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Mondialisation : espace, ou temps ?

Passant actuellement le plus clair de mon temps à encaisser, au sens propre, je n'ai pas forcément l'esprit disponible pour de grandes considérations. Aussi en reviens-je à des considérations que j'ai peut-être déjà dites. Risque de la répétition. Mais espoir de la clarification... Revenons donc à la mondialisation.

source

La mondialisation est le plus souvent comprise comme une unification spatiale. Et elle l'est, incontestablement.

On voit moins, pourtant, qu'elle est aussi (d'abord ?) une unification temporelle. Chacun vit désormais dans le même temps. Et donc dans le même espace temps.

Bien sûr, ce temps est rythmé (tout comme l'espace est rythmé, ce qui devrait au passage nuancer les discours affirmant que la mondialisation est lisse ou fluide, et que la terre est plate). Et vous vous souvenez peut-être de cette "triade" mise à jour à la fin du XX° siècle, et qui organisait le globe en trois pôles : Amérique du Nord, Europe et Japon. Peu importe que le troisième pôle ait légèrement basculé et soit devenu chinois. Il faut en effet apercevoir que l'espace fait le temps. Que notre macrocosme (planète de 20.000 Km. 40.000 km de circonférence tournant en 365 révolutions autour du soleil) "ordonne" notre société, et découpe des journées de 24 heures qui se répartissent, logiquement, en 3x8.

Trois temps de huit heures, voici l'origine des trois "pôles", à peu près équivalemment répartis autour de notre planète. Le temps fait l'espace. Et l'unité spatiale n'est que le résultat de l'unité temporelle.

Autrement dit, la mondialisation est d'abord une synchronisation.

Elle revient à mettre dans la même perspective temporelle des aires civilisationnelles qui vivaient selon des temps différents. O. Kempf

Commentaires

1. Le mercredi 26 juin 2013, 22:19 par oodbae

pourquoi est-ce que la phrase "les propos sur ce blog n'engagent que son auteur et aucun des instituts ou institutions pour lesquelles il travaille" a t elle disparu? Quel dommage, ca donnait un cachet si "esprit libre" à chaque billet.

Par ailleurs, c'est bien sûr une jolie idée que vous développez là. Une sorte de théorie de la relativité restreinte appliquée à la géopolitique. Et en la poussant un peu, on peut ressentir la révolution à venir qui est générée par l'informatique et les systèmes automatisés.

Ceux-ci possèdent en effet deux caractéristiques qui les affranchissent des deux contraintes que vous décrivez. D'une part, ils ne nécessitent pas de repos, si ce n'est la recharge des batteries pour les robots mobiles. Ils sont donc indépendants des emplois du temps que les humains doivent supporter. D'autre part, ils peuvent à présent agir partout autour du globe terrestre et à tout instant, dans le cas des systèmes informatiques. ils sont donc indépendants des contraintes logistiques spatiales que les humains doivent supporter.

Pour le moins, ceci montre une fois de plus que le cyber est un espace propre, de même que la mer ou la terre. Mais aussi, cela montre que le cyber s'affranchit des contraintes humaines, ce que je trouve plus qu'inquiétant puisque l'intelligence artificielle les affranchit aussi de la tutelle humaine.

Egea: pour la phrase , pour une raison bien simple: parce que ça me casse les pieds de la coller à chaque fois. Et puis ça n'est pas forcément des plus utiles.

Pour le reste, oui, la mondialisation est aussi (aussi) le résultat des NTIC, de l'informatisation. D'ailleurs, j'emploie volontiers le mot de planétisation. Comme si le passage des NTIC au cyber et de la mondialisation à la planétisation avaient eu lieu de pair.

2. Le mercredi 26 juin 2013, 22:19 par J Phi

Là c'est un peu tiré par les cheveux. D'abord, c'est quoi "synchronisé" ? Dans la physique relativiste, c'est successif : dans la physique quantique, c'est simultané. Vu qu'on n'arrive pas à réunir les deux, le moment, en physique comme en géopolitique, est venu de trancher, on ne peut pas attendre encore plus longtemps. Or selon qu'on est dans un monde de succession d'évènements ou de simultanéité, on est soit dans un processus de décision managérial (OODA et tout le toutim : on valide on agit on rétrovalide) soit dans un mode de décision intuitif style Aufstragtaktik (on agit on réfute éventuellement). Sinon, le camembert européen est intéressant en ceci qu'il n'a pas changé depuis le milieu du XVIIIe siècle. Les grandes compagnies représentaient déjà environ 10 % pour la part américaine de notre commerce, 8 % pour la part asiatique (géographiquement plus vers l'Asie du sud). Mais la plus grosse part était déjà pour moitié avec nos voisins continentaux, et un quart en Méditerranée. Les volumes ont explosé, les proportions sont rigoureusement les mêmes depuis trois siècles. D'où l'interrogation des historiens : c'est quoi la globalisation, si ce n'est un discours récent, très récent, pour décrire un vieux truc, un très vieux truc ? En praxis marxiste, ça porte un nom : de l'idéologie à l'état pur.

Egea: super, enfin quelqu'un qui n'est pas d'accord . Bien vu ta remarque sur la structure du camembert.

3. Le mercredi 26 juin 2013, 22:19 par AGERON Pierre

la mondialisation comme processus d'accélération des échanges à l'échelle de la planète est bien sûr un espace temps. Mais quel phénomène spatial ne l'est pas. Ce qui change fondamentalement, c'est l'observation que le Monde peut-être un lieu, espace qu'une "élite cinétique" (Koolhaas) ou un organisation transnationale s'approprie, via les différents moyens de gérer le problème de la distance (mobilité physique ou virtuelle par les télécoms).
Sur les trois pôles de la Triade, le fait est que la disposition des terres émergées induit se fonctionnement, les trois pôles correspondants aux trois foyers de peuplement majeurs du monde, si l'on raisonne non plus en termes de pôles mais de faisceaux (Asie Orientale: de Pékin-Tokyo à Sydney via Singapour et Jakarta), le faisceau américain (Mégalopolis-Sud-Est Brésilien) faisceau Euroméditerrannéen

Egea : oui pour les faisceaux, mot que j'ai omis d'écrire ...

4. Le mercredi 26 juin 2013, 22:19 par yves cadiou

Amusante, votre idée d'une Terre qui ne ferait que 20 000 km de circonférence. Si je me souviens bien de mes formules de géométrie, son volume serait trois fois moindre. Par conséquent la pesanteur serait, elle aussi, trois fois moindre et une grande partie de l'atmosphère se serait échappée dans l'espace. La vie pourrait exister dans cet air raréfié mais l'on recevrait continuellement des météorites qui ne seraient pas détruites par leur traversée de l'atmosphère.
La collision avec Théia n'aurait pas eu lieu et nous n'aurions donc pas le champ magnétique qui protège la surface terrestre de la radioactivité solaire depuis près de cinq milliards d'années. Notre protection contre la radioactivité solaire ne serait que faiblement assurée par l'atmosphère, trop légère pour être suffisante.

Autant dire que l'être quasi-parfait que chacun de nous voit dans son miroir chaque matin n'existerait pas : la vie végétale existerait probablement mais la vie animale se limiterait à des bestioles vivant dans des terriers ou à des animaux marins. Les océans eux-mêmes seraient rares, évaporés en grande partie dans l'espace. A notre place régneraient les insectes, parce qu'ils sont très résistants à la radioactivité.
Finalement, je préfère que la Terre fasse 40 000 km de circonférence.

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Mais ce problème de circonférence n'a pas lieu d'être posé parce qu'en pratique la Terre est plate. Si elle ne l'est pas vraiment c'est tout comme : le schéma qui accompagnait votre billet de jeudi dernier le montrait bien. Ce schéma n'est pas un égocentrisme de cartographe mais l'enregistrement des liaisons aériennes dont la fréquence est supérieure à 140 vols par mois http://www.egeablog.net/dotclear/in... Ce schéma, qui correspond à une réalité objective, donne à l'Europe sa place centrale, entre l'Asie et l'Amérique, et d'autre part montre bien ce que l'on a déjà observé sur ce blog : l'Océan Pacifique constitue une séparation. Par conséquent la planétisation concrétise ce que montrent nos planisphères depuis toujours centrées sur la France.

Nombriliste jusqu'au-delà de l'excès je ne crains pas de voir, en regardant bien, que ce schéma des liaisons aériennes réelles est précisément centré sur Notre-Dame-des-landes.

Egea : oups... Bien sûr, la terre fait 40.000 km de circonférence .... La fatigue n'excuse pas tout, y compris des erreurs grossières comme celle ci. Je corrige.

5. Le mercredi 26 juin 2013, 22:19 par Alphonse

J'aime bien votre idée.

Après je constate simplement qu'a une autre époque les départements on été crée avec une idée de proximité. sous préfecture a une demi journée de marche et la préfecture à une journée.

Il faut juste 26 heures de vol pour rejoindre Nouméa 200ans plus tard.

Avant le cyber, c'est les techniques qui ont raccourci les distances. Le Cyber a lui permis de tirer parti des 3x8, pour supprimer les temps morts à tous les niveaux.
Quand je dors, un autre travail, comme font certains support client, pour solutionner le problème de leur client. Cela présente des avantages quand c'est positif, mais aussi beaucoup de désavantage quand c'est négatif.
Le hacker chinois travail quand je dors....du coup je me lève plus tôt et je le couche très tard pour contrer le gentils hacker américain :-) Bref je fatigue, si on pouvait me remplacer par un robot ce serait cool!!

Cette évolution est fascinante mais aussi très inquiétante, les progrès n'ont que très peu de limites.

6. Le mercredi 26 juin 2013, 22:19 par AGERON Pierre

@YCadiou. Petite précision. En fait, si je ne me trompe, plus que la centralité de l'Europe qui dérive de la colonisation, centralité remise en cause par les compagnies du Golfe (via leurs hubs de Dubai, Abu Dhabi et Doha).
[Cf. Harbinson P., 2010, « Why Europe’s airport hubs are under threat and why its major airlines are worried too »,
disponible sur http://www.centreforaviation.com/ne... daté du 5/10/2010 et surtout, l’article daté du 21/9/2010, « Non-stop US services bypassing Europe as gateway to Asia and Africa » disponible sur
http://www.centreforaviation.com/ne... ]
le système aérien mondial est très fortement régionalisé ( cf. mon coommentaire précédent) intra US, intra -européen, intra asie de l'Est l'intercontinental ne représentant que 15 % des vols, plus en sièges, étant donné le type d'avion, mais leur part reste absolument moinoritaire

7. Le mercredi 26 juin 2013, 22:19 par Boris Friak

Deux détails:
a) un exemple bien connu de lien entre distance et temps est l'unification de l'heure légale qui date, en France, des premières lignes de chemin de fer;
b) pourquoi ne pas conserver l'idée d'une circonférence terrestre de 20.000km, en précisant simplement la latitude (N et S) pour laquelle c'est exact?
BFR

Egea : merci de me sauver la mise.....

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