Aller au contenu | Aller au menu | Aller à la recherche

Le collégien et le financier

Petite fable sur les taux, par BQ que je remercie...

source

Cette semaine, après une matinée sur "Les dessous de la crise" dans sa classe, un collégien d'été s'approche de l'intervenant, spécialiste des marchés financiers.

  • - "M'sieur, nous allons connaître un avenir difficile, avec toutes les dettes de notre Etat, hein?"
  • - "Oui mon garçon, les intérêts et les capitaux à rembourser sont astronomiques"
  • - "J'entends à la TV que les taux d'intérêt n'ont jamais été aussi bas pour la France; ils disent aussi que la courbe des taux a une pente très faible, du court terme au long terme"
  • -" Exact. Je constate que tu t'informes bien, tu réussiras certainement dans les études"
  • - "Ils disent aussi que le prix des obligations évolue en sens inverse du niveau des taux du moment"
  • - "Tu envisages de travailler plus tard dans la finance de marché?. Cela ne fait pourtant plus rêver les jeunes de ton âge!"
  • - "Je me demande pourquoi l'Etat ne rachète pas des dettes de maturité égales ou inférieures à 10 ans; aux prix actuels, il gagnerait beaucoup d'argent, si bien sûr en échange il mettait en circulation des obligations d'échéances bien plus longues. Il remettrait à plus tard les échéances de remboursement final, et aurait plus de temps pour pouvoir régler les problèmes. A la maison, Papa et Maman font cela avec les banques pour leurs crédits, ils appellent même cela "restructuration positive""
  • - "Oui, c'est vrai. Mais, enfin quand même, cela reporterait les problèmes sur les générations comme les tiennes!"
  • - "Ils nous parlent aussi dans les journaux d'une, voire de deux décennies perdues. Si on ne peut pas passer ce cap, nos générations pourront encore moins aller mieux plus tard! En cours d'histoire -j'en ai encore au collège- et de biologie, ils nous disent que les saignées successives pratiquées à l'époque pour soigner, cela finissait mal en général"
  • - "Heuh, ça marche bien pour tes parents le rééchelonnement de leurs emprunts?"
  • - "Ben oui. Alors pourquoi l'Etat chez nous ne fait pas la même chose?"
  • - "En fait, je dois....y aller. Continue à bien étudier mon garçon, et concentre toi sur les exercises du programme de cette année!"

Commentaires

1. Le samedi 25 août 2012, 20:35 par yves cadiou

Oserai-je avouer que je n’ai rien compris à cette histoire ? Oui j’ose, et ce afin d’encourager les commentateurs potentiels intimidés par le haut niveau de ce blog : mon commentaire montrera qu’il n’est pas nécessaire d’être expert ni d’avoir tout compris pour produire un commentaire qui, peut-être, contiendra qqch d’intéressant. Et si ce n’est pas intéressant, le lecteur se sent d’autant moins obligé de lire qu’il n’a même pas dépensé un nanocentime pour acquérir le droit de lire.

Je me demande si ce fabliau en prose nous parle de la dette de la France ou nous parle des profs qui, comprenant moins bien que leurs élèves, se contentent d’enseigner sans comprendre et se refusent à s’écarter d’une ligne du bouquin de cours préconisé par l’Autorité supérieure.

Concernant la dette de la France, j’ai tout compris bien que je ne sache même pas compter. Alors je vous explique, à ma façon.
Quand j’étais petit (pas si petit que ça : dans les années soixante-dix), on parlait beaucoup de l’inflation monétaire. Elle était couramment « à deux chiffres », oscillant entre 10 et 15% par an, grimpant parfois à 18% par an. Pour les gens dont la rémunération était indexée sur l’inflation (c’était le cas général, avec plus ou moins de retard et plus ou moins de grèves), emprunter à taux fixe était intéressant parce que les mensualités devenaient de moins en moins lourdes à mesure que le temps passait.
On nous parlait déjà de « crise » mais ce système favorisait les achats à long terme (logements, biens d’équipement) et par conséquent l’activité. Les exportations également étaient favorisées parce que notre monnaie était peu cotée et donc nos produits relativement peu chers sur les marchés extérieurs.

Nos dirigeants de l'époque, pour des motifs que je n’ai jamais bien compris (idéologie, placements personnels hors de France, pression des intérêts étrangers, intérêt national qu’ils comprenaient mieux que moi, je ne sais pas) voulaient réduire l’inflation et disposer d’un « franc fort ».
Pour essayer de nous convaincre, alors qu’on s’en foutait parce que les prix chez nous restaient abordables, l’argument était qu’avec un franc fort la France serait forte. Et puis avec un franc fort chacun de nous serait libre d’acheter des produits étrangers sans être bloqué par le prix, d’aller en vacances hors des frontières (l’été à Djerba, l’hiver à Zermatt) pour des tarifs plus intéressants qu’avec un franc faible. D’ailleurs on allait baisser les droits de douane pour que nous soyons plus libres d’acheter des voitures allemandes et de l’électronique japonaise : vive la liberté.
Curieusement, ceci ne donnait lieu à aucune discussion dans le monde politico-médiatique qui, je suppose, se laissait intimider par les technocrates.

D’autant qu’à partir de la hausse du pétrole en 1974, les faits semblaient donner raison aux technocrates parce que notre parc électronucléaire et hydroélectrique était insuffisant et parce que le prix du pétrole se répercutait principalement sur des secteurs visibles : le chauffage et le carburant pour la voiture.

Pour remédier à ces hausses et boucler son budget, la France ne s’endettait pas parce que le Gouvernement, qui avait autorité sur la Banque centrale, « faisait marcher la planche à billets », c’est-à-dire que le déficit budgétaire était financé par l’inflation au lieu de l’être par l’emprunt.

De nos jours et surtout depuis l’euro ce n’est plus possible parce que, sous prétexte d’ « indépendance de la Banque centrale », le Gouvernement démocratiquement désigné n’a plus autorité sur la monnaie. Son seul recours se résume en une alternative : emprunter, ou diminuer les dépenses donc ralentir l’activité. Alors on emprunte.

Finalement l’inflation d’autrefois, et surtout la soumission de la Banque centrale au pouvoir démocratiquement désigné, ça permettait de résoudre les problèmes de façon pragmatique sans hypothéquer l’avenir.
Mais j’admets que je n’y connais rien.

Ajouter un commentaire

Le code HTML est affiché comme du texte et les adresses web sont automatiquement transformées.

La discussion continue ailleurs

URL de rétrolien : http://www.egeablog.net/index.php?trackback/1511

Fil des commentaires de ce billet