En effet, le LB annonce, dès la fin du premier paragraphe, en évoquant la stratégie : "Elle sera désormais régulièrement révisée tous les cinq ans, tout en continuant de se situer dans une perspective de long terme".
Voici donc une erreur majeure. En effet, les calendriers se confondaient déjà : le temps du Président de la République avait été aligné sur celui du Parlement. Voici qu'on aligne également celui du LB et celui de la LPM.
Autrement dit, on est ultra procyclique. Sous couvert de réalisme, on fait de ces choses-là un machin soumis au aléas électoraux.
On oublie que De Gaulle disait à Peyrefitte, qui ne voyait pas l'intérêt de voter des lois de programmation militaire : "Peyrefitte, il ne s'agit pas de m'engager moi, mais d'engager mes successeurs". Bref, d'avoir un horizon temporel qui dépasse les calculs politiques.
Surtout que l'on vous explique que le LB n'est pas le plus important, même s'il évoque un peu les moyens. Que le plus important, n'est-ce pas, c'est la LPM.
Sauf que cette LPM est subordonnée à un truc qui s'appelle Loi de Programmation des finances publiques, qui datent de 2009 et imposent un budget triennal. Comme c'est curieux : depuis plus de vingt ans, on ne tient pas plus des trois premières annuités des LPM. Effet du hasard, ou véritable horizon temporel des gouvernants ?
Et puis surtout, j'ai cru comprendre qu'il y avait désormais des législations européennes et qu'on devait soumettre nos projets de lois de finances aux autorités européennes. Quid de la pluri-annualité dans ce contexte ?
Dois-je répéter ce que j'ai à maintes fois rappelé sur ce blog : un Livre Blanc, ce doit n'être écrit que quand le besoin s'en fait vraiment sentir. Imposer un exercice trop régulier, c'est privilégier la forme sur le fond, la quantité sur la qualité, la technocratie sur l'intelligence. Et qu'au fond, un LB ne devrait parler que de stratégie, et omettre les cibles de moyens.
Nous reviendrons un de ces jours sur ce Livre. Mais entre nous, il n'y a pas urgence, hein ... Et même, vous ne le liriez pas, personne ne vous en tiendrait rigueur. Il fallait le sortir parce qu'il fallait le sortir, maintenant que c'est fait, on eut passer à autre chose.
O. Kempf