puisqu' il a chuté à l'occasion d'une révolte, appuyée par l'Otan.
3/ Mais les autres ? Regardez la Birmanie : un vent de changement, des élections, un prix Nobel qui entre au Parlement et hop, passez muscade, tout le monde se met en cœur pour oublier les sanctions.
4/ Corée du nord ? On essaye de nous dire que rien n'a changé, mais il n'empêche : à la suite de la succession, on voit bien un changement de style, avec plus "d'ouverture" et notamment la venue de plein de journalistes pour des lancements du fusée, et autres petits signes perceptibles. Oh! bien sûr, ce sont encore des grands méchants, mais vous allez voir que bientôt, on va nous expliquer qu'avec Kim, ce n'est plus pareil qu'avec Kim.
5/ L'Iran ? Heureusement, il y a toujours l'Iran, qui est toujours en tête des bad guys. Cela étant, à cause de la proximité de la campagne présidentielle, B. Obama a expliqué qu'il n'y aurait pas d'intervention militaire et l'avez vous remarqué : subitement, des onces d'ouverture et de négociation viennent de Téhéran : là-bas aussi il y a des luttes politiques intérieures qui expliquent bien des choses (tout comme la campagne électorale israélienne explique beaucoup les déclarations de Netanhyaou). Ahmadinedjad n'a plus le vent en poupe à l'intérieur, et donc il se fait discret à l'extérieur.
6/ Et puis il y en a un qu'on avait un peu oublié, et qui est au devant de la scène depuis quelques mois : il ne s'agit plus de contrôler le Liban, il s’agit cette fois de tenir sa population qui se révolte. La Syrie de Bachar Assad est devenue le bad guy 2012
7/ Cuba ? La transition entre Fidel et Raul se fait tranquillement, mezzo voce. Venezuela ? Chavez à le cancer. La Chine ? personne n'y pense sérieusement, ils sont trop nombreux avec une croissance trop importante. Mugabe ? Lui aussi est en fin de course. Le Pakistan ? on ne le dit pas encore.
Décidément, il y a moins de méchants, sur cette planète. Peut-être parce que la vraie loi n'est plus celle de "l'ennemi" et que la grammaire des relations internationales obéit à de nouvelles règles. Effet de la planétisation ? Transformation des conflictualités qui s'expriment dans de nouveaux champs ? Je ne sais. Je constate.
O. Kempf
NB : ces opinions n'engagent que moi et aucune des organisations pour lesquelles je travaille.
1 De -
Il n'y a plus de bad guys, c'est juste. Pour une partie, ils sont en fin de course. Ceci dit, il faut aussi prendre en compte l'aspect rhétorique: on évite d'amalgamer tous les adversaires dans la catégorie "ennemis irréconciliables qu'il faut dézinguer à tout prix"... Possible qu'il y ait une évolution de la grammaire des relations internationales.. Je renvoie à Bertrand Badie: http://www.editionsladecouverte.fr/... (petite interview de l'auteur ici: http://www.youtube.com/watch?v=OYis...)
Et puis, petit passage par Dario Battistella:http://editions.scienceshumaines.co...
2 De BJF -
Le Vrai Débat, que nous attendons tous désormais, entre Pierre Conesa et Olivier Kempf! Ou plusieurs débats?
égéa : eh! eh! organiste le....
3 De Midship -
ou alors, quand on a plus les moyens de puissance pour aller dézinguer les méchants, mais qu'on ne veut pas pour autant passer pour des faibles "qui ne font rien face aux méchants", on n'a plus qu'à dire que les méchants sont devenus gentils !