Aller au contenu | Aller au menu | Aller à la recherche

Industrie de défense et posture stratégique

Allez, on recommence à avoir un peu de temps pour réfléchir. Et je reviens sur un sujet qui avait fait l'objet, il y a un ou deux fois trente-trois ans, de mes premières études stratégiques, l'industrie de défense. C'est lorsque j'étais économiste, c'est vous dire. Premier billet d'une série, mais je n'en connais pas le terme, car je n'ai pas terminé.

source.

I L’industrie de défense n’est pas une industrie « normale ».

  • - Elle n’obéit pas aux canons de la « concurrence pure et parfaite » : très peu d’acteurs industriels, très grosses barrières à l’entrée, très peu de clients, grosses dimensions politiques et de dessous de table, etc.
  • - Elle touche de près aux impératifs de souveraineté : l’indépendance stratégique est aussi une indépendance industrielle.
  • - C’est une industrie qui est très souvent de haute technologie

Conséquences immédiates :

  • - Les canons de l’économie libérale ne s’appliquent pas entièrement et les États voudront toujours conserver un contrôle sur ces industries :
    • soit par le biais de l’actionnariat (cf. Les réticences actuelles de l’Allemagne et de la France à la fusion EADS BAe : une golden share ne suffit pas forcément à garantir cet aspect politique)
    • soit par le biais de la prise de commande (cf. les réactions américaines qui expliquent à BAe que si l’entreprise fusionne avec EADS, elle ne pourra plus être cliente privilégiée etc. ; cf. aussi le contrat de l’avion ravitailleur, initialement remporté par Airbus, puis déclassé pour que Boeing le remporte).
  • - Cette industrie est duale (militaire et civile) ce qui complique les choses :
    • puisque deux logiques se mêlent (nécessité politique, profitabilité économique)
    • par rapport à deux types de biens (civils et mili) et deux types de clients (privés ou publics).
  • - Enfin, une contradiction persistante entre le besoin national et la coopération internationale (que ce soit pour la fabrication ou la vente) a eu dans l’histoire des réponses différentes et toujours imparfaites.

Conclusion partielle :

La théorie néo-libérale bannit la notion de « politique industrielle ». Pourtant, s’il est un domaine où une politique industrielle peut (et doit) s’exercer, c’est celui de l’industrie de défense.

O. Kempf

Commentaires

1. Le mercredi 26 septembre 2012, 22:14 par Midship

Attention toutefois à ne pas trop idéaliser l'économie "normale" : elle est aussi alambiquée et "souverainisée" ... Combien de futurs anciens candidats à telle ou telle élection se succède chez le premier fabriquant de godasse venu à l'heure des licenciements annoncés (et du prime time de TF1) ?

En réalité, l'ensemble de la science économique (j'ai du mal à survivre au ridicule qui m'assaille lorsque j'écris ces deux mots l'un à côté de l'autre) est basé sur deux théories : la concurrence pure et parfaite, et le principe de l'agent économique raisonnable. Or, et il me semble ne pas avoir besoin de le démontrer ici tant l'évidence est criante, aucun de ces deux principes de base n'est jamais totalement réuni. Jamais. Nulle part. L'économie, dès lors, ne permet que de se demander ce qu'il se passerait si ... Un peu comme la science de l'aérodynamique chevaline permet de savoir combien il faut de plumes à un cheval qui sortirait d'un œuf pour voler. Très technique, sûrement passionnant, mais fondamentalement inutile. C'est en tout cas ce que je retiens de mes 7 années d'éco !

Ajouter un commentaire

Le code HTML est affiché comme du texte et les adresses web sont automatiquement transformées.

La discussion continue ailleurs

URL de rétrolien : http://www.egeablog.net/index.php?trackback/1544

Fil des commentaires de ce billet