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Courage intellectuel ?

Voici qu'on vient de me demander un article sur le courage intellectuel. Décidément, certains ont de drôles d'idée. D'abord de choisir ce sujet, puis de penser à moi. Bon, je ne vais pas l'écrire maintenant, mais jeter quelques idées, pour commencer la rumination.

ane_eleve.jpg source : où il est prouvé qu'un âne peut s'élever au-dessus des hommes pourvu qu'il soit lesté : n'est-ce pas ça, le courage intellectuel, celui qui permet de soulever des montagnes (à défaut des ânes) ?

En fait, (j'ouvre une parenthèse pour les candidats aux différents concours où on demande une composition écrite de trois ou quatre heures), ce billet retrace quasiment le style de démarche qu'il faut faire lorsqu'on a un sujet : on jette les idées sur un premier brouillon, sans idée de classement ni de logique : on opérera le tri plus tard, il s'agit pour l'heure de moissonner et de récolter. Je confesse que c'est plus rédigé que dans mes brouillons d'épreuve, où je laisse libre court à une explosion de pattes de mouche que j'ai moi-même du mal à déchiffrer. L’important est de s'y retrouver. Mais revenons à notre sujet.

1/ Le premier écueil, pour celui qui écrit sur le courage, consiste à surmonter la question implicite "qui es-tu, toi, pour écrire sur ce sujet? es-tu courageux ? ". Et comme c'est difficilement prouvable, puisqu'il s'agit quasiment d'un paradoxe sophiste (du style"Je dis la vérité" : si c'est vrai, je dois l'affirmer mais si je suis un menteur, je dois dire l'inverse de ce qui est vrai et donc dire aussi "je dis la vérité"), je suis gêné. Car soit je n'ai pas de courage intellectuel, et je ne suis pas audible. Soit j'en ai, et c'est impudique d'en parler... car notre goût français aime plus que tout le courage discret et quasi anonyme. Le vrai panache ne se montre pas. Mais du coup, et en passant, le courage intellectuel peut-il être discret ?

2/ Supposons donc surmontée cette difficulté, admettons donc qu'on tolère que j'écrive sur le sujet, à défaut d'être crédible. Ou encore, comme Rousseau qui donnait des conseils d'éducation mais était incapable de les appliquer à ses propres enfants : son mauvais exemple ne prouve pas que les principes qu'il énonce sont forcément mauvais.... Bref, admettons que j'écrive.

3/ Alors vient une difficulté : où classer ce billet sur le courage intellectuel? je regarde là, à gauche, dans la colonne des catégories qui permet au lecteur de s'y retrouver, et je ne vois nulle catégorie "courage". Nulle catégorie "qualité" ou "vertu". Et puisqu'il s’agit de courage intellectuel, nulle catégorie "débat intellectuel" ou "principes conceptuels" ou je ne sais quoi. De guerre lasse, puisqu'il faut bien choisir et que mettre ça sous "divers" serait, à coup sûr, un manque de courage intellectuel, je choisis de le placer sous "Commandement", parce que j'ai une catégorie commandement.

4/ C'est un choix. Une décision qui est, constatons-le, la première marche du courage, quel qu’il soit. On est courageux parce qu'on a décidé d'agir. Le courage est l'effet d'une décision dans certaines circonstances.

5/ évidemment, ce classement est immédiatement critiquable : commander est-il une affaire "intellectuelle" ? et le courage intellectuel se voit-il seulement dans le commandement ? à ces deux questions, il faut bien sûr répondre par la négative.

6/ Ce qui pose la question du "lieu" du courage intellectuel. Ce courage est intellectuel : est-ce à dire qu'il est un courage des idées ? un courage dans le monde des idées? un courage d'intellectuel ? Et en quoi peut-on être courageux dans le monde des idées ? Ou encore, le seul fait d'être intelligent est-il "courageux" ? est-ce parce que je suis en désaccord avec un environnement que je suis forcément courageux ?

7/ Le courage intellectuel réside-t-il dans la capacité à penser en dehors du champ ? ou à l'exprimer ? L'expression d'une dissonance, (pas forcément intellectuelle) est-elle forcément du courage ? mais alors, l'indiscipline est du courage ? Le courage intellectuel a-t-il forcément à voir avec la censure ? et quel type de censure ?

8/ Bon, je pose beaucoup de questions et apporte peu de réponses. Mais bien souvent, un problème réside non dans la réponse mais dans la façon de poser les questions.

9/ Vous me direz : "voilà une belle pirouette", et vous n'aurez pas tort. Parce qu'effectivement, j'apporte peu de réponses, pour l'instant. Mais je suis un âne, un ruminant, un ruminator, un diesel. Tiens, j'y pense, voici d'autres questions qui viennent : le courage intellectuel est-il fulgurant, est- il l'affaire d'un moment (comme on imagine aisément dans le cas du courage physique) ou est-il une durée, une permanence, une constance (mais résister à la torture suppose aussi du courage dans la durée...) ?

10/ Bien, voici donc plusieurs axes d'approche : sur l'acte de courage, sur l'auteur, sur le lieu, sur le temps. Nous y reviendrons....

Et oui, je sais, l'âne n'est pas un ruminant. Donc, il ne couve pas les œufs....

Pour les préparants, ceux qui veulent peuvent m'envoyer des propositions de plan en deux (courage) ou trois (conformisme) parties. Sujet : "Selon vous, le courage intellectuel est-il utile ?".

O. Kempf

Commentaires

1. Le lundi 16 juillet 2012, 20:45 par yves cadiou

Voilà un sujet qui est rigolo, alors je réponds aussitôt sans réfléchir parce que j’aime bien ce qui est rigolo.

Pour moi, tout ce qui est dit « intellectuel » doit éveiller la méfiance (et vous notez qu'il faut du courage mondain pour écrire ça) : discipline intellectuelle, courage intellectuel, intellectuel tout court, ce mot cache souvent quelque chose de malhonnête, ça sert à dorer une pilule.

Dixit wikipedia (copier-coller) : « Un intellectuel est une personne dont l'activité repose sur l'exercice de l'esprit, qui s'engage dans la sphère publique pour faire part de ses analyses, de ses points de vue sur les sujets les plus variés ou pour défendre des valeurs, qui n'assume généralement pas de responsabilité directe. »
C'est-à-dire quelqu'un qui fait pression sur les responsables (éventuels futurs coupables) mais qui n’assume pas de responsabilité directe : malhonnête, je vous dis.

Votre « on » qui a de drôles d’idées, ne voudrait-il pas tout simplement nous faire tailler un costard à Béachel ?

2. Le lundi 16 juillet 2012, 20:45 par LB

Pour alimenter la réflexion, il me semble qu'il n'y a de courage, "intellectuel" ou autre, que lorsqu'il y a risque. Le courage est toujours relatif a un contexte.
Et les risques peuvent évidemment être de nature fort variée.

3. Le lundi 16 juillet 2012, 20:45 par JLC

Des pistes pour contribuer à ta réflexion :

Courage intellectuel : oser dire à contre-courant de la mode et de la doxa, éventuellement en risquant de perdre le statut que l’on a, l’image que les autres ont de soi, c’est ne pas accepter pour acquis ce qui est asséné y compris par une autorité.

C’est dire quelque chose qui remet en cause son propre statut ou celui de la collectivité à laquelle on appartient. Le courage intellectuel peut mettre en valeur un courage momentané ou plus long ( pour éviter durable). Il peut avoir à faire avec la notion de cohérence. Le courage intellectuel peut surprendre (lien avec la stratégie) il ne favorise pas l’économie des forces de celui qui en fait preuve puisqu’il génère des attaques de la part des partisans de la doxa.

Quel rapport entre le courage intellectuel et le courage physique ?

Quand peut-on exercer son courage intellectuel ? exercer au sens de l’exercice préparatoire, du drill ? exercer au sens de mettre en œuvre ?

Le courage intellectuel entre le chef et le subordonné, entre les pairs

Y-a-t-il lieu d’exercer le courage intellectuel s’il y a un environnement de bienveillance ?Donc courage intellectuel s’il y a opposition

4. Le lundi 16 juillet 2012, 20:45 par Jean-Marc

Peuples! écoutez le poète ! Ecoutez le rêveur sacré ! Dans votre nuit, sans lui complète, Lui seul a le front éclairé (Victor Hugo)
Quel rapport avec le courage intellectuel ?
Voici, trop rapidement sans doute, une petite contribution.

Pour commencer, je pars de la définition de JLC : le courage intellectuel (CI) c'est oser dire contre la doxa, au risque de perdre sa position. J'ajoute néanmoins un élément : c'est oser dire quoi ? La Vérité bien sur !
La définition du CI devient donc : le courage intellectuel consiste à dire, avec constance et désintéressement, le Bien Commun au risque de déplaire aux tenants de l'intérêt général.

1- Bien Commun, intérêt général et intérêt particulier
L'intérêt général est un intérêt statistique ... j'allais dire démocratique. C'est l'intérêt du plus grand nombre. C'est la doxa. On comprend bien dès lors qu'il n'y a aucun CI à dire ou à défendre ce que tout le monde pense. Exemple : cas d'un politique qui veut plaire, se faire élire ; la démagogie est le contraire du CI.
L'intérêt particulier, c'est mon intérêt. Quel est il si je suis carriériste ? c'est de répéter et défendre l'opinion de mon chef, même si je ne suis pas d'accord avec elle. Cela peut être de la loyauté dans le meilleur des cas, mais aussi de la lacheté. Pas de CI donc encore dans ce cas là.
Le Bien Commun, c'est la Vérité (version Platon). Lorsque le Bien Commun s'oppose à l'intérêt général, cad lorsque la Vérité s'oppose à la doxa, alors oui, il est là le CI pour dire la Vérité.

Reste à définir la Vérité, ce qui n'est pas une mince affaire. Ponce Pilate n'a d'ailleurs pas obtenu de réponse à sa question au Christ : "Mais qu'est-ce que la Vérité ?"

2- Le CI, c'est la défense du Bien Commun, cad de la Vérité, avec constance et désintéressement, quelles qu'en soient les conséquences.
On a vu que dire qu'on n'est pas d'accord n'est pas nécessairement du CI:
Si l'on n'est pas d'accord uniquement pour défendre son intérêt particulier, c'est de l'égoisme.
Si l'on n'est pas d'accord, par principe, c'est de l'orgueil.
Si l'on n'est pas d'accord parce qu'on sait que son chef n'est pas d'accord, c'est ou bien de la loyauté, ou bien de la lacheté.

Le CI serait donc cette vertu, ce ressort, qui m'invite à dire que je ne suis pas d'accord avec ce qui est dit, car j'estime, de manière honnête et désintéressée, que ce qui est dit est contraire au Bien Commun, à la Vérité.

Enfin, et pour répondre à la question initiale : dire la Vérité, est ce utile ? Non, ce n'est pas utile. Oui, c'est un devoir, c'est indispensable pour la survie de notre société et pour notre liberté. En effet, une société sans CI court vers le totalitarisme dont on connait les effets liberticides (qu'il soit de droite ou de gauche). Sans CI, une société se condamne à mort, nous devenons des bêtes.
Notre dernier rempart : le poète et son front éclairé ?

égéa : merci pour ces aperçus. Bien sûr, l'articulation entre utilité et devoir, et la question du totalitarisme (ou de toute oppression).

5. Le lundi 16 juillet 2012, 20:45 par filou1802

Lien entre courage intellectuel et courage physique...
Avant le courage intellectuel je placerai le refus de l'indifférence, qui est d'abord une position de l'esprit pouvant éventuellement être communiquée par divers moyens...
Albert Camus, cité en préface du livre d'un ancien officier parachutiste disait à peu près: "l'insurgé, qui, dans le désordre de la passion, meurt pour une idée qu'il a faite sienne est en réalité un homme d'ordre car il a conformé sa conduite à ce qu'il croit vrai. Celui qui fait ses trois repas par jour, a placé sa fortune en valeurs sûres et rentre chez lui dès qu'il y a du bruit dans la rue, ne serait qu'un homme de peur et d'épargne, ce qui par indifférence autoriserait...injustices..."
En cours du soir, je suis tombé une fois sur le texte d'un militaire russe:
"Ne te méfies pas trop de tes amis, ils ne pourront au pire que te trahir. Ne te méfies pas trop de tes ennemis, ils ne pourront au pire que te tuer. Mais méfies-toi des indifférents, car grâce à eux, chaque jour sur la terre, des milliers de personnes sont tuées ou trahies"
Indifférence est mon mot russe préféré: se prononce "ravnodoucha" (ravno=régulier, juste... et doucha= l'âme) et mot à mot signifierait âme régulière.
On devine par delà l'attitude stoique de celui qui ne se laisse pas influencer, qui essaie d'être "juste"
Indifférence est aussi le titre d'une belle valse italo-tsigane. Voyager nous aide à trouver des affinités et l'on s'apperçoit aussi que les valeurs de courage sont universelles. Le courage aiderait au lien entre les humains.

L'émission sur les rebelles du foot d'eric Cantona (certains vont sourire mais il faut vivre avec son temps) laissait par moments entrevoir ce resserrement des liens humains grâce au courage
Le courage se définit aussi par rapport à un déséquilibre entre ce que l'on a gagner ou préserver et ce que l'on a à perdre, du déséquilibre du nombre d'adeptes de deux idées contraires ou pour le moins différentes,et autres déséquilibres...

6. Le lundi 16 juillet 2012, 20:45 par yves cadiou

C’est une question qu’il serait dommage de traiter en seulement trois ou quatre heures et d’enfermer dans un plan. Par conséquent ce qui suit sera sans plan. Après y avoir réfléchi pendant trois jours (de façon discontinue quand-même) je vous indique immédiatement ma conclusion : le courage intellectuel, ça n’existe pas.

Non, je blague : je disais ça pour attirer l’attention de ceux qui somnolent, là-bas au fond, sous prétexte que c’est les vacances.

D’abord, la question du courage (on verra l’intellectuel après : ne pas tout mélanger). Quand on s’adresse à des militaires, ceux-ci pensent au courage qui consiste à surmonter sa peur, à prendre un risque parce qu’on estime qu’on doit le prendre. Un risque dont on est conscient, sinon ce n’est pas du courage c’est de l’inconscience.

Je trouve pratique, quand je m’interroge sur le sens exact d’un mot, de passer par ses contraires : la lâcheté est le contraire du courage mais aussi la paresse est le contraire du courage. La paresse intellectuelle, ça existe : par exemple le conformisme mais aussi la négligence ou le manque de curiosité sont des formes de paresse intellectuelle.

En parlant de paresse je veux dire que le courage ne se rapporte pas toujours à un risque : un timide fait preuve de courage lorsqu’il surmonte sa timidité, de même un paresseux lorsqu'il surmonte sa paresse, mais il n'affronte aucun danger.
N’oublions pas que le mot courage fait référence au cœur, au sens où l’on met du « cœur à l’ouvrage ».

Autre cas de courage : nier l’évidence. Le gars qui affirme que la Terre est ronde, alors que tout le monde sait qu’elle est plate et que Rome est au centre, fait deux choses sans le savoir : non seulement il prépare un siècle de désordres mais surtout (et l’on doit lui en savoir gré : merci Copernic) il remet notre sujet à un bon niveau alors que je commençais à bifurquer vers des voies manquant de noblesse : paresse, timidité, négligence.

Quant à Galilée, qui pense comme Copernic, il est obligé de participer à notre débat. Galilée tient compte de ce qu’il a vu avec sa lunette : les bateaux qui approchent montent derrière l’horizon et apparaissent d’abord par le haut de leur mâture et de leurs voiles. Galilée risque d’être mal considéré en disant ça, alors il cesse de le dire, il continue d’enseigner le système de Ptolémée tout en taisant sa préférence pour Copernic : tant pis pour ceux qui n’ont pas compris que celui qui est le premier à identifier un bateau par ses voiles devine quelle sera l’évolution des cours de bourse dans les heures qui suivent. Galilée a été intelligent de ne pas insister sur sa découverte, qui est pourtant un début de preuve, et l’on ne peut pas lui reprocher d’avoir manqué de courage intellectuel : ce courage était inutile.

Le courage consiste donc à surmonter un obstacle : la peur, la paresse, la timidité, les conventions (ces quatre termes seraient encore de beaux sujets de réflexion en eux-mêmes). Il faut maintenant se demander en quoi ça concerne l’intelligence.

Et là je bloque un instant parce que je ne sais pas ce que c’est. Mais heureusement, je ne partage pas le scrupule d’Olivier Kempf quand il dit « qui es-tu, toi, pour écrire sur ce sujet ? » : c’est sans vergogne que j’écris sur ce que je ne connais pas. Par conséquent je me demande quel est le rapport entre le courage et l’intelligence ? Entre le cœur et l’intellect ?

Pour s’en sortir, il faut passer par la paresse intellectuelle qui, elle, existe (là je connais). Le courage intellectuel serait donc la capacité à surmonter un obstacle qui s’oppose à l’intelligence.

Hmm’ouais, trois jours pour arriver à ça, ce n’est pas formide mais je n’ai pas mieux. Cette question du courage intellectuel, c’est le mariage de la carpe et du lapin : on essaye de concilier l’inconciliable. Ma première intuition (commentaire n°1) était donc bonne : l'adjectif "intellectuel" sert à enjoliver des mots peu considérés comme le courage ou la discipline.
J’en ai parlé à mon boucher, il m’a confirmé : le cœur et la cervelle, ce ne sont pas du tout les mêmes abats.

Je vous déconseille ce genre de conclusion dans un concours où le jury se prend au sérieux.

7. Le lundi 16 juillet 2012, 20:45 par yves cadiou

Le courage intellectuel est au courage ce que les spéculations intellectuelles sont à la spéculation. D’accord ça ne veut rien dire mais ça a de l’allure si vous arrivez à le placer dans la conversation avec le ton sentencieux qui convient.

égéa : ^^^^

8. Le lundi 16 juillet 2012, 20:45 par filou1802

Intellectuel quésaco? Je repense aussitôt au seul sujet de philosophie de terminale dont j'ai retenu "quelque chose". Claude bernard dans "introduction à la médecine expérimentale" disait en très résumé : l'observation suggère l'hypothèse qui à son tour dirige l'expérience. Avancée de la science pas à pas grâce à de nouvelles idées vérifiées. Certes la science peut parfois avancer à grands pas avec de nouvelles théories qualifiées parfois de "révolutionnaires"
L'intelligence n'est pas seulement scientifique: c'est d'abord une compréhension des "rapports" entre des éléments animés (êtres vivants) ou inanimés (objets, matières...), des "mécanismes" régissant leurs "relations"
Le courage (je ne suis pas combattant) peut aussi dans certains cas être un combat pas à pas, seconde après seconde, et peut-être dans les conditions les plus extrèmes (camps....) essayer de rester humain.
Le courage intellectuel serait la conjonction du courage et de l'intelligence pour un but commun, sans forcément intervenir à la même vitesse, ni dans d'égales proportions. On peut se battre longtemps pour une seule et même idée, parfois en vain.
Le courage intellectuel n'est pas forcément couronné de preuves irréfutables. Le courage fait référence à un combat et dans un combat surviennent parfois des imprévus y compris la chance. Il paraît que des découvertes sont aussi accomplies à la suite d'un évènement qui s'écarte de la normalité.
Courage et intellectuel sont en partie incompatibles: le courage fait référence à la volonté, à l'envie de faire qui ne sont pas mesurables alors qu'intellectuel évoque la notion de preuve ou de phénomène reproductible: "l'intelligence est une machine à fabriquer des systèmes d'abstraction" disait Delacroix.
Néanmoins on retrouve dans ces 2 termes la capacité d'adaptation face à un obstacle, fût-il figuré ou abstrait, y compris ses éléments "imprévus".
Il y a une part d'inné et d'acquis dans le courage et l'intelligence, peut-être aussi car leur association bien dosée renforce la faculté d'adaptation
D'après le professeur Laborit un rat soumis à un stress répété peut réagir de trois manières: la fuite, l'inhibition ou l'agressivité.
Dans un combat d'idées, l'adulte humain pourrait réagir par indifférence, conformisme-mimétisme ou combat-courage intellectuel si l'on s'inspire des réactions de l'animal...mais c'est probablement un peu moins simple

9. Le lundi 16 juillet 2012, 20:45 par yves cadiou

« Quand on coupe la tête à un intellectuel, il meurt » (François Cavada).
Je ne sais pas pourquoi j’ai de la difficulté à prendre ce sujet au sérieux.

egea: peut-être pas sérieux mais il vous inspire...
10. Le lundi 16 juillet 2012, 20:45 par oodbae

C'est l'histoire d'un journaliste qui est interviewé au grand journal.
Ali Badou: " racontez-nous, Jean-Mi, ce que vous avez vu.
Jean-Mi:" C'était atroce, les trois individus tenaient la fille, pendant que les deux autres la maltraitaient. C'était un tel déferlement de violence sur une simple femme, un tel spectacle d'horreur, je ne pouvais pas en croire mes yeux."
AB:" Les agresseurs portaient un uniforme de la police?"
Jean-Mi:" Je n'ai pas remarqué d'uniforme, non, c'est un détail secondaire que j'ai négligé dans le feu de l'action".
AB: " vous n'avez donc pas pu constater si ils étaient de la police, déguisés en civils."
Jean-Mi:" non, Ah, voire ca de ses propres yeux, ca fait un choc, je peux vous dire, même plus, ca traumatise."
AB:" Et vous n'avez pas essayé d'intervenir?"
Jean-Mi: " Vous êtes fou?!Ils m'auraient brutalisé, tabassé, roué de coups. non, je ne pouvais rien faire, parce que je devais pouvoir raconter ensuite, je devais me garder en vie pour pouvoir attirer l'attention sur cette violence qui sévit dans cette ville, en ce moment, aujourd'hui!"
AB: "Vous aviez peur des représailles"
Jean-Mi: " peur, non, mais j'ai envisagé, oui, mais pas peur, non, vous savez, pour durer dans ce métier, il faut une qualité, du courage intellectuel."

égéa : ^^

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