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Economie, ressources et flux

L'économie ce n'est pas seulement de la gestion de ressources rares, comme le dit la définition traditionnelle. Elle est juste, mais le mot gestion est un peu court. Des définitions alternatives insistent sur l'échange (l'économie comme marché). Toutefois, on a tous à l'idée la place du village où viennent s'échanger les différents produits. Vision à la fois médiévale et rurale, qui n'empêche pas une certaine spécialisation, mais qui est forcément limitée.

source

A lire Braudel et la dynamique du capitalisme (fiche de lecture), on s'aperçoit que désormais, l'économie, inclut une part d'échanges de biens à longue distance. De même, quand on lit la géographie historique de la France, on est fort surpris de s'apercevoir que la spécialisation régionale en France est venue seulement au XIX° siècle, avec le développement du réseau de chemin de fer, donc avec les "échanges".

Dès lors, l'économie, c'est aussi faire transiter des ressources qui sont abondantes en un point, vers un marché où elles sont rares : autrement dit, l'économie est aussi gestion de flux.

A l'origine, la longue distance faisait courir des risques énormes (cf. la route de la soie, par l'intérieur, ou la route des épices, par la mer, qui reliaient toutes deux l'Asie occidentale (et donc l'Europe) à l'Asie orientale). Les profits étaient à hauteur des risques. Soit la richesse, soit la faillite. Aussi, la classe des capitalistes que décrit Braudel est-elle finalement assez mince.

Il reste que le profit vient de la maîtrise de la rareté par rapport à la demande. La richesse de l’Europe est due, à partir des grandes Découvertes, au monopole d’exploitation des richesses d'Amériques (les galions d’argent qui voguent vers l'Espagne). Mais cette rareté se crée : en fabricant un "camembert", forme particulière de fromage, on crée un goût, une particularité, un produit, un terroir : une rareté. Le Champagne trouve son essor non seulement à cause de son pétillant, mais aussi à cause de la Marne qui permet de l'amener rapidement à Paris et au-delà en Angleterre. L'échange distant crée le produit. Le marché crée la rareté. Le flux prime sur le stock.

C'est une des intuitions de Mahan, qui associe le commerce à la puissance maritime. La puissance des flux permet et renforce la puissance des flots - et réciproquement. Peut-être a-t-on quelque chose de similaire avec le cyber, qui crée un nouveau flux, non plus de produits, mais d'informations.

A ceci près que là, il n'y a pas de rareté. Pour l'instant.

O. Kempf

Commentaires

1. Le jeudi 20 juin 2013, 22:30 par BQ

Stocks et flux, flux et stocks...
En considérant que les produits sont des paquets, des sachets de 0 et 1 agrégés, que ces produits ne sont pas périssables et qu'ils sont produits et stockables quasiment à l'infini, leur vitesse de circulation sera d'autant un multiplicateur d'effet que e=mv².
Il apparaît d'autre part en vous lisant que les mailles des réseaux permettant leur circulation sont mobiles, déformables, leurs nœuds pouvant se déplacer...
Si les paquets de 0 et de 1 sont des produits prisés, nous aurions donc un marché pour lequel les modalités d'échange (commodité, vitesse, canaux multiples...) ne constituent pas un obstacle, mais au contraire un facilitateur. Se pose par contre la question de la formation des prix.

égéa : oui. C'est d’ailleurs une question sous-jacente à al crise des dettes, et à la bulle de bulles : chaque bulle, depuis 75 (ou 72 et la fn de la convertibilité or) a entraîné une altération du système de prix, puis on a corrigé le thermomètre ce qui a entraîné un nouvelle bulle ailleurs, etc. Aujourd’hui, chacun sait que les prix ne veulent plus rien dire, effet à la fois de l'accumulation de bulles (effet stock ) que de la modification structurelle due au cyber (effet flux)

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