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Burundi : les événements empirent comme prévu, malheureusement. Le pouvoir joue la carte de la confrontation ethnique afin de se perpétuer. L'opposition est divisée, l'Union Africaine distante. Encore une fois, la défaite suscitée par un manque de maturation politique. Il est à craindre que les débordements ne s'étendent avec leurs lots de massacre. Chronique d'un génocide annoncé.

Dialogue Kerry Lavrov : la tonalité est aimable, à la recherche d’un consensus diplomatique. Il débouche avec le vote à l'unanimité d'une résolution du CSNU sur la Syrie en faveur d'une transition politique, cadrée et devant débuter dès janvier. On remarquera au passage la discrétion de la France sur la question. Il reste deux points durs : le sort de B. el Assad mais aussi la composition de l'opposition "admise". L'Arabie a réunit une plate-forme de l'opposition, la Jordanie doit désigner la liste des organisations non terroristes, ce qui n'est pas une partie de plaisir : car si chacun est d'accord pour ne pas inclure l'Ei et Jabbat el Nusrah, un certain nombre de groupes salafistes posent problème.

Dans le même temps, l'Arabie Saoudite annonce la création d'une coalition musulmane anti-terroriste. On croyait qu'elle faisait partie de la coalition américaine... Il va y avoir autant de coalitions que de types d'avions volant dans le ciel syrien, si ça continue. Plus sérieusement, la chose ne paraît pas aussi anodine qu'il y paraît et doit être lue à l'aune du paragraphe précédent. Comme si les Saoudiens avaient pris conscience qu'ils devaient s'impliquer plus avant en Syrie, au risque de voir le croissant chiite s'établir. Ils ont probablement plus d'intérêts géopolitiques là qu'au Yémen, où ils se sont fait divertir. Ils doivent, alors que les choses évoluent rapidement, reprendre pied sur le théâtre syrien. Jusqu'à organiser une expédition terrestre ? L'avenir nous le dira mais ce sont des choses qu'on commence à entendre, ici ou là.

Le rapprochement entre Israël et la Turquie qui vient d'être rendu public témoigne des évolutions en cours au Proche-Orient. Cela faisait cinq ans que les deux pays étaient brouillés. Mais les conditions ont rapidement changé. L'accord sur le nucléaire iranien puis le retour russe dans la région autour de la question syrienne forcent à reconsidérer les positions. Israël comme Turquie sont aujourd'hui relativement isolées. Il devenait nécessaire pour chacun de trouver de nouveaux relais, d'autant que l'opposition ne paraissait pas irrémédiable. Le différend autour du soutien aux Palestiniens semble secondaire par rapport à la centralité de la crise syrienne. Une même opposition à Assad, une même inquiétude envers l'EI sans que ces deux ennemis soient encore structurants, une même volonté de peser sur un jeu qui leur échappe, une même alliance compliquée aves les États-Unis constituent autant de facteurs poussant au rapprochement. Plus une alliance d'intérêts qu'une vraie convergence de fond.

Comme par hasard, un attentat de dimanche contre un leader libanais à Damas suscite une riposte du Hezbollah, puis une contre riposte israélienne. Comme si Tel Aviv voulait détourner le Hezbollah de Syrie, quitte à relancer une confrontation au Sud Liban. Mais je dois être trop soupçonneux (comment, un axe Tel Aviv Ankara Riyad ?). A suivre en tout cas.

Discours Merkel : chacun annonce qu'elle a repris la main. Je n'en suis pas si sûr et je me méfie de ces enthousiasmes de dernière minute. Je crois qu'elle est durablement fragilisée. Lorsque les flux de migrants reprendront au printemps, il n'est pas sûr que l'unanimité sera encore de mise.

Monténégro : l'OTAN annonce à la dernière ministérielle que le pays pourra rejoindre l'Alliance, Mais aussitôt, on s'aperçoit que les Monténégrins ne sont pas si fanas. Certes, les Russes en sous-main doivent encourager ce point de vue mais je ne doute pas que les Américains, en sous main, encouragent le sentiment en faveur de l'accession. Imaginez qu'au référendum le non l'emporte....

Grâce au Canard enchaîné, les voix commencent à l’élever contre le traitement des séquences du 13 novembre par les « unités d’élite » de la police. QU’on pense à Saint Denis où 50000 cartouches ont été tirées face à un gars armé d’un seul pistolet 9mm, après s’être rendu compte qu’il y avait une porte blindée. Cela rappelle l’assaut contre M Merah qui avait duré 32 h face à un gars avec un seul pistolet et là aussi une porte blindée qui avait « surpris ». Décidemment, les processus de Retex ne fonctionnent pas dans les unités d’élite. Il reste que le satisfecit s’est fait entendre à tous niveaux, du Raid au BRI, du MININT au PM. Surtout, ne rien changer, ça a été parfait. Se remettre en cause ? Vous n’y pensez pas. Et puis ils ne vont pas commencer à dire « cette fois c’est différent », hein : il n’y a pas eu d’élections, quand même, juste des assauts contre des terroristes « fortement armés ». On continue et on fait comme avant. Le premier qui dit « que fait la police » sera mis en taule. Dorénavant, il y a une loi qui le permet…

Sur un sujet similaire, on lira ceci : Antiterrorisme : cette logique Shadok qui a mené à l’échec. J - Do va aller en taule, les gars, il devient suspect de parler comme ça de la fierté de la France.

Bon, c’est vrai qu’enfermer 7 militants écolos grâce à la procédure d’état d’urgence, c’est vraiment la réponse que j’attendais face à l’EI et Al Qaida. Surtout la semaine de la COP 21.

Parutions

LE RAPPROCHEMENT ETATS-UNIS - IRAN Enjeux et limites - Les variables israélienne et saoudienne / L'accord sur le nucléaire iranien / Le rôle de l'Histoire et des représentations Sous la direction de Ata Ayati et Julien Zarifian Revue : Politique américaine n°26 Les relations entre les Etats-Unis et l'Iran se sont améliorées ces dernières années, et en particulier ces derniers mois avec la signature en juillet 2015 de l'accord sur le nucléaire iranien. Elle laisse entrevoir des possibilités de rapprochement, malgré des difficultés réelles, et parfois encore présentées comme insurmontables, liées à Israël ou au dossier syrien par exemple. Ce numéro évalue au plus précis les possibilités d'un rapprochement, plus que jamais concevable, mais qui ne se profile pas encore pleinement. (20 euros, 184 p., décembre 2015) EAN : 9782343078038



LA RUSSIE ET L'ONU L'Organisation des Nations unies, cadre et instrument de la politique extérieure russe (1999-2015) Sophie Huvé . Si la Russie succède en 1991 à l'URSS comme membre permanent au Conseil de sécurité de l'ONU, ce statut ne lui évite pas son déclassement sur la scène internationale. Depuis le début des années 2000 et l'arrivée au pouvoir de Vladimir Poutine, la Russie est dans une phase de reconquête de son ancien statut, comme l'illustre par exemple sa position de leader dans la croisade anti-terroriste en Syrie. Elle utilise l'ONU comme tribune diplomatique de contestation de l'hégémonie occidentale, et comme instrument de consolidation des attributs de puissance. (Coll. Le Droit aujourd'hui, 20,5 euros, 194 p., décembre 2015)

NDC Publications / NATO's Response to Hybrid Threats / Forum Paper 24. Although Hybrid warfare is not new, since Russia’s illegal annexation of Crimea and the war in Ukraine it has become a new buzzword that is widely used, both by military and civilian actors. While there is some confusion over the term- which leads to some difficulty in defining what it really is -what is at stake is to efficiently and effectively recognize the patterns of this type of warfare in order to deter or counter it. Hybrid warfare might not be limited solely to Russian courses of action. It could be also waged by non-state actors on NATO’s Southern flank. In both cases what we are witnessing is conflict that is integrated, adaptive, flexible, and mixing overt and covert operations. Hybrid threats target the vulnerabilities of open societies and our militaries, blurring the usual distinction between war and peace, and undermining traditional institutions and government on a possibly unprecedented scale. This book provides a collection of chapters written by academics and experts which highlight the nature of hybrid threats and discuss ways in which the Alliance might deal with them. The wide variety of backgrounds and affiliations represented by the authors provide a broad overview of the concept, and the case studies illustrate the complexity of the challenges NATO finds itself facing, be it in the East or in the South. Because it is a complex issue, it does not fit a “one-size fits all” response, and that is where national sensivities and reactions matter. Improving readiness, analyzing multiple types of signals, focusing on early warning, and insisting on a mixture between conventional and nuclear deterrence are part of the answer, as is the political will to stand up to defend Western values and sovereignty.

Articles, sites et liens

Culture

N'ayant pas été voir Star wars, je me suis plongé vers un autre monument de la culture américaine, sur l'insistance des Chardons juniors qui en consomment à longueur de temps : les "séries". En l'occurrence, House of cards (Le château de cartes). Je n'en suis qu'à la première saison, brillante et cynique. Comment un maniganceur comme Franck Underwood peut-il être malgré tout sympathique ? Telle est la question qu'on se pose à la fin de chaque épisode. C'est bien fait, assez crédible et on se laisse prendre.

Sans surprise, il n'y a pas d'événements à annoncer pour la semaine prochaine, sinon le souhait que je forme que vous passiez un très Joyeux Noel, mais aussi que vous réussissiez à prendre le temps de souffler, car je suis sûr que vous aussi, vous en avez besoin. Bonne semaine, donc, continuez à lire.

A. Le Chardon

Commentaires

1. Le lundi 21 décembre 2015, 06:13 par Pascal TRAN-HUU

Driant n'était pas qu'un écrivain militaire. Après d'excellentes études au lycée de Reims, Emile Driant entre à l'Ecole spéciale militaire de Saint-Cyr, en 1875. A sa sortie, en 1877, il est nommé sous-lieutenant au 54e de ligne, puis lieutenant au même régiment. Aux élections générales du 24 avril 1910, le Commandant Driant, redevenu civil, est élu au premier tour de scrutin, dans la troisième circonscription de Nancy (Meurthe-et-Moselle) en obtenant 10.823 voix contre 9.145 à M. Grillon, député sortant, sur 21.711 votants.
Au cours de sa première législature (1910-1914) il fit partie de diverses Commissions, dont celle de l'armée, et son activité à la Chambre des Députés devait correspondre tout naturellement à sa compétence en matière militaire. C'est ainsi qu'il déposa un grand nombre de propositions de lois et de rapports, dont la plupart concernaient le recrutement, les incorporations, les promotions et l'avancement dans l'armée.
Sa deuxième législature commença en juin 1914, quelques semaines avant la déclaration de guerre ; le député de Nancy demanda au général Messimy, Ministre de la Guerre, et obtint de lui, de reprendre du service. Son âge - 59 ans - sa situation militaire (il était dégagé de toute obligation et rayé des contrôles de l'armée), enfin son mandat de député le dispensaient de rejoindre les unités combattantes. Pourtant, dès les premiers jours d'août, il se trouve en première ligne comme commandant du 1er Bataillon de chasseurs à pied. Dès 1914, sa conduite héroïque au feu lui vaut la rosette d'Officier de la Légion d'honneur et le commandement du groupe des 56e et 59e Bataillons de chasseurs à pied ; il est promu lieutenant-colonel à titre définitif le 28 mai 1915. Au cours de durs combats dans la région de Douaumont, au début de l'offensive du Kronprinz sur Verdun, il devait tomber au milieu de ses chasseurs, au Bois des Caures, le 22 février 1916.
Driant illustre ce qu'écrivait André Maginot dans ses "Carnets de patrouille" sur les élus qui doivent prendre leur part du fardeau qui pèse sur nos compatriotes. Avec Emile Driant 16 députés sont morts au champs d'honneur pendant la 1re guerre mondiale. Parmi eux, le père de celle qui fut maire de Rambouillet de 1947 à 1983 : Jacqueline Thome-Patenôtre. Son père, le maréchal des logis de dragons Thome, part au front et participe à la campagne de Belgique. Nommé sous-lieutenant et affecté à un groupe d'état-major lors de la bataille de Verdun, il parvient non sans peine à se faire envoyer en première ligne à la 147e brigade d'infanterie. Le 10 mars 1916 au matin, il est très grièvement blessé au Bois des Caures et reçoit la croix de la Légion d'honneur avant de mourir le soir même à Marre. Il sera inhumé au cimetière militaire de Blercourt.

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