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Mali, Somalie, RCA ....

L'actualité s'est brutalement accélérée ces derniers temps. Après des atermoiements nombreux, voici qu'en une semaine trois "déploiements" simultanés de troupes françaises en Afrique ont eu lieu. Avec des effets, des objectifs et des horizons temporels différents. Car au fond, c'est d'abord le facteur temporel qui différencie les trois situations.

source

1/ En Centrafrique, voici donc quelques centaines d'hommes déployés pour protéger l'ambassade et les ressortissants, "rien de plus". Dans le même temps, les sud-Africains n'ont pas ces pudeurs et leurs soldats sont clairement là pour soutenir le pouvoir. On s'étonnait de ces pudeurs. Il semble donc qu'elles s'expliquaient en fonction de ce qui se préparait ailleurs. Autrement dit, il était important de ne pas s'engager en RCA, pour garder de la liberté de manœuvre ailleurs. Selon une grande loi stratégique : si on veut donner la priorité à un endroit, cela signifie qu'il faut accepter (et choisir) une faiblesse ailleurs. Pas de concentration des efforts sans collatérale déconcentration des efforts !

2/ En Somalie, il semble que l'affaire ait été organisée en opportunité. En effet, une opération coup de main dépend de la conjonction de renseignements fiables et de circonstances terrain qui permettent de saisir temporairement un rapport de force favorable. Cela dure peu de temps, c'est hautement risqué. L’otage était retenu depuis plus de trois ans. Il fallait prendre des risques, ils ont été pris. J'exprime mes condoléances pour les morts, qu'il s'agisse de Denis Allex, l'agent de la DGSE retenu depuis plusieurs centaines de jours, et les commandos qui y ont laissé leur vie. Et à la différence de politiciens de bas étage et de stratèges en chambre, et tout simplement parce que je ne connais pas les conditions de l'opération, je me garderait bien de commenter sur la justesse de la décision. Décider, c'est prendre des risques et d'abord celui d'échouer.

3/ Au Mali, l’opération était probablement préparée depuis quelque temps (planif. de précaution). Pourtant, l’initiative en revient, d'une certaine façon, aux islamistes qui ont repris l'offensive vers le sud en début de semaine. Au fond, la question devenait : laisse-t-on faire au risque de voir Bamako tomber, ou intervient-on ? la réponse est évidente, même si l'action qu'on décide ne suffira forcément pas : sinon, on l'aurait prise plus tôt.

4/ Le décès du lieutenant Damien Boiteux du 4° RHFS (là encore, j'exprime mes condoléances à sa famille et à ses proches et affirme ma totale solidarité avec nos soldats engagés) n'est pas le fait d'une erreur de planification, mais des hasards de la guerre. Le feu tue, disait l'autre. Ceci est la réalité de la guerre. Tant pis pour les stratèges en chambre qui dénoncent déjà.

5/ Ainsi, trois situations opérationnelles dans trois États en faillite ou quasi faillite. Et trois réactions qui modulent selon le temps, mais aussi le danger de la situation : intense au Mali, durable en Somalie, encore sous contrôle en RCA.

6/ Le plus intense est donc désormais au Mali. L'opération Serval devrait durer, puisqu'à partir du moment où l'on s'est décidé, il faut être conséquent et poursuivre l'effort. Cela signifie plusieurs choses :

  • serrer les dents face aux éventuelles critiques des pacifistes bêlants d'un côté, des cyniques au petit pied de l'autre qui ne raisonnent qu'à la courte vue de minables calculs politiciens. Certes une perte au combat, mais l'offensive des rebelles est stoppée. Désormais, il est question de cette animal indomptable qu'est la guerre, doté d'une vie propre et mal contrôlable. Elle est le lieu de l'affrontement des volontés. Il faut désormais une volonté tenace.
  • renforcer le dispositif pour confirmer le coup d'arrêt, reprendre l’initiative vers le nord avec, on le devine à regarder la carte, plusieurs lignes d’objectif : la ligne de séparation initiale des rebelles en début de semaine, voire si on réussit à les déstabiliser, la poursuite vers le nord, pour atteindre la boucle du Niger (Tombouctou, Bourem, Gao).
  • veiller à réunir les appuis : des États de la CDEAO, mais surtout des Américains (qui ont peut être trop finassé et qui doivent mettre en œuvre leurs drones, "from behind") et des Algériens (qui ont déclaré leur soutien au gouvernement de Bamako, manière indirecte de ne pas critiquer ce qui se passait).

7/ Il est évident que cela ne sera pas suffisant, pour plusieurs raisons :

  • faiblesse étatique à Bamako
  • combativité des rebelles avec de nombreuses zones de repli et possibilités de dispersion
  • perméabilité des frontières, notamment au Niger ou au sud de la Libye.

Ainsi, ne nous trompons pas sur le sens de la bataille : celle-ci ne sera pas "décisive", du moins à l'échelle du théâtre sahélien ou à celui de l'islamisme africain. Mais elle le sera probablement à l'échelle du Mali. Voici le seul cadre spatial pour analyser le succès de l'opération. Par ailleurs, l'argument que j'entends parfois : "mais si on fait quelque chose, il vont se disperser et se multiplier" ne convainc pas : ne rien faire les encourage à être de plus en plus hardis, à conquérir des zones de plus en plus grandes et donc à se multiplier.

8/ Car voici la question sous-jacente : pourquoi aller là-bas ? éternelle question des buts de guerre. Chasser le terroriste est une réponse, pas forcément la plus convaincante. Admettre que l'on peut intervenir pour des intérêts limités, voici en fait la grande nouveauté : aller guerroyer parce qu'on a des intérêts à défendre, et tout d'abord ceux de la stabilité de la zone, ceux d'une certaine politique de puissance, ceux d'une certaine vision de sa responsabilité internationale. Un mélange à la fois de réalisme et de subtilité.

C'est aussi à cette aune qu'il faut observer Serval, ce petit félin du désert, capable de ronronner puis de cracher.

Références :

P.S. : l'habituel billet "mélanges hebdo" sera publié demain.

O. Kempf

Commentaires

1. Le samedi 12 janvier 2013, 20:08 par

Bonsoir,

Effectivement, chasser le terroriste ne semble guère un but convaincant (sic).
D'autant qu'on ne coupera aux enjeux politiques maliens (pouvoir central, restaurer la souveraineté + recréer un Etat "démocratique" + question des Touaregs au Nord).

2. Le samedi 12 janvier 2013, 20:08 par ST

Très clair. J'aime bcp ta pique sur les cyniques. Je ne dis pas que les choses sont claires et évidentes mais les choix (politiques et stratégiques) m'ont l'air intelligents. A ce titre (comme du fait qu'il s'agit de choix d'ailleurs), cela implique qu'on a un peu pensé à assumer les conséquences.. souhaitons que cela se poursuive

3. Le samedi 12 janvier 2013, 20:08 par PA

J'aimerais beaucoup lire une analyse de votre part sur la question Touareg. Ils pourraient être des alliés précieux, et cela pourrait être l'occasion historique de réconcilier ce peuple avec le reste de la population et du gouvernement malien... ou de lui accorder un territoire autonome à la suite du conflit. Est-ce que les hommes de l'opération Sabre ont pu lier des liens avec eux? Comment la France se positionne-t-elle vis-à-vis de la question dans sa réponse à l'appel à l'aide? Prendra-t-elle le parti de considérer les ennemis d'AQMI de ce peuple comme citoyens maliens à part entière et jouer sur cette gamme en faisant abstraction des difficultés passées? Je l'espère. C'est aussi une part de la culture de l'humanité qui est en jeu ici, il serait de bon ton de ne pas les laisser tomber comme les mausolées de Tombouctou.

Egea : j'avoue ne pas connaître assez bien la question pour pouvoir répondre à votre demande. Un autre lecteur d'egea pourrait-il compléter Svp? 

4. Le samedi 12 janvier 2013, 20:08 par Walter Bruyère-Ostells

Le temps de l'intervention a été dicté par la contrainte. Cela me semble un obstacle majeur pour une résolution durable du conflit et notamment en lien avec la question touarègue. Je me permets de renvoyer vos lecteurs aux deux posts qu'on a consacrés au Mali (http://etudesgeostrategiques.com).

5. Le samedi 12 janvier 2013, 20:08 par Ronin

Bonjour
Cette actualité opérationnelle va susciter beaucoup de réflexions, et tant mieux.
Avant de vous proposer la mienne au sujet de l'opération Serval, juste un mot concernant la Somalie : les opérations à succès de la DGSE restent inconnues du public, pour des raisons évidentes. Les échecs sont en revanche très souvent publics. Je ne suis pas un expert de la "Boite", mais je pense qu'il y a beaucoup, beaucoup, d'opérations réussies dans une année calendaire pour un malheureux un échec comme nous venons de constater. Conservons donc notre recul, la DGSE reste un outil formidablement compétitif dans le milieu des services secrets d'aujourd'hui.

Concernant le Mali, je ne m'attarderai pas sur les raisons (justes à fortiori), ni les causes (planifiées évidemment).
Mais plutôt sur le mode d'action choisi par la France dans cette opération, qui ne laisse présager rien de bon pour l'Armée de Terre. En effet je pense que nos politiques sont en train de pérenniser la méthode qui a fait le succès tactique d'Harmattan : la guerre au sol par procuration. Tactique justement, mais pas stratégique, et c'est bien là le problème.
Les 2 opérations ont certes des contextes géopolitiques radicalement différents, mais démontrent une nouvelle manière de faire la guerre, occidentale en général, française en particulier.
Avez-vous remarqué comme les modes d'actions sont les mêmes : utilisation de raids aériens en continu (la RMA le permet désormais), forte capacité de commandement (numérisé), soutien logistique efficient aux forces alliés (outil très pratique pour le politique qui lui permet de dire aux médias que l'on est "non combattant"), et bien sûr utilisation massive de forces spéciales (souple, modulable, et qui peut contourner facilement les contraintes d'une résolution du CSNU).
Depuis plusieurs mois les think tank qui gravitent autour du nouveau Libre Blanc laissent clairement transpirer la relative inutilité d'une puissante Armée de Terre à long terme. Et pour cause. Pas de déploiement au sol : pas de risque d'enlisement, moins de risque de bavures, obsession du zéro mort, et surtout un coût de la guerre considérablement plus faible, argument décisif dans ce contexte d'hiver budgétaire dévaforable aux Amées. Tout pour plaire au politique donc, qui malheureusement ne voit pas à long terme dans cette réflexion.
15 ans au Kosovo ont permis la normalisation du théâtre, 10 ans en Afgha la fragile stabilisation (stoppée net par manque de moyens et de volonté politique), 10 ans en Irak la relative renaissance politique. Et beaucoup plus loin dans le temps, il aura fallu 30 légions romaines pour contenir un territoire grand comme la Russie actuelle durant les sept siècles d'impérialisme romain. Pas comparable dites-vous ? Je n'en suis pas sûr. Les menaces rebelles auxquelles l'armée romaine a du faire face durant 700 ans comportent parfois beaucoup de similitudes avec nos terroristes d'aujourd'hui.

Bref. Je trouve cette pérennisation des modes d'action Harmattan / Serval très inquiétante pour notre Armée de Terre, qui va se cantonner à observer des forces rebelles à agir contre un gouvernement illégitime ou une force de la CEDEAO peu crédible et sous-entraînée, nous le savons tous.
Alors qu'une force multinationale composée notamment de troupes africaines et de pays occidentaux aurait pu être justifiée ici par la menace d'ordre mondiale que représente ce nouveau noyau terroriste dans la bande sahélienne. Décidément la crise économique aura eu raison des plus nobles volontés.
Et si nous arrivons à endiguer ces situations à court terme (Serval sera à son tour un succès tactique, à n'en pas douter : je prédis au prochain 14 juillet quelques étendards décorés), que sera le Mali, la Libye, l'Afghanistan en 2025 ?

Dans quelques semaines le LB va sortir, et j'ai bien peur que Serval ne le conforte dans ses idées. A l'heure actuelle la commission se frotte peut-être les mains en se disant : "nous avons eu raison !". On ne contrôle pas un territoire sans troupes au sol, c'est indéniable (il n'y a qu'à voir le chaos actuel en Lybie). "L"Armée de Terre agit au coeur de la population, c'est là son incontournable utilité" Général Yakovleff... qu'on-ils fait de vous ?... Revenez-nous... l'Armée de Terre a besoin de vous.

(Une pensée pour le CPCO J3 Afrique qui doit en être à sa 18° boite de Guronsan et dont les officiers qui y travaillent n'ont pas dû rentrer beaucoup chez eux ces dernières semaines).

6. Le samedi 12 janvier 2013, 20:08 par Yann

C'est vrai que l'actualité s'affole et qu'il est difficile d'avoir des informations claires. Dans un conflit, il est nécessaire de mettre la bonne arme en face de l'arme de l'ennemi. De ce que j'ai compris la France a choisi les forces spéciales aidées par l'armée de l'air (sans doute pour du close air support) Ces unités dites speciales ont pour mission de réaliser des effets qui doivent faire basculer l'issue d'un conflit. D'après ma compréhension elles ne mènent pas un conflit complet comme c'est le cas des forces régulières. Il est pour moi nécessaire que des forces régulieres d'autres pays d'Afrique s'impliquent dans l'action pour que la situation se stabilise et que l'action de la France ne soit pas que des escarmouches à long terme. Ce dernier point ne me semble pas acquis..... Et c'est donc un risque.
En tout cas j'adresse un pensée forte a ceux qui sont au contact à l'heure actuelle ainsi qu'à ceux qui les soutiennent.

7. Le samedi 12 janvier 2013, 20:08 par oodbae

(+1 pour Ronin)
Est-ce qu'on coopère avec les touaregs? La crise était arrivée par eux, si je ne me trompe. Ou on soutient bamako sans intervenir au sol pour ne pas avoir à rencontrer les touaregs sur le terrain et donc ne pas prendre position.

Je vais peut-être écrire une bêtise, peut-être pas. Dans "de la guerre", Von Clausewitz décrit une stratégie défensive comme pouvant impliquer des attaques. La poussée des rebelles (islamistes? indépendantistes?) est peut-être une attaque sur le plan tactique, mais relevant d'une stratégie de défense parce qu'elle force l'adversaire á s'engager et donc à se dévoiler. Si on veut fixer l'adversaire sur une ligne, autant garder le luxe de l'initiative.

J'aimerais bien savoir si nos forces sont formées pour intevenir à la saison sèche (mars-juin), et celles de la CDEAO. J'entends déjà des vétérans parler de Tacaud en 1978, dans le désert, et me dire que oui, bien sûr, les francais ont pas participé à El alamein en pataugeant dans la piscine. Mais interviendraient-elles malgré deux mois d'échec ou de statu quo entre janvier et février?

Franchement, agir pour agir, c'est une grande chance de jeter de l'huile sur le feu.

8. Le samedi 12 janvier 2013, 20:08 par oodbae

J'ai envie de dire que je soutiens les soldats francais, leur souhaite la meilleure réussite et les moindres pertes. Je peux même aller sur le site des soldats, pour les donations aux veuves (et veufs).

Mais la réussite dans quelle mission? Contre le terrorisme? le terrorisme islamique?! C'est bien connu que 500 soldats et 10 avions sont la solution pour éradiquer le terrorisme , islamique en plus, dans un pays grand comme deux fois la France. On vient de réussir en Afghanistan, on a pas eu le temps d'oublier. D'autant plus qu'on a particulièrement bien préparé le terrain en empêchant l'arrivée au pouvoir de ses souteneurs dans des pays proches (Lybie, Tunisie) séparés du théâtre de guerre par un terrain entièrement sous contrôle (le Sahara), en empêchant leur financement par la rétorsion économique contre ses souteneurs (Arabie Saoudite, Qatar, Frères Musulmans) et en s'assurant le soutien des populations locales à notre juste cause (notamment les ethnies touareg au Nord du Mali) en les convaincant qu'on militerait pour une autonomie de leur territoire, à défaut d'indépendance, comme au moment de l'indépendance du Mali (1) et avec la même fiabilité que pour le traité de Sèvres (2).

mouais,au mieux, on pourra "sanctuariser" un territoire, un territoire important, voire vital, ou au moins vital pour les intérêts de la France... du genre une mine d'uranium? une mine d'uranium à Faléa ... explorée par une multinationale francaise ... dont le PDG est nommé en accord avec la présidence ... dont le nom est Areva ?

J'espère juste que les troupes au sol ne vont pas ensuite être attaquées pour complicité de crimes contre l'humanité quand les règlements de comptes se dérouleront à la faveur des combats entre ethnies et parties prenantes, "formées" par les soldats francais.

cordialement,

PS: google est notre ami.

9. Le samedi 12 janvier 2013, 20:08 par panou34

Qu'est-ce qu'un Touareg comprendrait à la Question Corse?Clans, rivalités sur la politique,la culture,le contrôle de l'économie notamment touristique,plus les trafics mafieux.Et il y a des policiers ,des ministres, des juges des fonctionnaires corses au sein du gouvernement central.Un chef de la premiére rébellion touareg comme le défunt Dayak peut devenir un organisateur du rallye Paris -Dakar,lieu actuel des combats,comme un nationaliste corse peut devenir président d'un club de football..Dans les phrases provocantes précédentes on peut remplacer Corse par Touareg et l'imbroglio sera du même type.
Il y a et aura des Touaregs de tous les côtés avec en arriére pensée''touareg en dernier ressort''et jusqu'ici les rébellions touareg n'ont pas fait plus de morts que le probléme corse.
La grande différence est qu'il n'y a pas d'influence et de financement extérieurs attisant les troubles dans l'Ile de Beauté.
Donc ne pas trop compter sur les Touareg ou seulement sur certains qui ne seront pas les mêmes demain.
En revanche il faut les dissocier des Nordistes du Maghreb qui ont amené idéologie,financement et organisation temporaire.
Alors beaucoup de choses dépendent maintenant de l'Algérie(la Libye jouant un moindre rôle semble-t-il).Alger peut couper la logistique des insurgés sans recourir aux frappes aériennes.Moins de munitions,moins d'essence sans user de l'empoisonnement des puits qui serait un sacrilége .Un meilleur contrôle des camps du Polisario à Tindouf ne serait pas non plus un mal car les recrutements ne manquent pas chez les ''palestiniens'' du désert.
Quant aux opérations on ne peut s'empêcher de penser aux aventures tchadiennes.Dans les déserts on peut tracer des lignes de démarcation genre 16eme paralléle pour négocier et désarmer.C'est là la différence avec l'imbrication afghane.
Le plus dangereux est la contagion vers la Mauritanie qui pourrait accentuer le probléme Algérie Maroc
Une pensée pour les membres de la DGSE qui resteront des soldats inconnus.
J'espére ne pas avoir vexé de lecteurs corses.

10. Le samedi 12 janvier 2013, 20:08 par oodbae

Mouais,

Je suis moyennement convaincu par l'argumentaire de panou34. Il y a beaucoup de "ca dépend de", " l'Algérie peut ceci", "ils n'oseront pas cela". Sans vouloir vous offenser.

J'aimerais juste savoir quel sens prend cette intervention. Et quand je lis, par hasard: http://www.atlantico.fr/decryptage/... , à propos de revendications en mer de Chine, dont les échos qui nous parviennent dans les médias font état de disputes sur les quotas de poisson à pêcher tout au plus, je me dis qu'on cherche simplement à discréditer la voix de la France sur la scène onusienne.

Faisons un bilan:

- le PS qui a fait la critique de l'interventionnisme francais en Afrique sous Sarkozy, notamment lors de l'affaire Gbagbo-Ouattara.
- le PS qui fustige en général la Francafrique depuis 1995.
- une intervention comparable en Lybie pour des motifs sécuritaires et humanitaires qui s'avère être une catastrophe pour tout le pourtour méditerranéen et le Sahel.
- une situation de conflit larvé au Mali depuis des décennies pour cause de revendications autonomistes/indépendantistes, que la France n'a pas essayé de régler.
- l'insolence diplomatique de Hollande envers Poutine pour lui demander de lâcher El Assad
- le soutien actif de la France aux islamistes en Syrie à travers la reconnaissance de l'ASL.
- le soutien actif du PS aux révolutions nord-africaines, aussi appelées printemps arabes ou arabellions, à travers les coups politiques contre Mme Alliot-Marie du temps de la dépose de Ben-Ali, qui se révèlent des "hivers islamistes", comme on eut pu s'y attendre ici, en considérant que 78% des tunisiens en France ont voté Ennahda.

L'intervention au Mali, c'est ou bien un coup fourré et une énorme bourde, du bâclé après avoir rencontré Bouteflika pour faire croire qu'on a la même énergie que Sarkozy (vous savez, l'hyperactif sauveur de la Géorgie).
Ou bien un revirement pour bien montrer que la France est prête à défendre ses intérêts (moraux, économiques, politiques) dans la région, dans la continuité de l'intervention en CI. Justement devant la Chine ambitieuse, la Chinafrique.

Sauf que:
- les dépenses militaires se réduisent encore, la carrière militaire devient aussi peu séduisante que dans l'entre-deux-guerres, on connaît la suite (un état-major léthargique)
- On a pas embarqué un seul européen dans l'affaire. Vive l'Europe de la Défense. La France, le village d'irréductibles? Astérix, c'est pour les enfants. Sarkozy avait au moins embarqué l'Europe dans se valise en Géorgie et les USA/GB/Qatar en Lybie
- pas de mandat de l'ONU
- pas de remise en cause par ailleurs de toutes les manifestations de l'islamisme plus près de chez nous, en fait chez nous (mais là, tout le monde ne sera pas d'accord, c'est vrai): investissements qataris dans les banlieues pour promouvoir l'éthique islamique, communautarisme et intégrisme croissants chez les francais musulmans (affaire Merah et suites), complicité de nos politiques avec cela (il faut écouter les discours de Mélenchon..., condamnations voilées des caricatures de Charlie Hebdo), deux poids deux mesures pour les autres religions (affaires pussy riot, génération identitaire, messes chrétiennes interrompues par des groupes religieux).
- Quelqu'un a entendu le gouvernement Ayrault demander au gouvernement tunisien d'Ennahda de sauvegarder les droits des femmes, de faire attention aux droits de l'homme, etc?

Sur le long terme, tout cela ressemble à une légitimation officielle de la loi du plus fort dont d'autres sauront faire l'utilisation juridique pour contrer des pressions internationales du type de l'article x2-truc d'un certain mois de février 2003, rapport à prévenir la menace de certaines armes de destruction massives jamais trouvées.
Sur le moyen terme, la France la joue solo dans les affaire militaires sans l'Europe. On se demande si l'Allemagne va nous rejoindre. Personne n'a l'air motivé de ce coté-ci du Rhin. J'ai entendu parler de "passagers clandestins de la sécurité" quelque part...
Sur le court terme, ben, on verra. Les soldats francais sont sûrement professionnels et performants, mais quels sont les objectifs de guerre (cf commentaire précédent)?

11. Le samedi 12 janvier 2013, 20:08 par AP

Tous les Touaregs ne sont pas islamistes. Les problèmes e sont absolument pas arrivés par eux, mais depuis les années 95 par les rebus de la guerilla islamiste algérienne, alliée petit à petit à Al Qaida pour faire AQMI. Depuis des dizaines d'années cependant la population Touareg revendique le droit de disposer d'un territoire propre, des écoles, des services, que le Mali, le Niger, ou la Mauritanie ne leur donne pas, pour des raisons séculaires (traite arabe notamment). N'oublions pas les famines dramatiques qui ont particulièrement touché ce peuple depuis plusieurs décennies. N'oublions pas que le MNLA est politisé, souhaite soutenir l'action française, revendique une indépendance en dehors de tout acte terroriste, qui est bien différent d'Ansar Edine, créé par un touareg, certes, Al Ghali, dont la vocation salafiste et djihadiste n'est certainement pas partagée par l'ensemble de son peuple, qui s'étend sur 2000km d'ESt en Ouest . En France aussi il existe des français salafistes, ce n'est pas pour autant que les Français sont à la source du problème terroriste que je sache. D'autre part, sur la cause du problème, il me semble que l'attentisme français des 15 dernières années sur la question sahélienne (et je ne parle même pas de l'attentisme algérien)peut vous indiquer une voie de compréhension. Mais Allah est grand, nous y sommes enfin. Je pense donc qu'au contraire, on doit compter sur eux. C'est chez eux qu'on combat.

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