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François 1er, donc...

Ce souverain de la Renaissance n'est probablement pas le modèle auquel a pensé le nouveau pape qui vient d'être élu ce soir. Au risque de commenter l'événement (je rappelle que je ne suis pas très bon pour "le direct"), au risque surtout de tomber dans le magma des blablas journalistiques, quelques mots.

source

1/ Tout d'abord, la rapidité de l'élection. Cinq tours, c'est extrêmement rapide, ce qui prouve que l'élection "ouverte" que l'on nous annonçait ne l'a finalement pas été autant que cela. D'ailleurs, le cardinal Bergoglio ne faisait pas partie des favoris, tout simplement parce qu'il l'était lors du conclave précédent, et qu'il avait déclaré alors refuser la charge. Personne n'a pensé qu'il accepterait cette fois-ci.

2/ Quels ont été les déterminants ? Les journaux nous ont bassiné avec "la gouvernance" et "la curie à remettre au pas", ligne de partage entre des "conservateurs" et des "rénovateurs". Bon, les journaux sont les journaux, ils ont besoin de simplifier, hein ? Mais surtout, c'est ne pas comprendre, je crois, la mentalité de ces hommes d’Église qui sont des hommes de foi. Je sais, le mot est totalement incompris par la grande majorité de nos concitoyens (et autres quasi concitoyens européens), qui ne voient la foi que comme un reliquat obscurantiste qui ne serait pratiquée que par des "arriérés" (on ne le dit pas trop fort mais on le pense in petto) de musulmans, ou d'évangélistes américains qui ont produit les born-again à la G. Bush (et là, on le dit un peu plus fort tellement c'est convenable : "et vous avez vu le résultat?"). Bref, la foi c'est forcément dépassé, et donc ces cardinaux ils vont forcément réagir comme vous et moi, en termes de pouvoir et de rapport à la modernité. Ben non.

3/ Ou plus exactement, ils vont réagir à la modernité environnante, oui. Et se poser la question de comment porter au mieux leur parole d’Évangile. On comprend alors que la gouvernance de la Curie soit quelque chose de finalement très marginal, n'en déplaise au commentateur politique du matin sur France-Inter qui nous a expliqué, encore une fois, qu'il était lui un esprit libre dégagé de tout déterminisme et qu'il raisonnait indépendamment, lui, non mais des fois qu'on aurait eu le sentiment qu'il récitait un catéchisme. Je m'égare.

4/ Ceci explique peut-être le choix rapide qui a été fait. Car voici un homme pieux et simple. Tout simplement. Et qui d'entrée à réussi un miracle, en direct, à la télé, qui montrait son balcon : non seulement faire prier une foule en silence, mais en plus, en plus, en plus, faire que le journal télévisé à retransmis ce silence : autrement dit, pendant une minute, on a eu une image assez fixe d'un prêtre courbé, les mains jointes, en train de prier, sans commentaire, sans musique, rien, tout ça au journal de 20h00. Qu’on me comprenne bien : le nouveau pape a provoqué le silence à nos boites à paroles ! Rien que ça, c'est un gigantesque changement. Dans l’Église, je ne sais pas mais dans les télés, à coup sûr.

5/ Pour le reste : il a l'air sympa et simple. Quelqu'un qui écoute plus qu'il ne parle, moins flamboyant qu'un JP II, moins intello qu'un B XVI. Une biographie en accord, avec déjà de belles histoires à raconter (il a vendu archevêché, il a logé avec un prêtre menacé de mort, il prend le métro), il est jésuite. Il est jésuite ? cela ne choque personne... On est loin du XVIII° siècle, quand ils étaient plus ou moins persécutés. Et en plus il choisit François comme nom : un pape qui se place sous le double patronage des frères mineurs et de la contre-réforme, c'est original.

6/ Il est sud-américain. Là-bas, il y a 40 % de catholiques. Ah oui, c'est vrai, il y a 1,2 milliards d’attardés qui se déclarent encore catholiques, nombre en progression, mais il n'y a qu'en Europe qu'on ne le sait pas. Car le vrai changement n'est pas dans ce que le pape est sud-américain, c'est qu'il n'est plus européen. A bien y réfléchir, en effet, Benoît XVI aura été le dernier pape "européen". Pas seulement par sa nationalité, mais par son ambition culturelle, et sa volonté de ré-évangéliser le continent, son désir de conserver des racines européennes au catholicisme (non, je ne parle pas des racines catholiques de l'Europe, même si le parallélisme des formes - le chiasme, me dit-on en régie - n'est pas anodin). Mais de même que ce continent démissionne en tout, il démissionne aussi en catholicisme. Voici la première prise de pouvoir de l'émergence : elle a lieu non au FMI, non à l'ONU, non au G20, institutions déjà dépassées, mais dans une "institution" pérenne, puisqu'elle a 2000 ans (1980, pour être tout à fait exact), la papauté. Voilà qui est moderne (doncbien, selon les canons du temps : il faudrait donc dire "voilà qui est adapté). Mais quand on sait que catholique signifie "universel", il est assez logique que l’Église montre le chemin de la mondialisation.

7/ Dernier point, son âge. Il a 76 ans (soit l'âge de Benoît XVI lors de son élection) et une santé fragile, puisqu'il vit depuis vingt ans avec un poumon en moins. Autrement dit, c’est un pape non pas de transition, mais qui devrait avoir un règne assez court et qui devrait prendre exemple sur son prédécesseur, qui renonça.

Comme on dit à la télé, "voilà ce qu'on pouvait dire ce soir sur ce sujet". Pas sûr que ça fasse avancer le schmilblick. Pas sûr que ce soit très original. Pas sûr que ce soit très vrai. Peu importe, au fond : habemus papam : bienvenue, François 1er.

Ref : la bio du cardinal Bergoglio, publiée il y a cinq jours, et pour cela fort intéressante.

Voir aussi ce point de la diplomatie vaticane.

O. Kempf

Commentaires

1. Le mercredi 13 mars 2013, 22:15 par Colin L'hermet

Bonsoir,

François 1er, plutôt comme dépositaire de l'attache de St-François d'Assises au sort des pauvres, je pense.

Pour la bio de JM.Bergoglio, l'avez-vous sauvegardée il y a 5j, avant qu'elle ne se trouve éventuellement défacée-retirée... par le journal lui-même !
;)

Bien à vous,
Colin./.

Egea: non, malheureusement... Bon, vous trouverez plein de bios intéressantes partout aujourd'hui. Sinon, François d'assise à créé l'ordre des frères mineurs, comme j'y fait allusion ds le billet. 

2. Le mercredi 13 mars 2013, 22:15 par BQ

Un homme qui s'est aussi tourné vers son "adjoint" à côté de lui, pour montrer à tous qu'il ne serait pas seul, qu'il ne voulait pas être seul.
Comme vous je ne connais l'avenir; hier soir, pendant ces moments, il m'a semblé reconnaître de l'humblain...

3. Le mercredi 13 mars 2013, 22:15 par Ph Davadie

Remarques intéressantes qui suscitent celles-ci :
2/ la foi semble, pour nos journalistes préférés, avoir été évacuée du continent européen, mais uniquement la foi catholique. On mentionne la foi des musulmans (existe-t-il un "fidémètre" pour la mesurer ?), la piété des juifs, mais uniquement l'intégrisme ou le conservatisme catholique.
Mais alors, comment interpréter cette "foule immense que nul ne pouvait compter, une foule de toutes nations races, peuples et langues" bien plus importante qu'au plus gigantesque de tous les meetings politiques ?
4/ toutes choses égales par ailleurs, un autre événement avait réussi à faire taire les journalistes en direct : après avoir gagné leur dernière coupe du monde de foot, les joueurs brésiliens se sont réunis en cercle, à genoux et... "Ils ont l'air de prier" déclara, un peu gêné, feu Thierry Roland avant de laisser un blanc à l'antenne. Peut-on alors en déduire le théorème suivant "pour faire taire un journaliste en direct, il faut se mettre en prière" ?
5/ concernant sa biographie, il est évident que nos bonnes âmes vont se mettre à chasser tout début de commencement de non-preuve qu'il était partisan du sanglant régime des généraux, car il ne pourrait en être autrement, ou toute autre amabilité s'y reliant plus ou moins. Les British ont déjà tiré (mais on ne pouvait s'attendre à autre chose de la part de ceux qui avaient titré "Papa Ratzi") "Echoing president Cristina Fernandez de Kirchner, he told reporters: “The Malvinas are ours. Respect for those who gave their lives must not be lost. This is our land. The Falklands are Argentine.” (cf. http://www.thesun.co.uk/sol/homepag...), les Espagnols ne s'en privent pas "Bergoglio no se enfrentó a la criminal dictadura argentina y se le acusó de connivencia" (el pais), alors qu'aux USA certains confessent à demi-mot leur ignorance "Where Francis fits on that spectrum is unclear." (cf. http://www.nytimes.com/2013/03/14/w...)
Et il est étonnant que les aficionados d'un pape noir n'aient pas relevé qu’étant jésuite, il était à la fois pape blanc et, d'une certaine manière, pape noir...

4. Le mercredi 13 mars 2013, 22:15 par yves cadiou

Vous je ne sais pas, j’entends dire qu’il y a des problèmes de neige en ce moment, mais nous ici à Nantes on a un temps superbe. Un secteur de la rive de l’Erdre est orienté face au sud-est, très agréable au lever du jour à la fois parce que réchauffé par un brillant soleil qui tape en plein et parce qu’on est à l’abri du petit vent du nord. Le quai, en pente, est renforcé de gros pavés qui sont là depuis deux siècles, depuis qu’on a fait de l’Erdre la première partie du canal de Nantes à Brest. Quelques pêcheurs à la ligne occupent le bord du quai, le regard fixé sur leur bouchon : dans cette rivière peu polluée, le poisson est comestible mais je crois que c’est moins le poisson qui les intéresse que l’isolement sans solitude qu’ils trouvent dans ce lieu particulier en centre-ville.

Je m’installe un peu en retrait, m’asseyant le plus discrètement possible. Mon copain le héron m’a aperçu et vient se poser non loin de moi, lui aussi très discrètement : il utilise ses ailes comme un parachute, sans les agiter, se pose sur ses pattes graciles et ne bouge plus. Ni les pêcheurs ni, sûrement, les poissons ne l’ont vu venir.

Il me dit à voix basse : « nous avons un pape. » Bouche bée, je ne réponds rien : comment le sait-il ? Qu’est-ce que ça signifie pour lui ? Et pourquoi dit-il « nous avons », comme si ce pape était aussi le sien ? Parce que le nouveau pape a pris le nom d’un saint qui parlait aux oiseaux ? Il répond à la première question sans que je la pose, mais ça n’atténue pas ma perplexité. Sur le ton de l’évidence, il me dit : « j’ai rencontré des anges là-haut, tout à l’heure ; ils m’ont appris la nouvelle.
---- Tu as rencontré des anges ?
---- Oui, et ça semble t’étonner. Moi, c’est ton étonnement qui m’étonne : les anges et moi, nous sommes du même monde.
---- Ah ?
---- Depuis le temps que toi et moi nous avons des conversations, tu as sûrement compris que je ne suis pas réel, quand-même !
---- Mais si, tu es réel : quand je te vois passer, je ne suis pas le seul à te voir passer, tu n’es pas une illusion. Un jour je te photographierai et je te montrerai la photo, tu verras que tu existes. Et la grenouille que je t’ai vu avaler l’autre jour, elle savait parfaitement que tu étais réel.
---- Ben oui mais non. Je t’ai déjà expliqué la différence entre le réel et le vrai : je suis réel mais nos conversations sont imaginaires. Elles sont vraies si on admet qu’elles le sont. Moi le héron qui parle, je suis vrai seulement si tu le veux. C’est pourquoi je te dis que je suis du même monde que les anges. »

Il se tait un temps, peut-être pour que je puisse assimiler sa révélation, et poursuit : « vous les TGC (les Trop Gros Cerveaux), vous n’avez pas compris que vous vivez dans un monde qui est presqu’entièrement construit par votre imagination : tout ce que vous avez inventé, fabriqué, tout ce qui vous environne, est sorti de votre imagination, tu peux faire l’inventaire. Même ces gros pavés qui sont là et qui ont l’air si naturels, ils y sont parce qu’un jour quelqu’un a imaginé de consolider la rive. Et quelqu’un d’autre a imaginé que ce serait mieux et plus solide que des pierres brutes si on y mettait des pavés taillés en cubes. Etc. : prends n’importe quel exemple de ce qui t’entoure, tout est imagination. L’autre jour tu m’as parlé de la monnaie, qui est essentielle dans votre organisation : la valeur que vous lui accordez est pourtant purement imaginaire. Nonobstant vos Trop Gros Cerveaux, vous ne vous interrogez pas assez sur votre imagination, qui est pourtant une exception remarquable dans la nature. D’ailleurs, c’est quoi l’imagination, d’après toi ?
---- Je ne sais pas, tu as raison, on ne s’interroge pas assez là-dessus. L’imagination serait quelque chose comme la mémoire, mais la mémoire de faits qui n’ont pas existé.
---- Mais non, la mémoire et l’imagination n’ont rien de commun. Ne m’as-tu pas dit que tu as dans tes poches des petites mémoires électroniques que vous appelez des « cartes à puce » ? Vous avez des mémoires électroniques mais vous n’avez pas d’imaginations électroniques. Parce que ça n’a rien à voir.
---- Si, nous avons des imaginations électroniques : les synthétiseurs sont capables de composer de la musique si on leur donne les trois ou quatre premières notes.
---- Non, ton synthétiseur fonctionne comme un merle : écoute un merle, c’est un joli chant mais il ne compose pas, il égrène des notes au hasard et il est programmé pour que ce soit joli. Je peux te garantir qu’un merle n’a aucune imagination.
---- Un merle peut-être, mais toi : tu en as, de l’imagination, non ?
---- Moi, c’est différent : je suis moi-même imaginaire. Et c’est ainsi que je réponds à la deuxième question que tu ne m’as pas posée tout à l’heure : pourquoi je dis « nous avons » un pape. C’est que ce pape est aussi le mien, parce qu’il s’intéresse à l’essentiel : son royaume est celui de l’imagination. Je fais partie de ce royaume. »

Sur ces mots il s’envole vers les anges et le ciel pur, à grands battements d’aile qui font fuir les poissons et râler les pêcheurs. Il est bien réel.

égéa : ce n'est pas une coïncidence, mais certainement un effet de mon imagination : ce matin, en me rasant, je me disait que cela faisait presque trois mois qu'on n'avait pas entendu les confidences du héron. Et je me disais que j'écrirais bien à celui qui les recueille : le recueilleur ? le recueilli ? je ne sais quel mot employer, en fait. Un ange a dû transporter cette "imagination" à son destinataire....

5. Le mercredi 13 mars 2013, 22:15 par yves cadiou

Je fais suite à la réponse d’égea (n°4)
Cela faisait moins de trois mois que le héron de l’Erdre était intervenu sur egeablog : moins d’un mois, un tout petit mois, seulement février, même pas bissextile.

Il y vient volontiers à condition d’avoir quelque chose à dire avec un point de vue un peu original, en sa qualité de descendant des ptérodactyles : car sur bien des sujets, le héron de l’Erdre permet de prendre en quelque sorte de la hauteur ou du champ. Ou au contraire de refuser d’en prendre : voyez par exemple son opinion sans nuance sur le courage intellectuel.

Bien que je ne sois pas toujours d’accord avec lui (la schizophrénie n’est pas grave quand elle est maîtrisée), je dois admettre qu’il a parfois raison : cette fois je l’approuve totalement lorsqu’il nous reproche de négliger notre imagination. Plus que le rire qui n’en est qu’un corollaire, l’imagination est le propre de l’Homme. Je suppose qu’on aura l’occasion d’en reparler.

6. Le mercredi 13 mars 2013, 22:15 par Charlotte Nehl

Quel délice d'entendre ,notre ami le Héron parler grâce à la plume de
Monsieur Cadiou.
Voilà bien une plume réelle et je ne sais si elle fut tirée du plumage de son volatile ami ...
Jean de La Fontaine entre sur ce blog à chacun de ces bavardages.
Car grâce à Dieu , aux anges , au pape ? Ce ne sont pas là des conciliabules et pour ma part j'attends toujours avec impatiente la suite de ce discours ailé ...
Le pape aura donc fort à faire au pays des chimères !
Charlotte Nehl

7. Le mercredi 13 mars 2013, 22:15 par yves cadiou

Chacun peut le supposer, je me suis empressé d’aller dire à mon copain le héron de l’Erdre qu’il avait un message de Madame Nehl. Il en était tout intimidé, submergé par une honte feinte, pliant son cou en zig-zag pour essayer de cacher sa tête entre les deux épaules qu’il n’a pas, levant ses ailes pour suppléer l’absence d’épaules. Heureusement, à cet endroit du quai de l’Erdre il n’y a jamais grand monde et son comportement bizarre est passé inaperçu. Tout au plus aurait-on pu l’apercevoir depuis les fenêtres de la Préfecture mais à sept heures les bureaux sont vides.

Je l’ai donc laissé gesticuler pendant un moment, puis je lui ai dit : « Arrête tes simagrées, je sais parfaitement que ça te fait plaisir. »
Sortant mon tph mobile de ma poche, j’ai lu à voix haute le message sur l’écran. Il a écouté avec attention, mais deux fois je l’ai vu se cabrer. Plus vertical et raide que jamais, il m’a interrompu sèchement : « prendre la plume ? Mais il n’en est pas question !
---- Rassure-toi, c’est une façon de parler.
---- Hé bien, je n’aime pas cette façon de parler !
---- C’est une très vieille expression parce qu’autrefois on écrivait avec des plumes d’oie.
---- Avec des plumes d’oie… Bon alors c’est différent. Si c’est uniquement avec des plumes d’oie, je suis d’accord.
---- Et on ne le fait plus.
---- Vous avez trouvé mieux ?
---- Oui, un progrès chimique, comme toujours : on a inventé des plumes de métal.
---- Je comprends : c’est avec ces plumes de métal que vous fabriquez des avions.
---- Non, ces plumes de métal servaient seulement à écrire. Ensuite on a trouvé encore mieux, toujours grâce à des progrès chimiques : des microbilles de métal et une encre pas trop fluide. Et maintenant on n’écrit même plus vraiment, on tape sur un clavier.
---- Quand je te dis que votre imagination fait tout, j’ai raison.
---- Oui, tu as souvent raison.
---- Donc si vous n’utilisez plus de plumes, même en métal, vous devriez arrêter de dire "prendre la plume" : ça me donne la chair de poule. »

Je continue ma lecture à voix haute, à la fin de laquelle il réagit à nouveau avec raideur : « je ne suis pas une chimère !
---- Qu’est-ce qui te gêne ? Les chimères sont des figures imaginaires. Tu m’as dit toi-même que tu es à la fois réel et imaginaire.
---- Mais les chimères sont aussi des êtres malfaisants. Je ne suis pas un être malfaisant !
---- Si : nous le sommes tous. On est toujours l’être malfaisant de quelqu’un : toi, tu es l’être malfaisant des grenouilles. Et heureusement que tu l’es, sinon elles nous envahiraient ou elles attireraient d’autres prédateurs moins sympathiques que toi. »
Il se radoucit, toujours très sensible à la flatterie : il apprécie que je le qualifie de sympathique. J’ajoute : « ça me rappelle, il y a quelque temps, une campagne de recrutement de l’armée britannique. Le slogan était "we do bad things to bad people".
---- Alors dans ces conditions, j’accepte d’être la chimère malfaisante des grenouilles : à la fois je me régale et je suis utile.
Et puis c’est une mission qui m’a été assignée par le Créateur. C’est pourquoi je dis que ton Pape est aussi le mien. »

8. Le mercredi 13 mars 2013, 22:15 par Charlotte Nehl

Quel bonheur de vous lire encore ,
enfin de vous entendre ...

Papoter ...
et non ... jacasser !

Créer un texte de tout et de rien : mon petit billet très sincère.
Quels magiciens !
J'ai hàte que de vos échanges un livre naisse ... Il donne à ce blog une fraîcheur que je ne trouve nul part ailleurs ,
Dites - le au Héron de ma part, mais je lui rendrai visite un jour.
C'est promis ! Et saluez-le de ma part !
Charlotte Nelh

9. Le mercredi 13 mars 2013, 22:15 par yves cadiou

Au sujet de l’imagination, intéressante conférence donnée au Collège de France http://markturner.org/cdf/cdf1.html où l’on trouve que « l’existence de l’imagination humaine est la plus grande énigme scientifique qui soit. »

C’est un peu exagéré parce qu’en matière de grandes énigmes, il y a aussi la gravitation universelle, le temps, le sens complet de "je pense donc je suis"… mais cette affirmation sur l'imagination obéit à la fameuse règle "montrer l’importance du sujet en introduction".

Au reste cette conférence, en plus d’être accessible à tous (on parlait récemment ici de cet aspect des choses au sujet d’un bouquin pour les prépas), donne à réfléchir. J’en parle ici parce que l’imagination et la spiritualité me semblent liées. Elles sont l’une et l’autre le propre de l’homme (homme au genre neutre, ne vous sentez pas exclues, Mesdames).

Et observez en finale que le présent commentaire, à la suite d’un billet sur le Pape " universel", fait référence à plusieurs sujets déjà abordés sur ce blog.

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