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6/15 The night before

Le scénario fut joué conformément au plan, preuve que la diplomatie a encore des ressources et que les médias et autres influenceurs peuvent être mobilisés pour une vraie manœuvre et pas simplement pour faire pleurer Simone : voici ce à quoi je songeais, en revoyant la séquence de cette semaine sur l'Ukraine. Tout avait commencé par un "grand débat", suivi par une belle conférence de presse puis un voyage "symbolique" pour une négociation "de la dernière chance". Reprenons.

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Pensées fugaces

Cela partit par une grosse offensive médiatique depuis le dernier week-end pour livrer des armes à l’Ukraine. Comme stratégie, ça se pose là. On ajoute de la guerre à la guerre sachant que les loyalistes ne manquent désormais pas d'armes, mais d'hommes et de volonté. J'apprends ainsi que le taux de refus de l'incorporation est de 57 % et que les désertions font florès. Avec des armes, des instructeurs ? On sait où ça commence. Bref, entrer dans l'escalade de la violence sans autre but politique, cela n'est pas très convaincant.

C'est du moins ce que je me disais le lundi matin. En fait, il ne s'agissait que de brandir une menace. Il faut dire qu'on n'a pas cinq ou six gros think-tanks américains (dont le NCAS, le plus proche d'Obama) qui signent une tribune sans que la chose n'ait été coordonnée par le gouvernement. La réaction soi-disant embarrassée ("l'administration ne sait pas quoi faire, elle n'a pas encore décidé") entrait dans le jeu, relayé par les ambiguïtés lourdement affirmées par Kerry à l'occasion de son voyage en Europe.

Ce qui me mit la puce à l'oreille, ce fut de voir toutes les diplomaties européennes dire qu'il n'en était pas question et qu'il ne fallait pas nourrir le conflit: Allemands, Français et même Britanniques. D'habitude pourtant, les Européens soit suivent immédiatement les Américains, soit gardent un silence prudent avant de voir comment le vent tourne pour suivre la meute. Ici, la meute, curieusement, s'assemblait contre les "durs".

Le voile se déchira lors de la conférence de presse de notre grand président. Allons, il allait en Ukraine, avec Angèle, puisqu'eux seuls pouvaient encore intercéder. La rapidité de l'accueil, les déclarations iréniques de Porochenko et de Poutine consistaient autant de confirmations : l'affaire avait été négociée en coulisse (la diplomatie, ça sert) et tout le monde était d'accord que le temps était venu de négocier. Le problème était que depuis deux ou trois semaines, les combats ayant repris, l'émotion médiatique versait à flot et Simone n'aurait pas compris la réalité des choses, à savoir qu'une négociation, ça se fait avec l'ennemi. Donc, il fallait une mise en scène pour préparer cette négociation. En agitant une "menace", celle de fournir des armes à l'Ukraine, en cédant sur le fond, celui de ne pas accepter l'Ukraine dans l'Otan, les conditions étaient établies d'un dialogue.

A cette heure, nous n'avons pas les résultats de la négociation. A supposer qu'elle soit signée, nous pouvons demeurer normalement pessimistes, à cause des durs Ukrainiens qui se dépêcheront de verser de l'utile sur le feu, d'autant plus que l’État manque de contrôle sur son administration. Là gît en fait la grande difficulté : celle de la faiblesse de l’État ukrainien.

Il reste que le plus important était dit : l'Ukraine ne rejoindrait pas l'OTAN. Voici en fait la seule réassurance qu'on pouvait réellement offrir à Poutine.

Livraison d'armes : oui, vous savez, celles dont l'Ukraine manque tellement. A part qu'en 2013, elle était dans le top 10 des exportateurs d'armes dans le monde (voir ici). "Le petit nouveau qui a multiplié par 3 ses exportations entre 2011 et 2012. Par quels moyens ? Apparemment en étant un peu moins regardant sur la nature de ses clients et en fourguant du matériel à des pays sous le coup d'un embargo. Le pays peut par ailleurs compter sur quelques niches qu'il maitrise bien, l'Irak et le Kazakhstan ayant récemment misé sur le BTR-4, un char amphibie qui a fière allure. Autre grosse vente cette saison : l'Antonov An-32, un avion biturbopropulseur de transport".

A la suite de l'agression de trois soldats à Nice, j'entends sur une radio du matin un homme politique affirmer que là, ils n'ont pas répondu par le feu mais que très rapidement, il va falloir qu'ils se servent de leur fusil. Dans les rues de France ? Ouh la la !!! Nous voici embringués dans une histoire pas nette, je vous le dis. Je plains ceux qui doivent édicter les règles d'ouverture du feu (en bon français, car la notion de règles d'engagement est ambiguë).

Donc, l'EIIL a impliqué directement la Jordanie et le Japon... Et l'on apprend que les Isiliens (car comme il y a plusieurs sortes de jihadistes, distinguons isiliens et alqaidistes) progressent au nord du Sinaï. Vous avez dit "extension du domaine de la lutte" ?

Pilote jordanien brûlé vif. Horrible mais je constate subitement une moindre implication des avions émiriens ou jordaniens. Une autre façon de se débarrasser de la supériorité aérienne de l'ennemi. Les pilotes qui restent en vol au-dessus de la Syrie doivent désormais serrer les fesses, car à la moindre panne moteur, ils savent ce qui les attend.

Publications

POPULATION & AVENIR - Au sommaire du 721, la place des régions françaises dans l'UE. La place des régions françaises dans l'Union européenne , La Chine, championne du monde de la gérontocroissance ? Le futur assombri des retraités : causes et conséquences, Les territoires dans la « mondialisation » : sur un trépied, Gérer les ressources terrestres. Nourrir les hommes : le cas de l'Arabie Saoudite (exercice pédagogique).

L'ÉVOLUTION DE LA DOCTRINE D'UTILISATION DES FORCES SPÉCIALES FRANÇAISES Thomas Hernault L'objectif de ce livre est de traiter de la mutation et de l'évolution des Forces spéciales françaises à travers la stratégie politico-militaire de l’État français. Nées d'un concept nouveau qui atteint sa maturité au début des années 2000, elles ont prouvé leur utilité pour l'institution politique et militaire. Indispensables à la France et au chef des armées, les Forces françaises symbolisent la puissance d'un État aux ambitions internationales ainsi qu'une vision de la guerre propre au XXIe siècle.

Berezina, par Sylvain Tesson, éditions Guérin.

Les guerres africaines de François Hollande, Grégor Mathias, éditions de l’Aube, 2014

Boko Haram, histoire d’un islamisme sahélien, L’Harmattan, 2014

Dans la tête de Vladimir Poutine, Michel Eltchaninoff, Solin - Actes sud, 2015

L’intervention en Libye : un consensus en relations internationales ? Arnaud Siad Comment comprendre l'intervention militaire en Libye au printemps 2011 ? A l'heure où la Libye semble à nouveau sombrer dans le chaos, cette étude décrypte le consensus sur la résolution 1973 adoptée au Conseil de Sécurité des Nations Unies en mars 2011. Pour comprendre comment le veto sino-russe a été évité, l'auteur avance deux hypothèses : la résolution 1973 serait une résolution souverainiste et le rôle clef des organisations nationales expliquerait l'absence d'un veto russe ou chinois.

Articles, sites et liens

Culture

  • Rome fut tout le monde, et tout le monde est Rome
  • Et si par les mêmes noms mêmes choses on nomme,
  • Comme du nom de Rome on se pourrait passer,
  • La nommant par le nom de la terre et de l'onde;
  • Ainsi le monde on peut sur Rome compasser,
  • Puisque le plan de Rome est la carte du monde.

Du Bellay, Antiquités de Rome, XXVI, vers 9-14

Mot gourmand

Hallier

Mot bobo

Ni-ni (même pas peau de chien)

Événements

11 février Revue Esprit : Mercredi 11 février: Bruno Aubert, spécialiste du monde arabe. Nous évoquerons avec lui les évolutions récentes et les divisions de l’islam politique. Dans les locaux de la revue, au 212, rue Saint-Martin, 75003 Paris.

12 février SHD Le général Vincent Leroi, chef du Service historique de la Défense vous prie de bien vouloir honorer de votre présence la conférence que prononceront MM. Hervé Drévillon et Arnaud Guinier La guerre au siècle des Lumières Jeudi 12 Février 2015 à 19h00 Service historique de la Défense - Château de Vincennes – Avenue de Paris – 94306 Vincennes Cedex - www.servicehistorique.sga.defense.gouv.fr RSVP avant le 10/02/2015 à : lydie.mayeux(a)intradef.gouv.fr

16 février Séminaire Métis Sciences Po Mukhabarat. Le renseignement dans les sociétés arabo-musulmanes : Les services de renseignement et de sécurité du monde arabo-musulman : acteurs du pouvoir, facteurs de changement avec Luc BATIGNE (général 2S) et Agnès LEVALLOIS Ancien attaché de défense et consultante, enseignants à Sciences Po. Toutes les séances auront lieu de 18h à 19h30 au 1er étage du Centre d'histoire de Sciences Po (56 rue Jacob, 75006 Paris). Aucun enregistrement (vidéo ou audio) n'est possible durant les séances. Les séminaires ne donneront lieu à aucun compte rendu. Application de la règle de Chatham House lors des séminaires (Chatham House Rule)

16 février ANAJ IHEDN Bordeaux - L’Aquitaine, région de synergies et d’avenir entre la Défense et industriels ? Général de corps aérien Jean-Marc LAURENT Responsable exécutif de la chaire « Défense et Aérospatial » à l’IEP de Bordeaux Ancien Officier Général en charge de la Zone de Défense et de Sécurité du Sud-ouest Lundi 16 février 2015 19h30 à 21h00 Cercle Mess de Bordeaux (33). Inscriptions

19 février ANAJ IHEDN Iran et Energie : Enjeux souverains d’un poker géopolitique - 19 Fév. Roger Carvalho Managing Partner chez SPTEC Advisory Thierry Coville Chercheur spécialiste de l’Iran à l’IRIS François Nicoullaud Ancien ambassadeur de France en Iran Jeudi 19 Février 2015 19h30 à 21h00 École militaire Amphithéâtre Des Vallières inscription

12 au 15 mars 7ème Festival de Géopolitique de Grenoble A quoi servent les frontières ? Au programme plus de 100 conférences, débats, tables rondes avec des intervenants venus du monde entier, des documentaires, une exposition d'art et un concert de musique classique. Du 12 au 15 mars 2015, Grenoble Ecole de Management - Grenoble Entrée libre sur inscription seulement

A. Le Chardon

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