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Sur la théorie des alliances

Une alliance est l’engagement d’assistance entre États partenaires. C’est alors « un traité par lequel deux puissances s’engagent à se porter mutuellement secours, soit par une action militaire, soit par tout autre moyen au cas d’une guerre affectant l’une d’elle ».

source

A quoi sert une alliance ? Il faut se méfier de notre expérience contemporaine où l’Alliance atlantique sert de principale référence. Celle-ci, pourtant, constitue une exception dans l’histoire . À l’origine, le système d’alliance s’inscrit dans un environnement international fractionné, discontinu et mouvant : Que l’on pense aux guerres de l’Antiquité, à la féodalité médiévale, ou même au système européen de l’Ancien Régime. Alors, les entités politiques ne sont pas fortement établies ou sont en train de s’établir et demeurent fragiles, et la guerre constitue une voie normale de résolution des conflits. De même, les guerres de conquêtes sont admises et une entité politique peut, si elle ne prend pas les mesures adaptées, disparaître en passant sous la domination d’une autre. De plus, la guerre n’est pas permanente et s’effectue le plus souvent à l’occasion de la campagne d’été. Enfin, les effectifs sont généralement relativement réduits, de quelques centaines à quelques milliers d’hommes. On ne dépassera régulièrement la dizaine de milliers d’hommes qu’à partir du XVII° siècle. Ces conditions signifient donc une grande versatilité stratégique.

Une alliance est fondée principalement sur la base d’un calcul, fondé sur un rapport de force. Le rapport de force est toujours estimé, puisqu’on n’est jamais d’accord sur la mesure de la puissance réelle. Toutefois, chaque acteur estime sa propre puissance et celle de l’autre. Il s’ensuit bien sûr une double approximation, car on peut se tromper aussi bien dans l’estimation de ses propres forces, mais aussi dans l’évaluation de la puissance de l’autre. Peu importe au fond la justesse de cette estimation : chaque acteur stratégique détermine un rapport de force ressenti, qui est à la base de ses calculs.

Ce rapport de force peut-être égal, supérieur ou inférieur : soit mes forces équivalent celles de l’adversaire potentiel, soit elles les dominent, soit elles sont dominées. Si, avec Raymond Aron, on estime que le but premier de toute entité politique est d’abord la sécurité, les deux premiers cas de figure ne posent pas de grand problème au décideur. En revanche, le troisième lui cause du souci. En effet, l’autre, qui dispose d’un rapport de forces favorable, pourrait avoir l’intention d’en profiter pour m’agresser. Il faut donc que je compense cette infériorité. Une solution consiste à m’associer avec un tiers, de façon que nos forces additionnées rétablissent l’équilibre du rapport de forces, et donc m’assure cette sécurité qui était menacée.

Ce raisonnement explique que la plupart des alliances sont, d’abord, défensives. Elles visent à contrecarrer la puissance d’un acteur jugé menaçante. Toutefois, toute entité politique n’a pas simplement pour but la sécurité, elle peut aussi désirer la conquête de territoires, de ressources, ou la gloire. Dans ce cas, elle peut s’associer à un autre afin de faciliter ses ambitions, le gain étant alors partagé entre les deux alliés. Alors, l’alliance est offensive.

Ainsi, une alliance n’existe que dans un système international où chaque acteur cherche à assurer sa sécurité (alliances défensives), voire à améliorer sa position (alliances offensives). L’une vise à augmenter la dissuasion pour éviter l’emploi de la force, quand la seconde vise à modifier le rapport de forces dans une perspective d’emploi.

Ces alliances sont circonstancielles. Elles varient dans le temps ce qui explique le nombre de retournements d’alliance observé dans l’histoire. En effet, les intérêts varient, et telle entité, un moment jugée plus faible, devient l’année suivante beaucoup plus menaçante du fait des succès accumulés. Voici en effet une autre caractéristique des alliances : elles s’inscrivent dans un système général à plusieurs acteurs. Jusqu’à présent, nous n’avons évoqué que trois acteurs : les deux premiers qui s’opposent, et le tiers qui va renforcer l’un (ou l’autre). Ceci ne correspond pas à la réalité, puisqu’ainsi que nous l’avons mentionné, l’environnement international est toujours fractionné en de nombreuses entités politiques, de taille et de puissance diverses, et variables. Cela complique les calculs, puisque je ne dois pas estimer mon rapport de force avec le seul pays A, mais avec les pays A, B, C et D.

Dès lors, chaque acteur va forger sa décision sur la base de deux objectifs : sa sécurité propre (objectif direct) mais aussi le maintien d’un équilibre international (objectif indirect). Ainsi, je pourrais m’allier avec A, qui est pourtant plus puissant que moi, mais parce que C constitue une puissance encore plus dangereuse, qui menace d’abord A avant de me menacer. De même, si je vois que A et B s’opposent, je peux estimer utile de ne m’allier avec aucun d’eux car cela lui donnerait un avantage qui, à terme, pourrait me menacer. La neutralité constitue ainsi un choix particulier d’alliance. Il reste que le choix d’un équilibre des puissances n’est pas aussi évident qu’il y paraît. Face à la puissance croissante d’Athènes, les cités grecques s’assemblent dans la ligue de Délos. Mais personne ne s’allie contre la montée en puissance de Rome. L’absence d’alliance équilibrante fait courir le risque de l’apparition de l’empire.

O. Kempf

Commentaires

1. Le mercredi 31 juillet 2013, 21:15 par yves cadiou

« Ah, Odile : vous êtes charmante. Mais pour ce soir oublions nos soucis, le festival, la presse, tout ça. Parlez-moi de vous, plutôt.
---- Non, moi c'est Odile. Pluto c'est l'ami de Mickey.
---- Non, l'ami de Mickey c'est Dingo. Pluto c'est le chien de Mickey.
---- Ah oui, suis-je sotte ! Hi, hi, hi ! »
Cet extrait de « La cité de la peur, une comédie familiale » le film de les Nuls (1994) n'a rien à voir avec mon commentaire sur les alliances, sauf peut-être la stupidité. Chaque lecteur en jugera et, le cas échéant, zappera.

On est au milieu des vacances d'été et j'observe que beaucoup des commentateurs habituels d'egeablog sont absents. Je suppose qu'ils n'ont pas emporté leur ordinateur à la plage. Je suis sûr cependant qu'ils continuent de nous lire sur leur téléphone mobile qui capte internet mais restent muets parce que le téléphone mobile n'est pas pratique pour écrire. Que ceux qui ont la chance de pouvoir écrire compensent la discrétion des bronzeurs sans clavier. Parlons donc des alliances.
Le raisonnement du Maître du Blog, fondé sur des exemples historiques, ne me semble pas vraiment d'actualité à cause de l'évolution de la notion d'Etat sur laquelle il se fonde implicitement. Les Etats cités dans ce billet présentent deux caractéristiques : 1 ils existent, ce qui n'est souvent pas le cas de nos jours (voir plusieurs de nos alliés africains) ; 2 les Etats cités dans ce billet étaient gouvernés par des monarques ou des oligarchies qui n'avaient de comptes à rendre à personne. C'est rarement le cas en Démocratie même lorsque celle-ci, comme chez nous actuellement, fonctionne mal.
1 Un exemple de l'inexistence des Etats : nous intervenons périodiquement au Tchad en vertu d'un « accord de coopération », qui est en fait une alliance, signé en 1976 par le Général Félix Malloum, « chef de l'Etat » tchadien. Depuis lors, de réconciliations nationales  en coups d'Etat et en révolutions de palais, une bonne demi-douzaine de chefs d'Etat tous plus contestés les uns que les autres lui ont succédé sans dénoncer durablement le traité de 1976. Récemment le Tchad s'est porté en première ligne à nos côtés au Mali : on peut considérer que c'est en vertu d'une alliance tacite qui dure en fait depuis l'indépendance, mais ça rend difficile la théorisation des alliances actuelles selon des critères anciens qui seraient éternels.
2 Autre aspect du décalage dans le temps : chez nous, comme dans toute démocratie, les accords internationaux doivent être ratifiés par les Assemblées. Les alliances ne sont pas le fait du prince. Toutefois il est vrai, et c'est malheureusement le cas en France actuellement, que les traités redeviennent le fait du prince quand le Parlement considère qu'il est aux ordres du Président. Alors on ne peut pas qualifier ces traités au sens que vous donnez à une alliance, «  l’engagement d’assistance entre États partenaires », parce qu'il s'agit de traités passés par le Président pour des convenances personnelles (oups ! je vais atténuer mon propos : rien ne prouve qu'il ne s'agit pas de traités passés par le Président pour des convenances personnelles) et ce n'est pas (rien ne prouve que c'est), à proprement parler, un acte international.

Je conclus : Pluto c'est le chien de Mickey mais on peut confondre avec Dingo, nom d'un chien !

Ps : l'illustration nous montre la statue du dieu Janus, qui a donné son nom au mois de janvier. Ya plus de saisons.

égéa : oui, sur la disparition des Etats, mais parce qu'il y a disparition de la guerre, qui fonde non seulement les Etats, mais aussi les alliances; Mais je ne peux pas tout dire en un seul billet, non plus...

Cité de la peur, film culte. Déjanté. Qui ne m'avait pas "plu" à la première vision, et que j'ai depuis appris à apprécier (aimer serait un trop grand mot). DIsons qu'avoir des ados à la maison force à découvrir de nouvelles formes d'humour. Je suis content.....

Tiens, ce serait marrant de faire un billet sur les films culte, et surtout sur ce qu'on entend par film culte...

2. Le mercredi 31 juillet 2013, 21:15 par yves cadiou

Ceux qui n'ont pas vu le film ne peuvent pas comprendre pourquoi égéa est content. C'est une allusion au dialogue suivant, à situer dans son contexte.
« Tu as vu le projecteur ? C'est un Kinoton ! Je suis content...
---- Ben le voilà, le jus d'orange. »
Mais sérieux maintenant : cette question de film-culte je vais y réfléchir. Je ne promets pas que ce sera productif.

3. Le mercredi 31 juillet 2013, 21:15 par La cantonnade (YC)

Du fait que le Maître du Blog pose à la cantonnade la question des films culte (comm' n° 1), essayons de répondre. D'abord on observe qu'il existe une page wikipedia à ce sujet, avec une définition qui n'est pas forcément exacte : « un film culte est un film qui a fini par réunir autour de lui un public le plus souvent réduit d'admirateurs, fidèles et habituellement fanatiques. » http://fr.wikipedia.org/wiki/Film_c...
Déjà avec « fanatique », je tique. Parce que c'est exagéré. Exagéré mais cohérent avec l'utilisation du mot « culte », exagéré lui aussi. Film d'anthologie conviendrait mieux. Pourquoi « culte », sans doute à la fois parce que ça vient de l'américain (cult movies, Danny Peary) et parce que les présentateurs télé trouvent que « culte » est plus efficace que « d'anthologie » pour donner un semblant d'intérêt à la Nième présentation d'un navet rediffusé sans fin par souci d'économie. Donc disons film culte pour les films dont on ne se lasse pas.

L'archétype du film culte, du moins parmi les francophones, me semble être « les Tontons flingueurs ». C'est maintenant un vieux film (1963, un demi-siècle) mais rares sont les gens qui seraient incapables d'en parler ou au moins d'y faire allusion par une citation : « c'est curieux, chez les marins, ce besoin de faire des phrases » ; « la bave du crapaud n'empêche pas la caravane de passer » ; « les mains sur la table ! Je vous préviens : on a la puissance de feu d'un croiseur et des flingues de concours ! ---- Si ces messieurs veulent bien me les confier... ».
Première conclusion : un film culte c'est un succès durable. D'ailleurs Michel Audiard en est certain quand il fait dire à Bernard Blier, au sujet du gansgter (mais père attentionné) qui décède dans son lit (mais flingues en pogne) au début du film : « dans cent ans, on parlera encore de lui ». En 2013, on est à la moitié du délai.

Succès durable, le film culte est un film qui ne se démode pas. C'est le cas aussi de « la Cité de la Peur » (1994, vingt ans déjà), film dont l'idée directrice et la plupart des gags passent encore très bien, sauf évidemment les allusions à des films d'époque complètement passés de mode aujourd'hui, succès commerciaux éphémères et oubliés. Cité de la Peur fait par exemple une allusion à Basic Instinct, dont il parodie une réplique en remplaçant « fumer » par « manger de la choucroute » : « Madame Deray, il est interdit de manger de la choucroute dans le commissariat. ---- Et alors ? Vous n'allez pas me mettre en prison pour mangeage de choucroute prohibé ».

Le film culte est souvent un film comique mais pas toujours : pour ma part je place tous les films de Stanley Kubrick dans la catégorie culte car aucun n'a vieilli. Même « 2001 » , qui date de 1967, n'a rien perdu de sa signification douze ans après la date donnée par le titre. Un bémol toutefois pour « eyes wide shut », l'oeuvre ayant été perturbée par la mort de Kubrick.

Le succès initial d'un film ne suffit pas à en faire un film culte : « bienvenue chez les Chtis », « la grande vadrouille », « les dieux sont tombés sur la tête », « west side story » (et chacun peut ajouter à la liste selon sa propre opinion) ne sont plus à la mode et ont mal vieilli. Dans cette catégorie, le meilleur exemple est « l'aventure, c'est l'aventure » (1972) qui montrait avec humour des gangsters se reconvertissant dans la politique pour couvrir leurs méfaits. Ce film était iconoclaste, et de ce fait marrant, en cette période post-soixante-huitarde. Aujourd'hui l'argument est tellement évident que le film perd 80% de sa force comique (cependant si vous ne le connaissez pas vous pouvez le voir : les acteurs sont excellents et mettent bien en valeur des gags qui sont encore un peu inattendus.)

Mais au départ on parlait de la théorie des alliances. C'est « La Cité de la Peur » qui nous a fait diverger. Attention, ça va couper.

égéa : un film culte, c'est quand les gens sont capables de réciter par cœur les répliques. Les tontons flingueurs, évidemment, la cité de la peur, mais aussi Pulp Fiction à un moment, ou plus anciennement, le Rocky Horror Pciture Show !

4. Le mercredi 31 juillet 2013, 21:15 par Colin l'Hermet

Bonjour Dr Kempf,
bonjour à tous,

Sur votre billet et votre dernière ligne : amusant de se rappeler que c'est de l'Empire US que sont venues les formulation des théories du bandwagoning et du balancing.
(Q.Wright in A study of war, 1942 ou encore K.Waltz in Theory of international politics, 1979, H.Kissinger, HJ.Morgenthau, etc)

Donc tôt liées à la genèse de l'ONU bien avant l'Alliance du Traité de Washington, qui devient effectivement un cas particulier d'alliance dans le contexte figé de l'équilibre de la terreur.
Le retour traumatisant des minilatéralismes et autres diplomaties de clubs depuis la fin de la période 1991-2001 devrait nous rapprocher de l'acception ancienne des alliances.
Oublier nos jeunes années pour mieux préparer l'avenir en relisant Thucydide ?
./.
Bien à tous,
CL'H./.

égéa : si vous saviez à quel point je travaille sur ces sujets; et le retour au système ancien d'alliances !

5. Le mercredi 31 juillet 2013, 21:15 par Colin L'Hermet

Oh, que je m'en doute !
Cela fait quelques années que je vous lis (du temps de votre premier Egea) et que je vois ces dernières années tourner autour de l'intrication de :
. la violence,
. l'Etat,
. la légitimité,
. la population et ses espaces, dont ceux qui lui sont alloués ou refusés,
. la planétisation,
. les évolutions liées, dont le possible retour du fait religieux,
. le paradoxe du jus gentium et des relations internationales.
Bref, que je vous vois cerner en taille douce le domaine en vue de savoir envisager le coup suivant. Vaste et intéressant programme./.
A lire avec plaisir et attention vos productions à venir,
Colin./.

égéa : intéressant ! en effet, au début je me présentais comme géopolitologue, ce que je suis  probablement un peu. Puis comme stratégiste, qui conviendrait également. Il ne s'agit bien sûr pas de dire que je suis un bon spécialiste de chacune de ces disciplines, juste de dire que je m'y intéresse. Et à vous lire, je vois bien qu'il y a quelque chose d'un peu différent qui appartient à la fois aux RI, à la science politique et à la philosophie politique. Mais ce n'est que de la "recherche", probablement pas selon les canons universitaires, d'ailleurs. Quant à envisager le coup suivant, fichtre, vous me prêtez des talents que pour le coup, je n'ai pas.

6. Le mercredi 31 juillet 2013, 21:15 par Colin L'Hermet

Bonjour Docteur,

Sur l'idée de "savoir envisager le coup suivant", je ne parlais pas de stratégie ou de faire de la psychohistoire à la Harry Seldon (cycle de Fondation, I.Asimov) mais d'envisager, en stratégiste, le contexte paradigmatique dans lequel les actions civilo-militaires nationales et internationales se déploieront probablement dans une période à venir :
. refondation de l'Alliance
et-ou asphyxie de l'Europe de la défense ;
. fractionnement géographique
et remise en cause de l'intangibilité des frontières voire des intégrités territoriales acquises-imposées, la panne continue du Proche Orient pourrait s'enrichir d'une maturation lente des essais Soudanais, Yougoslaves ou Kurdes et des suites Maliennes ou Syriennes ;
. évolution, portée par le destin iranien, de la question du seuil nucléaire et d'une prolifération remettant en cause les équilibres régionaux ;
. en résumé, a) comment les relations internationales absorberont les chocs nationaux et régionaux (échos internationaux des appareils institutionnels et sociétaux des pays ex-industrialisés et pays révolutionnés) et b) comment les entités nationales subiront ou accompagneront les pressions venues de mouvement de fonds (planétisation et ses collatéraux échappant aux contrôles étatiques).
Vous remarquerez, je n'évoque pas le champ cyber. Parce que a) il est partout tranversal aux sujets et que b) il vous procure une petite boîte de Petri, i.e. un échantillon d'étude sur la triple question de la conflictualité permanente, de la mobilité des jeux d'alliances et de l'institution en tant que processus philosophico-étatico-populaire.

Ou encore plus brièvement : explorer les tendances possibles d'un monde résolument post-post-westphalien.

Donc, si je ne me suis pas trop trompé, à vous lire avec intérêt.
Sinon, restera à vous lire avec plaisir./.

:)

Bien à vous,
Colin./.

Egea. Ah! Le cycle fondation.... Passionnant quand on est ado, décevant quelques années plus tard. Tout comme les robots, que j'ai reçu récemment et dont je dois commettre une fiche de lecture...

Postpost westphalien ? Intéressant.

7. Le mercredi 31 juillet 2013, 21:15 par

@egea (n°3)  Que les gens soient capables de réciter par cœur les répliques d'un film n'est pas une condition suffisante pour en faire un film-culte parce qu'alors La Guerre du feu (1981) serait un film-culte (« onkr ? --- grouîk ! »), mais aussi La vérité (1960), Hôtel du Nord (1938), La traversée de Paris (1956), La soupe aux choux (1981). Ceux-ci furent certes des réussites commerciales, mais liées à leur temps et à la clientèle qu'ils ciblaient. Aujourd'hui un spectateur-lambda qui découvrirait Les Tontons flingueurs (film vieux de cinquante ans) ou La Cité de la peur (vieux de vingt ans) en capterait probablement l'humour parce que le scenario et le jeu des acteurs n'ont pas vieilli, pas seulement les répliques.
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Mais je voudrais revenir sur la notion d'Etat qui est plus proche de nos préoccupations habituelles sur ce blog : onze billets classés dans cette rubrique plus ceux qui évoquent le thème indirectement sans être référencés dans la rubrique, comme celui-ci sur les alliances ou celui d'Aurélien Hermellin sur l'Asie centrale.
Non que je voudrais ajouter quelque chose au sujet de l'Asie centrale où je n'ai jamais mis les pieds, mais parce qu'à plusieurs titres l'on doit s'interroger encore sur notre conception de l'Etat, conception qui est actuellement en pleine évolution.

J'observe d'abord qu'Aurélien Hermellin ne parle pas d'Etat dans son article, mais de zone et de pays. C'est seulement dans les commentaires que nous commençons à parler d'Etats, preuve que cette notion, pourtant devenue contestable, est bien ancrée dans nos inconscients.

Ma réflexion personnelle sur le sujet démarre de mon expérience du Sahel, où j'ai traîné mes guêtres autrefois pour contribuer à rétablir une sécurité qui faisait défaut par absence d'Etat.
Ultérieurement des voyages m'ont fait connaître des lieux où la sécurité était totale sans être assurée par un Etat mais par des gangs qui répriment sans ménagement et avec efficacité tout début de délinquance qui pourrait gêner leurs affaires : dans les rues de Las Vegas, comme dans celles du Japon l'on se promène à 2h du mat' sans craindre d'être agressé. Contrairement à ce qu'on écrit trop souvent avec une vision européenne des choses, ces gangs ne sont pas comparables à la Mafia sicilienne car celle-ci ne réprime pas la délinquance et n'assure donc pas la sécurité de la population.
Par conséquent ce qu'il faut au Sahel (et peut-être aussi dans d'autres régions troublées, je ne sais pas) ce ne sont pas des Etats au sens où nous l'entendons avec decorum, règles écrites et ambassadeurs à l'ONU mais toute forme d'organisation qui détiendrait le monopole de la violence sur son territoire et en ferait usage dans l'intérêt général, acquerrant ainsi sa légitimité.

A cette proposition l'on m'objectera (pour moi c'est pratique, de faire intervenir ainsi un contradicteur imaginaire et anonyme) qu'un tel système ne serait pas démocratique. Oui, mon contradicteur a probablement raison et je m'attendais à son objection. Mais au fond, la démocratie est une valeur relative : c'est un principe qui nous est cher mais qui ne convient pas nécessairement à tout le monde. Entre la sécurité et la démocratie, commençons par la sécurité parce que ça, au moins, ça convient à tout le monde : c'est ce que demandent toujours les populations locales, n'en déplaise à la plupart des chroniqueurs parisiens. C'est facile de prêcher la démocratie quand on est en sécurité.

Et puis la démocratie, il faut regarder ce qu'elle est devenue chez nous. Certes, nous votons périodiquement. Mais nous pouvons voter seulement pour des candidats présentés par les partis politiques. Or le fonctionnement de ceux-ci est opaque. Leur fonctionnement et surtout leur financement, exempté de contrôle bien qu'ils perçoivent de l'argent public (lois de 1988 et de 1990). C'est ainsi que l'on apprend un jour qu'un candidat à la présidence de la République pourrait bien nous avoir été présenté par le dictateur libyen de sinistre mémoire. Enquête en cours, n'anticipons pas. L'on peut se permettre d'observer quand-même que l'hypothèse semble n'émouvoir personne dans le microcosme où pourtant l'on est habituellement prompt à évoquer la présomption d'innocence.

Si l'on ajoute à cela les bruits de kalachnikov à Marseille, à Lille, à Nantes et je ne sais où encore, l'on est obligé d'admettre que chez nous l'Etat n'assure pas sa mission première de façon satisfaisante. Bref : pour ces différents motifs, grosse remise en question.

8. Le mercredi 31 juillet 2013, 21:15 par Aurélien Hermellin

Le problème de l'état en tant que référence inconsciente, c'est que notre modèle est celui de l'Etat-Nation.
Or en Asie Centrale, comme dans tous les territoires ex-soviétiques (ou presque), la dénomination et la politique ne recouvre pas la réalité de l'occupation ethnique du territoire. C'est pour cela aussi que la Russie est une Fédération et que le multi-éthisme (oh le jolie barbarisme) y a encore été réaffirmé par les autorités cet été.
Mais l'état dans un sens pré-contemporain (avant le 19eme) occupant les fonctions régaliennes avec un succès plus ou moins affirmé est une réalité certaine et par dessus tout est accepté de ses administrés (à trois poils de chèvres près) en Asie Centrale.
De toute manière, quand est ce qu'un état a rempli toutes les missions dont ses administrés ou lui-même s'est décerné les compétences? Et cela sans abus ni faiblesses?
Enfin, la sécurité intérieure n'est pas la mission première d'un état, tout du moins si l'on suit la construction historique. Cette mission arrive bien tardivement (fin de l'époque moderne pour les débuts, époque contemporaine en réalité). et que ce soit l’acception centrale de l'Etat ou ses "dépendances régionales".
La mission première et sa construction est la sécurité extérieure, la guerre et la diplomatie, puis la régulation juridique (avec la complexification sociale) et enfin les échanges commerciaux!

Pour finir, une courte phrase :
Pour la sécurité intérieure, ou mondiale, le monde n'a jamais été autant en paix, et la plupart des pays aussi peu violent.

9. Le mercredi 31 juillet 2013, 21:15 par yves cadiou

L'Etat dans un sens pré-contemporain (avant le 19ème) existe chez nous depuis la deuxième moitié du 17ème quand Louis XIV élimina les bandits de grands chemins dans les campagnes (et à Paris les Cours des Miracles, traitées aux 17ème et 18ème siècles) en faisant trucider par ses Gens d'Armes, sans autre forme de procès, les malfaiteurs qui tombaient entre leurs mains. Ainsi la sécurité fut améliorée et les activités économiques, jusque là limitées parce que périlleuses et victimes de tous les rackets (agriculture, élevage, transport, commerce itinérant), se développèrent. De ce fait l'Etat trouva sa justification fondamentale et fondatrice : la sécurité d'une population sur un territoire.

C'est donc sous forme de certitude personnelle et au risque de faire scandale que je vais proférer une idée qui n'est pas à la mode sur ce blog : ce n'est pas la guerre qui fait l'Etat. Ce qui fait l'Etat, c'est la capacité de celui-ci à garantir la sécurité de la population sur un territoire.
Je dis à dessin « la population », et je pourrais dire « les habitants », pour rester à l'écart de la notion de Peuple, voire de Nation, qui n'arrive que dans un deuxième temps lorsque l'Etat veut se trouver une autre justification que sa capacité sécuritaire : chez nous la Nation est une invention qui est arrivée bien après que Louis XIV eût imposé l'Etat-sécuritaire.

Cette conviction (i.e. l'Etat naît de sa capacité à garantir la sécurité sur un territoire) résulte de mon expérience du Sahel : il y règne l'insécurité sur les territoires où les Etats sont inexistants, ne disposant pas des atouts dont nous disposions aux 17ème et 18ème siècles pour fonder l'Etat : une autorité politique prestigieuse et des Gens d'Armes dignes de confiance.

Concernant l'Afrique les analystes ont coutume d'imputer l'absence d'Etat, sur certains territoires, aux frontières créées par la colonisation parce qu'elles ne tiennent pas compte des ethnies. Cette explication, très goûtée parce que convenable pour les idéologues et les adeptes de la repentance, néglige un fait avéré : plusieurs Etats africains, sans être des Nations au moment de l'indépendance, ont su assurer la sécurité sur leur territoire et cinquante ans plus tard sont en passe de devenir peu à peu des Nations nonobstant une diversité ethnique comparable à la nôtre (Bretons, Alsaciens, Savoyards, etc., ont fini par faire une seule Nation). Au contraire sur les territoires africains marqués par l'absence d'Etat, on constate que cette absence résulte de l'inexistence d'une autorité disposant à la fois du prestige voulu et de gens d'armes dignes de confiance.

Dans notre philosophie politique, on a coutume de parler d'Etats-Nations comme si la Nation fondait l'Etat mais c'est utopique : en réalité c'est d'abord la sécurité sur un territoire qui fonde l'Etat et ensuite seulement celui-ci crée la Nation.

égéa : oui avec les grandes lignes du développement. Mais la notion de nation apparaît bien plus tôt: Duby la signale dès 1214 à l'occasion du dimanche de Bouvines !

10. Le mercredi 31 juillet 2013, 21:15 par yves cadiou

@égea (n°9) : Georges Duby et Bouvines, je ne voudrais surtout pas paraître contester cet historien au talent reconnu. Mais il faut actualiser : il écrivait à une époque particulière et ses conclusions, qui sont celles de cette époque-là, ne sont pas nécessairement éternelles.

J'ai un souvenir personnel et précis datant de 1965 me rappelant qu'en ces années-là le ton convenable (on dirait aujourd'hui « le politiquement correct ») était de placer Bouvines au rang des batailles fondatrices de la nation française. Ceci parce que les contingents communaux rassemblés autour de Philippe-Auguste avaient préfiguré le « vive la Nation ! » de Valmy.

Ce souvenir date de 1965 : l'idée était dans l'air du temps et pas encore dans le livre de Georges Duby « le dimanche de Bouvines » qui parut plus tard, en 1973. Par conséquent je pense que le travail de l'historien, en particulier lorsqu'il appartient à l'École des Annales, consiste à démontrer brillamment, à l'aide d'exemples opportunément trouvés dans le passé et considérés comme significatifs, des idées qui sont dans l'air du temps au moment où il écrit. L'idée qui a dominé le 20ème siècle, c'était que la Nation fondait l'Etat. Mais il faut désormais abandonner cette idée parce qu'elle est erronée et parce qu'elle déforme notre vision du temps présent.

Le 20ème siècle fut celui de l'Etat. Ce siècle inventa même l'Etat totalitaire. Ce fut aussi le siècle où les Etats voulurent justifier leur existence par des considérations intellectuelles : le fascisme (au vrai sens du mot de 1919, non au sens du vocable actuel devenu un fourre-tout) est une justification de l'Etat symbolisé par le faisceau des licteurs.
« Le dimanche de Bouvines » s'inscrit dans cette époque du tout-Etat et de la justification de celui-ci. Pour justifier l'Etat, l'on trouve commode de supposer qu'il se fonde sur une nation pré-existante.
L'argument est spécieux parce qu'il ne correspond guère à la réalité, mais surtout l'argument est risqué parce que tous les autonomismes peuvent le retourner, par exemple en France : ni les Bretons, ni les Languedociens, ni les Corses, ni beaucoup d'autres ne sont concernés par Bouvines.

L'analyse qui avait court au 20ème siècle est aujourd'hui périmée : c'est l'Etat qui fonde la Nation et non l'inverse. Et voyez que nous sommes d'accord : j'apprends cette année par des billets d'egea que le « vive la Nation ! » de Valmy est une invention (22 janvier 2013) : http://www.egeablog.net/dotclear/in... et par ce billet du 2 juillet 2013 que « Valmy, la Patrie en danger ont été revisités » dès le début de la 3ème République et par ordre d'icelle : http://www.egeablog.net/dotclear/in... Mais ce n'est pas seulement en 2013 que les egéistes se sont aperçus de la péremption de l'analyse faite au 20ème siècle : les années précédentes on avait pu lire sur egea d'autres billets qui s'écartaient de cette analyse périmée, par exemple celui-ci (il y a pile un an, mais on pourrait remonter plus loin) qui démontrait au moins que tout n'avait pas été dit auparavant : http://www.egeablog.net/dotclear/in... Le fait que l'on doit nouvellement constater, c'est que l'Etat invente la Nation.

La réalité africaine le démontre depuis cinquante ans. Les Etats qui réussisent, en Afrique, sont ceux qui parviennent à assurer la sécurité de leur population sur leur territoire, non ceux qui tentent seulement de s'appuyer sur des nations supposées avoir existé avant l'époque coloniale. Ceci est par exemple le cas du Mali, ex-Soudan français, dont le nom actuel fait référence à l'Empire du Mali qui existait il y a environ un millier d'années dans la région.

Exemple inverse, le Sénégal a réussi à assurer la sécurité sur son territoire bien qu'il souffrît de tous les handicaps sahéliens et notamment d'une disparité entre le nord et le sud aggravée par l'existence de l'enclave gambienne. Pourtant le Sénégal est désormais un Etat qui possède l'aptitude à devenir une Nation.

Quant à nous, qui sommes depuis longtemps un Etat puis une Nation, nous n'avons plus besoin d'évoquer Bouvines. Notre prochaine bataille fondatrice incontournable sera peut-être celle des Champs Catalauniques en 451.

Egéa: si égéa  l'a dit,  alors.....! Mais je garde à l'esprit vos deux idées.  L'Etat fonde  la nation.  Parce qu'il garantit la sécurité. 

11. Le mercredi 31 juillet 2013, 21:15 par Aurélien Hermellin

"Enfin, la sécurité intérieure n'est pas la mission première d'un état, tout du moins si l'on suit la construction historique. Cette mission arrive bien tardivement (fin de l'époque moderne pour les débuts, époque contemporaine en réalité). et que ce soit l’acception centrale de l'Etat ou ses "dépendances régionales"."
Bon, je ne vais pas épiloguer sur la création, ou plutôt la "permanentisation" de la Gendarmerie dans la France rural sous les Bourbons. La sécurité est un problème complexe et cycliques dans les campagnes à l'époque moderne. La sécurité comme on l'entend aujourd'hui, soit l'absence de violence et de crimes&délits répréhensibles par le droit et la justice sur un territoire donné, la réalisation effective c'est le XXeme siècle avec une police NATIONALE, de droit nationale et compétences nationales (la PP étant un héritage du XIX). L'absence de violence, en tout cas sa diminution et l'absence des violences politiques (comme moyens d'expressions lors des gréves, conflits etc) c'est les années 80 (rappel encore dans les années 70 de vos jeunesses des grévistes dans l'est qui chargent contre les CRS a coup de bonbonnes de gaz... sans parler des années 50 et 60 ou règne le terrorisme des extrêmes et anti coloniales OAS, FLN...).
Point amusant, certes empiristes, mais en interrogeant mes parents (nés en 38 et 44), sur la peur et l'insécurité, pour eux dans leurs souvenirs, dans l’après guerre d’Algérie, l'insécurité c'était comme ça on fesait avec et l'on avait pas particulièrement peur. Alors qu'à les entendre aujourd'hui, Paris c'est les Aurés en 1958!
Et ce n'est que l'exemple français. Et on peut remonter avant les années 50 sur les rixes de villages mortelles, l'anarchisme, les batailles rangées de rues (les échauffourées de la défense vers 2010, j'ai oublié, c'était de la gnognotte à coté) sont bien plus présentes, et déjà une presse sensationnaliste et populiste du petit journal qui fesait peur au bourgeois avec les apaches (avant 1 guerre mondiales).

Pour en venir à l'Etat et la Nation...
Est ce la poule qui pond l'oeuf ou l'inverse? je dirais bien les deux mon capitaine!
Je vais partir encore de la France. L'Etat français (encore "non nationale") pré révolutionnaire agrège depuis le moyen âge les population du royaume autour d'une chose trés importante et mésestimé, la justice. La justice royale, justice en appel permet au bas peuple de se défendre face aux "autorités" (pouvoir et potentats) locaux, et offrent avec moult guillemets une défense du pauvre. D’où l’intérêt pour les population envers le pouvoirs royal. D'ou aussi l'acception de cette outil génial dès le 14 siècle de l’impôt permanent pour entretenir une troupe professionnelle pour défendre l'état et son territoire.
De la sorte, l'Etat français s'étend et repend l'idée France (gros raccourcis mais ce n'est pas le lieu pour développer une thèse). L'Etat fait donc déjà la Nation. et pas seulement par la sécurité, loin de la, je pense, la justice, le droit et l'économie passe avant pour moi bien que ces trois agrégat ait besoin de la sécurité je suis bien d'accord mais le problème est que la sécurité coute chère... et la le serpent... la poule... bref... mais l'idée de justice, l'idéal, les idéaux, la religion jouent aussi.
Ce qui m'amène à la Nation fonde l'Etat. La Nation donc in finé, les nationaux soit les habitants habités par un même ensemble (grosso modo) d'idées et acceptant le même régulateur = l'Etat.
Une révolution en histoire, c'est le progrès de l'histoire intellectuelle (un gros mots pour dire une histoire qui essaye de comprendre comment et ce que les gens pensent, et TOUS les gens mêmes les pauvres analphabètes, c'est là que ça devient dur) qui n'est pas passé dans la sphère publique. Donc ce courant historiographiques, montre bien que les peuples ont fondé aussi leurs Etats en demandant des réformes et l'implantations d'un Etat régulateur (économie), offrant un appel au dessus des passions (justice) et offrant une permanence et stabilité (sécurité) après les guerres de masses du 14 au milieu 17 (guerre cent ans, Italie, religions, reconquista, 2 roses etc au RU, 30 ans, scandinaves... + grandes épidémies...). Ce qui viendra après niveaux destruction faudra attendre les guerres mondiales niveaux destruction systématiques et % de dépopulation.
Bref, les populations au fur et à mesure des progrès de l'éducation (plus de 80% d'alphabètes dans le bassin parisien et vallée du Rhône avant 1780), de la diffusion des idées par l'écrit (plusieurs milliers d'imprimés A3 toujours non étudiés pour les seules guerres de religions à la BNF, propagande vous avez dit propagande?), dont celles des lumières (ce n'est pas qu'un mythe de la 3eme fort productive en la matière), mais déjà bien avant.
Un exemple sur la réclame des habitants en faveur de l'Etat central et du pouvoir royale? La révolte du papier timbré en Bretagne fin 17. Qu’éructe donc nos braves paysans bretons? La fin du pouvoir royal? que neni, la fin des pouvoirs locaux qui broient les locaux à grand renforts d'impots et d'injustice et le transfert de compétences vers les institutions royales (au cries de "vives le roi, vive les cours (comptes a nantes et parlement à rennes)...). Sans parler des procès au parlement (les parlement étaient des chambres d'appels, hein, pas des assemblées législatives) ou les justiciables dans les PV réclamaient une présence des autorités royales (service des intendances, baillis...) plus présentes face à la noblesse, au sergents locaux, et taxes n'honorant plus leurs buts premiers (réparation entretiens d'infrastructure), en gros un contrôle des autorités centrales sur un système miné par la corruption.
Des gens faisant la réclame d'un Etat centrale royale personnifié par le monarque, c'est pas des Nationaux façonnant un Etat?

Donc voila, à gros sabots, pouvant prêter le flanc à la critique, ma pierre à l'édifice sur Nation Etat.
Se méfier du prisme militaire (donc accentuant sur l'aspect sécurité ;))d'un ancien officier nourrit au sein d'Hobbes Mr Cadiou. Relisez Locke (son meilleur détracteur d'époque sur les théories contractualistes pour mon humble avis bien ignare en fait en philosophie)! et je vous conseil de vous mettre aux "intellectualistes" en histoire! c'est passionnant et déroutant sur les idées reçus battit au XIX sous la IIIeme. Enfin ma "contradiction" n'est pas une critique mais plus une mise en abîme par rapport au sécuritaire qui n'est ni le problème et encore moins la solution, hier comme aujourd'hui, mais qui est omniprésent. en tout cas de mon point du vue.

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