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Hybrides hebdo 47/13

Un peu de retard à la publication pour ces mélanges hebdo, je m'en excuse. Cela ne se reproduira pas.... Promis

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Pensées fugaces

Une des questions posées par le rapport parlementaire sur la dissuasion de l'AN (voir ici) a déjà une réponse claire : "La France ne risque-t-elle pas d'être isolée en Europe ?" D'abord, elle l'est déjà, c'est bien pour cela qu'elle a signé Lancaster House avec les Anglais. Ensuite, ce n'est pas grave, surtout à l'heure de l'atonie stratégique de l'Europe et surtout des menaces d'implosion qui pèsent sur elle. Après, on peut s'interroger sur la nécessité de deux composantes ou pas.

Pour autant, il est nécessaire de réfléchir la dissuasion : une doctrine n'est pertinente que si elle est vivante, et donc confrontée au réel. Sinon, elle devient dogme, intangible et sacré, et court le risque de la dégénérescence. Si la dissuasion est solide, elle peut supporter le débat, y compris venant de ceux qui disent qu'il faut la supprimer : je précise aussitôt que ce n'est pas mon avis, que l'arme nucléaire est inéluctable et qu'elle a besoin d'une doctrine qui la crédibilise. L'arme nucléaire nous a en effet appris ceci : une arme a besoin d'une rhétorique pour être crédible. C'est pour défendre cette crédibilité qu'il faut discuter, de temps à autre, de la doctrine, au risque sinon de la fossiliser. Pour cela, le débat organisé le 9 décembre (voir ci-dessous) est indispensable.

Selon l'ICG, l'armée française est donc une armée d'intervention à la disposition de l'ONU (dans un rapport, le lobby demande que l'ONU mandate l'armée française pour qu'elle intervienne en Centrafrique). Pourquoi pas, si l'ONU paye une partie du budget. Non ? Je n'ai rien compris ?

L'otage s'évade... A qui fera-t-on croire cela, vraiment, dites ? Heureusement, d'autres événements sont venus enterrer cette "affaire". Un petit communiqué "il est trop fatigué pour avoir pu parler longuement". Et hop, passez muscade. Ca me rappelle cet espèce de looser qui, il y a quelques années, avait été otage en Irak. On attendait des trucs, et puis on avait oublié. J'avais envisagé d'écrire un roman. Mais je ne suis pas bon pour imaginer les intrigues. Celles de la vie réelle suffisent.

Cancer de Mme Bertinnoti : chapeau. Courage, dignité, mesure, discrétion ... total respect. Mes hommages, madame, vous êtes exemplaire.

On est très surpris de cette nouvelle : France to offer counter-terrorism support to Libya Je croyais bêtement que l’anti terrorisme, c’était le policier et une responsabilité nationale, et que le contre terrorisme, ça pouvait être militaire, partagé et international. Y a-t-il confusion des genres ? Entrainer des policiers en MN ?? Bizarre.

Il semble que l’armée d’Assad reprenne des positions dans le nord de la Syrie : la pression augmente autour d’Homs et d’Alep, considérée comme la capitale de la rébellion, même si celle-ci ne tient pas entièrement la ville. Le décès par une frappe aérienne d’un des chefs militaires de la rébellion est une mauvaise nouvelle supplémentaire pour celle-ci tout comme l’annonce de défections de rebelles. C’est probablement à l’aune de ces événements sur le terrain qu’il faut interpréter l’attentat de lundi à Beyrouth : une extension du domaine de la lutte dans une tentative désespérée d ‘embrasement régional de la part des jihadistes. Comme une volonté d’accentuer le clivage sunnite chiite. Ceci explique probablement le soutien d’un axe sunnite radicalement opposé à une certaine normalisation des chiites. Il ne s’agissait pas cette fois de frapper le seul Hezbollah (même si les attentats suicide à Beyrouth visent prioritairement les zones libanaises tenues par celui-ci) mais l’Iran et son ambassade. Dès lors, on pense immédiatement aux négociations en cours entre l’Iran et la communauté internationale sur le nucléaire. Il s’agirait alors pour les assaillants de provoquer l’Iran, en espérant un raidissement de sa part. Celui-ci paraît peu probable, il a trop intérêt à ce que les négociations réussissent. Surtout, les assaillants aperçoivent mal une chose : l’Iran a plus de relations avec le Hezbollah qu’avec la Syrie d’Assad. L’attentat de lundi renforce les liens entre Téhéran et le Hezbollah. Ce dernier a quant à lui réaffirmé son soutien à Assad. Et l’attentat ne va pas le faire changer d’avis.

Plusieurs éléments à l'appui du "retournement" :

  • avant, le régime luttait pour maintenir son corridor, maintenant, il lutte pour casser les corridors des autres. C'est l'enjeu de Qalamoun, cf l'article de Malbrunot dans le Figaro. Si ça marche, l'arrière pays libanais est coupé aux rebelles.
  • Dans le même temps, pression à Alep. Un chef important de la rébellion a été tué, tandis qu'on entend parler des premières défections chez les rebelles (dumoins les modérés).
  • Au nord, la Turquie commence à fermer sa frontière à cause des débordements, et du coup clôt là encore un arrière pays aux rebelles.
  • Géographiquement donc, les fronts se ferment.
  • Politiquement, les choses tournent à un affrontement entre "Assad et les jihadistes".

Avant il luttait pour sa survie, en ce moment il est à l'offensive.

On annonce donc que Louvois va être abandonné. Enfin pas tout de suite. Il va falloir payer pour indemniser le prestataire Steria qui a donné un système pas valable, puis payer pour prendre un autre prestataire qui va vendre un nouveau système pas valable. Au moins 18 mois, nous annonce-t-on. Et 486 millions, en première estimation. Comme pour les grands chantiers, multiplier délais et budgets par trois. Et puis la cerise sur le gâteau. Or donc, le cabinet du ministre est furieux. Ça fait bien de le dire. Et puis, « Une «défaillance gravissime», due «à l'évidence», à un «problème d'administration en ministère». C’est ce que dit le Figaro. Et donc, tout à fait logiquement, on ne punit pas. Parce que « Convaincu qu'il s'agit d'une" vraie responsabilité collective", c'est-à-dire de la défaillance d'un système d'organisation, le ministre de la Défense a choisi de ne pas chercher de boucs émissaires, "pour ne pas décapiter tout le monde"... » dixit JDM qui répète comme d'habitude ce qu'on lui a dit . De qui se moque-t-on ? Responsabilité collective ? Mais ça n’existe pas en droit français, cher monsieur. La responsabilité, elle existe. Et s’ils sont plusieurs, ils doivent payer. Et tant pis s’ils occupent actuellement des postes prestigieux…. La gabegie est non seulement d’avoir lancé Louvois, mais de ne pas prendre les responsabilités politiques de punir les responsables. Surtout quand on nous explique qu’au nom du « cœur de métier » il faut donner des compétences à des gens dont c’est le métier : on voit le résultat !

Livre reçu, acheté, paru ou lu (ou un peu de tout ça)

HOMMAGE POLITIQUE AUX SOLDATS FRANÇAIS MORTS EN AFGHANISTAN Une analyse sociologique

Policy paper de la fondation Schumann, par M. Foucher : Les intérêts stratégiques des Européens : choix ou nécessité ? Avec une très intéressante carte des crises environnant l’UE. Téléchargeable ici

CADRE JURIDIQUE DE L'EMPLOI DES DRONES AU COMBAT par Sébastien GALLAIS Préface de Christian Chabbert et Laurent Vidal Avec l'augmentation des performances des capteurs embarqués, les drones se transforment de systèmes automatisés en systèmes de plus en plus autonomes. D'une versatilité opérationnelle presque sans limite, les risques de dérives, tels que la banalisation voire la déshumanisation du combat, ne semblent pas utopiques. Les systèmes drones, et la robotique militaire en général, ouvrent de nouvelles perspectives pour lesquelles il convient d'analyser les impacts juridiques, humains et procéduraux. (Coll. Sorbonne Défense, 20 euros, 194 p., novembre 2013) Lien

DROIT INTERNATIONAL ET CONFLITS ARMÉS Sous la direction de Nils Andersson et Daniel Lagot : Ce livre présente les contributions de plusieurs juristes et autres personnalités sur le droit international, ses principes fondamentaux et la manière, souvent discutable, dont ils sont interprétés et/ou appliqués par les Nations Unies ou pas divers États. Les analyses présentées, souvent en dehors des idées dominantes, mettent largement en cause les politiques occidentales. Ces analyses donneront des éléments d'information et de réflexion utiles sur ces questions. (Coll. Questions contemporaines, 17,5 euros, 158 p., novembre 2013) Lien

L'image de la semaine

Un orque de 8 tonnes qui saute cinq mètres au-dessus de l'eau. source

Culture

Blog Amérique latine Très bien, mais rien depuis juin… malheureusement. Encore une victime des narcotrafiquants ?

Population et avenir n° 175 vient de paraître. Au sommaire : Les campagnes françaises : un renouveau incontestable, mais très inégal ; Francophonie : des perspectives favorables ou inquiétantes ? ; Géographie mondiale : un tableau de bord commenté avec plus de 3 000 données sur les 206 pays du Monde ; Usages et paysages d'un monde en mutation (exercice pédagogique) ; L'urbanisation : un processus global, une réalité locale

Lu Palmer en Bretagne. Autant celui en Corse était drôle, autant celui-là ne convainc pas : se moque-t-il des Parisiens jet set de Saint-Philibert, ou des Bretons ? A chaque fois, cela semble un peu à côté. Trop bobo pour moi.

Articles ou liens ou sites

Événements

27 novembre Assiste-t-on aujourd'hui à une nouvelle guerre des monnaies ? par Christian SCHMIDT Professeur Emerite à l'Université Paris-Dauphine Mercredi 27 novembre 2013, de 18h à 19h30 Université Paris-Dauphine Salle A 709 (7e étage, batiment A, au fond de la cour d'honneur) Inscription

30 novembre "Démocraties" organise son colloque sur La défense antimissile en France et en Europe Palais du Luxembourg – Salle Clemenceau 15ter rue de Vaugirard – 75 006 Paris.

  • 9h15 précises : Ouverture du colloque par Alain RICHARD, ancien ministre de la Défense, sénateur des Yvelines.
  • 9h45 - 12h45 : les enjeux d’un système antimissile. Président de séance : général (2S) Pierre-Henri MATHE, ancien commandant des forces nucléaires de l’armée de l’air.
    • - Les systèmes ABM dans une perspective historique : entre rêve technologique et suprématie stratégique, Philippe WODKA-GALLIEN, Institut français d’analyse stratégique.
    • - Bouclier antimissile et dissuasion, complément ou antinomie ? Louis GAUTIER, conseiller-maître à la Cour * des Comptes, professeur de Sciences politique à Paris I.
    • - Dans un monde multipolaire, quels sont les missiles qui menacent qui ? colonel (er) Alain CORVEZ, consultant en stratégie internationale.
    • - La vision franco-américaine de la DAMB au sein de l’OTAN, Philippe DUHAMEL, président directeur général de Thales Raytheon Systems.
    • - Une vision américaine de la défense antimissile, Steven R. EKOVICH, Université américaine de Paris.
    • - Aspects politiques et stratégiques de la Défense antimissile en Europe, Detlef PUHL, conseiller spécial auprès du Secrétaire général adjoint, chargé de la division défis de sécurité émergents pour les questions de communication à l’OTAN.
  • 14h30 - 16h45 : La défense antimissile, une nouvelle dimension stratégique. Président de séance : Renaud BELLAIS, chercheur associé à l’Ecole nationale supérieure de techniques avancées (ENSTA Bretagne).
    • - La DAMB : un dossier politique, des enjeux industriels, Véronique CHAM-MEILHAC, directeur Défense aérienne élargie/ Défense Antimissile balistique à MBDA-France.
    • - L’aspect industriel de la défense antimissile en France et en Europe, vice-amiral (2S) Bertrand PASTRÉ, conseiller défense auprès de la société Astrium.
    • - Pour une capacité opérationnelle mesurée et des briques technologiques pour le futur, Luc DINI, directeur Business Development Missile Defense, Thales Air Systems et co-président de la conférence internationale missile défense, Association aéronautique et astronautique de France (3AF).
    • - La défense antimissile, comment concilier autonomie et coopération ? général (2S) Jean RANNOU, membre d’Eurodéfense-France.
    • - Une vision politique de la défense antimissile en Europe, Jacques MYARD, député des Yvelines, membre de la Commission des Affaires étrangères et de la commission des Affaires européennes, vice-président de la Délégation parlementaire au renseignement, président du Cercle Nation et République.
  • 16h45 : Conclusion par le général (2S) Henri PARIS, président de DEMOCRATIES.

Informations et modalités d'inscription.

2 décembre 2013 : "Inscrivez-vous à l'évènement : Cyberstratégie des entreprises : stratégie compréhensive et outils" Forum atena. Inscription

3 décembre ANAJ IHEDN : Iran : de la normalisation diplomatique à l’ouverture économique ? Bernard HOURCADE Directeur de recherche au CNRS Spécialiste de l’Iran Michel MAKINSKY Chargé d’enseignement sur l’Iran à l’ESCEM Directeur Général d’une société de conseils sur l’Iran et le Moyen-Orient Mardi 3 décembre 2013 19h30 à 21h00 Ecole Militaire Amphithéâtre Des Vallières. Inscription

Mercredi 4 décembre "*PRISM, la faiblesse digitale européenne*" de l'atelier Intelligence Economique de Forum ATENA. Inscription ici

4 décembre Mercredi 4 décembre de 14h00 à 19h00 : remise du « Prix de la reconversion des militaires » Edition 2013 (Ecole militaire, Paris) Créé par l'Association des entreprises partenaires de la Défense programme inscription

4 Décembre colloque de Doctrine annuel de l'armée de Terre. le mercredi 4 décembre 2013 à partir de 14h, à l’Assemblée nationale (salle Victor Hugo). Elle aura pour thème "Opération Serval : le retour de la manœuvre aéroterrestre dans la profondeur". Inscriptions

5 décembre L'Ecole de Guerre et le Centre d'études supérieures de la Marine ont le plaisir de vous convier au colloque : L’océan indien, nouveau centre de gravité mondial. Le jeudi 5 décembre 2013, 14h00 18h30, Amphithéâtre Desvallières, École militaire ; renseignement et programme

9 décembre Le club Participation et Progrès organise son colloque : « Quel avenir pour la dissuasion nucléaire française » Le lundi 9 décembre 2013 à 8h30 au Palais Bourbon 126 avenue de l’Université - PARIS 7e Salle 62.17

  • 8H45 – Accueil par Hervé MORIN Député – Ancien Ministre de la Défense
  • 9h- 12h30 I.- Partie : Faut-il maintenir à l’avenir la dissuasion nucléaire française face aux défis et changements géostratégiques d’aujourd’hui et de demain ?
  • Table ronde n°1 : La dissuasion nucléaire française : un avenir contesté ?
  • Georges LE GUELTE
  • Général d’Armée aérienne (2S) Bernard NORLAIN
  • Patrice BOUVERET
  • Jean-Marie COLLIN
  • Général de Division (2S) Claude LE BORGNE
  • Benoît PELOPIDAS
  • Michel ROCARD
  • Table ronde n°2 : La dissuasion nucléaire française : un avenir assuré ?
  • Philippe WODKA-GALLIEN
  • Vice-Amiral d’escadre (2S) Thierry d’ABONNEAU
  • Thierry WIDEMANN Chargé d’études à l’Institut de Recherche Stratégique de l’Ecole Militaire (IRSEM)
  • Yannick QUEAU Chercheur associé au GRIP (Bruxelles)
  • Alexandre VAUTRAVERS
  • Bernard SITT
  • Philippe COTHIER
  • 14h - 18h II.- Partie : Quelles adaptations envisager à l’avenir pour la dissuasion nucléaire française maintenue face aux défis et aux changements géostratégiques d’aujourd’hui et de demain ?
  • Table ronde n°3 : quelles adaptations envisager à l’avenir - au plan « interne »  ?
  • Colonel Jérôme PELLISTRANDI
  • Général de Corps aérien (2S) Michel FORGET
  • Bruno TERTRAIS
  • Général de Division (2S) Vincent DESPORTES
  • Général Etienne COPEL
  • Table ronde n°4 : Quelles adaptations envisager à l’avenir - au plan « externe » - ?
  • Contre Amiral (2S) Jean DUFOURCQ
  • André DUMOULIN
  • Général de Corps d’Armée Gilles ROUBY
  • Emmanuel NAL
  • Camille GRAND
  • Jean-Sylvestre MONGRENIER

Le Chardon

Commentaires

1. Le mercredi 27 novembre 2013, 11:35 par le céphalopode masqué

Billet très dense mais qui comporte heureusement une photo pour commentateur paresseux.

Cette photo d'un cachalot guilleret pose une question ouverte : « qu'est-ce que ça évoque pour vous ? » Cent personnes donneraient cent réponses différentes, allant de la baleine qui éternue grâce à Pinocchio jusqu'à la stupide devinette « à quoi reconnaît-on un Belge dans un sous-marin ? C'est le seul qui porte un parachute ».
Des pinailleurs feront observer l'incohérence entre la position des embruns et celle du cachalot, à moins qu'il y ait deux cachalots ou que celui-ci soit un acrobate hors-pair.

Mais cette photo illustre surtout une vérité de base que l'on oublie trop souvent : tout événement était tellement improbable avant de se produire qu'il devait être considéré comme impossible. La rencontre de ce cachalot en l'air et d'un appareil photo était impossible et pourtant elle a eu lieu.
De plus l'on peut remonter l'improbabilité des causes : la création du cachalot (le troisième jour de la Genèse mais j'en connais qui contestent avec des arguments divers) d'une part et, d'autre part, l'apparition sur Terre de l'intelligence qui mènerait à l'invention de l'appareil-photo étaient tout autant improbables, quasi-impossibles.

Conclusion : très fort, le Chardon nous montre une photo qui ne pouvait pas exister. L'aspect géopolitique de la chose n'aura échappé à personne.

Ps : huit tonnes font huit mille kilos. Par conséquent à cinq mètres, ça fait 40 000 kilomètres. Mais je peux me tromper.

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