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Franco-russe (1/2)

A l'heure des diagnostics de toute sorte et alors que tout le monde regarde les États-Unis, élections obligent, faisons un peu de contre-programmation et regardons les relations Franco-russes, d'un point de vue géopolitique. Billet à suivre d'un second qui envisagera les options stratégiques.

source

I Racines géopolitiques de la relation franco-russe

La France n’a vraiment découvert la Russie qu’en lui faisant la guerre, à partir du XVIIIème siècle : une victoire et une retraite plus tard (Austerlitz puis la campagne de 1812 puis l’occupation de 1814), la question russe élargissait définitivement l’horizon géopolitique de la France, à peu près simultanément d’ailleurs avec la découverte de la question américaine, en 1776.

Cela permit surtout à la France de renouveler l’alliance de revers qu’elle avait déjà pratiquée au XVIème siècle contre les Habsbourg. Cette fois, l’alliance franco-russe vise initialement (à la fin du XIX° siècle) à contourner l’Allemagne, et sert de base à la Triple Entente qui ouvre la Première Guerre mondiale. Celle-ci cause la fin des tsars et donc la rupture de l’alliance, mais la France n’en gardera pas rigueur à Moscou. En effet, la fascination idéologique pour le communisme va s’exercer pendant l’entre-deux guerres, et explique la grande tolérance pour la Russie soviétique. L’alliance se retrouve pendant la guerre (après 1941) et à l’issue, De Gaulle chercha toujours un dialogue particulier afin de trouver une troisième voie entre les deux grands.

A la différence de bien d’autres pays européens, la France n’a jamais vraiment craint la Russie : elles sont toutes deux de grands pays par la taille ce qui encourage une même façon d’envisager les situations (ce qui passe notamment par une centralisation du pouvoir), toutes deux ont une vision mondiale avec des ambitions qui se sont rarement heurtées directement, enfin la Russie est trop lointaine pour constituer une menace directe. Ceci explique la volonté constante de la France de trouver en Russie un appui, pour contrer un adversaire ou pour renforcer une position. Ce fut d’abord tourné contre l’Allemagne, puis plus récemment contre l’Amérique.

II Perspectives

Aujourd'hui, la relation franco-russe apparaît comme une matrice possible d’organisation européenne : en effet, elle exploiterait la continuité continentale dans le nouvel ordre du monde en train d’apparaître, alors que les liens transatlantiques sont en train de se détendre. Ainsi, la France a toujours considéré que la Russie appartenait à l’Occident, que celui-ci ne se résumait pas à l’Europe et aux États-Unis, et qu’à l’axe euro-atlantique répondait un axe « de l’Atlantique à l’Oural ». Dès lors, on comprend mieux la facilité avec laquelle le président Sarkozy a joué les bons offices au moment du conflit russo-géorgien en 2008, ou a accueilli assez favorablement (mais sans donner beaucoup de suite) la proposition Medvedev d’une nouvelle approche de la sécurité européenne.

Ceci explique enfin que la France n’ait pas hésité à vendre des bateaux de projection et de commandement (type Mistral) à la Russie, au grand dam d’autres nations européennes, surtout les plus voisines de Moscou. Ajoutons qu’à la différence d’autres pays européens, la France ne dépend pas majoritairement de l’énergie vendue par la Russie : cela lui donne une liberté réelle et le moyen de résister à des pressions russes lorsque Moscou veut utiliser l’arme énergétique. D’ailleurs, pour exploiter le gaz en provenance d’Asie centrale, la France privilégie plutôt le gazoduc Southstream (piloté par Moscou) par rapport au tracé turc. Toutefois, Paris n’est pas favorable à l’entrée d’investisseurs russes dans le capital d’Areva.

Pour chacun, la relation avec l’autre sera toujours un deuxième choix, un second best. Les Russes privilégieront toujours la relation bilatérale avec les États-Unis dans le cadre de leur relation globale avec l’Occident, et l’Allemagne dans le cadre de leur relation avec l’Europe. De même, la France choisira toujours un grand allié européen (Grande Bretagne ou Allemagne) avant de se tourner vers la Russie, qui n’apparaîtra jamais que comme un complément : heureusement, elle n’est plus isolée comme elle put l’être à la fin du XIXème siècle, lorsque l’alliance franco-russe apparut comme un soulagement géopolitique majeur.

(à suivre)

O. Kempf

Commentaires

1. Le mercredi 10 octobre 2012, 22:18 par

Bonjour,

Si je puis me permettre (bon je me permets pour la bonne cause), les premières relations franco-russes remontent au... XIème siècle! Avec l'envoi d'Anne de Kiev à la cour du roi(telet) Henri Ier de France pour procéder en bonne et due forme à un mariage en règle. Cette union fut précédée par l'envoi d'une délégation du roi de France à la cour du Grand-Prince de Kiev composée de Gauthier, évêque de Meaux, Roger II, évêque de Chalans et de Gosselin de Chauny, tous hommes de confiance et fins diplomates. Les croisades puis l'invasion Mongole romperont les liens fragiles entre les deux entités.
Effectivement si l'on est plus pragmatique, il faut attendre l'avènement de Pierre le Grand (1672-1725) pour que les liens soient renoués. Durant par ailleurs le contexte de la Guerre du Nord, qui demeura peu connue des Français sauf de quelques uns dont Voltaire qui consacra un ouvrage au roi Suédois Charles XII, adversaire du souverain Russe de même qu'une Histoire de l'empire de Russie sous Pierre le Grand. Avec même sa venue à Versailles où il manifesta son désintérêt pour les choses philosophiques mais s'enthousiasma pour tout ce qui se rapportait aux dernières techniques civile et militaire.

Anecdote : Abraham Hannibal, arrière-grand-père Africain (origine indéterminée, on évoque souvent l'Éthiopie mais d'autres recherches penchent vers le Cameroun ou Tchad) du grand écrivain Alexandre Pouchkine fut sommé de s'exécuter par le souverain Russe d'étudier pendant six années à Paris, à l'école d'artillerie. Études qui seront mises à profit dès son retour au pays puisqu'il dirigea la construction du canal de Kronstadt, matérialisant de cette manière le savoir-faire Français en construction et fortification.

Pour la question d'AREVA, il est nécessaire de se souvenir que Siemens, ex-partenaire et actionnaire de la co-entreprise AREVA NP, s'est désolidarisé en 2009 du Français pour se rapprocher... d'ATOMENERGOPROM! Peter Löscher savait ce qu'il faisait et avait déjà de la suite dans les idées au moment d'annoncer le retrait de sa société tout en renforçant un concurrent de son ex-allié. Toutefois, il a été conclu me semble-t-il en juillet dernier un accord de coopération entre ROSATOM (l'agence fédérale du nucléaire en Russie) et AREVA. Preuve que les portes sont ouvertes, ou a minima, entrouvertes.

Sinon, de ce que j'observe, les Russes ont plutôt en ce moment tendance à privilégier les accords avec des partenaires Asiatiques. C'est assez manifeste depuis plusieurs mois, et le sommet de l'APEC ne m'a aucunement démenti sur plan (il se déroulait qui plus est à Vladivostok). Pour en revenir néanmoins à l'aspect franco-russe, le sujet initial, la France bénéficie d'un gros capital sympathie mais (hélas) il a été à plusieurs reprises écorné par les dirigeants alors qu'une meilleure compréhension de ce partenaire pas facile (je le reconnais) aurait évité le long atermoiement concernant les navires de classe Mistral. Et la nouvelle présidence ne change pas cet état de fait, car lors des dernières cérémonies du bicentenaire de la campagne de Russie ainsi que de la bataille de la Moskova, il n'y avait pas de personnalités politiques de premier plan présentes. Une nouvelle preuve de la méconnaissance des codes de ce pays. Ce qui n'était pas le cas du général de Gaule, qui parlait toujours moins des soviétiques que des russes, et ce à escient car il avait compris que sous le vernis soviétique se trouvait le substrat civilisationnel russe.

Maintenant, il faut aussi considérer que se rapprocher de la Russie peut aliéner certains pays limitrophes parfois peu amène envers le grand voisin comme l'Estonie ou la Géorgie qui comme il est rappelé dans l'article se sont inquiétés de la vente des BPC.

Il y a des choix à faire avec grand pragmatisme. Or ceux-ci ne peuvent, et idéalement ne doivent, être opérés qu'en parfaite connaissance du pays visé. La Russie faisant partie de ces entités qui nécessitent une approche circonstanciée.
Il faut relire impérativement le discours de Soljenitsyne à Harvard en 1978, un texte qui en révèle moins sur l'auteur que sur une mentalité commune à bien des Russes, que l'on peut encenser ou réprouver mais non ignorer :

« Il est universellement admis que l'Ouest montre la voie au monde entier vers le développement économique réussi, même si dans les dernières années il a pu être sérieusement entamé par une inflation chaotique.
Et pourtant, beaucoup d'hommes à l'Ouest ne sont pas satisfaits de la société dans laquelle ils vivent. Ils la méprisent, ou l'accusent de plus être au niveau de maturité requis par l'humanité.
Et beaucoup sont amenés à glisser vers le socialisme, ce qui est une tentation fausse et dangereuse. J'espère que personne ici présent ne me suspectera de vouloir exprimer une critique du système occidental dans l'idée de suggérer le socialisme comme alternative. Non, pour avoir connu un pays où le socialisme a été mis en oeuvre, je ne prononcerai pas en faveur d'une telle alternative.
Mais si l'on me demandait si, en retour, je pourrais proposer l'Ouest, en son état actuel, comme modèle pour mon pays, il me faudrait en toute honnêteté répondre par la négative. Non, je ne prendrais pas votre société comme modèle pour la transformation de la mienne.
On ne peut nier que les personnalités s'affaiblissent à l'Ouest, tandis qu'à l'Est elles ne cessent de devenir plus fermes et plus fortes. Bien sûr, une société ne peut rester dans des abîmes d'anarchie, comme c'est le cas dans mon pays. Mais il est tout aussi avilissant pour elle de rester dans un état affadi et sans âme de légalisme, comme c'est le cas de la vôtre.
Le mode de vie occidental apparaît de moins en moins comme le modèle directeur. Il est des symptômes révélateurs par lesquels l'histoire lance des avertissements à une société menacée ou en péril. De tels avertissements sont, en l'occurrence, le déclin des arts, ou le manque de grands hommes d'Etat. Et il arrive parfois que les signes soient particulièrement concrets et explicites. Le centre de votre démocratie et de votre culture est-il privé de courant pendant quelques heures, et voilà que soudainement des foules de citoyens Américains se livrent au pillage et au grabuge. C'est que le vernis doit être bien fin, et le système social bien instable et mal en point. »

Cordialement

egea : Yannick, merci de ces précisions mais tu sais bien qu'Anne de Kiev est qq chose d'anecdotique dans les relations franco-russes... Voltaire et Catherine 2, pourquoi pas, même si j'ai le sentiment que c'est quelque chose de réappris plus tard, dans l'historiographie officielle : à l'époque de Voltaire, faisait-on attention e France à la Russie ? Pour le reste, d'accord avec toi.

2. Le mercredi 10 octobre 2012, 22:18 par

Bonjour,

Oui effectivement le mariage du roi de France et d'Anne de Kiev n'a pas généré une coopération politique sur le long terme en dépit du fait que Iaroslav le Sage souhaitait initialement par cette union très politique bénéficier de soutiens de contournement de la puissance Byzantine.
Cet évènement a surtout valeur de datation symbolique des relations franco-russes il est vrai.

Pour la période de Pierre le Grand, c'est surtout l'établissement d'un lien diplomatique continu entre Moscou puis Saint-Pétersbourg et Versailles qui n'est pas à négliger. Là on est dans le pérenne (même si Pierre le Grand avait plus le regard tourné vers les États Allemands, les Provinces-Unies et l'Angleterre). Maintenant, faisait-on attention à la Russie sous Louis XIV puis Louis XV? À part quelques lettrés, aventuriers et diplomates, pas vraiment. En revanche, une fois la Guerre du Nord terminée en 1721 au large profit de l'Empire Russe, il était devenu difficile de l'ignorer en tant que puissance régionale majeure. Et plus encore avec le sort de la Pologne, et du futur gendre de Louis XV, Stanislas Leszczynski.

Cordialement

egea : OK, je te l'accorde : intérêt à partir de mi XVIII°, avec donc cinquante ans d'avance sur ma datation. Mais on ne se connait bien qu'en se faisant la guerre (je précise pour le lecteur qui lirait au premier degré : JOKE !), et il faut attendre Napoléon pour cela...

3. Le mercredi 10 octobre 2012, 22:18 par

Oui, Yannick Harrel que je salue respectueusement  a raison. Pour ceux qui ont été confrontés avec les réalités socialistes les propos de Soljenitsyne en sont d’autant plus judicieux. L’absence de réflexion géopolitique sur l’avenir du « continent » slave est d’autant plus préoccupant que l’occident (pour faire court) est incapable de défendre ses valeurs fondamentales et s’enfonce vertigineusement dans ses contradictions et ses faiblesses. Le modèle ne vient plus de l’Ouest, mais probablement de l’Est et cela risque de remettre en cause un certain nombre de nos valeurs fondamentales. La démocratie à l’Est se déclinera toujours d’une manière différente. Cela n’est pas un jugement de valeur mais un constat. Aucune analyse sérieuse n’a été faite en occident sur la chute de l’empire soviétique et ses conséquences, (Tchernobyl de mon point de vue a accéléré le processus de prise de conscience, par une partie de la nomenklatura russe dont Gorbatchev, du décrochage du monde socialiste par rapport à l’occident de l’époque, Jaruzelski a d’une certaine manière contribué objectivement à sauver la Pologne d’une reprise en main soviétique, il est à fois le personnage de l’état de siège et de la table ronde avec Solidarnosc ? l’un n’allant pas sans l’autre. Il n’est pas le personnage que l’on a caricaturé en occident) ce qui démontre s’il en était nécessaire, notre déficit de compréhension, et notre absence de vision à long terme face à un ensemble de pays (Russie, Ukraine, Biélorussie pour ne citer que les principaux proches de nous géographiquement) qui disposent de ressources naturelles et humaines considérables.. Mitterrand n’a pas compris la chute du mur de Berlin ? Peut-être avait-il pressenti avant d’autres, que certaines victoires ne préfigurent que des déliquescences futures. Le déficit de réflexion de nos politiques d’aujourd’hui en est d’autant plus à souligner.

4. Le mercredi 10 octobre 2012, 22:18 par AGERON Pierre

Très roboratif commentaire de Y. Harrel. Ce que vous soulevez est en fait le dilemme stratégique entre eurasiatisme et occidentalisme qui marque la Russie depuis le milieu du XIXè s. Sa masse bi continentale fait jouer deux forces européennes et asiatiques qui marque un clivage sociétal, si ce n'est civilisationnel il me semble.
Cf. M. Laruelle, "L’idéologie eurasiste russe ou comment penser l’empire", Préface de Patrick Sériot, Paris, L’Harmattan, 1999, 424 p.

5. Le mercredi 10 octobre 2012, 22:18 par Daniel BESSON

@ Pierre AGERON
Bonjour ,
Plutôt que de citer en référence une pseudo-analyse d'une pseudo-spécialiste de la Russie sur l' " idéologie Eurasiste " , je vous invite à venir écouter , à vous confronter à lui et éventuellement le questionner , Alexandre Douguine : Il sera à Bordeaux le 29 octobre prochain en compagnie de Christian Bouchet . ( Vous l'aurez compris la Weltanschauung d'AD n'est pas spécialement proche de celle de la " gauche de gouvernement à la Française " style PS et EELV ! )
http://eraquitaine.fr/wp-content/up...
Au moins comme ça vous pourrez vous faire une idée de l'original et non pas du remugle d'une version mâchée et mal-digérée !
Je peux essayer , sans garantie , de vous arranger un moment avec Alexandre Douguine si vous le désirez mais en tout cas si vous êtes intéressé , je vous conseille de réserver .

Si en France pays de Mmes Marlène Laruelle , Cécile Vaissié , Anne De Tinguy , Hélène Blanc , toutes " spécialistes de la Russie " que le monde entier nous envie , c'est une organisation politique alternative ( Egalite & réconciliation , même remarque que supra sur le positionnement politique d' AD http://www.egaliteetreconciliation.... ) qui est obligée d'inviter Alexandre Douguine il en est autrement sous d'autres latitudes ! Au début du mois de septembre AD a fait deux conférences triomphales au Brésil invité par les UFR de Géographie et de Philosophie des universités de Sao-Paulo et Joao Pessoa ...
https://fbcdn-sphotos-b-a.akamaihd....
http://encontronacionalevoliano.com...

Il est clair que ce n'est pas la coterie universitaire Française avec ses " spécialistes de la Russie " , et à part de très rares exceptions
http://evrazia.org/modules.php?name...
qui organisera de tels événements ;0(
Il faut toutefois venir l'écouter en " live " car le " filtrage " et l'" interpretation " de Douguine par ces " specialistes de la Russie " donne une image plus que déformée et partiale du message original ou l'on retrouve leurs fantasmes récurrents du " Sovietisme " et dela " hydre fachiste " !
Cette invitation s'adresse bien sûr à tout le monde car la rareté de l'événement est à signaler !
@ Yannick
Concernant le bi-centenaire de la bataille de Borodino , la brève rencontre Giscard-Poutine a été d'un niveau remarquable mais que la nullité crasse et abyssale des mediats Français et plus particulièrement de ses correspondants en Russie ( Pierre Avril , Marie Jego ,... ) a occulté pour le public Français !
http://www.rfi.fr/europe/20120902-m...
Reportes toi à vesti.ru qui doit avoir ça dans ses archives vidéo en intégralité . J'ai pu à cette occasion constater que celui que le pitoyable Mitran avait taxé dédaigneusement de " petit télégraphiste de Varsovie " était un fin diplomate plus de 30 années apres avoir quitté la magistrature suprême !
On en a un trop petit aperçu dans cet article :
http://www.lessentiel.lu/fr/news/st...
Il ne faut certainement pas regretter que ce soit un " Fafa " ou un Le Drian , et encore pire un Hollande , qui ait assisté à cette cérémonie ... C'eut été l'incident diplomatique assuré !
Je suis également d'accord avec toi sur la coopération Russo-Asiatique et plus particulièrement Russo-Chinoise qui s'est accélérée après le sommet de Valdivostock .Mais à l'image des imbéciles qui regardent le doigt alors que le sage montre la lune , les mediats et les " experts " Français se sont focalisés sur le cout des travaux à Vladivostock... : http://tempsreel.nouvelobs.com/mond...

Très Cordialement
Daniel BESSON

6. Le mercredi 10 octobre 2012, 22:18 par AGERON Pierre

@Daniel Besson. Je sens une certaine animosité envers Mmes Laruelle, De Tinguy etc...
Je vous propose d'être plus mesuré, car je pense que ces universitaires, membres d'institutions comme l'EHESS ou Sciences Po, ne méritent pas votre mépris...
Effectivement, A. Douguine est bien l'idéologue original de l'eurasisme et son discours est digne d’intérêt en tant que document-source pour les sciences politiques.
En tout cas, vous conviendrez avec moi que l'eurasisme peut être une des forces expliquant les choix stratégiques et/ou idéologiques de la Russie d'Aujourd'hui.
Cordialement

7. Le mercredi 10 octobre 2012, 22:18 par

A n'en pas douter, la Russie et la Turquie sont pour moi deux partenaires à ne pas négliger.

Cette notion d'alliance de revers n'a pas perdu de son actualité à mon sens. Dans une Europe puissance un peu en panne, elle est le relais et un point d'appui possible de la politique étrangère française.

8. Le mercredi 10 octobre 2012, 22:18 par Ronin

Vous avez raison : nous avons toujours considéré, nous les Français, les Russes comme des Européens (à tort pu à raison).
Est-ce que les Russes se considèrent eux comme des Européens ? Certainement pas. Et encore moins comme des Occidentaux. Les Russes sont des Russes, simplement. L'étude de la géopolitique russe à travers l'histoire le démontre.

Donc est-ce que les Russes, et surtout leur président actuel, en ont quelque chose à faire de l'opinion française sur leur appartenance à un pseudo-ensemble continental en déclin ? Je ne pense pas.

Poutine a déclaré lors de son élection au début des années 2000 : "Je réhabilite la Grande Russie, qu'elle soit historiquement orthodoxe ou communiste. Tout Russe qui nait est génétiquement patriotique, donc il me suivra, c'est mathématique". Oui la France a peut-être intérêt à courtiser la Russie car elle y voit des intérêts stratégiques et économiques, mais ne nous y trompons pas, Poutine n'a que faire des requêtes françaises (il ne faut pas oublier d'où il vient, sa carrière au KGB en RDA contre l'Occident qu'il n'apprécie guère, ses années au FSB, etc.).
La politique russe est très pragmatique : efficace, nette, droite et intéressée, et animée d'un sérieux moteur nationaliste. Nationalisme russe vivifiant en réaction à une crise économique dont l'économie libérale occidentale est à l'origine (et de côté là, les Russes n'ont pas tort). Et oui, je suis d'accord avec ce qui est dit plus haut, essentiellement tourné vers la Chine (OCS, G2 Chine-Russie, etc.)

Bref, ce billet trace les contours d'une nouvelle possible alliance franco-russe. Je pose simplement la question : si l'Occident a besoin de la Russie (dossier iranien, sortie d'Afghanistan, dossier syrien), la Russie a t-elle besoin de l'Occident en général, et de la France en particulier ?
Je pense sérieusement que non. A nous donc de développer comme les Russes une approche très pragmatique des choses si l'on veut de nouveau dialoguer avec Poutine. Mais ça, cela veut dire, faire des concessions sur notre approche vis-à-vis des libertés individuelles (entre autres).

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