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Kairos et Amettetai

Discussions épistolaires électroniques avec JPG et EN, autour de la notion de temps dans les opérations. On en vient au mot de Kairos. N'est-ce pas une variation du point culminant ?

source :

D'un correspondant, avec qui nous discutions du "Kairos" : "Je découvre à l'instant cette phrase du général Barrera dans l'article de Jean-Philippe Rémy, Le Monde de ce jour: " L'Amettetai a été un combat de volonté ( entre les forces françaises et l'AQMLI). L'aiguille a été au milieu pendant deux ou trois jours avant le moment de basculement. On a foncé à ce moment en prenant plus de risques. C'était là où il fallait forcer." A mon sens, ces quelques mots venus "du terrain" sont la meilleure approche de l'action de guerre, de la manœuvre selon Clausewitz, qui m'a été donnée de lire depuis longtemps.

  • D'abord la "volonté", l'ascendant sur l'adversaire, le moyen et le but de ce duel porté aux extrêmes.
  • Ensuite, le "point de basculement", le point culminant clausewitzien, quand le rapport de forces s'équilibre, que la manœuvre va s'inverser et que stratège,par la raison,le calcul, l'expérience, estime que le moment décisif de l'action est venu, qu'il a atteint le kairos.
  • Enfin, et je pense ne pas me tromper, la justification du général Barrera d'avoir décider le moment opportun de l'action décisive, "On a foncé en prenant plus de risques. C'était là où il fallait forcer", c'était parce qu'il estimait agir contre le centre de gravité ennemi.

S'il était nécessaire de plaider pour la Méthode et l'intelligence stratégique, je pense que la bataille de l'Amettetai selon Barrera ferait nécessairement partie de l'argumentaire.

Fin de citation.

O. Kempf

Commentaires

1. Le mercredi 13 mars 2013, 06:52 par Colin l'hermet

Si l'on suit le raisonnement de St-Ex ("Il semble que la perfection soit atteinte, non quand il n'y a plus rien à ajouter mais quand il n'y a plus rien à retrancher", A.de St-Exupéry, in Terre des hommes , 1939)

L'analyse de votre correspondant est parfaite par son épure.

Variante Ifoghas : la perfection est atteinte quand il n'y a plus rien où se retrancher)

Néanmoins, la notion de prise de risque, amenée par la gal Barrera ne trouve aucun écho dans l'analyse.

Je le conçois d'un certain point de vue, car intrinsèque au commandement militaire : la mort et la défaite sont les 2 risques avec lesquels le commandement militaire compose ab initio.

Certes votre correspondant ne traite effectivement que de la manoeuvre de guerre.

Pourtant la "prise de risque" répond à plusieurs niveaux, le tactico-stratégique, détaillé par le gal Barrera et votre correspondant, et le stratégique, vaguement esquissé, que recherchent vos lecteurs en venant musarder sur votre (excellent) blog.

Pour sa part, la sphère de risque du politique touche : au cadre législatif national de l'intervention et des ses suites (interpellation des jihadistes de nat.française, soutien du Parlement à la poursuite de l'OpEx, etc), au cadre diplomatique régional (soutiens, neutralités voisines et dispositif de sortie de crise) et au poids financier dans le budget de l'Etat.

Or cette notion de "prise de risque de terrain" est à la fois plus lointaine (spatialement) au commandement politique, tout en demeurant centrale (érosion de la volonté nationale à mesure de pertes humaines).

Donc la décision de "prendre plus de risque" peut être désavouée par l'échelon politique qui opère le filtre entre terrain et nation : notamment via l'irruption de la notion de rapport coût(humain)/bénéfices postérieure à toute action.

Vae victis !

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