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Directeur de la sécurité stratégique

Les entreprises me semblent ne pas comprendre leur environnement stratégique. Et du coup, elles ont du mal à percevoir la montée en puissance des "directeurs de la sécurité stratégique". Celle-ci rappelle à maints égards la montée en puissance des "directeurs de la communication" dans les années 1980 : au point qu’aujourd’hui, elles n'imaginent plus vivre sans et se posent la question : comment faisions nous avant ?

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Il en sera de même des "directeurs de la sécurité", mais au spectre beaucoup plus large qu'aujourd'hui. Explications.

1/ En effet, un directeur de la sécurité stratégique n'est pas seulement le directeur "protection et sûreté" : celui qui était en charge de la protection des installations, autrement dit des gardiens. Fonction ultra dévalorisée. Ce n'est pas ce dont il s'agit.

2/ En effet, un directeur de la sécurité stratégique devrait avoir sous sa coupe :

  • un directeur des systèmes d'information : car le "système de commandement" de l'entreprise n'est pas une simple fonction technique, elle engage le fonctionnement de l'entreprise au moins autant que son organisation.
  • un directeur de la cybersécurité
  • un directeur de l'intelligence économique : veille stratégique et stratégies en environnement incertain
  • un directeur de la sûreté protection

3/ Un tel directeur doit avoir sa place au Comité exécutif : il participe autant à l'élaboration de la stratégie que le directeur de la production, le directeur financier, le directeur commercial, le DRH ou le DIRCOM. Il fait partie du top ten. Car au-delà de dix, on ne décide plus et on ne parle plus de stratégie.

O. Kempf

Commentaires

1. Le vendredi 4 mai 2012, 19:36 par Jean-Yves Euzenat

Vous écrivez : "Les entreprises me semblent ne pas comprendre leur environnement stratégique ...". Rassurez-nous : Etes-vous capables de comprendre ce qu'est une entreprise ?
Où est le directeur technique, pierre angulaire de l'innovation ?
Depuis quand un directeur commercial aurait négligé la connaissance de son environnement concurrentiel local, national voire le cas échéant, international et des acteurs d'influence.
En quoi le système de commandement serait réductible aux seuls systèmes d'information ?
En quoi les DP devenus DRH seraient devenus plus pertinents ?
Les entreprises, les armées, l'administration centrale, les collectivités territoriales croulent sous le poids des directeurs et sous-directeurs de tout poil ! C'est une des raisons principales de notre perte de compétitivité ...
J'admire la fécondité de votre pensée mais je m'inquiète que vous puissiez imprégner vos élèves et vos lecteurs avec de telles fadaises.

2. Le vendredi 4 mai 2012, 19:36 par chrile7540

Oui, moi-même chef d’entreprise, ancien militaire, j’ai vraiment découvert mon ignorance de l’entreprise!
Nous, militaires sommes très mal placé pour expliquer l’entreprise aux privés.
Plus technique : un dir cyber+ un dir SI+ un dir IE = bonjour les définitions de postes ou alors ne pas oublier un dir prises électriques...

Ce post est un peu de pub pour embaucher des stratèges soit disant spécialité d’un off sup ou général mais quand on ne sait pas faire un business plan ou un LBo on n’est stratège de blog pas plus.

3. Le vendredi 4 mai 2012, 19:36 par

Moi-même ancien militaire, je rajoute une louche au commentaire n°2 : sous l’uniforme nous sommes dramatiquement ignorants du fonctionnement de la société civile, pas seulement de l’entreprise. Il est grand temps que les écoles militaires prennent conscience de cette lacune et qu’elles y remédient.
Devenu fonctionnaire de préfecture après mon TC de capitaine puis plus tard fonctionnaire des collectivités territoriales, j’ai rapidement découvert mon ignorance administrative et juridique, puis politique. Au début j’ai pu survivre parce que des collègues ont bien voulu répondre à mes questions, ensuite j’ai passé des concours professionnels qui m’ont obligé à m’instruire méthodiquement et m’ont débarrassé de ma réputation d’ignorant.

.
Si les lieutenants et capitaines ne connaissent rien à la société civile, ce n’est pas trop grave parce que leur rôle est celui de spécialistes de la mise en œuvre des armes et de l’encadrement des hommes dans des situations difficiles. Dans leur cas, cette ignorance est seulement un mauvais début. Mais au contraire les officiers supérieurs et généraux sont au contact de la société civile et devraient la connaître : c’est pourquoi l'on doit dire que les sujets proposés au concours de l’EdG (et par conséquent le domaine de préparation qu'ils imposent aux candidats) sont inadaptés http://www.egeablog.net/dotclear/in... Les examinateurs de l’EdG sont eux-mêmes des officiers supérieurs et généraux : la cooptation ne favorise pas l’ouverture vers d’autres corporations.

Ce qui n’est pas favorable non plus, mais ça le commandement n’y peut rien, c’est le goût qu’ont les civils d’employer des termes guerriers : la stratégie d’entreprise, alors qu’il ne s’agit (je suppose) que de fixer les objectifs commerciaux et les moyens d’y parvenir (sans destructions physiques ni morts au vrai sens du mot, la différence n’est pas mince), est un de ces abus de langage à cause desquels les écoles militaires n’ont pas conscience de leur décalage.

4. Le vendredi 4 mai 2012, 19:36 par

@Jean-Yves Euzenat et @chrile7540: Et bien quelle véhémence! Si la prudence s'impose dans la possibilité de transférer les compétences/expériences du militaire au civil et du civil au militaire, c'est une dynamique incontournable. Ne serait-ce par l'existence d'une seconde carrière quasi systématique des militaires.

Ce billet a le mérite de poser la question suivante. L'aspect sécurité est-il vraiment pris en compte au plus haut niveau dans la stratégie d'entreprise?

Je ne vous ferai pas l'affront de citer les multiples faits d'actualité qui renforce cette interrogation, mais je constate que les domaines de la sécurité des approvisionnements, des personnels, la protections des compétences et secrets industriels forment un continuum qui ne possèdent pas d'intégration au sein de l'entreprise.

Surtout, dans un monde globalisé où les États en recherche de vertu budgétaire ne sont plus en mesure d'assurer la sécurité à tous les niveaux, cette fonction sera de plus en plus transférées vers le milieu privé (cf. la sécurité du transport maritime et la possibilité pour les armateurs d'utiliser des gardes privés armés).

Prétendez-vous que les entreprises sont d'ores et déjà préparées à la disparition du Léviathan qu'elles appellent de leurs vœux?

Pour avoir vécu quelques ResEvac (évacuation de ressortissants; comprendre principalement des travailleurs privés à l'étranger) brillamment menées par les armées, je ne partage pas votre cloisonnement de la question.

Avec la crise de la dette, je suis convaincu que les entreprises auront de plus en plus besoin des compétences que l’État sera forcé d'abandonner. A ce titre la proposition de M. Kempf, qui propose de relever le niveau de prise en compte des problématiques de sécurité mérite d'être examiné.

égéa : +1

5. Le vendredi 4 mai 2012, 19:36 par Jean-Yves Euzenat

@ OK et autres intervenants
Bonjour,
Ne vous méprenez pas ...Moi-même ancien militaire, je n'ai jamais douté de leurs capacités à s'insérer dans une entreprise ni même à devenir de brillants chefs d'entreprise. De même, les organisations institutionnelles ont beaucoup à prendre des meilleures pratiques des entreprises.
En revanche, je refuse la fragmentation à outrance des responsabilités (et des structures de gouvernance ...) au prétexte de nouvelles lunes à la mode. Il y a belle lurette qu'un directeur commercial digne de ce nom fait de l'intelligence économique (un des plus vieux métiers du monde ...), qu'un directeur technique compétent fait de la veille technologique, etc.
Les colloques et symposium qui théorisent à l'extrême sont de véritables plaies et l'utilisation à tort et à travers du vocable "stratégie" est une autre façon de se pousser du col. Ou comme dirait Stéphane Taillat, excellent en vérité, un élément de la stratégie bureaucratique.
PS : Si ce n'est déjà fait, courrez vite faire votre devoir de citoyen ...

6. Le vendredi 4 mai 2012, 19:36 par Pierre-Louis Lamballais

Bonjour,
Avis intéressant. Comme vous le savez, je ne suis pas militaire (juste un an avec ponpon rouge à Lann Bihoué), mais ancien sapeur-pompier volontaire et chef d'entreprise. Chez les sapeurs-pompiers, nous avons en permanence la démonstration de la difficile compréhension de l'entreprise par des gens qui n'y sont pas. Le sapeur-pompier professionnel fonctionne comme un militaire mais il est confronté à des problèmes "civils" et surtout à une collaboration obligatoire avec les "volontaires" qui eux baignent dans le civil, ce qui amène parfois des situations assez farfelus, tel que le gentil Sergent qui donne un cours de management des ressources humaines à un groupe de volontaire dont certains sont patrons de 30 ou 40 personnes...
Ceci étant, si ce billet pose une question intéressante, quid de la contradiction avec l'autre billet qui pose la question de savoir si la stratégie existe vraiment?
Et en fin de compte, est-ce que le travail stratégique de l'entreprise ne réside pas dans un effort de projection sur l'avenir, soit pour changer son action et aller de l'avant, soit pour ne pas y aller car la situation est potentiellement trop dangereuse?
Or,pour satisfaire cette analyse, l'entreprise ne dispose pas toujours des informations nécessaires. Elle est coincée entre les "fou de guerre" (les commerciaux prêt à prostituer leur chiens pour gagner des part de marchés), les réfractaires ("on vend ça depuis 15 ans, je vois pas pourquoi ça s’arrêterait") les techniciens "fous" (grand classique en informatique avec LA super routine qui sera fini demain).
100% d'accord avec JY Euzenat quand il dit "l'utilisation à tort et à travers du vocable "stratégie" est une autre façon de se pousser du col." Car ce qu'il faut, ce sont des données. Comme chez les militaires: avant d'y aller, il faut savoir ce que vaut l'autre mais aussi ce que l'on vaut. La stratégie sans informations, ça ne fait que brasser de l'air.

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