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Les chemins de Compostelle (T1, Servais)

Les amateurs de Servais connaissent son style : à la fois sa façon de raconter des histoires, toujours subtile et, si j'osais, "tendre", comme le suggère la série Tendre violette mais aussi Isabelle ou la Tchalette : un auteur tourné vers la campagne et une certaine ruralité, avec des touches de fantastique rural, une attention à la nature, une attention réelle et sensible aux personnages. Un auteur qui évite les excès et qui ose la délicatesse, cette valeur si rare de nos jours. De même, son trait est clair, maitrisé et "lumineux", il est un très bon représentant de la fameuse école belge. Aussi a-t-on lu avec attention -et plaisir- son dernier opus, premier tome (La petite licorne) d'une série sur le camino frances, celui des Chemins de Compostelle.

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Le thème bénéficie d’une vogue ininterrompue depuis maintenant deux décennies. Les livres sur Compostelle se sont multipliés et ont rencontré la faveur du public, notamment de la confrérie de ceux qui ont fait le chemin, peu importent les raisons. Tout récemment, l'ouvrage de J. Ch Ruffin a été la dernière preuve de cette vogue éditoriale. Or, très souvent, les gens se répètent un peu, racontant soit leur pèlerinage, soit le chemin. C'est écrit avec plus ou moins de talent. Un de ceux que je préfère est celui de Vincenot.

En matière de BD, il y eut quelques tentatives, souvent placées au Moyen-âge. Je n'ai pas souvenir d'une BD plaçant des personnages contemporains. C'est le défi auquel s'attèle, avec succès, Servais.

Car ce premier tome s'intéresse à "avant" le pèlerinage : cette période qui est souvent négligée et omise, comme si elle n'était pas importante. Or, si la plupart s'intéressent au déplacement aller, bien peu disent ce qui se passe avant (et surtout après : encore plus rares sont ceux qui font le pèlerinage complet, marchant aussi au retour, se contentant de prendre train ou avion pour revenir, "plein de sagesse et de raison"... chez eux). Dans ce volume, on n'en est pas encore là. Servais s'attache aux relations entre un grand-père et une petite fille, l'éducation donnée, le partage enfantin entre les deux, le plus infantile étant l'ancien. On y parle d'alchimie (beaucoup, mais intelligemment), de bière, de Bruxelles. Mais Servais nous présente d'autres personnages et leurs motifs (la foi, le chagrin, la fuite) qui partent, eux aussi, sur les grands chemins, ici des Alpes, là du Mont Saint-Michel, enfin de l'autre bout de la terre, du côté d'Audierne.

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D'un mot, pour plein de raisons, j'ai été enthousiasmé, tout d'abord par la subtilité de l'histoire et du traitement. Je choisis le mot enthousiasme à dessein car au fond, Servais laisse transparaître beaucoup de mystères et manie subtilement les symboles. Le chemin est un instrument mystérieux, il en a l'intuition et nous transmet ces signes fugaces mais qui sont d'abondance, alors pourtant qu'on n'a pas commencé à marcher. Vivement le voyage, vivement la première étape, vivement la route.

Vivement le prochain tome, nouvelle étape de ce voyage où il va nous emmener.

A. Le Chardon

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