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Ask me why 8/14

Il y a deux faillites en Ukraine. La faillite économique que tout le monde a oubliée mais qui va revenir au premier plan d'ici deux jours, une fois les festivités du "on a gagné" closes. Et la faillite de l’État qui apparaît évidente (entendre Mme Timochenko donner des leçons de civisme alors qu'elle est aussi corrompue que le reste de la classe politique ukrainienne, et qu'ici comme dans la grande majorité des révoltes de ces dernières années, le peuple s'élève contre la corruption des élites....!). Cette double faillite va être de plus en plus visible. Autrement dit, cette victoire n'est qu'une étape vers le prochain chaos.

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Pensées fugaces

En fait, on sent que les deux vaincus de la deuxième guerre mondiale redressent la tête. L’Allemagne avec ses récentes déclarations et son leadership politico-économique en Europe. Mais aussi le Japon avec cette sorte de retour au hard power, tant politique qu’économique.

La relation franco-américaine a donc changé. D’une certaine façon et selon les apparences, la vieille rivalité des universalismes aurait disparu. Les deux pays seraient sur la même ligne. J’ai ainsi longtemps défendu l’idée selon laquelle les Français rejoignaient les Américains sur une même lecture du Hard power, les derniers en Europe (avec un peu les Britanniques jusqu’à la défection de septembre dernier à propos de la Syrie). Bref, le fossé transatlantique ne passerait pas au creux de l’océan mais suivrait d’une certaine façon le cours du Rhin. Sauf que j’en arrive à amender cette perception. Car d’une part il y a une illusion du goût américain pour le hard power : au contraire, la « war fatigue » suggère un néo-pacifisme qui explique le « leadership from behind » et le manque d’engagement militaire partout. On peut ici constater les nombreux efforts diplomatiques, notamment au Proche- et Moyen-Orient, mais aussi en Asie de l’est. Dans le même temps, la France continue ses pratiques interventionnistes. On peut bien sûr y voir la surcompensation de l’inefficacité économique. On est surtout frappé par la sur-extension du dispositif, de moins en moins percutant (confer la RCA) à mesure que la contrainte économique oblige à réduire les effectifs. Autrement dit, pour jouer au gendarme, il faut des gendarmes. Et c’est là où la posture ne suffit plus et où le rouleur de muscle apparaît pour ce qu’il est : un culturiste pas vraiment capable de tenir le combat. D’une certaine façon, le retrait américain ne tient pas seulement aux leçons tirées des affaires irakiennes et afghanes, mais aussi d’une économie qui n’allait pas bien. Elle repose donc sur un certain pragmatisme. La posture française, désormais toujours plus maximaliste et fondée sur l'alignement derrière Washington, laisse penser à un certain manque de lucidité.

Curieux, deux textes d’origine américaine qui disent exactement le contraire. Selon Foreign affairs, Al Qaida est de retour (voir ici ) ; selon le GMF, AQ s’effondre en Syrie (voir ici ).

(écrit mardi dernier : ce dimanche soir, les choses se sont éclairées) Le jeu des oligarques en Ukraine est curieux : ils devraient être du côté de Yanoukovitch et on sent qu’ils louvoient. J’y vois deux raisons : d’une part, la volonté de conserver un flux d’affaires avec l’Europe considérée comme un marché ; d’autre part, la crainte qu’un trop grand rapprochement avec la Russie les fasse passer sous la coupe des oligarques russes (ils ont l’exemple biélorusse sous les yeux). Bref, si j’étais l’Ouest, je prendrais langue avec eux pour trouver une solution négociée et je cesserais de soutenir en sous-main les ultras qui jouent la politique du pire.

Petit à petit, les rebelles Houthis marquent des points au Nord du Yémen. Ils seraient même en train de se constituer un accès à la mer….

Airland Battle, RMA, Transformation, guerre asymétrique, COIN, Air Sea Battle …. Le nombre de doctrines stratégiques américaines qui se succèdent depuis 25 ans est incroyable. Signe à la fois d’une certaine créativité et en même temps d’un goût prononcé pour le progrès, alors que bien souvent il s’agit de justifier des « capabilities ». On lira à ce sujet Tewfik Hamel (« de la Long war à l’Asia Pacific Pivot : vers la non-centralité de la guerre irrégulière », ici ) qui veut prouver que la notion de pivot est en fait le moyen pour le complexe militaro-industriel américain de revenir à un « gros ennemi » permettant de construire un « gros modèle d’armée » (les expressions sont de moi) qui est rassurant en termes de budget, alors que les « Globalizers » constatent l’universalisation des guerres irrégulières. Autrement dit, on revient à une guerre conventionnelle à la fois fantasmée et utile au CMI.

Or, très souvent les Américains ont considéré la guerre irrégulière comme « une réaction naturelle à la mondialisation et la supériorité militaire écrasante de l’Amérique ». Ce à quoi on peut suggérer que c’est cette supériorité qui, automatiquement, lance le processus de guerre irrégulière. Vouloir revenir à une guerre conventionnelle relance automatiquement la guerre irrégulière. La dissymétrie entraîne l’asymétrie.

Manifestation de Nantes : Bien évidemment, chacun fait deux comparaisons. La première avec la Manif pour tous et le traitement médiatique donné à Nantes ("J’ai fait beaucoup de manifestations dans ma vie ici, mais c’est la première fois que je vois le centre-ville bloqué pour l’occasion. Un tel déploiement policier ressemble un peu à de la provocation", ou encore "Mais il y a tellement de haine en France, du fait des politiques menées, que l’on comprend qu’elle s’exprime", voir ici). La deuxième, tout aussi évidente et recherchée, d'ailleurs, par les gauchistes, liant les excès de la manif de Nantes avec ce qui vient de se passer à Kiev. Comparaisons fallacieuse, bien sûr. Mais qui suggère que chaque mouvement, désormais, joue en permanence avec les médias et la représentation qu'ils donnent. Disons les choses simplement : à Nantes, une bande d'extrémistes ont cherché, sur des motifs vaguement politiques, à créer du désordre.On est loin d'un mouvement de lutte pour la liberté, quels que soient d'ailleurs les déficiences de l’État...

Livre reçu, acheté, paru ou lu (ou un peu de tout ça)

  • Sommaire du mois de mars de la Revue Défense Nationale
  • Terreur sur Saïgon, de Geluck et Devig. J'ai explosé de rire à la lecture de cette BD lisible aussi bine au premir dégré par les enfants de sept ans qu'au second degré par ceux de 77 ans (je n'en suis plus très loin). La caricature d'un Tintin propre sur lui et dans les jupons de sa mère qui ressemble à s'y méprendre à la Castafiore, le pince-sans-rire constant du professeur Moleskine, des répliques splendides (porc de pêche....) font de la BD la révélation de la rentrée (quelle rentrée ? je n'en sais rien, mais souvent les critiques disent ça, j'imagine que ça fait bien).
  • L'ambulance 13 : en cette année de centenaire de 1914, voici une BD créée en 2010 (on en est déjà au cinquième opus). Le héros, un jeune médecin qui arrive en 1916 au front, est noble sans être niais. Épaisseur des caractères et subtilité de la mise en scène, montrant à la fois les excès mais aussi les sommets d'héroïsme, constituent les très beaux atouts de cette série originale. On pense forcément aux Thibault et à la question de la médecine au moment de la guerre (certaines scènes sont des citations évidentes de l’œuvre de RMG). Du grand Cothias. Et si j'apprécie beaucoup Tardi, son dessin trop noir et pessimiste ne me semble pas refléter tout ce que les poilus ont dû ressentir. Pour le coup, cette BD sonne plus juste, AMHA. Du coup, j'ai acheté la suite....

Culture

Restaurant tibétain. Exotique. Belle variation de la cuisine chinoise, avec peut-être plus de saveurs et de parfums voire d’épices indiennes (épicé sans être piquant)

Articles ou sites ou liens

Grand peuple

Le peuple européen est un grand peuple, incontestablement. Pour faire comme les Américains et pour un réalisme comptable, il choisit de modifier les règles du calcul du PIB? Non pas pour faire un Bonheur Intérieur Brut : ça, on laisse ça au Bhoutan, c'est bien pour amuser la galerie. Mais en revanche, on intègre l'économie grise, c'est-à-dire la drogue, la prostitution ou les autres trafics (Comment l’UE va gonfler le PIB grâce à la drogue et la prostitution). On appelle cela du réalisme, j'imagine. La dernière invention du liberto-libéralisme. Puisqu'il n'y a aucune "valeur" qui tienne, qu'il s'agisse d'une valeur morale ou d'une valeur légale (donc sociale), la seule qui demeure reste la valeur monétaire. Vous devinez la prochaine étape, assez logique. Puisqu'on a intégré ces activités dans le PIB, alors légalisons les activités de façon qu'elles ne soient plus grises mais blanches. Ben voyons.

Toutefois, la valeur monétaire n'est même plus une valeur refuge. Elle aussi bat de l'aile, tuée à coup d'innovation cyber-mathématiques et de Quantitative easing, sans même parler du développement des monnaies alternatives. Croire que la monnaie demeurera dépend de la crédulité. Elle est encore partagée mais comme toutes les autres croyances collectives, celle-ci aussi est appelée à disparaître.

Événements

10 mars FORUM du FUTUR. Conférence 10.03.2014. L'Arctique, une nouvelle frontière: : quelle politique pour la France et l’Union Européenne?. le lundi 10 mars 2014 de 18h00 à 20h00, dans les salons de France-Amériques. Détails et inscription.

11 mars IHEDN Paris : CYBER DÉFENSE : QUELLES AVANCÉES DEPUIS LE NOUVEAU LIVRE BLANC ET LA LPM ? par l'amiral COustillere - Mardi 11 mars 2014 18h30 20h30, Amphi Desvallières. Programme Inscriptions

13 & 14 mars la chaire Castex organise les 13 et 14 mars prochain un colloque intitulé « Le monde après Snowden » à l’Assemblée Nationale. Avec le 13 : James Lewis (Centre for Security and International Studies) , : Démocratie et surveillance Christopher Soghoian (American Civil Liberties Union), Professeur Bertrand Warusfel (Université Lille 2) Genevieve Lester (Georgetown University) Duncan Campbell (journaliste) Sandro Gaycken (Institute of Computer Science, Berlin) puis Big Data, Open Data : enjeux démocratiques Alan Rusbridger (rédacteur en chef The Guardian) Stéphane Grumbach (INRIA) - Timothy Kirkhope (député européen, Commission des Libertés) - Professeur Anne Thida Norodom (Université de Rouen) - Représentant de la CNIL - Damien Leloup (journaliste Le Monde) et le 14 Pierre-Mayeul Badaire, Airbus Defence & Space CyberSecurity puis Les enjeux pour la France et l’Europe : quelle souveraineté ? - Hervé Guillou (Président du CICS) Margot Dor (European Telecommunications Standards Institute) Représentant ANSSI Amelia Andersdotter (Députée européenne) Gabrielle Gauthey (Alcatel-Lucent) - Sénateur Jean-Marie Bockel Sadie Creese (Oxford Cyber Security Center). Détails et inscriptions : www.cyberstrategie.org.

Le Chardon

Commentaires

1. Le mercredi 26 février 2014, 13:46 par Yves Cadiou, à Nantes

A lire la presse ou regarder les JT en ce début de semaine, vous pouviez croire que samedi dernier à Nantes (dont je peux vous parler parce que j'habite en centre-ville) une manif, violente disait-on, faisait d'énormes dégâts. Mais c'était de la désinformation. Même les Guignols de C+, oubliant leur circonspection et leur humour habituels, reprenaient à leur compte la désinformation générale.
Au contraire quand on était sur place samedi on pouvait constater qu'il n'y avait rien de vraiment dur, à moins d'être particulièrement émotif. Certes on a chiffré les dégâts à 1 million d'€uros, mais il est toujours facile de saler l'addition. Certes on a entendu l'actuel ministre de l'Intérieur parler de “guerilla urbaine”, se laissant emporter lui aussi : c'est qu'il ne sait pas ce qu'est la véritable guérilla et qu'il est entouré par les mêmes conseillers que naguère Michèle Alliot-Marie qui parlait déjà de "guerilla urbaine" aussitôt que les caméras captaient des cris et de la fumée. A Nantes ce samedi les rares incidents ont été exploités au maximum par la presse dont les envoyés spéciaux, comme toujours, devaient justifier leurs frais de déplacement.

Beaucoup de monde aux terrasses des bistrots au bord de l'Erdre ce samedi en fin d'après-midi parce que marcher en criant ça donne soif. Moi qui suis sédentarisé ici et buvant à ce moment-là tranquillement mon verre de vin de Loire habituel, j'ai été rapidement entouré par des clients que je ne connaissais pas et dont il était intéressant d'examiner la sociologie.
Ces manifestants étaient majoritairement des anciens de mai68 qui retrouvaient l'ambiance de leur jeunesse. Beaucoup n'étaient pas Nantais ni même du Grand Ouest, spécialement levés tôt et venus de loin en groupes pour profiter d'une belle journée entre camarades. Le projet d'aéroport grand ouest (AGO) les intéressait assez peu : ils étaient là “par solidarité” et parlaient de la prochaine manif qui aurait lieu ils ne savaient pas encore quand, mais ce serait “à l'autre bout de la France” et pour soutenir ils ne savaient pas encore qui ni pourquoi. Ils n'étaient pas sauvages et tout en écoutant leur conversation j'ai pu examiner de près leurs petits drapeaux : ils sont de même facture que ceux des “antifachistes”, des “anticapitalistes” et autre “front de gauche”.
Par conséquent, rassurez-vous, le plan AGO (plan que ces manifestants ignorent et qu'ils ne cherchent pas à connaître) fonctionne cependant comme prévu : Vinci sera indemnisé, aux frais du contribuable, pour annulation de contrat comme le veut l'article 81 du contrat AGO (tapez sur votre moteur-de-recherche “article 81” et “aéroport grand ouest”). Les rétrocommissions seront versées comme prévu, bien qu'elles ne soient pas mentionnées au contrat. L'annulation de contrat avec indemnisation est toujours le meilleur moyen de détourner de l'argent public, beaucoup mieux et moins risqué que le favoritisme ou l'ingérence qui sont des délits : l'annulation de contrat n'est pas illégale à condition qu'elle s'appuie sur un motif incontestable. Le trouble à l'ordre public est considéré comme un motif incontestable et c'est pourquoi ces troubles n'ont commencé qu'après la signature du contrat alors que ce projet d'aéroport est vieux de plusieurs dizaines d'années.

Le procédé de l'annulation de contrat avec indemnisation pour des travaux qui n'ont pas été faits (rappelons aussi que l'imposition sur les recettes d'indemnisation est plus avantageuse que l'imposition sur les rémunérations de travaux) est un classique de la pompe à phynances dont j'ai observé de multiples fois le fonctionnement en vingt ans de fonction publique territoriale.

Mais cette affaire de l'aéroport grand ouest (AGO) est cependant positive car, grâce à la Toile, le procédé qui était jusqu'à présent soigneusement “ignoré” par la presse est largement évoqué par les internautes et devient notoire.

Nous assistons à une évolution qui doit nous inciter à l'optimisme car c'est la fin d'une époque : de nos jours la presse ne peut plus mentir, ni par exagération ni par omission. Cependant l'on ne se débarrasse pas facilement des vieilles habitudes : on continue de désinformer par exagération comme on l'a encore fait pour la manif de samedi à Nantes et l'on continue de mentir par omission comme on le fait pour cette affaire d'annulation de contrat au profit de Vinci.

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