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Individuel collectif

Nous vivons de façon très intense et pas forcément comprise la lutte du Un et du Nous. Cette profonde tendance me paraît symptomatique de la planétisation, qui n'est pas seulement une affaire technique ou culturelle, mais un mouvement qui marque une étape de l'humanité.

Nous vivons en effet selon deux tendances apparemment contradictoires et en même temps profondément conjointes.

Celle d'une individualisation toujours croissante, rendue notamment possible (ou peut-être plus visible et accélérée) par le cyberespace : en fait, celui-ci ne vient qu'achever une "évolution" pluriséculaire.

Celle d'une régulation toujours plus grande et intense. Et finalement acceptée :

  • que ce soit dans l'espace national (codes en tout genre) de façon à encadrer le risque de façon toujours plus étroite, en prévention (principe de précaution) ou en correction (principe d'assurance).
  • que ce soit dans l'espace international, de façon intégrée (régulation européenne), collective (OMC), ou technique (normalisation ou standardisation).

En fait, plus de droits entraîne plus de Droit. L'individualisation va de pair avec la densification. Nous sommes physiquement de plus en plus proches, et spirituellement plus uniques.

O. Kempf

Commentaires

1. Le mercredi 23 janvier 2013, 21:28 par Thierry de RAVINEL

Comme le dit bien Michel Serres, nous entrons réellement dans un monde nouveau avec l'arrivée de l'environnement numérique, dont les répercussions seront sans doute comparable à celles qu'a accentuée l'arrivée de l'imprimerie (une invention arrive et se diffuse dans un milieu favorable: les grecs avaient inventé la machine à vapeur et n'en ont pas vu l'usage).
L'individu s'est mis à exister massivement avec l'arrivée du livre, mais lorsque les cadres sociaux ont été brisés pour le libérer (par les lumières et la révolution industrielle), l'homme s'est retrouvé brutalement seul.
L'homo economicus, ou le ça freudien sont des images terrifiantes, si on les regarde en face, du devenir d'un individu qui n'a pas pu se construire dans un échange réellement "empathique", c'est à dire exister grâce aux échanges aimants et respectueux avec ses deux parents (dans une situation idéale ou pas trop dégradée), tout en étant inséré dans une communauté naturelle/culturelle forte qui va du proche (la famille/le village) au lointain (le pays).
Pour reprendre un terme à la mode, une société dite "empathique", maintiendrait assez de cadres sociaux pour permettre à un individu de grandir et de se construire avec une histoire, et assez de liberté pour permettre la création (sous toutes ses formes).
L'expérience de la révolution idustrielle nous apprend que les grands affranchissements (l'individu massivement affranchi contre les communautés pouvant empécher la liberté créatrice de s'exprimer), conduisent parfois à des aliénations terribles (l'homme solitaire et finalement mutilé).
L'homme en relations que nous propose la société contemporaine pourrait devenir un individu asservi aux images et aux règles qui le submergent.
Curieusement, ou opportunément, les recherches cliniques actuelles apportent une lumière nouvelle sur ce que nous sommes vraiment (par les images neuronales, etc.): des individus faits pour vivre en groupe (cf, les automatismes qui nous permettent de chanter en choeur ou de marcher au pas), et ne pouvant réellement construire une identité créatrice que dans la relation aimante avec autrui (cf. les découvertes plus ou moins récentes de la psychologie infantile).
Ces découvertes devraient nous inciter à repenser nos modèles (l'homo economicus en particulier), et à être attentif à ce que l'environnement numérique peut avoir d'étouffant ou d'aliénant (relations factices remplaçant les relations véritables, illusion de la création remplaçant la construction véritable, etc.)

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