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Concours EGD 2013 : Plutarque, amis, ennemis, honneur.

Voici le sujet de l'école de guerre, donné hier.

« Il faut avoir des amis et des ennemis ; des amis pour nous apprendre notre devoir, et des ennemis pour nous obliger à le faire. »

Cette citation de Plutarque vous paraît-elle consister aujourd’hui encore un paradigme valable, notamment en matières de relations internationales ?

source

Tout d'abord, bravo pour ce sujet : enfin qq chose d'intelligent et pas scrogneugneu, avec à la fois un tropisme RI et en même temps matière à réflexion, sur le métier et pas seulement. Du coup, ça m'a un peu inspiré. Je ne propose donc pas une "correction" (qui suis-je ?) mais un "parcours", qui ne vaut que ce qu'il vaut et témoigne surtout de mes lubies du moment. On y trouvera une articulation en 3/3, signe que je suis capable d'une tolérance forcément coupable.

Tout d'abord, remarquons les difficultés du sujet : en fait, des paires d'opposition qu'il va falloir agencer : ami/ennemi, RI /vie courante, hier /aujourd’hui (encore), perso/collectif. Je continue de jeter des idées : opposition entre les buts de l'alliance (le Rapfor) et la portée morale (R2P). Ennemi : désigner l'ennemi (Schmit), mais aussi duel, escalade de la violence. Il faut nécessité/neutralité. Système apolaire.

Fichtre : voici un baquet peut appétissant : quand je vous dis qu'il faut jeter des idées, il faut y aller. Tout ne sera pas recyclé dans le devoir...

Passons à l'intro : j'omets l'accroche, l'énoncé du sujet et l’annonce du plan, vous savez faire. D'emblée, je précise (termes du sujet) : "Ici, il faut comprendre l'honneur comme la reconnaissance publique de la morale personnelle" : cela me permet d'équivaloir, au long du devoir, les mots honneur et morale.

Quant à la problématique, je dirais qq chose comme : "Plutarque cherche à donner une leçon de vie, afin de construire une éthique personnelle. Mais cette dimension morale, valable pour les individus, n'est pas forcément pertinente dans le cadre des RI où les termes d'ami ou d'ennemi reçoivent une dimension principalement guerrière. Aussi considérerons nous ce seul champ des RI, avec ses acteurs collectifs (États ou entités politiques diverses)". D'où la question centrale (une problématique, c'est le problème qui résume tous les problèmes : c'est donc une seule question, et non pas quatre ou cinq, comme on le voit souvent) : quand il s'agit d'ami et d'ennemi, la morale a-t-elle sa place ? Le sujet ainsi reformulé, en avant.

I L'ennemi force à choisir l'ami

  • A/ L'ennemi c'est la guerre. La guerre est une chose politique où la morale a peu de place. Clausewitz
  • B/ Choisir l'ami, c'est choisir l'allié : se renforcer (RAPFOR) face à un ennemi jugé puissant. On privilégie le rapport de force car seule la victoire compte (guerre = duel, escalade de la violence). La force prime le droit, la guerre est une ordalie (Guitton)
  • C/ D'où la relativisation de la morale. Alliances honteuses, immorales, sans honneur, cf. François 1er et Soliman le magnifique, alliance qui fut jugée scandaleuse à l'époque. Il était "ami" face à "l'ennemi".

II Tout fout le camp

  • A/ Il n'y a plus d'ennemi : hypothèque nucléaire, fin des idéologies,GWOT l'ennemi c'est le terrorisme (un mode d'action, non un projet politique), cyber et guerre éco où chacun pour soi
  • B/ Il n'y a plus d'ami : les alliances, autrefois circonstancielles, sont aujourd'hui permanentes et ossifiées. Le système international est devenu apolaire, post-hobbesien, lutte de tous contre tous.
  • C/ Il n'y a plus d'honneur : soit qu'on n'intervienne pas quand les moralistes appellent à le faire (Syrie : mais c'est avant la page 3 du Canard enchainé du jour...), soit que la morale serve de prétexte à des objectifs réalistes (Libye)

III Par delà le bien et le mal, et donc l'ami et l'ennemi

  • A/ Les longues tentatives pour moraliser la guerre : Grotius, jus ad jus in, DCA, ONU, R2P (là, on montre qu'on connait le cours)
  • B/ L'ammoralité de l'excessive moralisation : Simultanément, relativisme absolu (tout se vaut, "je" est la norme, selon mon bon plaisir), et discours moralisant (le politiquement correct : protection des faibles, des minorités, des valeurs universelles : la soupe actuelle)
  • C/ Au risque de la violence absolue : contradiction entre un système absolu et un relativisme absolu. Elle risque de se résoudre par une violence absolue, interindividuelle. Alors, les réponses collectives ne serviront plus, et l'on reviendra aux propos de Plutarque : son ambition étant celle de la morale de l'individu, qui vise à garder son honneur.

Bon, je ne sais pas si ça tiendrait la route, j'ai fait ça assez rapidement. Disons que les trois termes ami ennemi morale sont utilisés à chaque partie, que chacune est cohérente, et qu'elles s'enchaînent à peu près logiquement. Je ne sais pas comment je sortirai de la conclusion, vu la note effroyablement pessimiste de la dernière partie.

Bon, vous avez le droit de me dire que j'ai raconté des bêtises (pas nouveau, c'est un peu l’objectif du blog) mais aussi de balancer vos plans succincts : ça aidera vos petits co qui s'attèlent au zimbrec l'an prochain.

Bon courage à tous

O. Kempf

Commentaires

1. Le mercredi 19 juin 2013, 21:40 par oodbae

Bonjour,

Et bien je dirais qu'il faut deja savoir de quel devoir on parle. Si il s'agit du devoir conjugal, il faut en premier lieu avoir une femme si on est un homme, ou un homme si on est une femme, ou une femme si on est une femme homosexuelle, ou ... ou tout simplement un conjoint, puisqu'on n'a plus le droit d'evoquer les orientations sexuelles sous peine d'etre condamne pour discrimination. Pourtant, le devoir d'un citoyen est bien de defendre ses droits et de s'acquitter des devoirs qui en decoulent. Hors la droit a la liberte de penser et d'expression est constitutionnel. Dois-je me restreindre sur Internet? J'aurais besoin d'amis pour me conseiller. Probablement que quelques commentaires anti-anti-mariage homo me convaincraient d'exercer mon devoir de proteger mon droit a la liberte d'expression et mon droit d'exiger un mariage hetero par defaut.

Certains devoirs sont donc communs, tel celui de garantir sa liberte d'expression, d'autres aussi mais moins quand meme, tels le devoir conjugal. Enfin certains devoirs sont strictement personnels, tels ce devoir ecrit sur egea.

Il apparait donc que les devoirs sont classifiables et qu'on peut projeter ce paradigme dans les trois cas.

premier cas, celui des devoirs communs
protection de l'integrite territoriale -> commun a tous les etats-nations, notamment europeens -> il serait temps pour la France de rappeler aux autres etats amis leur devoir de subvenir a leur propre devoir de securite, apres qu'on se soit battu a mort pendant deux geurres mondiales pour produire ces etats. L'ennemi n'est pas un autre etat mais ceux qui veulent nous empecher d'accomplir ce devoir: les vendeurs d'armes extra-europeens, les organisation pan-etatiques, les organisations sociales internationales contre la souverainete des etats, par exemple l'islam salafiste. Ce qui se concoit bien s'exprime clairement (D'Alembert). concevoir son ennemi, c'est definir ce a quoi il s'attaque.

protection du peuple. contre quoi? contre la destruction de son environnement intellectuel( culture, emploi, domaine d'activite) et phzsique ( nature, paysages, infrastructures). identification des agresseurs potentiels: multinationales agroalimentaires, imperialisme culturel, imperialisme religieux, deregulation du marche du travail. Moyens: exploitation des sols facilitee par le liberalisme, libre-circulation des biens culturels amplifiee par le cyber, immigration depuis des pays non-chretiens, court-circuitage de l'echange d'info entre les generations.

En centrant le probleme sur les etats-nations, il se trouve de nombreux autres etats-nations confrontes aux memes menaces et pouvant donc devenir des amis.

deuxieme cas des devoirs moins communs.
le devoir d'assurer la perennite des relations politiques et economiques avec les pays de l'ex-empire colonial.
il apparait difficile d'avoir des amis dans ce domaine, en tout cas pas des amis partageant des interets semblables. En effet, il s'agit d'une relation passionelle et on se demande meme parfois qui porte la culotte. Mais qui pourrait donc etre ami sur ce plan? Par contre, il y a de nombreux ennemis, notamment tous ceux qui jalousent des relations privilegiees. Meme si ces relations ont aujourd'hui presque disparu, le cas peut faire ecole (NDLR). Ici, il vaut mieux ne pas avoir d'amis car ceux-ci en sont probablement de faux. Quant aux pays anciennement colonises, c'est comme avec une ex-femme, on ne deviendra ami que lorsqu'ils se porteront tous seuls et subviendront seuls a leurs propres besoins. En attendant ce jour heureux, le principal devoir auquel ils nous rappellent est celui du versement de pensions.

le devoir de proteger son economie.
l'Allemagne etait un ami a la sortie de la 2gm dans ce domaine (CECA, etc). Et peut le demeurer, en raison de l'importance des echanges. Amitie par interet, au sens d'Aristote. ce n'est pas une amitie tres fiable, d'apres aristote, mais par sa rationnalite, elle est plus facilement transposable aux relations internationales (la mission fait l'alliance, dixit rumsfeld). L'ennemi, ceux qui veulent detruire l'economie francaise. Par exemple les USA qui ont inonde le marche francais a la sortie de la 2gm et ont provoque plus de dommages economiques que toute la 2gm elle-meme (Tony Judt, histoire de l'Europe d'apres guerre)

enfin, les devoirs tres personnels, tels celui sur egea
par exemple, le devoir de propager les droits de l'homme et du citoyen autour de la planete, en y sacrifiant du temps et de l'energie au lieu de travailler comme la raison le commanderait. On aimerait avoir des amis qui nous apprennent a nous dispenser de ce devoir. Mais il n'y a que des ennemis qui encouragent ce trait typiquement francais a parler encore et toujours de politique et se montrer d'autant plus pedant qu'on n'est qu'amateur, afin de nous faire passer pour des idiots et nous faire chuter.

conclusion.

En relations internationales comme dans la vie, il est difficile de rester ami avec quelqu'un qu'on a bien baise ou qui nous a bien baise. Pour les autres, il faudra bien parler de devoirs puiqu'on ne parlera pas de passion. Sauf bien sur avec ceux qu'on deteste passionement. Plutarque avait plutot raison, mais il a juste oublie de parler du conjoint, ce qui laisse supposer qu'il est reste bloque en enfance a jouer a la gueguerre. C'est ainsi qu'on peut tolerer la simplification excessive de ce paradigme

2. Le mercredi 19 juin 2013, 21:40 par

C'est un sujet d'hypokhâgne.

Les candidats à l'EdG sont des officiers qui ont été sélectionnés il y a plus de dix ans sur des sujets tels que celui-ci. S'ils savaient traiter ce genre de sujet il y a dix ans, à rien ne sert d'y revenir après dix ans d'une expérience professionnelle particulièrement formatrice : certains d'entre eux détiennent même des titres de guerre acquis quand ils étaient lieutenant ou capitaine. En les faisant plancher à trente ou quarante ans sur un sujet bac+1, on les dévalorise.

Se posent ainsi plusieurs questions : non seulement la question de la place du Soldat dans la société (aucun service public n'agit ainsi avec ses cadres supérieurs) mais aussi et surtout la place des opérationnels dont la rumeur dit qu'ils ne sont guère écoutés dans ce ministère : il est vrai que des gens expérimentés qui sont « sélectionnés » sur des sujets pour étudiants acnéiques ne peuvent pas, ensuite, être pris au sérieux par d'autres gens incapables d'imaginer un instant la valeur de leur expérience opérationnelle et humaine.

Se pose enfin la question des candidatures aux écoles militaires : il faut se demander ce que pense un jeune qui voit qu'on le fera encore plancher sur de tels sujets dix ans plus tard, alors qu'il aura rencontré aux quatre coins du monde des populations exceptionnelles et fait face à des situations inimaginables.

3. Le mercredi 19 juin 2013, 21:40 par

J'ai présenté aujourd'hui aux jurys des trois Armées et de la Gendarmerie les corrigés "étalons" de culture et de synthèse du concours 2013 (au nom de la Revue d’Études)
Vous trouverez là une approche du sujet assez (très) différente...de quoi rassurer les candidats qui pourront constater qu'autant d'auteurs, autant de solutions!

égéa : merci. Je tiens à préciser, pour les esprits chagrins qui m'ont posé la question : 1/ QUe je n'ai pas donné le sujet 2/ que je ne l'ai pas soufflé 3/ QUe je ne connais pas les membres du jury et n'ai donc pas pu les influencer (sauf à ce qu'ils lisent ce blog régulièrement).

4. Le mercredi 19 juin 2013, 21:40 par Pandore78

Candidat à l'EDG et lecteur assidu de ce blog, je me permets une humble contribution :

Sur les sujets EDG. Personnellement je suis décontenancé par le manque de continuité d'une année sur l'autre entre les sujets. Entre des sujets bateaux (comme l’année dernière et l’année d’avant), des sujets de cours de philo (comme il y a 3 ans) et un sujet aussi nébuleux que celui de cette année, difficile de s’y retrouver…

Sur le sujet de cette année, le moins que je puisse dire c’est que les correcteurs vont avoir un large panel de réponse. Pour avoir partagé mes impressions à la sortie de l’épreuve avec des camarades gendarmes et terriens (tous réunis pour le meilleur et pour le pire à Rungis), je n’ai pas entendu deux plans semblables … d’ailleurs le manque de commentaire sur ce post est peut être à mettre en lien avec la stupéfaction des candidat à la sortie des amphis (… la peur du hors sujet total). Pour enfoncer le clou, j’en ai également discuté le lendemain avec une petite dizaine de récents brevetés croisés au café, tous sont circonspects !

Pour ma part j’ai cru comprendre à peu près la même chose que l’auteur d’EGEA (certainement moins bien formulé, j’en confesse) , je suis donc à des années lumières du modèle de la revue d’étude … mon plan en 3 parties dit la chose suivante :

Accroche : Pourquoi la R2P en Libye et le stand-by en Syrie

1. Les alliances dimensionnent encore pour partie les RI
a. Alliances formelles (OTAN , Accords de défense)
b. Alliances informelles (civilisationnelles / ethniques)

2. Mais les Etats sont souverains et agissent comme bon leur semble
a. Souveraineté des Etats affirmée : Westphalie 1648, art 2 charte ONU
b. Liberté de ne pas suivre à condition d’avoir les moyens de son indépendance (cf : France – Iraq 2003)

3. Au delà, c’est la notion d’intérêt qui structure réellement les RI
a. Agir si intérêt (ou du moins si risque limité)
b. Agir si peur (menace directe)

C° : Que reste t’il de l’honneur dans les RI (allusion à Thucidide comme motif de la guerre) ?

Et maintenant, .."au résultat !" comme on dit.

égéa : Pour le manque de continuité des sujets, je comprends votre désappointement. Mais d'un autre côté cela fait partie de l'imprévu que vous avez rencontré au cours de votre carrière et que vous allez rencontrer après...

Pour le manque de commentaire : j'ai aussi été victime d'une attaque de commentaires spamming (plus d'un millier) et j'ai supprimé hardiment : je crains d'avoir effacé, au passage, de vrais commentaires pertinents. Attention : il y a une question posée sous le formulaire de commentaire, il faut y répondre (4) sinon on est classé comme indésirable !

Pour votre plan : très bien. IL fallait bien mentionner dans votre intro que vous porteriez le débat sur intérêt/honneur (ou morale ou éthique ou ...) comme clef des stratégies d'alliance des États souverains. Là encore, la qualité d'une intro permet de bien tracer les limites, et expliquer ce qu'on ne va pas dire : ce point est très important, et souvent négligé.Au résultat : un peu de perms, continuez à lire (y compris égéa) et préparez bien l'oral...

5. Le mercredi 19 juin 2013, 21:40 par Gédé

Bonjour,

candidat à l'EDG, je me suis retrouvé, parmi tant d'autres, à plancher sur cette affaire... Mieux vaut Plutarque que jamais !

Préambule sur le cyber... J'ai évoqué les récentes cyber attaques pour mettre en évidence la difficulté de distinguer ami et ennemi ( anonymat relatif)

puis suis parti sur l'IM suivante :

"Connaître et désigner son ennemi revient à organiser la défense ultime de ses intérêts pour un État sur la scène internationale. C'est cette connaissance qui permet à l'Etat de protéger ses citoyens, devoir sur lequel il fonde sa légitimité."

Plan :
1/ L'idéalisme d'un monde sans ennemi ne résiste pas aux lois d'airain du politique
2/ Dans un monde multipolaire, hétérogène et global la notion d'ennemi tend à disparaître au profit de celle d'adversaire. Pour autant, un adversaire ne sera jamais aussi menaçant qu'un ennemi.
3/ Finalement, la capacité éminemment politique à désigner l'ennemi constitue un élément majeur de l'expression de la puissance interne ou externe qui légitime toute forme d'organisation politique sur la scène internationale actuelle hier comme aujourd'hui.

Bref, mon affaire tourne autour de l'ennemi en ayant pris soin de définir la notion de devoir d'un État ( réciprocité entre protection et obéissance etc...)

Je pense avoir un peu trop focalisé sur ennemi au détriment d'ami... Néanmoins j'ai insisté sur le ton impératif de Plutarque qui résonne comme un avertissement à l'heure ou l'Europe, depuis la chute du mur, ne désigne plus d'ennemi et ne parvient pas à bâtir une Europe de la défense. Alors même que l'Otan impose la "smart defence" dans un contexte de pivotement vers l'Asie.

Par contre je n'ai pas évoqué la notion d'honneur sauf en rappelant son absence dans la version machiavélique de l'accession au pouvoir. Aïe !!

Finalement on peut relancer le débat avec "qui veut la paix prépare la guerre..."

Alea jacta est !

égéa : beaucoup de sous-jacents schmittiens : mais Schmitt vient après Clausewitz, qu'il a d'ailleurs beaucoup lu. Une notion intéressante, cette de légitimité, qui me semble pouvoir réconcilier honneur, morale... et intérêt !

6. Le mercredi 19 juin 2013, 21:40 par Sébastien

Bonjour,
je ne suis pas un pro du clavier, excusez-moi donc du manque de fluidité de mon post.

sujet peu « tradi », difficile à limiter et vraiment déstabilisant. Je vous propose donc ma modeste et très humble contribution de gendarme...d'origine formol...j'ai découvert les RI il y a environ 6 mois (à l'exception des connaissances d'un honnête homme bien sûr) Merci EGEA ! Allez, je me lance pour la première fois...

Accroche : Fukuyama, après la chute du Mur, annonce la fin des conflits idéologiques et la convergence de l'humanité vers une civilisation universelle. Plutarque, dès l'antiquité, affirme pourtant la nécessité d'avoir des amis et ennemis...

I – Amis et ennemis, moteurs de progrès et de remises en cause fécondes en politique, économie, RI

1-1 concurrence pacifique à la base même du système démocratique – R.Aron (introduction à la philosophie politique). Majorité/Opposition, amendements des projets de loi, etc...

1-2 concurrence à la base de l'innovation et du progrès économique...Nouvel A 350 airbus, en réponse à Boeing, etc...

1-3 En RI, adversité moteur de progrés...Robert Schuman et création de la CECA...UE prix nobel aujourd'hui...

II – Dans monde individualiste, globalisé et multi-polaire, Dichotomie ami/ENI relative et versatile...

2-1 Démocratie et confort matériel pousse à un individualisme croissant détruisant le débat politique Cf Alexis de Tocqueville...

2-2 En économie, les amitiés, alliances sont plus que fragiles et intéressées...Mittal ami de la France années 2000 et indésirable récemment (Cf Ministre )...

2-3 En RI, c'est la réalpolitik qui prévaut...

III – Normes juridiques et éthique universelle qui guident nos comportements et fixent nos droits et devoirs...

3-1 Conflits armés : c'est le droit qui fixent les devoirs des bélligérans : DCA, Ethique militaire. La Haye et Genève...nécessité d'une éthique militaire pour un monde meilleur...JR Bachelet...

3-2 Europe, puissance normative, se construit sur le rejet de la puissance militaire et de la guerre Cf Zaki Laidi (La norme sans la force).

3-3 Ethique universelle s'impose moralement : Droits H, pacification des moeurs (Elias), etc...

Ouverture avec une citation de Michel Serres sur les institutions actuelles inadaptées aux profondes ruptures qu'a connu le monde (temps des crises)...ne faudrait-il pas tout réinventer ?

égéa : Traitement classique. Vous voyez que ce n'est pas si difficile ! Une question au passage (mais qui handicape la qualité générale) : dans votre 2.1, vous estimez que c'est la démocratie qui pousse à l'individualisme... Je vois quant à moi un individualisme croissant, qui est passé par une forme (la démocratie) et qui ne permet plus le débat politique.

7. Le mercredi 19 juin 2013, 21:40 par yves cadiou

Je fus autrefois secrétaire de ce concours. J’en ai retenu beaucoup de réflexions grincheuses (« chagrines », dirait Olivier Kempf) mais je tiens à souligner d’abord une conclusion positive de mon expérience : il n’y a pas de magouilles. Je suppose qu’il en est de même aujourd’hui, à la fois par la force de la coutume et parce que chacun comprend la perte de prestige qui en résulterait pour l’encadrement militaire supérieur.

Mais il n’y a pas que du positif et j’aimerais que les jurys lisent ce blog. Alors que j’étais secrétaire j’assistais, spectateur muet, aux réunions des jurys avant et après les épreuves. J’ai pu constater que pas un de ces jurys ne s’interroge sur la finalité du concours, que personne ne se demande quels profils on veut sélectionner ni dans quel but. Chaque année le jury cherche seulement à refaire à peu près ce qui s’est fait les années précédentes tout en se montrant capable d’un minimum d’originalité mais il n’y a aucune réflexion de fond quant au but du concours. Ce serait pourtant le moment de faire une bonne MRT : à quoi sert l’EDG, pourquoi, comment, avec qui, contre qui, etc.

Je le dis pour les futurs candidats mais aussi pour les jurys, pourquoi pas : il faut lire les rapports de fin d’épreuves qui sont rédigés chaque année par les jurys. C’est toujours la même chose : le niveau des candidats de l’année considérée est plus faible qu’il n’a jamais été. A lire cette sempiternelle conclusion, l’on devrait conclure que ce n’est pas le niveau des candidats qui est le problème : depuis le temps que les jurys écrivent ça, le niveau est sûrement celui d’éco-mat’ (… abréviation pour "école maternelle"). Une telle constatation, tellement contraire à l’évidence, devrait faire réfléchir.

Mais il faut lire surtout les annexes au rapport et notamment le bêtisier, c’est-à-dire les perles que le jury a cru trouver dans les copies pour illustrer la faiblesse du niveau : l’on s’aperçoit alors que ces prétendues « perles » sont souvent d’une finesse et d’une profondeur que le jury n’a pas été capable de détecter.

C’est l’aspect le plus grave de ce genre de concours : lorsque certains candidats sont meilleurs que le jury, ils ont toutes les chances d’être éliminés. A cette aune, l’on n’est pas près de progresser, le jury étant un plafond indépassable. Un candidat brillant ne passera pas, à moins qu’il soit assez fort pour cacher qu’il est brillant (ce fut certainement le cas de Bentégeat, en son temps : un exemple qui me vient à l’esprit parmi d’autres).

Pour sortir de la sclérose générée par le système, il faudrait aller chercher les jurys dans la société civile. Il faudrait déjà, si l’on n’a pas les moyens de constituer des jurys civils, que les jurys militaires aillent voir ce qui se fait ailleurs. Une telle démarche, qui n’aurait rien d’infâmant, permettrait de revenir à un peu plus de réalisme : les chefs de corps de pompiers, les directeurs d’hôpital, les recteurs d’université, les inspecteurs d’académie, les administrateurs de préfecture, les attachés d’ambassade, etc. ne sont en aucun cas sélectionnés sur leur aptitude à commenter un aphorisme de Plutarque.

8. Le mercredi 19 juin 2013, 21:40 par Seb

Bonjour,

J'ai tenté une approche progressive de ce sujet, en veillant à démontrer comment apparaît cette alchimie ami/eni, qui débouche sur le devoir, sorte de cap à maintenir aujourd'hui en RI et en politique.

IM: citation introduisant un schéma explicatif des RI et de la politique tjs valable, car les pertes de repères actuelles sur les interactions gouvernants/gouvernés et Etats/ acteurs perturbateurs, dans un contexte de compétition éco, ne laissent pas de place à un monde sans repères

I- Dans un contexte naturel "désordonné", les hommes se sont liés pour faite face aux périls extérieurs, puis devenir souverains...
(état de nature Hobbes, émergence Nation "qui appele l'Etat", bie au sein d'une communauté internationale)

II- ... Dans un cadre légal et coopératif pour "apprivoiser" les relations et affiner le sens du devoir...
(certes, communauté int=angélique, mais règles du DCA et coopération entred Etats+essor organisations régionales)

III-....Où les évolutions actuelles rendent plus que jamais nécessaire de s'appuyer sur des amis pour faire face à une multiplication de menaces voire d'ennemis
(repli communautaire et radical relig, "perte de surplomb du politique" qui ne paraît plus vraiment représentatif, menaces transnationales cf terrorisme)

Conclusion: verrouillage de l'IM et ouverture sur l'illusion de croire en la fin de l'histoire, càd, de croire que les repères sont obsolètes.

Merci

9. Le mercredi 19 juin 2013, 21:40 par françois

Bonjour,

Le 'notamment' de la question est un peu déstabilisant..il m'a incité à ne pas limiter le sujet aux RI, et à en évoquer également d'autres (RH). Pas évident de mener de front ces différents domaines sauf à parler des convergences/dissemblances. Pour l'aspect RI, la citation de Lord Palmeston : "L'Angleterre n'a pas d'amis, elle n'a que des intérêts" (je crois que c'est la formulation originale...généralisée par la suite) m'a conduit à une démonstration qui se rapproche de celle de Pandore78.

Cordialement.

10. Le mercredi 19 juin 2013, 21:40 par

Un débat est ouvert sur le site de La Saint-Cyrienne au sujet des départs après le TC de capitaine. C'est-à-dire, pour ce qui occupe une catégorie de lecteurs d'egeablog, avant le concours de l'EdG :
http://www.saint-cyr.org/fr/le-prob...
Le débat est un peu mal posé parce qu'il parle de « fidélisation » (un départ serait donc une infidélité) mais il a quand-même le mérite de poser plusieurs questions que l'on aurait tort d'éluder.

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