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Cinquantième année

La cinquantième année représente un tournant ; on regarde en arrière avec inquiétude pour mesurer le chemin parcouru, et l'on demande en secret s'il continuera à monter. Je revis en pensée le temps que j'avais vécu. De même que, de ma maison, j'embrassais du regard la chaîne des Alpes et la vallée qui descendait en pente douce, je contemplais ces cinquante années passées et je dus convenir que je serais impie si je n'était pas reconnaissant. Après tout, il m'avait été donné plus, infiniment plus que ce que j’avais attendu ou espéré d'atteindre. (...) j'étais demeuré libre et indépendant de tout emploi et de toute profession, mon travail était ma joie et plus encore, il avait donné la joie à d'autres.

S. Zweig, "Le monde d'hier", p. 414 (voir billet).

source

O. Kempf

Commentaires

1. Le dimanche 7 juillet 2013, 21:52 par Françoise

Je vous souhaite la même chose, Monsieur Kempf, et sans doute pouvez vous faire vôtres les mots de Zweig. (Heureux anniversaire)

Egéa : Merci.

2. Le dimanche 7 juillet 2013, 21:52 par Ph Davadie

Que d'allusions dans ton message !
Zweig, un des plus grands témoins de son époque.
Le palais du cinquantenaire à Bruxelles...

Joyeux anniversaire et bonne installation 

3. Le dimanche 7 juillet 2013, 21:52 par yves cadiou

Pour les capitaines en fin de TC qui, on le sait, lisent ce blog entre deux séances d'OS en vue du 14 juillet (peut-être les pékins excuseront-ils l'impolitesse de ces initiales volontairement ésotériques) et s'interrogent sur leur orientation après leur passation de commandement, il faut faire observer que la trentaine est la seule dizaine dont on ne parle pas.

Le langage est plein d'expressions toutes faites sur les dizaines, sauf trente. On dit : « c'est beau d'avoir vingt ans » ; « la quarantaine épanouie » ; « le démon de midi vers la cinquantaine » ; « sexagénaire, tout un programme pour la retraite ».

Mais rien sur la trentaine.

Dans cette absence je vois pour ma part (à la fois rétrospectivement et au regard des jeunes qui m'entourent) un signe de l'importance de cette trentaine : tant elle est problématique, on a peur d'en parler.

C'est l'âge où l'on s'aperçoit que l'on a réalisé, ou au contraire que l'on ne réalisera jamais, les projets d'ado pour lesquels on a pris des décisions et orientations vers l'âge de vingt ans. Trente ans, c'est l'âge où il faut trouver une nouvelle motivation après que celle de la décennie précédente, réalisée ou non, est devenue caduque.

C'est vrai partout et dans toutes les professions mais particulièrement vrai dans l'armée où la gestion des personnels vous écarte désormais (dans certains cas définitivement ; dans le meilleur des cas pour de nombreuses années), que vous le vouliez ou non, de ce qui avait motivé votre engagement : connaître ce que le vulgum pecus ne connaît pas, des situations extraordinaires où, face à l'ennemi dans des contrées hostiles vous seriez, en fait, face à vous-même.

Mais la trentaine vous impose d'admettre que ce temps est fini. Si vous refusez de l'admettre et donc d'en tirer les conséquences, alors vous risquez de louper la suite.

Cher Monsieur Kempf, ne croyez pas que j'ai voulu minimiser votre cinquantaine. Au contraire elle importe d'autant plus qu'elle est l'occasion de quelques observations que l'on espère utiles pour nos jeunes camarades.

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