Quand on a l'ouvrage entre les mains, on s'aperçoit qu'il est incontestablement daté : en effet, les trois dernière parties évoquent les mérites comparés de l'Amérique et de l'URSS. J'avoue que je n'y ait jeté qu'un œil.
La deuxième partie pose la question des croyances et pourrait être plus actuelle, puisqu'on nous explique que la religion est désormais un facteur géopolitique essentiel. Il reste que ZB évoque surtout les relations entre christianisme, communisme et individualisme : on est finalement assez loin de notre environnement actuel. Toutefois, affirmer que "la croyance est un problème personnel", cela demeure d'une incroyable modernité.
En fait, c’est surtout la première partie qui retient l'attention : elle s'intitule "Les conséquences globales de la révolution technétronique". Il est déjà remarquable d’associer, d'emblée, la "globalité" (et donc de suggérer la globalization qui en est la conséquence) à cette "révolution technétronique" qu'on peut assimiler à notre cyber actuel.
p 21 " Le paradoxe de notre époque est que l'humanité, d'un même mouvement, s'unifie et se fragmente".
p. 23 "Tandis qu'officiellement les règles du jeu maintiennent l'illusion que les seuls joueurs sont ce qu'on appelle les "États" - et quand la guerre éclate, les États deviennent en effet les seuls qui comptent - à défaut de guerre, le jeu se joue désormais d'une manière beaucoup moins officielle, avec la participation d'éléments très mélangés".
p. 28 : "la société industrielle devient une société technétronique : c'est-à-dire une société dont la forme est déterminée sur le plan culturel, psychologique, social et économique, pas l'influence de la technologie et de l'électronique - tout particulièrement dans le domaine des ordinateurs et des communications".
p 29 "Dans la société technétronique, les connaissances scientifiques et techniques non seulement servent à renforcer les possibilités de production, mais agissent directement sur tous les aspects de la vie".
p 30 : "Dans la société technétronique, l'emploi industriel cède la place aux services, l'automatisation et la cybernétique remplaçant la direction des machines par des individus".
p. 45 "La menace de parcellisation intellectuelle, que constitue l’écart entre le rythme de l'extension des connaissances et celui de leur assimilation, pose un problème troublant en ce qui concerne l’unité intellectuelle future de l'humanité".
On le voit : ces extraits témoignent d'une certaine prescience de notre situation actuelle.
Bien sûr, il faut replacer le livre dans son contexte : à la fin des années 1960, Norbert Wiener et la cybernétique sont encore à la mode (nous y reviendrons dans une prochaine fiche de lecture...). De même, on peut déceler chez Brzezinski l'a priori techniciste typique de la pensée stratégique américaine, et qui annonce, déjà, non seulement les époux Toffler, mais ultérieurement la Révolution dans les affaires militaires.
Il n'en reste pas moins que l'invention de ce mot "technétronique" place Brzezinski parmi les premiers stratégistes annonciateurs de la pensée cyber. A ce titre, il doit être placé dans les bibliographies de cyberstratégie.
O. Kempf
1 De -
Bonjour,
Un clin d'oeil à votre billet, bien cordialement
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