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Cyber et modèle économique de l'entreprise

Le cyber va-t-il changer les modèles économiques des entreprises ? La question est plus raffinée qu'il n'y paraît. Car elle est à l'origine de la vraie cyberstratégie d'entreprise.

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En effet, au premier abord, le lecteur rapide dira : "ben il est bête, égéa ! il n'a pas vu que les réseaux informatiques ont modifié l'organisation des entreprises, et leur relations avec l'extérieur au travers des sites Internet, par exemple ?".

A quoi je lui répondrai, poliment comme il se doit : "cher lecteur : il ne s'agit pas de changer le fonctionnement de l'entreprise ; car oui, il est incontestable que le cyber a bouleversé ce fonctionnement, avec notamment les effets que vous mentionnez. Mais il s'agit du "modèle économique", ce qui est un peu différent".

En effet, la question posée tire justement les conséquences de ce bouleversement du fonctionnement de l'entreprise : au fond, il n'y a plus d'entreprise qui seraient "purement cyber" et d'autres qui ne le seraient pas. Apple est-elle réellement une entreprise de haute technologie ? n'est-elle pas devenue une entreprise de produit de luxe, fonctionnant sur le registre du désir et de l'affichage social ? et un Wall Mart ou un Amazon sont-ils si différents ? ne s'agit-il pas à chaque fois de "distributeurs" qui optimisent leur modèle grâce au cyber ? Et au fond, désormais, toutes les entreprises ne sont-elles pas engagées dans ce processus d'optimisation, plus ou moins réussi, plus ou moins extraverti, intégrant plus ou moins de bouts de l'activité de l'entreprise ? Toutes les entreprises ne sont-elles pas désormais des cyberentreprises ?

Allons plus loin. J'avais inventé (utilisé, car je n'invente rien) la notion de "maîtrise stratégique de l'information" (regardez, cela fait partie des catégories de billet, sur le côté). Et il s'agissait au fond d'intégrer, dans le domaine des opérations, aussi bien ce qui a trait à la communication qu'aux stratégies d’influence et, dans une certaine mesure, ce qui a trait au rens et au C4I. L'idée étant de dire que toutes ces fonctions "manipulent" de l'information et que la difficulté consiste à la maîtriser (ce qui ne veut pas dire la contrôler) et au niveau stratégique (ce qui suppose qu'on ne s’embarrasse pas des détails, ce que malheureusement la technologie permet et qui constitue un travers où bien des chefs versent, car il est plus facile de faire un travail du N-6 que le sien).

Par analogie, j'ai le sentiment qu'il s'agit de la même chose pour l'entreprise. Au fond, la cyberstratégie d'entreprise n'est pas simplement une cybersécurité étendue, qui serait elle-même une SSI (sécurité es systèmes d'information) étendue. Même si évidemment cela incorpore ce cœur de métier.

La cyberstratégie d’entreprise consiste à considérer que l'information est centrale dans l'entreprise, et que celle-ci va consommer et produire de l'information, plutôt que de transformer et de produire des biens et services. Ou plus exactement, que ceux-ci sont des ressources qui ont été valorisées par l'information apportée par l'entreprise. Et que cela modifie radicalement les rapports de l'entreprise avec ses fournisseurs (de ressources, d'énergie, de capital, de travail, de biens publics, ..) mais aussi avec les consommateurs de sa valeur ajoutée (ses produits), qu'il s'agisse de ses clients, de l’État (au travers de l'impôt) ou de ses actionnaires.

Autrement dit, il faut modifier la perception de la chaîne de production et passer à une compréhension de la chaîne de transformation de l'information. Le comprendre est une activité stratégique, qui appartient au décideur ultime, qui doit veiller à connaître, protéger, diffuser, assurer, acquérir, vendre de l'information.

O. Kempf

Commentaires

1. Le vendredi 15 mars 2013, 20:58 par BQ

L'industrialisation au sein de nos organisations d'entreprises, services compris, n'a probablement jamais été aussi prégnante; puisque presque tout y est devenu "process".
Mais sans lignes de production, avec peu de machine-outils.
Tel un pays sans paysans!
Alors analystes, infographistes et documentalistes de l'histoire immédiate et de l'information utile peuvent constituer des dimensions dans chaque métier; qui redonnent en effet sens.
Cela si les dirigeants considèrent et utilisent cette nouvelle "chaîne de production de valeur" comme levier pour plus d'activité pérenne dans les entreprises où ils exercent.

2. Le vendredi 15 mars 2013, 20:58 par Cotard

Qu'appelles-tu une entreprise? Dans ton enthousiasme cyber, n'es-tu pas un peu optimiste au regard de la réalité des PME et des TPE?

Egea : you're right, m'y dear.

3. Le vendredi 15 mars 2013, 20:58 par Achkhana

Bonjour,

Comme toujours, vos articles sont une vision différente, simple et je dirais rafraichissante. Mais, mon propos n'est pas là, il est un peu en décalage avec le sujet de cet article quoique...

Peut être êtes vous au courant, ce mois sort un livre sur la cyberstratégie russe aux éditions Nuvis.

La cyberstratégie russe.
Yannick Harrel
Editions Nuvis.

Il me semble intéressant qu'un de ces jours vous en fassiez un commentaire à tout le moins un petit encart.

I.T

égéa : oui, je suis au courant, il sort la semaine prochaine. J'ai été associé très tôt à ce projet, et je le connais bien. Il sera signalé en temps utile.

4. Le vendredi 15 mars 2013, 20:58 par Alphonse

L'information a toujours été au coeur des systèmes, de celui qui maitrisait le feu au sein de la tribu il y a bien longtemps, au fil du temps l'information a été gravé, puis écrite puis maintenant informatisé.

L'évolution vers le cyber est juste une version morderne.....rien de plus, certe sa transmition s'accèlère.

Après la socièté à profondément évolué pour mieux prendre en considération l'aspect de l'information, parfois au détriment du reste. Dans les grandes entreprises on y accorde surement plus d'importance que dans les petites, mais avec les outils modernes (Iph... et autre smart...) la distinction entre travail et vie personnel se trouve flou, ce qui par nature entraine une risque pour l'entreprise ou votre vie privée. Ce qui était compliqué avant devient beaucoup plus simple.
Les entreprises ne le persoivent pas encore ou que partiellement....et surtout ne veulent en voir que des avantages pour elle même sans en voir les inconvénients.
Après pour comprendre cette chaine de l'information, il faut la percevoire et c'est peut être la qu'il y a du boulot....

5. Le vendredi 15 mars 2013, 20:58 par Boris Friak

Il faut intégrer la qualité, la quantité et l'âge de l'information pour comprendre ce qui peut en faire sa valeur.

L'information en grande quantité ("big data") traitée suffisemment vite pour être utilisable (pour reprendre l'exemple de la distribution: mon client s'approche à moins de 50 mètres d'un de mes points de vente) a de la valeur car je peux lui adresser une offre sur mesure tenant compte de ses habitudes de consommation, de sa situation financière, du moment de la semaine et de la journée et des stocks du point de vente devant lequel il passera (prédiction) dans 20 secondes. Une seconde trop tard et l'information n'a plus aucune valeur.
Les militaires connaissent cela de longue date, localiser une cible mobile est une information de haute valeur...durant quelques milisecondes.

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